On donne les vers suivants extraits de "Melancholia" de Victor Hugo :
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : "Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes !"
Ô servitude infâme imposée à l'enfant !
Quelle est la thèse défendue par le texte ? Justifier la réponse.
- Le texte contient une forte charge émotive de manière à susciter la tristesse du lecteur.
- Le poème décrit sans concession l'horreur du travail des enfants.
La thèse défendue dans le texte est l'abolition du travail des enfants.
Quels sont les procédés de persuasion ? Justifier la réponse.
- Le poète cherche à susciter la tristesse, la colère et la révolte du lecteur par le portrait pathétique de ces enfants en souffrance. Le registre pathétique est donc très présent.
- Il utilise de nombreuses modalités interrogatives et exclamatives qui laissent entendre sa voix et font en sorte d'impliquer le lecteur.
- Le poète donne une vision horrifiante du travail des enfants, "dont pas un seul ne rit", "que la fièvre maigrit" et qui font face à un "Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre" : cette description manichéenne ne laisse pas le choix au lecteur et suscite une émotion négative.
Les procédés de persuasion sont le registre pathétique, la ponctuation expressive, l'implication du poète et la peinture terrifiante du travail des enfants.