Sommaire
IL'invention de la démocratie à AthènesALes citoyens athéniens1Les conditions d'accès à la citoyenneté2Les droits et les devoirs des citoyensBLe gouvernement d'Athènes par les citoyens1Les principes démocratiques athéniens2Les institutions démocratiques athéniennesCLes dysfonctionnements de la démocratie athénienne1La faible participation des citoyens2L'égalité relative entre les citoyens3Les exclus de la démocratie athénienneIIL'établissement de l'empire maritime athénien et la fin de la démocratieAUn empire pour défendre les cités grecques1La menace perse et les guerres médiques2La ligue de DélosBLa mise en place de l'impérialisme athénien1Le contrôle grandissant d'Athènes sur la ligue de Délos2Les formes de l'impérialismeCLes avantages et les inconvénients de l'impérialisme athénien1Les avantages : la solidarité citoyenne et la situation financière d'Athènes2Les inconvénients : l'autoritarisme et la violence d'AthènesDLa fin de la démocratie athénienneIIILa construction et l'organisation de l'Empire romainALa construction de l'Empire romainBUn empire reposant sur la force militaireCL'organisation de l'Empire romain1L'organisation administrative de l'Empire romain2L'organisation économique et commerciale de l'Empire romain3La gestion de la citoyenneté dans l'Empire romainIVL'Empire romain : une mosaïque culturelle et religieuseALa romanisation de l'Empire romainBLa christianisation de l'Empire romain1L'Empire romain : entre tolérance religieuse et persécution des chrétiens2Le christianisme, religion officielle de l'Empire romainCL'Empire romain face aux « barbares »La culture européenne est marquée par les civilisations antiques grecque et romaine. C'est à Athènes qu'est née la démocratie. L'Empire athénien a laissé des empreintes culturelles importantes dans la Méditerranée. À sa suite, l'Empire romain s'étend pendant près de 8 siècles, en Méditerranée. Ces siècles d'impérialisme ont laissé des empreintes culturelles importantes.
Comment les cultures d'Athènes et de Rome ont-elles marqué la Méditerranée ?
L'invention de la démocratie à Athènes
La démocratie est inventée à Athènes. Les citoyens athéniens gouvernent leur cité. On note toutefois des dysfonctionnements dans ce système politique.
Les citoyens athéniens
Les conditions d'accès à la citoyenneté sont limitées à Athènes. La citoyenneté donne de nombreux droits mais impose également des devoirs.
Les conditions d'accès à la citoyenneté
Parmi les nombreuses cités grecques, Athènes est la seule dont les habitants sont des citoyens. Grâce au statut de citoyen, les Athéniens participent au gouvernement. Cependant, l'accès à la citoyenneté n'est réservé qu'à ceux qui remplissent toutes les conditions (sexe, âge, naissance, service militaire, etc.). Ces nombreuses conditions font du statut de citoyen un privilège réservé à une minorité de la population athénienne.
Pour obtenir la citoyenneté :
- Il y a d'abord une condition de sexe et d'âge puisque seuls les hommes de plus de 18 ans peuvent devenir citoyens.
- Il y a aussi une condition de naissance puisqu'il faut être né d'un père citoyen et d'une mère dont le père est citoyen.
- Il y a enfin une condition administrative puisqu'il faut être libre, avoir été inscrit sur un registre et avoir réussi le service militaire de deux ans appelé l'éphébie.
Aux Ve et IVe siècles av. J.-C., Athènes compte environ 400 000 habitants mais les citoyens ne représentent qu'environ 10 % de la population.
Les droits et les devoirs des citoyens
Les citoyens athéniens ont des droits civils, juridiques et politiques. Ils ont également des devoirs qui consistent pour l'essentiel à participer à la vie de la cité.
Les citoyens athéniens ont beaucoup d'avantages :
- Des droits civils qui leur permettent de se marier avec la fille d'un citoyen et de posséder des terres.
- Des droits juridiques qui leur permettent, s'ils sont accusés, de se défendre devant un tribunal au cours d'un procès équitable.
- Des droits politiques qui leur permettent de discuter et de voter les lois.
En contrepartie de ces avantages, les citoyens athéniens ont des devoirs :
- la prise en charge des dépenses de la cité appelées les liturgies ;
- le financement des fêtes religieuses et de l'armement des navires de guerre ;
- la défense militaire de la cité : les citoyens-soldats les plus aisés sont chevaliers ou hoplites et les moins aisés rament dans les trières ;
- la participation à la religion civique en honorant les dieux.
Pendant la fête des Panathénées, une procession et des sacrifices ont lieu en l'honneur de la déesse Athéna.
Frise des Panathénées
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Le gouvernement d'Athènes par les citoyens
Ce sont les citoyens qui gouvernent à Athènes, en respectant certains principes démocratiques. Ils sont à la tête des différentes institutions. Il y a toutefois des dysfonctionnements dans cette démocratie.
Les principes démocratiques athéniens
Le régime politique athénien est une exception dans le monde grec. En effet, alors que la plupart des cités ont pour régime politique l'oligarchie, l'aristocratie ou la tyrannie, la cité d'Athènes est une démocratie. Les principes démocratiques athéniens sont la souveraineté, l'égalité et la liberté des citoyens.
- La souveraineté des citoyens : Dans la démocratie athénienne, les citoyens commandent et personne d'autre que le peuple n'a le pouvoir de décider. Puisque les citoyens votent les lois eux-mêmes, sans intermédiaires, il s'agit d'une démocratie directe.
- L'égalité des citoyens : Les citoyens athéniens sont égaux devant la loi, c'est l'égalité juridique ou « isonomie ». Tous les citoyens acceptent d'obéir aux lois puisqu'elles sont les mêmes pour tous et que chacun a participé à leur élaboration par le débat puis le vote. La loi est donc l'expression de la volonté générale.
- La liberté des citoyens : Contrairement aux esclaves, les citoyens sont libres, c'est-à-dire qu'ils n'appartiennent à personne, ils sont maîtres de leur corps. Ils jouissent de la liberté d'expression qui leur permet de donner leur avis sur le gouvernement de la cité.
« Athènes n'est pas gouvernée par un seul homme. Elle est libre car le peuple y est roi. Le pauvre et le riche y possèdent des droits égaux car la loi est commune. »
Euripide
Les Suppliantes
Ve siècle av. J.-C.
Les institutions démocratiques athéniennes
Le régime politique athénien repose sur des institutions démocratiques. On entend par institution un organe, une structure qui assume une fonction précise dans le fonctionnement du système politique. C'est dans les différentes institutions de la démocratie que les citoyens athéniens exercent leur souveraineté.
Le fonctionnement du système judiciaire athénien est démocratique. Chaque citoyen peut être désigné par tirage au sort comme juré au tribunal de l'Héliée. Lors du procès, l'accusation et la défense s'expriment librement et de façon équitable puisque le temps de parole est mesuré par une clepsydre. Pour juger, les jurés choisissent soit un jeton à tige pleine, qui désigne la condamnation, soit un jeton à tige creuse, qui désigne l'acquittement. En tenant le jeton par la tige et en le déposant dans une amphore opaque, les jurés votent librement, sans pression. Le verdict est rendu après le comptage des jetons à la majorité.
Les jetons des juges du tribunal de l'Héliée
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Les dysfonctionnements de la démocratie athénienne
La faible participation des citoyens
La démocratie directe implique la participation de tous les citoyens à la vie politique mais la quantité de citoyens met ce principe à l'épreuve : ils sont trop nombreux pour tous participer aux prises de décision. De plus, les citoyens les plus humbles doivent travailler et ne peuvent pas se libérer. La démocratie souffre aussi du désintérêt des citoyens.
Pour mettre en œuvre la souveraineté et l'égalité des citoyens, l'Ecclésia doit pouvoir réunir régulièrement et dans de bonnes conditions près de 40 000 personnes. Or, la colline de la Pnyx où se déroulent les séances de l'Ecclésia contient 6 000 places. Les lois ne sont donc discutées et votées que par environ 15 % des citoyens, soit une minorité très restreinte.
La démocratie directe implique que les citoyens s'investissent et consacrent du temps à la vie politique. Cependant, pour les citoyens les plus humbles, le temps passé dans les institutions représente une perte financière.
Enfin, les citoyens athéniens se désintéressent de la démocratie et ne participent pas forcément aux débats publics et aux prises de décisions.
Pour limiter l'absentéisme des citoyens à l'Ecclésia, le stratège Périclès instaure en 454 av. J.-C. le versement d'une indemnité : le misthos. Comparable au salaire des citoyens, son montant représente la moitié du salaire quotidien d'un ouvrier.
L'égalité relative entre les citoyens
Les citoyens athéniens sont théoriquement égaux mais, dans la pratique, le fonctionnement de la démocratie génère des inégalités. Quelques familles aisées monopolisent le pouvoir.
Les citoyens les plus riches sont davantage présents dans les institutions, leur influence politique est plus grande. De plus, ils prennent davantage la parole et, grâce à leur éducation, ils sont les orateurs les plus persuasifs à l'Assemblée.
Les stratèges, qui doivent avoir des compétences militaires, ne sont pas tirés au sort mais élus pour un mandat d'un an renouvelable. Or, les campagnes électorales sont souvent biaisées par le clientélisme, une stratégie employée par un citoyen riche qui utilise son argent pour augmenter son pouvoir politique. Le clientélisme permet aux citoyens les plus riches de corrompre les plus pauvres en achetant leurs voix. Dans la démocratie athénienne, quelques familles monopolisent les fonctions politiques importantes.
Les exclus de la démocratie athénienne
La démocratie n'intègre que la minorité des Athéniens qui sont citoyens, elle écarte de la vie politique la grande majorité de la population. Ces exclus de la citoyenneté sont les femmes et les enfants de citoyens, les étrangers, et les esclaves. Paradoxalement, ces individus sont pourtant indispensables au bon fonctionnement du système démocratique.
- Cantonnées dans leur rôle d'épouse, de mère et de ménagère, les femmes transmettent pourtant le statut de citoyen à leurs fils. Elles occupent aussi une place centrale dans la vie religieuse.
- Qualifiés de « métèques », les étrangers enrichissent Athènes car ils sont artisans, commerçants ou agriculteurs. Ils payent un impôt pour pouvoir habiter la cité et doivent la défendre.
- Propriété de leurs maîtres, les esclaves sont considérés comme des biens qui peuvent être loués ou vendus. Par leur travail, les esclaves permettent pourtant aux citoyens d'avoir du temps pour faire de la politique.
En réservant exclusivement la communauté civique aux citoyens, Athènes adopte une conception restrictive de la citoyenneté. Ainsi, les citoyens restent une minorité de privilégiés. L'accès à la citoyenneté est même encore restreint lorsqu'en 451 av. J.-C. Périclès fait voter un décret qui exige d'être né d'un père citoyen mais aussi d'une mère qui est la fille d'un citoyen.
Pour maintenir la cohésion de la cité, les exclus de la citoyenneté sont conviés aux fêtes religieuses.
L'établissement de l'empire maritime athénien et la fin de la démocratie
L'Empire athénien s'étend rapidement au Ve siècle av. J.-C. L'empire a d'abord pour but la défense des cités grecques, mais très vite il impose son impérialisme. Cet impérialisme a des avantages et des inconvénients. La violence d'Athènes et la guerre du Péloponnèse conduisent à la fin de la démocratie.
Un empire pour défendre les cités grecques
L'Empire athénien s'étend d'abord pour défendre les cités grecques de la menace perse, au moment des guerres médiques. Les cités grecques s'allient autour de la ligue de Délos.
La menace perse et les guerres médiques
Les guerres médiques opposent les cités grecques à l'Empire perse entre 490 et 479 av. J.-C. Ces onze années sont marquées par quatre batailles majeures qui permettent à l'empire d'Athènes de s'étendre et de s'imposer.
La première bataille est terrestre et se termine sur une victoire des cités grecques. En 490 av. J.-C., les troupes perses sont stoppées dans la plaine de Marathon à environ 40 kilomètres d'Athènes par les soldats grecs. Parmi eux, les 10 000 soldats athéniens, les hoplites, jouent un rôle décisif pour repousser l'invasion perse.
La deuxième bataille est également terrestre et se solde par une défaite des cités grecques. En 480 av. J.-C., l'armée du nouvel empereur perse Xerxès parvient à vaincre des soldats grecs dix fois moins nombreux et dont une partie s'enfuit, laissant le roi de Sparte Léonidas et ses 300 soldats se faire massacrer dans les Thermopyles. La ville d'Athènes est mise à sac par les Perses qui l'incendient et détruisent les temples de l'Acropole. Les Athéniens sont même contraints de se réfugier sur l'île de Salamine.
La troisième bataille est navale et c'est une victoire des cités grecques. En 480 av. J.-C., la flotte grecque, composée d'environ 200 navires athéniens dirigés par le stratège Thémistocle, parvient à écraser la flotte perse pourtant trois fois plus nombreuse à Salamine.
La quatrième bataille est terrestre et c'est une victoire des cités grecques. En 479 av. J.-C., à Platées, l'armée grecque, majoritairement composée d'hoplites envoyés par la cité de Sparte, repousse les soldats perses qui quittent la Grèce.
La ligue de Délos
La ligue de Délos désigne une alliance militaire entre cités qui prend la forme d'une symmachie, ce qui signifie en grec « combattre ensemble ». Délos est l'île de la mer Égée qui a été choisie pour accueillir le quartier général de cette association. La ligue de Délos regroupe environ 200 cités grecques qui choisissent de coopérer. Elle forme un arc englobant les cités littorales ainsi que les îles de la mer Égée.
Les cités alliées ont un objectif commun : se protéger contre la menace d'une nouvelle invasion perse afin de rester libres et indépendantes. Elles adoptent des principes communs :
- La liberté : Chaque membre conserve son indépendance et peut librement quitter l'alliance.
- L'égalité : Chaque membre dispose d'une voix lors du vote pour décider d'une intervention militaire.
- La solidarité : Chaque membre menacé est assuré du soutien militaire de la ligue.
La ligue fonctionne grâce à des institutions communes : une fois par an, chaque cité envoie un représentant au Conseil de la ligue situé au sanctuaire d'Apollon à Délos. C'est dans cette assemblée, aussi appelée le synode, qu'ils discutent et votent les interventions militaires nécessaires à la sécurité du monde grec.
La ligue est financée par un budget commun. Chaque membre y participe :
- soit en fournissant des navires de combat ;
- soit en payant un tribut, c'est-à-dire une cotisation équivalente à environ 25 kg d'argent, appelé le phoros.
L'ensemble des sommes versées constitue le « Trésor de la ligue », conservé à Délos.
La mise en place de l'impérialisme athénien
Athènes contrôle bientôt de plus en plus la ligue de Délos. En enfermant les cités alliées dans un cadre contraignant dans lequel elles n'ont d'autre choix que de se soumettre, Athènes affirme son impérialisme qui prend plusieurs formes.
Le contrôle grandissant d'Athènes sur la ligue de Délos
Grâce à la fondation de la ligue de Délos en 478 av. J.-C., la menace d'une nouvelle invasion perse s'éloigne. L'alliance est maintenue mais elle se transforme à l'initiative d'Athènes. En effet, progressivement, le contrôle d'Athènes sur ses alliés se resserre et la liste des contraintes qui leur sont imposées s'allonge.
Athènes resserre sa pression morale sur les alliés. Sans consulter le Conseil de la ligue, Athènes instaure un serment auquel chaque membre est tenu de se soumettre au risque d'être accusé de traîtrise. Par ce serment, les alliés s'engagent de façon solennelle :
- à apporter un soutien militaire sans failles à Athènes ;
- à payer le tribut régulièrement en apportant à Athènes, le jour du paiement, des offrandes pour la déesse Athéna ;
- à faire preuve d'obéissance et de loyauté envers Athènes ;
- à dénoncer les cités qui bafouent leur serment ;
- à ne jamais se séparer de la ligue.
Athènes resserre également sa pression fiscale sur les alliés. À partir de 454 av. J.-C., Athènes prend seule le contrôle de la gestion financière de la ligue. Ainsi, à l'initiative de Périclès, le Trésor de la ligue est délocalisé de Délos à Athènes. C'est désormais l'Ecclésia, l'Assemblée des citoyens, qui fixe seule le montant du phoros. La perception de cette somme, que les alliés voient davantage comme un impôt imposé plutôt qu'une cotisation consentie, est d'ailleurs confiée à 10 fonctionnaires athéniens, les hellénotames. Ils tiennent les comptes à jour en gravant le montant des sommes versées par les cités sur des stèles.
Athènes resserre également sa pression militaire sur les alliés. Périclès dissout le Conseil de la ligue, les interventions militaires ne sont plus ni débattues ni votées mais imposées par Athènes qui demande toujours plus de navires à ses alliés. La flotte de la ligue, estimée entre 300 et 400 trières, est d'ailleurs mise à la disposition d'Athènes puisqu'elle stationne dans son port du Pirée.
En contrepartie des efforts supplémentaires qu'elle exige, Athènes n'apporte rien de nouveau à ses alliés puisqu'elle se contente de leur renouveler la promesse de sa protection militaire. L'alliance devient donc très inégalitaire et déséquilibrée et ne sert désormais que les intérêts athéniens. Coincés dans une ligue de plus en plus contraignante, les alliés se sentent davantage menacés que protégés.
Les formes de l'impérialisme
L'impérialisme d'Athènes prend quatre formes : militaire, politique, économique et culturel.
L'impérialisme militaire repose sur un réseau de surveillance maritime et terrestre. Concrètement, Athènes fait patrouiller en permanence 300 à 400 trières (bateaux) en mer Égée. Elle peut donc intervenir partout et très rapidement. Cette omniprésence militaire permet à Athènes de maintenir une pression constante sur les cités alliées et de contrôler le commerce maritime. Cette domination maritime athénienne est qualifiée de thalassocratie, du grec thalassa, « la mer », et kratein, « le pouvoir ».
L'impérialisme politique s'illustre dans l'intervention directe d'Athènes dans les affaires intérieures des autres membres de la ligue de Délos.
Athènes exige que les crimes les plus graves commis sur le sol des territoires alliés soient désormais jugés devant les tribunaux athéniens.
L'impérialisme économique se manifeste vers 449 av. J.-C. : Athènes prive ses alliés de leur liberté monétaire en leur interdisant de battre leur propre monnaie. Désormais, la monnaie unique est celle d'Athènes, le tétradrachme, une pièce en argent marquée du visage d'Athéna d'un côté et de la chouette d'Athènes de l'autre.
Enfin, l'impérialisme culturel est manifeste dans les domaines intellectuels, artistiques et religieux : au Ve siècle av. J.-C., Athènes devient « l'école de la Grèce », elle est la référence dans tous ces domaines.
C'est à Athènes que les savants et les artistes grecs viennent se former et trouver l'inspiration.
Les avantages et les inconvénients de l'impérialisme athénien
L'impérialisme athénien présente des avantages pour la cité d'Athènes : les citoyens sont plus solidaires et la ville s'enrichit. Il présente également des inconvénients majeurs. Athènes devient de plus en plus autoritaire et violente, ce qui conduit à de nouvelles guerres.
Les avantages : la solidarité citoyenne et la situation financière d'Athènes
Au Ve siècle av. J.-C., la politique extérieure d'Athènes a des conséquences sur son régime politique intérieur. Ainsi, l'impérialisme athénien renforce la démocratie athénienne, et ce de deux façons : la solidarité entre les citoyens s'accroît et la ville s'enrichit considérablement grâce au Trésor de la ligue de Délos.
Le renforcement de la solidarité citoyenne s'explique par le lien étroit entre la citoyenneté et l'armée dans la démocratie. À Athènes, le soldat doit réussir un service militaire de deux ans, l'éphébie, pour mériter la citoyenneté. Mobilisable dans l'armée jusqu'à l'âge de 49 ans, le citoyen modèle est donc le citoyen-soldat qui s'engage par serment à risquer sa vie pour défendre la cité, donc la démocratie. Les citoyens-soldats se soutiennent alors qu'Athènes étend son pouvoir. Les victoires renforcent leur confiance en la démocratie. Athènes célèbre les citoyens qui ont donné leur vie pour la démocratie par des funérailles publiques et des monuments qui entretiennent le sentiment patriotique.
La démocratie bénéficie également de l'impérialisme financier d'Athènes. En effet, en imposant le transfert du Trésor de Délos à Athènes en 454 av. J.-C., le stratège Périclès détourne le tribut versé par les alliés. Cet argent sert notamment à financer le misthos, l'indemnité versée aux citoyens qu'il instaure vers 450 av. J.-C. et le rend très populaire. Cet argent finance aussi la politique de grands travaux de Périclès.
Les longs murs qui fortifient la route de 10 kilomètres reliant Athènes au port du Pirée sont payés par le Trésor de la ligue.
Les inconvénients : l'autoritarisme et la violence d'Athènes
Au milieu du Ve siècle av. J.-C., le contexte change : les Grecs voient la menace perse disparaître avec la signature de la paix de Callias en 449 av. J.-C. En théorie, la ligue de Délos n'a plus de raison d'être mais Athènes fait pression pour la maintenir et part même à la conquête de nouveaux alliés. Lorsque des révoltes commencent, Athènes devient plus autoritaire et réprime ses opposants avec violence.
Certaines cités contestent l'impérialisme athénien et d'autres se rebellent en prenant les armes :
- En 468 av. J.-C., Naxos décide de ne plus mettre sa flotte au service d'Athènes.
- En 465 av. J.-C., Thasos refuse de laisser Athènes piller ses mines d'argent.
- En 445 av. J.-C., Eubée refuse d'intégrer la ligue de Délos.
- En 440 av. J.-C., Samos refuse d'adopter la monnaie athénienne.
Athènes réprime sans tarder chacune de ces révoltes pour éviter la contagion. Ainsi, les cités rebelles sont systématiquement assiégées par les soldats athéniens et elles subissent les mêmes sanctions dissuasives : détruire leurs murailles, livrer leur flotte, rembourser les frais de guerre de l'armée athénienne, payer le tribut et livrer une partie de leur territoire aux colons athéniens.
Les révoltes suivantes se déroulent dans un autre contexte : la guerre du Péloponnèse. Commencée en 431 av. J.-C., elle oppose deux modèles :
- D'un côté, Athènes, la cité démocratique et impérialiste qui commande environ 150 cités.
- De l'autre, Sparte, une cité oligarchique épaulée par ses alliés de la ligue du Péloponnèse qui comptent stopper l'expansionnisme athénien.
En 428 av. J.-C., la cité de Mytilène refuse l'augmentation du tribut et quitte la ligue de Délos. Athènes assiège la cité rebelle, détruit la flotte de Mytilène et colonise une partie de son territoire. En 416 av. J.-C., Athènes est moins clémente avec la cité de Mélos, une cité neutre qui refuse d'intégrer la ligue de Délos. Après l'échec des négociations, tous les hommes en âge de porter les armes sont massacrés, les femmes et les enfants sont réduits en esclavage.
La fin de la démocratie athénienne
Lâchée par ses alliés à cause de sa violence, Athènes voit sa situation militaire se dégrader rapidement au cours de la guerre du Péloponnèse. Devant la puissance spartiate, Périclès choisit le repli dans Athènes qu'il pense protégée grâce à ses fortifications et sa flotte. Cependant, en 429 av. J.-C. une épidémie de peste tue la moitié de l'armée athénienne dont Périclès. En 404 av. J.-C., après 27 années de conflit, Athènes est vaincue par Sparte. Cette défaite conduit à la fin de la démocratie.
La ligue de Délos étant dissoute, Athènes perd son empire. Elle perd son indépendance puisqu'elle intègre la ligue du Péloponnèse et la démocratie est fragilisée par des coups d'État oligarchiques. À la fin du Ve siècle av. J.-C., la démocratie est rétablie mais elle est en crise. Le nombre de citoyens diminue, tout comme l'intérêt qu'ils portent à la vie politique.
Au IVe siècle av. J.-C., Athènes manque de soldats et d'argent alors qu'elle doit affronter une nouvelle menace. Au nord, la Macédoine du roi Philippe II veut étendre son impérialisme à toute la Grèce. Athènes tente de créer une seconde confédération en unissant autour d'elle les cités grecques, mais c'est un échec : le temps de la grandeur athénienne est terminé. Les cités grecques sont battues par Philippe en 338 av. J.-C. à Chéronée. Athènes perd son indépendance. En 322 av. J.-C., Athènes se révolte contre l'impérialisme macédonien mais elle échoue. En représailles, la démocratie athénienne est abolie et le gouvernement de la cité passe aux mains des citoyens les plus riches.
La construction et l'organisation de l'Empire romain
Centré sur le Bassin méditerranéen, l'Empire romain forme un immense espace dans lequel tous les peuples sont soumis à l'autorité de Rome. Conquis petit à petit pendant près de 8 siècles, l'Empire romain repose sur une puissance militaire importante. L'empire perdure grâce à une organisation administrative, économique et commerciale solide, ainsi qu'à une bonne gestion de la citoyenneté.
La construction de l'Empire romain
L'Empire romain ne cesse de grandir du VIIIe siècle av. J.-C. au Ier siècle apr. J.-C. Il s'étend sur trois continents : l'Europe, l'Asie et l'Afrique.
« Rome ne s'est pas faite en un jour », et c'est aussi le cas de l'Empire romain. Après sa fondation et sa consolidation aux VIIIe et VIIe siècles av. J.-C., la cité de Rome se lance dans des conquêtes dont la première phase se déroule sous la République entre 509 et 27 av. J.-C. « Au nom du Sénat et du peuple romains », les armées composées de citoyens conquièrent la péninsule italienne aux IVe et IIIe siècles av. J.-C. Après avoir vaincu la puissante cité de Carthage aux IIIe et IIe siècles av. J.-C., les Romains prennent possession des rivages de la mer Méditerranée qu'ils surnomment Mare nostrum (« Notre mer ») en latin. Au Ier siècle av. J.-C., Jules César repousse encore davantage les frontières de l'empire vers le nord grâce à la conquête de la Gaule.
À partir de 27 av. J.-C., l'Empire romain politique est instauré (régime dans lequel l'empereur détient tous les pouvoirs). Ce changement de régime politique ne remet pas en cause la dynamique expansionniste : les empereurs romains successifs poursuivent les conquêtes. Lorsqu'il atteint son extension maximale à la fin du IIe siècle apr. J.-C., l'Empire romain mesure environ 5 millions de km2, soit 9 fois la taille de la France actuelle, et compte près de 70 millions d'habitants répartis dans une quarantaine de provinces sur trois continents : l'Europe, l'Asie et l'Afrique.
Un empire reposant sur la force militaire
L'Empire romain repose sur sa force militaire. La puissance militaire de Rome tient à sa supériorité numérique, sa supériorité technique et sa discipline.
L'armée romaine est supérieure aux autres par le nombre de ses soldats. Au début du Ier siècle apr. J.-C., Auguste peut compter sur 28 légions, soit environ 140 000 soldats rémunérés par le pouvoir impérial qui leur verse un solde financé par un impôt. À la fin du IIe siècle apr. J.-C., environ 165 000 soldats assurent la sécurité de l'empire qui s'étend sur trois continents. Ce chiffre s'élève en fait à environ 300 000 puisque Rome recrute aussi des soldats parmi les non-citoyens et même les « barbares » qui forment les « troupes auxiliaires », quitte à prendre le risque de confier la défense de l'empire à d'anciens ennemis.
La technique et la tactique de l'armée romaine sont très avancées. La marine militaire romaine professionnelle domine la Méditerranée et la mer Noire grâce aux trirèmes et aux galères, des navires de guerre rappelant les trières athéniennes. L'armée de terre se compose de soldats à pied et de cavaliers. Le légionnaire romain est doté d'un équipement performant qui lui permet de se défendre, avec son casque, sa cuirasse et son bouclier en bois, mais surtout d'attaquer avec son glaive et son javelot. Grâce au tracé rectiligne des voies romaines pavées quadrillant l'empire et à l'endurance dont ils font preuve lors des longues marches, chargés d'environ quarante kilos d'armes, de matériel et de vivres, les légionnaires ont la capacité d'intervenir rapidement et partout. Ils combattent sous le commandement des centurions, des généraux et des consuls. Leur solidarité au combat s'exprime lorsque, placés en carré les uns contre les autres, ils avancent à l'abri d'une carapace de boucliers en faisant « la tortue ».
La tortue romaine
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Enfin, l'armée romaine suit une discipline stricte. Sous les ordres de généraux nommés par l'empereur, les légionnaires doivent donner leur vie pour Rome. Lorsqu'une défaite militaire laisse entendre que la discipline s'est relâchée, notamment avec des désertions ou des mutineries, une procédure appelée la « décimation » est enclenchée. Il s'agit de regrouper les coupables par dix et de faire exécuter l'un d'entre eux par les neuf autres après tirage au sort. Les rescapés sont rationnés et contraints de dormir en dehors du camp, exposés aux ennemis.
L'organisation de l'Empire romain
Dans le régime impérial, le pouvoir est centralisé par un homme, l'empereur, et par une ville, la capitale de Rome. Or, l'étendue de l'empire est un défi pour le pouvoir impérial qui doit en permanence s'assurer du maintien de l'ordre. Cela passe par une organisation administrative, économique et commerciale bien réglée. La citoyenneté est également utilisée comme outil politique pour maintenir l'empire.
L'organisation administrative de l'Empire romain
L'empereur s'appuie sur un quadrillage administratif qui permet d'appliquer dans les provinces, puis à l'échelle des cités, les décisions prises à Rome. Les maillons forts de ce réseau sont les gouverneurs des provinces.
L'empereur Auguste réorganise les provinces en distinguant :
- les provinces sénatoriales, conquises et pacifiées depuis plus longtemps et dont la gestion est confiée au Sénat de Rome ;
- les provinces impériales, considérées comme stratégiques par leur position et leurs ressources, sont gérées par l'empereur lui-même.
On trouve dans chaque cité une assemblée de citoyens qui élit un sénat local et nomme des magistrats qui gèrent la cité.
L'organisation économique et commerciale de l'Empire romain
Rome impose ses pièces dans tout l'empire. Le commerce est facilité par la création de nombreuses routes. L'Empire romain fait payer à ses provinces des impôts.
Qu'ils s'agissent de l'aureus en or, du denier en argent ou du sesterce en bronze, les monnaies romaines sont frappées dans les ateliers monétaires de Rome et de Lyon. La monnaie est un vecteur efficace de la propagande impériale puisque les pièces représentent souvent le profil de l'empereur ainsi que sa titulature. Sur le revers, ses qualités et des slogans politiques, comme par exemple Pax Aeterna, « la paix éternelle », sont mis en avant.
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Le commerce est dopé par un réseau de transports dont « tous les chemins mènent à Rome ». En effet, l'empire est parcouru par environ 90 000 km de voies romaines pavées dont les distances jusqu'à la capitale sont régulièrement indiquées par les « bornes milliaires ».
Les citoyens romains de Rome et d'Italie ayant le privilège de ne pas payer d'impôts, les empereurs transfèrent toutes les charges fiscales sur les habitants des provinces. Ils doivent ainsi payer un tribut qui a la forme d'impôts directs et indirects. Le travail de la terre, l'exploitation des mines, la fabrication et la vente de produits ainsi que la circulation des marchandises sont autant d'occasions pour Rome de prélever des taxes. Leur perception est gérée par une administration spécialisée, le fiscus qui reverse les sommes perçues à l'ærarium, le Trésor de l'État sur lequel l'empereur a la main.
La gestion de la citoyenneté dans l'Empire romain
Avec l'extension de l'Empire romain, le nombre de citoyens romains augmente. Les empereurs romains en font un outil politique qui permet d'assurer la fidélité des régions conquises. C'est le cas avec les tables claudiennes : l'empereur Claude accorde la citoyenneté romaine aux Gaulois. En 212 apr. J.-C., l'empereur Caracalla va plus loin : il impose un édit qui accorde la citoyenneté romaine complète à tous les hommes libres de l'empire.
Initialement, les citoyens romains forment une minorité. À l'image de la démocratie athénienne, les femmes, les étrangers aussi appelés les pérégrins, et les esclaves de l'Empire romain sont exclus de la citoyenneté. Ils ne peuvent donc pas jouir des avantages politiques et juridiques qui lui sont liés. Avec l'extension de l'Empire romain, le nombre de citoyens augmente :
- Au Ve siècle av. J.-C., au début de la république, le nombre de citoyens ne dépasse pas 200 000 et n'inclut que les habitants de Rome.
- Au IIIe siècle av. J.-C., le nombre de citoyens approche 300 000.
- Au Ier siècle av. J.-C, la citoyenneté sort de Rome lorsqu'une loi l'accorde à tous les habitants de l'Italie.
- À la fin du règne d'Auguste, en 14 apr. J.-C., les citoyens représentent 25 % des habitants de l'empire, soit environ 6 millions de citoyens sur 23 millions d'habitants.
Deux empereurs accélèrent ce processus d'ouverture de la citoyenneté : Claude et Caracalla.
Au cours de son règne, entre 41 et 54 apr. J.-C., Claude, surnommé « l'empereur gaulois » car il est né à Lyon, doit répondre aux habitants les plus riches des provinces gauloises qui lui réclament la citoyenneté romaine complète qui leur permettrait d'entrer au Sénat de Rome. Cette question déclenche une polémique entre Claude et les sénateurs qui l'accusent de dévaloriser la citoyenneté en l'accordant à d'anciens barbares ennemis de Rome. Finalement, en 48 apr. J.-C., Claude tranche en faveur des Gaulois qui deviennent citoyens. Ils gravent la décision impériale sur des plaques de bronze dorées appelées « les tables claudiennes » qui ont été retrouvées à Lyon en 1528.
Les tables claudiennes
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L'empereur Caracalla, qui règne de 211 à 217 apr. J.-C., choisit d'aller encore plus loin dans l'extension de la citoyenneté. En 212 apr. J.-C., un édit accorde la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l'empire. Le statut de citoyen cesse d'être un privilège réservé à une minorité pour devenir un droit universel accessible à tous. Au début du IIe siècle apr. J.-C., le nombre de citoyens est multiplié par 10 : ils sont désormais environ 60 millions dans l'empire.
L'Empire romain : une mosaïque culturelle et religieuse
L'Empire romain est une mosaïque culturelle et religieuse : plusieurs peuples y cohabitent. Pour permettre cette cohabitation, Rome entreprend une romanisation de l'Empire : le mode de vie romain s'étend et se mélange aux autres modes de vie. Plusieurs religions cohabitent dans l'Empire, qui voit naître le christianisme. L'Empire romain fait toutefois face aux barbares, qui vont finir par conduire à son éclatement.
La romanisation de l'Empire romain
La fondation du régime impérial par Auguste en 27 av. J.-C. marque le début d'une période appelée la Pax Romana. Pendant environ deux siècles, l'Empire romain connaît une longue période de paix et de prospérité. C'est aussi un moment où le mode de vie romain se diffuse dans les cités de l'empire et devient un levier d'intégration culturelle. Cette stratégie appliquée par les empereurs s'appelle la romanisation. Concrètement, elle consiste à faire accepter par les peuples vaincus la domination de Rome en leur faisant bénéficier des bienfaits de la civilisation romaine.
La romanisation est surtout un processus urbain mis en œuvre dans les cités. Grâce aux conquêtes, Rome prend le contrôle de cités existantes où elle fonde de nouvelles colonies sur la base d'un camp militaire :
- en Europe, les cités de Londinium (Londres), Barcino (Barcelone) et Lugdunum (Lyon) ;
- en Asie avec la cité de Berytus (Beyrouth) ;
- en Afrique du Nord avec les cités de Volubilis, Timgad ou Leptis Magna.
Les pratiques quotidiennes caractéristiques de la civilisation romaine sont exportées dans l'empire. Ainsi, chaque cité est tenue de calquer son modèle de sociabilité, son vivre-ensemble, sur celui de Rome. Rome exporte son modèle d'urbanisme : les monuments emblématiques de Rome sont imités dans toutes les cités de l'empire. Les cités sont ainsi remodelées pour adopter le plan romain organisé autour de deux axes de communication appelés le cardo et le decumanus. On aménage également un espace de rencontre et de discussions qui prend la forme d'une place centrale appelée le forum.
Les peuples de l'empire goûtent aussi aux loisirs romains : ils se baignent dans les thermes qui sont approvisionnés en eau par les aqueducs. Ils assistent aux spectacles dans les théâtres, ils parient sur les combats de gladiateurs dans les amphithéâtres, ils supportent les équipes de courses de chars au cirque.
Dans toutes les cités de l'empire, la fréquentation des lieux typiques de la sociabilité romaine entraîne l'adoption progressive du mode de vie romain. Ainsi, les manières de se loger, de s'habiller, de se nourrir, de se divertir et de vivre ensemble se calquent sur le modèle romain. Les principes romains comme le respect des lois et du droit se diffusent en même temps que le latin, la langue officielle de l'empire.
Rome exporte enfin sa religion polythéiste. Dans toutes les cités de l'empire, des temples sont en effet construits pour honorer les dieux du panthéon romain comme par exemple Jupiter (le ciel), Mars (la guerre), Vénus (la beauté) et Minerve (la sagesse). Des jeux, des processions, des offrandes et des sacrifices y sont régulièrement organisés. De plus, Rome y impose la pratique du culte impérial.
Les habitants de Nîmes pratiquent le culte impérial dans un temple dédié à Auguste qui copie le temple d'Apollon et de Mars à Rome.
La romanisation a néanmoins plusieurs limites :
- Une limite géographique car le mode de vie romain imprègne davantage les cités que les campagnes.
- Une limite sociale car la culture romaine est d'abord adoptée par les élites qui espèrent en tirer un bénéfice économique et/ou politique.
- Une limite culturelle car la romanisation ne gomme pas les traditions régionales.
- Une limite religieuse puisque, tout en pratiquant le culte impérial : les populations des provinces continuent de vénérer les dieux traditionnels locaux, comme c'est le cas en Égypte et en Gaule.
La christianisation de l'Empire romain
L'Empire romain : entre tolérance religieuse et persécution des chrétiens
Les Romains sont polythéistes. Sous l'Empire, ils imposent leurs dieux ainsi que le culte impérial aux peuples vaincus par le biais de la romanisation. Ils tolèrent cependant les autres croyances à condition qu'elles se soumettent au culte impérial et ne troublent pas l'ordre public. Toutefois, l'arrivée de Jésus, jugé comme hostile à l'Empire romain, provoque la persécution des chrétiens, les premiers fidèles du Christ.
Au Ier siècle apr. J.-C., à l'est du Bassin méditerranéen, dans une province romaine appelée la Palestine, les juifs pratiquent librement leur monothéisme. Ils affirment attendre d'être libérés de l'occupation romaine par un sauveur envoyé par Dieu qu'ils nomment en langue juive « le Messie », « le Christ » en grec.
Jésus est un juif dont l'enseignement remet en cause le pouvoir impérial. Il répond aux angoisses des populations en affirmant que les êtres humains sont tous libres et égaux devant le seul et unique Dieu qui les sauvera tous en leur accordant « la vie éternelle dans le royaume des Cieux ». Ses premiers fidèles prennent le nom de « chrétiens ». Ils refusent d'honorer les dieux romains et de rendre un culte à l'empereur. Ce comportement rebelle leur vaut l'hostilité des autres communautés qui perçoivent les chrétiens comme une secte aux croyances mystérieuses. Il attire aussi l'attention des autorités romaines de Jérusalem qui voient en eux de mauvais citoyens.
En 30 apr. J.-C., le gouverneur romain Ponce Pilate accuse Jésus de se faire appeler « roi » et de troubler l'ordre public. Il le condamne à la mort par crucifixion. Persuadés de sa résurrection, les disciples de Jésus accélèrent la transmission de son message. Paul de Tarse, entre 50 et 62 apr. J.-C., multiplie les voyages en Palestine, en Asie Mineure, en Grèce et en Italie pour convertir les juifs et les non-juifs. Entre 50 et 100 apr. J-C., les Apôtres Jean, Marc, Luc et Matthieu rédigent les Évangiles. Écrits en grec, ces textes racontent la vie de Jésus et présentent les croyances chrétiennes. Ils forment la Bible chrétienne sous le nom de « Nouveau Testament ».
Devant le développement des communautés chrétiennes, les empereurs choisissent l'intransigeance et la répression. Ainsi, entre les Ier et IIIe siècles, les chrétiens sont partout victimes de persécutions.
On leur reproche par exemple d'être responsables de l'incendie qui ravage Rome sous l'empereur Néron ou encore de trahir l'empire en propageant des épidémies ou en aidant les « envahisseurs barbares ».
Au IIIe siècle apr. J.-C., le prosélytisme chrétien devient un crime puni de mort : tous les habitants de l'empire qui refusent de sacrifier en l'honneur des dieux romains sont systématiquement persécutés. Les chrétiens sont donc contraints de pratiquer leur culte dans la clandestinité. Ces mesures ne freinent pourtant pas la progression du christianisme et s'avèrent même contre-productives. En effet, les chrétiens font des persécutés des « martyrs », des modèles à imiter pour obtenir « la vie éternelle », ce qui accélère les conversions.
Le christianisme, religion officielle de l'Empire romain
À partir du IVe siècle apr. J.-C., les persécutions contre les chrétiens cessent. Sous l'empereur Constantin, l'empire commence un processus de christianisation qui bouleverse la place de la religion chrétienne dans l'Empire romain. Finalement, la religion chrétienne devient la religion officielle de l'empire : en 380, l'empereur Théodose impose un édit qui fait de la religion chrétienne la seule autorisée dans l'empire.
En 312 apr. J.-C., aux portes de Rome, l'empereur Constantin s'impose militairement face à Maxence en remportant la bataille du pont Milvius. Selon certains récits, Constantin attribue cette victoire au soutien du Christ, ce qui l'amène à modifier radicalement la place de la religion chrétienne dans l'empire. Dès 313, il impose l'édit de Milan qui reconnaît, autorise et protège la religion chrétienne dans l'empire. Les chrétiens, toujours minoritaires, peuvent désormais pratiquer leur culte librement sans risquer les persécutions.
Constantin envoie un message fort en se convertissant officiellement au christianisme. Il met alors en place un ensemble de mesures qui renforcent la position de la religion chrétienne dans l'empire :
- Il protège les lieux de culte chrétiens en interdisant leur destruction.
- Il utilise le Trésor impérial pour financer la construction de basiliques à Rome, comme la basilique Saint-Pierre.
- Il fait du dimanche un jour de repos obligatoire dans toutes les villes de l'empire.
- Il fait appliquer la morale chrétienne en interdisant le concubinage et les combats de gladiateurs dans l'empire.
- Il accorde des terres aux chrétiens qui organisent une institution hiérarchisée composée d'évêques et de prêtres qui couvre progressivement la totalité de l'empire en s'appuyant sur le découpage des provinces existantes : c'est la naissance de l'Église chrétienne.
En 325 apr. J.-C., l'empereur Constantin réunit les évêques chrétiens dans une ville proche de Constantinople : c'est le concile de Nicée. Il souhaite clarifier les croyances et les pratiques fondamentales du christianisme, à un moment où les communautés chrétiennes développent des doctrines divergentes. Ce concile débouche sur la rédaction d'un texte surnommé le Credo, en latin « Je crois », qui fixe le dogme chrétien et condamne d'hérésie tous ceux qui s'en écartent. Les principales fêtes chrétiennes sont également intégrées au calendrier romain comme par exemple la naissance du Christ le 25 décembre, sa crucifixion le Vendredi saint et sa résurrection le dimanche de Pâques.
En 330, Constantin inaugure une nouvelle cité inspirée de son nom : Constantinople. Construite sur le site de l'ancienne cité grecque de Byzance, l'empereur chrétien veut en faire une nouvelle capitale, une seconde Rome, mais chrétienne. Pour cela, un forum, un cirque, un théâtre, des thermes et plusieurs lieux de culte chrétiens comme des églises et des basiliques sont construits. En 337, Constantin se fait baptiser avant de mourir.
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En 380, l'empereur Théodose impose un édit qui fait de la religion chrétienne la seule autorisée dans l'empire. Cette situation de monopole débouche sur la proclamation du christianisme comme religion officielle de l'Empire romain. En 391, Théodose interdit le paganisme, c'est-à-dire que tous les cultes païens qui concurrencent la religion chrétienne sont mis hors la loi. Ainsi, le monothéisme chrétien devient une obligation légale et le polythéisme est criminalisé. L'Empire romain est donc désormais aussi un empire chrétien. Un lien de dépendance relie désormais le pouvoir politique détenu par l'empereur, et le pouvoir religieux revendiqué par l'Église chrétienne.
L'Empire romain face aux « barbares »
Aux IIIe et IVe siècles, les migrations vers l'ouest des peuples « barbares » en provenance d'Asie et d'Europe centrale cassent la dynamique de paix et de prospérité de l'Empire romain. La chute de l'Empire romain d'Occident en 476 est aujourd'hui le repère chronologique qui marque la fin de l'Antiquité et le début du Moyen Âge.
Pour les Romains, les peuples « barbares » sont des étrangers. Ils se distinguent :
- par leur localisation car ils sont situés à l'extérieur des limites de l'empire ;
- par leur langue puisqu'ils ne parlent pas le latin, ce qui, pour les Romains, est la preuve de l'infériorité et de la « barbarie » de leur mode de vie, de leur culture ;
- par leur religion puisqu'ils sont païens.
Sous l'Empire, les tribus barbares, attirées par les richesses des cités, franchissent régulièrement la frontière pour piller. Ces incursions sont cependant repoussées par les légions romaines, supérieures en nombre, mieux organisées et armées. Aux Ier et IIe siècles apr. J.-C., la supériorité militaire des légions romaines permet de contenir les barbares derrière le limes, la frontière fortifiée. La gestion des peuples « barbares » demeure néanmoins une préoccupation majeure pour tous les empereurs et une question stratégique pour la survie de l'empire. Les barbares démontrent régulièrement leur capacité d'intrusion et rappellent aux Romains leur vulnérabilité :
- En 9 apr. J.-C., lorsque les Germains massacrent 10 % de l'armée romaine au cours de la bataille de Teutobourg, Auguste est contraint de renoncer à la conquête de la Germanie.
- Aux Ier et IIe siècles apr. J.-C., les légions romaines sont vaincues par les Daces et les Parthes.
- Au IIIe siècle apr. J.-C., la situation aux frontières se dégrade puisque Rome doit faire face à la pression exercée au nord par les Germains, à l'est par les Perses et au sud par les Maures.
- En 260 apr. J.-C., la défaite de l'empereur Valérien, fait prisonnier par les Perses, prouve que la capacité de résistance de l'empire décline.
Aux IVe et Ve siècles apr. J.-C., le contexte se détériore : des nomades venus d'Asie, appelés les Huns, poussent les différents peuples germains vers l'ouest. Ainsi, les Wisigoths, les Alamans, les Vandales ou encore les Francs se pressent aux frontières de l'Empire romain et l'envahissent. En 378 apr. J.-C., à Andrinople, l'armée romaine est anéantie par les Goths et l'empereur est tué.
En 395 apr. J.-C., l'empereur Théodose choisit de diviser l'empire en deux parties pour renforcer sa capacité de défense :
- à l'ouest, l'Empire romain d'Occident, avec Ravenne pour capitale ;
- à l'est, l'Empire romain d'Orient, avec Constantinople pour capitale.
Ces deux empires développent alors des histoires opposées :
- L'Empire romain d'Occident s'effondre sous la pression barbare. Rome est pillée et en partie brûlée par les Wisigoths d'Alaric en 410 puis par les Vandales de Genséric en 455. En 476, Odoacre force le dernier empereur romain, Romulus Augustule, à abdiquer : c'est la chute de l'Empire romain d'Occident, remplacé par les royaumes barbares.
- L'Empire romain d'Orient parvient à résister et fait perdurer l'héritage romain jusqu'à la fin du Moyen Âge en 1453.