Dans quelle mesure le Sahara est-il un espace contraignant mais riche, fractionné et convoité ?
Quelle est la part de la superficie africaine occupée par le Sahara ?
Quel pays a annexé le Sahara occidental ?
Quelle organisation terroriste a été active au Sahara ces dernières années ?
Quel est le nombre d'habitants au Sahara ?
Quel pays africains est touché par la guerre civile depuis l'intervention militaire française et anglaise pendant le Printemps arabe ?
Plus grand désert au monde (8,5 millions de km2), le Sahara représente un obstacle entre l'Afrique méditerranéenne et l'Afrique australe. Au sud se trouve le Sahel, zone de transition. Marqué par l'aridité, il recèle cependant de ressources qui en font un haut lieu stratégique qui a toujours fait l'objet de tensions et de rivalités entre grandes puissances ou entre communautés rivales.
Le Sahara est historiquement un lieu de passage : peuplé de nomades, il ne possède que quelques points de repère, comme les oasis ou les villes du désert (à l'instar de Nouakchott et son million d'habitants). À l'origine un espace d'échanges entre civilisations noire et arabe, le Sahara devient répulsif à partir de la colonisation, qui se base sur le littoral. Le désert est alors territorialisé et traversé de frontières (au contrôle impossible), sur l'impulsion de puissances étrangères (France, États-Unis, Chine) qui y trouvent des intérêts. Par sa position et ses caractéristiques, le Sahara est un territoire plein de ressources. D'abord des ressources qui transitent en son sein : les caravanes historiques ont laissé place aux 4x4 mais la contrebande continue (de cigarettes chinoises par exemple, ou de stupéfiants : 15% de la production mondiale de cocaïne y transite). Le Maroc alimente ainsi 20% de la consommation mondiale de résine de cannabis et on estime qu'au moins 800 000 Marocains vivent directement ou indirectement de ce commerce. On voit également la cocaïne sud-américaine transiter par le Sahara vers l'Europe ou le Moyen-Orient. Ensuite, une "ressource" à part entière est l'existence de frontières, permettant aux États de percevoir un droit de passage qui leur fait une rente. Enfin, les ressources naturelles sont présentes : l'eau (en nappes phréatiques), le pétrole et l'énergie (solaire, comme l'exploite le projet Desertec). On y trouve aussi du minerai (fer, phosphates, uranium).
Le Sahara a toujours été un espace de circulation intense : la porosité des frontières constitue une opportunité de commercer en profitant des différences de législation, de monnaie. Le trafic a été érigé en système commercial en s'étendant à la semoule, l'huile, les cigarettes et les pièces automobiles. Les nomades s'opposent régulièrement aux sédentaires, les villes progressant sur les oasis. Ainsi, 1,5 million de Touaregs vivent au Sahara, forcé à la sédentarisation dans certains États, et parfois poussé à la révolte (Mali, Niger). Un mur de séparation est construit dans les années 1980 entre le Maroc et l'autoproclamée République arabe sahraouie démocratique (RASD) en exil en Algérie.
À une échelle plus large, le Sahara cristallise les tensions autour des migrations clandestines : il est la frontière migratoire pour rejoindre l'Europe depuis l'Afrique. Le Sahara est également un lieu de lutte terroriste, siège de l'enlèvement de plusieurs occidentaux par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). L'aide octroyée pour la lutte contre le terrorisme par l'Occident est une rente pour les États du Sahel. Il y a enfin une pression sur les ressources naturelles qui permet l'essor des explorations et attisent les convoitises des pays occidentaux et aussi des pays émergents. La "Chinafrique" remplace localement la "Francafrique".
- Le Sahara est un espace très riche où cohabitent des tribus nomades ou sédentaires.
- Le Sahara est un lieu d'échanges mais aussi de contrebande (armes, cigarettes).
- Le Sahara est confronté à l'émergence de groupes islamistes qui déstabilisent de nombreux États.