Sommaire
ILes pôles et aires de puissanceADéfinition d'une aire de puissanceBLe pôle de la Triade1Les pôles de la Triade2Les atouts économiques de la Triade3Les atouts politiques et culturels de la TriadeCLa puissance de l'Archipel métropolitain mondial1L'organisation de l'Archipel métropolitain mondial2Des centres de commandement mondiaux3Le quartier des affaires des grandes métropolesDLes mégalopolesIIL'affirmation des puissances émergentesAL'augmentation rapide des richesses produites dans les pays émergentsBUn niveau de développement relatifCDes pays au dynamisme inégal1Les BRICS2Les autres pays émergentsIIIDes territoires marginalisés dans la mondialisationADes États avec un faible IDH1Des richesses insuffisantes2Une faible espérance de vie3Un taux d'alphabétisation insuffisantBDes territoires en marge de l'Archipel métropolitain mondial1Des territoires marginalisés dans les aires de puissance2Des territoires marginalisés dans les pays émergentsLa mondialisation se caractérise par la multiplication et par l'intensification des échanges et des mobilités à l'échelle du monde. Elle crée de nouvelles interdépendances, sous la forme de réseaux qui relient des pôles hiérarchisés. Des aires de puissances captent les différents flux de personnes, de produits et de capitaux, concentrent les activités d'innovation, les pouvoirs économiques, politiques et culturels. D'autres territoires se trouvent en marge et cumulent les difficultés.
Quelles sont les principales aires de puissance dans le monde et quels sont les fondements de leur domination ? Comment certains États parviennent-ils à devenir de nouveaux centres d'impulsion de la mondialisation et quels sont ceux qui demeurent en marge ?
Les pôles et aires de puissance
Les pôles et aires de puissance dans le monde sont concentrés en Amérique du Nord, en Europe et en Asie du Sud-Est. Ce sont toujours les mêmes zones qui ressortent : la Triade, l'Archipel métropolitain mondial et les mégalopoles.
Définition d'une aire de puissance
Une aire de puissance est un espace géographique, constitué d'un ensemble d'États ou de régions, qui par son rôle d'impulsion de l'économie mondiale, son influence politique, militaire ou culturelle, occupe une place prépondérante dans la mondialisation.
Le pôle de la Triade
Le pôle de la Triade (Amérique du Nord, Europe et Asie du Sud-Est) ont des atouts économiques, politiques et culturels importants qui en font des aires de grande puissance sur la scène mondiale.
Les pôles de la Triade
L'Amérique du Nord, l'Europe et l'Asie du Sud-Est sont les trois centres d'impulsion économique qui dominent le monde. Ils constituent ce que l'on appelle la Triade.
À l'origine, on identifie trois grands pôles de la mondialisation. Apparu dans les années 1980, le terme de « Triade » sert à désigner ces trois pôles :
- L'Amérique du Nord est dominée par les États-Unis et le Canada.
- L'Europe est dominée par les pays de l'Union européenne.
- L'Asie orientale est dominée par le Japon ainsi que Singapour, Hong Kong, Taïwan et la Corée du Sud.
Avec la montée en puissance des pays émergents, on assiste à la mise en place de nouvelles aires de puissance et le concept de Triade est désormais moins pertinent. Toutefois, ces trois grands pôles de l'économie restent les principaux acteurs de la mondialisation.
Les atouts économiques de la Triade
La domination des trois grandes aires de puissance repose d'abord sur des atouts économiques. Les pays de la Triade comptent parmi ceux qui produisent le plus de richesses dans le monde. Ils possèdent les premières places boursières mondiales. Leurs firmes transnationales sont très puissantes. Les pôles de la Triade concentrent la majorité des échanges commerciaux et participent aux révolutions technologiques.
Les pays de la Triade concentrent près de 60 % des richesses produites dans le monde. Les États-Unis sont le pays qui produit le plus de richesses (PIB le plus élevé) dans le monde (21 345 milliards de dollars en 2019).
Les pays de la Triade possèdent les premières places boursières mondiales.
New York est la première place financière du monde depuis 2018, année durant laquelle elle a dépassé Londres.
© Wikimedia Commons
Le dynamisme économique de la Triade repose en partie sur la puissance de ses firmes transnationales, qui concentrent les pouvoirs économiques et financiers. Ces firmes sont des entreprises présentes simultanément dans plusieurs pays et qui ont un chiffre d'affaires d'au moins 500 millions de dollars. Parmi les 100 premières firmes transnationales, celles qui appartiennent à un pays de la Triade sont les plus nombreuses. Dans ce classement, les États-Unis et l'Union européenne arrivent en tête.
Le dynamisme des firmes transnationales repose sur :
- Le faible coût des transports : les FTN créent des usines, notamment dans les pays où la main-d'œuvre est moins chère, puis font parvenir leurs produits vers les consommateurs dans le monde entier.
- Le développement des technologies de la communication : ces technologies favorisent la multiplication des flux d'informations et de capitaux à l'échelle mondiale, grâce à des câbles Internet sous-marins.
Les 5 première firmes transnationales en 2019 sont dans le secteur d'Internet : Amazon (1re), Apple (2e), Google (3e), Microsoft (4e), Facebook (5e).
La majorité des échanges commerciaux mondiaux ont lieu entre les membres de la Triade. Ils réalisent plus des trois quarts des échanges du commerce mondial. Ces pays échangent non seulement des produits manufacturés mais aussi des capitaux.
Plus de 50 % des flux de capitaux dans le monde sont réalisés par les trois aires de puissance.
L'innovation technologique joue un rôle primordial dans la compétitivité économique et commerciale des membres de la Triade. Ils dominent dans les secteurs technologiques comme les télécommunications, l'aéronautique, l'armement et l'informatique.
Les atouts politiques et culturels de la Triade
Les grandes organisations économiques internationales ont leur siège aux États-Unis ou en Europe, de même que l'Organisation des Nations unies, dont le siège se trouve à New York. Les membres de la Triade diffusent leur culture dans le monde entier, particulièrement les États-Unis.
Aux États-Unis et en Europe, on trouve les sièges de :
- l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ;
- l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ;
- le Fonds monétaire international (FMI) ;
- la Banque mondiale.
L'Union européenne fournit près de 40 % du budget de l'ONU, les États-Unis 22 % et le Japon 16 %.
Les pays de la Triade diffusent dans le monde entier leurs productions artistiques (musiques et films produits et diffusés par de grandes compagnies). La mondialisation favorise la vente de leurs produits manufacturés (produits alimentaires, vestimentaires, de haute technologie). Cela conduit à une homogénéisation des comportements sur le modèle de vie américain ou d'Europe occidentale.
Cette homogénéisation du mode de vie concerne tout particulièrement les jeunes générations qui :
- écoutent la même musique (rock, rap, etc.) ;
- portent les mêmes tenues vestimentaires (Nike, Levis, etc.) ;
- regardent les mêmes blockbusters (films produits par de grandes compagnies américaines telles qu'Universal, Walt Disney, etc.) ;
- fréquentent les mêmes chaînes de restauration rapide (McDonald's, Burger King, KFC, etc.).
La puissance de l'Archipel métropolitain mondial
L'Archipel métropolitain mondial est formé de plusieurs grandes métropoles. Ces grandes métropoles sont des centres de commandement mondiaux qui concentrent tous les pouvoirs. La puissance de ces grandes métropoles est symbolisée par leurs quartiers d'affaires.
L'organisation de l'Archipel métropolitain mondial
On appelle Archipel métropolitain mondial le réseau formé à l'échelle mondiale par les grandes métropoles qui entretiennent des liens économiques et des flux humains, financiers, commerciaux et d'informations. Ces échanges sont permis grâce à de nombreuses infrastructures.
Le nombre d'habitants est insuffisant pour caractériser une métropole mondiale. Toutes les mégapoles, c'est-à-dire les agglomérations de plus de 10 millions d'habitants, ne sont pas des métropoles mondiales. Pour qu'une ville soit considérée comme une métropole mondiale, il faut qu'elle exerce un rayonnement d'envergure internationale et qu'elle possède une capacité à influencer le monde.
New York, Tokyo, Londres et Paris sont les premières métropoles mondiales. Elles sont aussi appelées « villes-mondes » ou « villes globales ». Ces villes sont celles dont les fonctions sont les plus complètes, dans tous les domaines. Les « villes mondiales » ont un rayonnement planétaire, mais leurs fonctions de haut niveau sont souvent plus spécialisées dans un domaine.
De très nombreux échanges d'informations, de capitaux et de marchandises ont lieu entre les différentes métropoles mondiales. Celles-ci sont particulièrement bien desservies et reliées entre elles, grâce à de nombreuses infrastructures :
- des infrastructures de transports multimodales (permettant de faciliter le passage d'un mode de transport à un autre) comme les aéroports, les ports, les autoroutes ou encore les voies ferrées ;
- des hubs (carrefours de communication) pour redistribuer les flux mondiaux à toutes les échelles en favorisant la multimodalité ;
- des moyens de communication modernes, grâce auxquels les métropoles mondiales sont à l'origine de 80 % des connexions Internet dans le monde.
Des centres de commandement mondiaux
Les grandes métropoles de l'Archipel métropolitain mondial sont des centres de commandement mondiaux qui concentrent tous les pouvoirs dans tous les domaines : commerce, finance, savoir, politique et culture.
Dans le domaine de la production et des services, les grandes métropoles accueillent les sièges sociaux des grandes entreprises multinationales.
Tokyo est la première concentration au monde de sièges sociaux d'entreprises. Plus de 50 des 500 plus grandes entreprises mondiales y ont leur siège. Ces entreprises sont internationalement connues, à l'image de Sony. 85 % des entreprises installées au Japon ont leur siège à Tokyo, ainsi que 73 % des banques étrangères.
Dans le domaine financier, les banques et les grandes places boursières sont des acteurs-clés des grandes métropoles.
New York possède la première bourse au monde.
Dans le domaine de l'enseignement et de la recherche, les métropoles disposent d'universités prestigieuses et de centres de recherche technologique avancée.
Dans le domaine politique, les organismes internationaux sont basés dans les grandes métropoles mondiales.
À New York, on trouve les sièges de l'ONU et de l'Unicef. À Paris, on trouve celui de l'Unesco.
Dans les domaines de l'innovation culturelle et de la mondialisation, les grandes métropoles sont les lieux d'impulsion des modes, aussi bien vestimentaires que musicales ou artistiques.
New York a influencé de nombreux courants comme celui du hip-hop, Paris est réputé mondialement dans le domaine des produits de luxe et Tokyo a développé la culture manga et les jeux vidéo.
Le quartier des affaires des grandes métropoles
La puissance des grandes métropoles de l'Archipel métropolitain mondial est symbolisée par leurs quartiers d'affaires, cœur de leur puissance économique.
C'est dans le quartier d'affaires que l'on trouve :
- les bureaux des firmes transnationales ;
- les banques ;
- les grands centres commerciaux.
Les quartiers d'affaires se densifient, les gratte-ciels se multiplient, des tours de plus en plus hautes sont érigées. Les skylines ont pour ambition d'incarner la puissance et la modernité des métropoles et de forger leur identité visuelle.
Skyline
Skyline fait référence à la « ligne urbaine », c'est-à-dire la silhouette formée par l'alignement des gratte-ciels d'un quartier d'affaires d'une ville. Cette silhouette incarne l'identité visuelle et contribue au rayonnement de la métropole dans le monde.
La City, le quartier d'affaires de Londres
© Wikimedia Commons
Les mégalopoles
Une mégalopole rassemble plusieurs métropoles, dont certaines sont mondiales. Les trois principales sont la Mégalopolis sur la côte est des États-Unis, la mégalopole japonaise et la mégalopole européenne. Elles constituent les pôles de la mondialisation en concentrant les pouvoirs productifs, financiers et décisionnels.
Les mégalopoles bénéficient d'interfaces maritimes qui sont les pôles majeurs de la mondialisation des échanges commerciaux dans le monde, qui se font à plus de 80 % par voie maritime.
L'Archipel mégalopolitain mondial concentre l'essentiel des trafics maritime et aérien du monde, ainsi que plus de 90 % des flux financiers.
La Mégalopolis regroupe plus de 55 millions d'habitants. Elle rassemble des métropoles globales et mondiales telles que New York et Washington, qui concentrent de nombreuses firmes transnationales et où sont installées les sièges d'institutions internationales (ONU, FMI, Banque mondiale). Cette mégalopole concentre \dfrac{1}{4} des richesses produites aux États-Unis. Les métropoles étasuniennes sont reliées entre elles par un réseau dense de voies de transport rapide et intégrées à la mondialisation par plusieurs hubs aéroportuaires et des ports de commerce importants.
La mégalopole japonaise s'étend de Fukuoka à Tokyo sur environ 1 300 kilomètres. Elle regroupe plus de 100 millions d'habitants, soit 80 % de la population du pays. Les principales métropoles sont Tokyo, Osaka et Nagoya, reliées par des réseaux autoroutiers denses. La mégalopole japonaise est le cœur économique du Japon (elle génère plus de 80 % des richesses produites par le pays) et son poids financier est majeur (Tokyo est l'une des premières places financières du monde). Elle constitue une façade portuaire majeure dans la mondialisation (les ports de la baie de Tokyo constituent un pôle portuaire majeur du commerce mondial de marchandises).
La mégalopole européenne s'étend sur plus de 1 500 kilomètres, du bassin de Londres à la plaine du Pô (Italie). La vallée du Rhin, cœur économique de cet espace, concentre les espaces industriels, jusqu'à la Northern Range, deuxième façade maritime du monde. Cette mégalopole réunit également les villes où siègent les institutions de l'Union européenne (Luxembourg, Bruxelles, Francfort, Strasbourg).
L'affirmation des puissances émergentes
Les pays émergents bénéficient d'une augmentation rapide de leur Produit national brut (PNB), permise par la modernisation de leur économie. Cette croissance économique, qui assure leur intégration à la mondialisation, ne permet d'améliorer que partiellement leur niveau de développement. Certains pays émergents restent de ce fait en retrait.
L'augmentation rapide des richesses produites dans les pays émergents
Les pays émergents ont su développer leurs activités industrielles dans des secteurs traditionnels mais aussi dans la haute technologie, en investissant de plus en plus dans la recherche scientifique. Cela a permis l'augmentation rapide des richesses produites, notamment dans les pays d'Asie.
Les pays émergents d'Asie sont les plus dynamiques. Ils ont d'abord servi d'ateliers aux firmes transnationales des pays de la Triade, qui y ont installé des usines pour bénéficier d'une main-d'œuvre bon marché. Aujourd'hui, certaines industries des pays d'Asie concurrencent des sociétés américaines, japonaises ou européennes.
Tencent Holdings, Huawei, Haier sont des firmes industrielles chinoises respectivement classées 8e, 47e et 89e en 2019 selon le classement annuel BrandZ de Kantar.
Parmi les 100 premières firmes transnationales mondiales, on dénombre ainsi une vingtaine de firmes créées dans ces pays, exclusivement d'Asie.
Les produits fabriqués dans les pays émergents sont exportés dans le monde entier. La façade maritime de l'Asie orientale est ainsi devenue la première du monde. Elle regroupe de multiples ports qui comptent parmi les premiers du monde pour le trafic de marchandises.
En 2018, 9 des 10 premiers ports mondiaux pour le trafic de conteneurs, en tête desquels on trouve le port de Shanghai, se situent sur la façade maritime d'Asie orientale.
Un niveau de développement relatif
Les progrès économiques dans les pays émergents s'accompagnent de la création d'une classe moyenne. Toutefois, une part importante de la population reste confrontée à la pauvreté.
Dans les pays émergents, l'amélioration des conditions de vie a permis l'émergence d'une société de consommation, qui se caractérise notamment par la diminution de la part des dépenses alimentaires dans le budget global des familles et l'augmentation des dépenses de loisirs. C'est la classe moyenne.
En Chine, les dépenses liées à l'amélioration du confort quotidien ont été multipliées par plus de 150 depuis 1960 et par 8 depuis 2000.
Cependant, une part encore importante de la population de ces pays demeure confrontée à la pauvreté, avec des écarts très nets entre les pays émergents, qui sont liés à leur dynamisme économique inégal.
D'après Banque mondiale, 2019
Des pays au dynamisme inégal
Les pays émergents n'ont pas le même dynamisme. Les BRICS réussissent à s'affirmer mais la croissance économique des autres pays émergents reste modérée.
Les BRICS
Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) sont les pays émergents les plus dynamiques. Ces cinq pays réussissent de plus en plus à concurrencer les grandes puissances économiques mondiales.
D'après Banque mondiale, 2019
Les BRICS produisent une part de plus en plus importante des richesses mondiales, ce qui leur permet de concurrencer de nombreux pays de la Triade dans les classements mondiaux des pays selon leur PIB. Leurs perspectives de progression sont fortes, grâce à des rythmes de croissance économique bien supérieurs à ceux de la Triade.
En 2019, les BRICS produisent 23,3 % du PIB mondial. Les prévisions envisagent qu'ils pourront produire 40,9 % des richesses mondiales en 2050, avec une forte domination de la Chine et de l'Inde.
Les autres pays émergents
D'autres pays émergents ont une croissance économique plus modérée. Ce sont les « Dragons asiatiques », les « Tigres asiatiques », les « Lions d'Afrique », les « Jaguars ». Ces pays se situent pour l'essentiel en Asie, en Amérique latine et en Afrique.
Les « Dragons asiatiques » sont la Corée du Sud, Hong Kong, Singapour et Taïwan. Ce sont des pays considérés comme développés, avec un IDH élevé, qui concurrencent les pays de la Triade dans le secteur industriel des hautes technologies (automobile, électronique grand public).
Les « Tigres asiatiques » sont la Thaïlande, la Malaisie, l'Indonésie, le Vietnam et les Philippines. Ils réussissent leur intégration à la mondialisation grâce aux Investissements directs à l'étranger (IDE) des pays les plus développés qui y créent des usines de production.
Les « Jaguars » sont le Mexique, la Colombie, l'Argentine, le Chili. Ce sont les pays les plus dynamiques d'Amérique du Sud après le Brésil. Mais leurs PIB restent modérés (respectivement 1 221 milliards, 331 milliards, 519 milliards et 298 milliards de dollars en 2018) et leur rythme de croissance économique est inférieur à celui de la Chine ou de l'Inde (respectivement +1,7 %, +3,5 %, -1,2 % et +3,5 % en 2019).
Le groupe des pays qui appartiennent aux « Lions d'Afrique » est variable selon les sources. L'Afrique du Sud est généralement citée avec le Nigeria, le Maroc et la Tunisie (parfois également l'Algérie et l'Angola). Ils produisent environ les \dfrac{2}{3} du PIB du continent africain.
Des territoires marginalisés dans la mondialisation
Il reste des territoires qui sont marginalisés et qui ne s'intègrent pas à la mondialisation : les États avec un faible IDH, mais aussi certains territoires dans les pays développés ou les pays émergents qui sont coupés de l'Archipel métropolitain mondial.
Des États avec un faible IDH
Les États les plus marginalisés dans la mondialisation ont un IDH faible, inférieur à 0,52. Certains ont un IDH inférieur à 0,35. Ce sont les PMA, Pays les moins avancés, qui se situent en Afrique subsaharienne. Les richesses qu'ils produisent sont très faibles et leurs habitants souffrent d'une espérance de vie réduite. L'accès de leurs enfants à l'école reste très insuffisant.
Des richesses insuffisantes
Malgré l'émergence de quelques métropoles, les PMA sont pauvres. Ils ne bénéficient pas d'une croissance économique suffisante, leur agriculture n'est pas modernisée et leurs activités industrielles ne sont guère dynamiques. Leurs richesses sont donc très insuffisantes.
47 PMA sont recensés dans le monde selon la Banque mondiale, 1 en Amérique (Haïti), 33 en Afrique (pour l'essentiel en Afrique subsaharienne) et 13 en Asie-Pacifique.
Les PMA sont en marge de la mondialisation à cause de leur faible croissance économique et d'un PIB très bas. Les richesses de ces pays reposent sur une agriculture souvent vivrière, l'exploitation de minerais et des industries peu performantes. Les PMA ne bénéficient pas d'Investissements direct étrangers (seulement 2 % des IDE).
Les PMA dépendent des autres pays :
- Ils sont contraints d'importer des produits alimentaires ou manufacturés.
- Ils sont pénalisés par un fort niveau d'endettement.
- Ils sont très vulnérables face à l'évolution des cours mondiaux de marchandises, sur lesquels ils n'ont pas vraiment d'influence.
D'après la Banque mondiale, en 2018, le PIB cumulé des PMA est d'environ 1 000 milliards de dollars, ce qui représente 1,1 % du PIB mondial.
Une faible espérance de vie
Les PMA se caractérisent par un risque de décès avant 40 ans encore élevé. Beaucoup d'enfants meurent jeunes. Le manque de nourriture, l'accès incertain et insuffisant à l'eau potable, les carences médicales fragilisent ces populations.
Dans les pays les plus pauvres, la population vit parfois presque deux fois moins longtemps que dans les pays développés. La mortalité infantile y est forte.
En Afrique subsaharienne, 1 enfant sur 13 meurt avant l'âge de 5 ans alors que le taux de mortalité infantile est d'environ 6 pour 1 000 dans les pays développés.
© OMS 2015/Wikipédia
Ce constat alarmant est lié à de multiples facteurs :
- Des problèmes de sous-nutrition (en dessous de 2 200 kilocalories par jour, un adulte ne mange pas à sa faim) ou de malnutrition (alimentation déséquilibrée, le plus souvent insuffisante en protéines, vitamines et sels minéraux).
- Le manque d'eau potable, dans des pays où le manque de ressources naturelles n'est pas compensé par des solutions technologiques. Dans certains pays pauvres, moins de 30 % de la population urbaine a accès à l'assainissement de l'eau.
- Les carences médicales, la diffusion plus rapide des épidémies liée au manque de médecins ou de médicaments.
Un taux d'alphabétisation insuffisant
Tous les enfants sont scolarisés dans les pays riches. Ce n'est pas le cas dans les pays les plus pauvres. Dans les pays les plus marginalisés, environ 60 millions d'enfants, dont la moitié vivent en Afrique subsaharienne, ne sont pas scolarisés. L'alphabétisation reste insuffisante.
© Rapport sur le développement humain 2015/Wikipédia
Dans les pays les moins développés, de plus en plus d'enfants vont à l'école primaire, mais 63 millions en sont toujours exclus selon un rapport de l'Unesco de 2018. Plus de la moitié de ces enfants vivent en Afrique subsaharienne. Les filles constituent la majorité de ces enfants.
En Afrique subsaharienne, selon un rapport de l'Unesco datant de 2019, 20 % des enfants de 6 à 11 ans ne sont pas scolarisés, de même que \dfrac{1}{3} des enfants de 12 à 14 ans et 60 % des jeunes de 15 à 17 ans.
La qualité de l'enseignement, également, est insuffisante. Les professeurs sont peu nombreux, pas assez formés, et les écoles manquent de matériel.
Des territoires en marge de l'Archipel métropolitain mondial
Au sein des aires de puissance et des États émergents, des territoires subissent une marginalisation. Ce sont des métropoles touchées par la crise économique dans les États les plus riches, les campagnes ou certains quartiers des métropoles des États émergents.
Des territoires marginalisés dans les aires de puissance
Au sein des pays riches, certaines villes qui étaient autrefois des métropoles mondiales sont désormais en crise. Elles sont marquées par le déclin de leur économie et la paupérisation de certains de leurs quartiers. Certains quartiers des grandes métropoles sont également dégradés et ne bénéficient pas des richesses dont disposent ces pays riches.
Certaines villes qui étaient autrefois des métropoles mondiales sont en crise et subissent un déclin des activités économiques :
- Les usines ferment.
- Le chômage augmente.
- Le nombre d'habitants diminue.
- Les quartiers sont dégradés.
- La violence et l'insécurité s'accentuent.
La ville de Détroit (États-Unis) se déclare officiellement en faillite en 2013, avec une dette de près de 20 milliards de dollars. La population de la ville est passée de 1,8 million d'habitants en 1950 à moins de 700 000 habitants en 2016. Le taux de chômage y a atteint plus de 18,5 % en 2014. Beaucoup d'habitants, dont 36 % vivaient en 2013 sous le seuil de pauvreté, ont quitté la ville, laissant plus de 80 000 maisons vacantes, dans des quartiers qui se sont dégradés.
Des inégalités se creusent aussi dans les métropoles les plus dynamiques. Les inégalités socio-économiques se manifestent :
- dans l'accès aux logements, dont les prix augmentent sous l'effet de la pression immobilière ;
- dans l'accès aux transports et aux services publics, moins présents dans certains quartiers défavorisés.
À New York, les quartiers rénovés du centre attirent des populations aisées et connaissent un phénomène de gentrification. C'est le cas de la partie sud de la ville. Dans les quartiers de Morrisania et Crotona, situés dans la partie sud du Bronx de New York, près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Des territoires marginalisés dans les pays émergents
La croissance économique des pays émergents s'accompagne de fortes inégalités au sein de leurs territoires. Ces inégalités sont régionales, entre villes et campagnes, mais aussi au sein des métropoles.
Dans les métropoles émergentes des pays du Sud, la croissance démographique urbaine et l'exode rural conduisent à une forte augmentation de la population urbaine. Le manque d'infrastructures de logement pour accueillir ces nouveaux habitants conduit à la multiplication des bidonvilles.
L'Afrique du Sud est un pays émergent. À Johannesburg, plus de 1,2 million de personnes vivent dans le bidonville de Soweto, dans des conditions de grande pauvreté (précarité des abris, absence d'eau courante, pas de gestion des eaux usées ni des déchets, pas de réseau d'électricité) et de violence causée par la criminalité.
Le bidonville de Soweto à Johannesburg
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