Sommaire
IL'enracinement de la culture républicaine (1880 - 1900)ALes débuts difficiles de la Troisième RépubliqueBLa culture républicaine1Les principes fondateurs de la république2Les symboles républicainsCLa République surmonte les crises1Des conceptions différentes de la République2L'antiparlementarismeIIVichy, la Résistance et la refondation républicaineAVichy, le rejet des valeurs républicaines1La mise en place du régime de Vichy2Un régime antirépublicainBLa Résistance1Lutter contre l'occupant2Lutter pour la république3La LibérationCLa refondation républicaine1Restaurer l'ordre républicain2Rétablir les institutions républicainesIIILes débuts de la Ve RépubliqueALa mise en place de la Ve RépubliqueBLes institutions de la Ve RépubliqueCDe Gaulle à la tête de l'ÉtatLa république, instituée en 1870, s'enracine en France dans les années 1880 et 1890. Les libertés sont instaurées et une culture républicaine se développe au sein de la population française. Des symboles et un paysage républicain s'installent en France. La république traverse plusieurs crises qui remettent en cause ses valeurs mais elle les surmonte et se maintient jusqu'en 1940.
En effet, le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et la débâcle des troupes françaises face aux Allemands poussent les députés français à accorder les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Ce dernier instaure un régime antirépublicain et collabore avec les nazis. La Résistance apparaît spontanément en réaction contre l'occupant nazi et se structure autour de la défense des valeurs républicaines. De Gaulle, à l'étranger, organise les Forces françaises libres (FFL) et envoie Jean Moulin coordonner la Résistance intérieure. Le CNR est créé et il élabore un programme pour la refondation républicaine. Les troupes alliées, appuyées par la Résistance, aident la libération de la France. De Gaulle et le Gouvernement provisoire rétablissent l'ordre républicain et de nouvelles institutions sont mises en place. La Constitution de la IVe République est approuvée par référendum, elle instaure une république parlementaire.
Cependant, la IVe République est un régime particulièrement instable et la guerre d'Algérie provoque sa chute. Le retour de De Gaulle permet à la république de surmonter la crise mais il réclame de nouvelles institutions. La Ve République est approuvée par le peuple, c'est un régime semi-présidentiel dans lequel le président a des pouvoirs importants. En 1962, l'élection du président de la République au suffrage universel direct est instituée et renforce le rôle du président.
L'enracinement de la culture républicaine (1880 - 1900)
Les débuts difficiles de la Troisième République
La République est instaurée en 1870 suite à la chute du Second Empire de Napoléon III mais elle est menacée à ses débuts :
- Les élections de 1871 aboutissent à la victoire des députés monarchistes et cléricaux dont le souhait est le rétablissement de la monarchie.
- Le peuple parisien, opposé à la capitulation face aux Prussiens et à la nouvelle assemblée se révolte et décrète la Commune de Paris en 1871. La Commune s'inspire des principes libertaires et instaure l'autogestion. Elle est réprimée par des massacres orchestrés par le nouveau gouvernement. Les "communards" qui survivent sont exilés dans des bagnes.
Mais le régime républicain s'installe progressivement :
- Les monarchistes échouent dans leur volonté de restauration monarchique à cause de leurs divisions et les républicains, de plus en plus nombreux à la chambre des députés, permettent le vote des lois constitutionnelles de 1875 qui consolident le régime républicain.
- Suite à la crise du 16 mai 1877, le président monarchiste Mac Mahon dissout la chambre des députés, tombée aux mains des républicains. Les élections donnent la victoire aux républicains regroupés derrière Gambetta. Mac Mahon démissionne.
- Cet événement modifie le fonctionnement des institutions au profit du Parlement (Chambre des députés et Sénat) puisque aucun président sous la IIIe République n'utilisera ce droit de dissolution.
- La crise du 16 mai 1877 confirme le caractère parlementaire de la IIIe République.
- En 1879, les républicains obtiennent la majorité dans les deux chambres.
La culture républicaine
Les principes fondateurs de la république
La théorie positiviste inspire les hommes de la IIIe République.
Positivisme
Le positivisme est un courant de pensée qui rejette l'explication irrationnelle des faits et se base sur une connaissance par l'analyse et l'expérience. Les adeptes de ce courant ont foi dans le progrès de la société grâce à l'utilisation de la raison et de la science.
Auguste Comte (1798 - 1857) est considéré comme le principal théoricien du courant positiviste.
Cette doctrine positiviste a deux conséquences dans l'action des hommes politiques de la IIIe République :
- Ils veulent développer l'instruction de la population.
- Ils veulent limiter l'influence de l'Église.
En effet, l'école est un des plus importants facteurs qui contribuent à développer la culture républicaine au sein de la société française :
- Avec les lois scolaires de Jules Ferry (1881 - 1882) l'école devient laïque, gratuite et obligatoire.
- Des instituteurs sont formés et les programmes sont orientés dans un esprit républicain.
Le développement de l'école primaire apporte une progression du niveau culturel des Français et permet l'émergence de citoyens capables de lire la presse et de participer au débat démocratique.
Les libertés fondamentales sont instaurées :
- En 1881, la loi sur la liberté d'expression, de presse et de réunion
- En 1884, la loi Waldeck Rousseau sur les syndicats
- En 1901, la loi sur les associations
Une culture politique se développe au sein de la société française :
- En 1884, la loi municipale permet l'élection au suffrage universel masculin des conseils municipaux et des maires, à l'exception de la ville de Paris.
- Le service militaire, porté à trois ans en 1889, en mélangeant les couches sociales et les habitants de toutes les régions françaises, contribue à développer le sentiment d'appartenance à la patrie et soude la communauté nationale.
La laïcité est aussi un élément essentiel de la culture républicaine, elle est perçue comme une nécessité car elle est identifiée à la lutte contre le conservatisme. La loi sur la séparation de l'Église et de l'État en 1905 en est l'aboutissement.
Les symboles républicains
La culture républicaine se manifeste par des symboles et voit l'émergence d'un paysage républicain.
Les symboles républicains sont issus de la Révolution française :
- La Marseillaise devient l'hymne national en 1879.
- Le 14 juillet devient la fête nationale en 1880.
- Le drapeau bleu - blanc - rouge est le drapeau national.
- Marianne est l'allégorie de la république.
- La construction du Panthéon est achevée et ce bâtiment abrite les "grands hommes de la patrie".
Un paysage républicain se développe en France :
- Dans les villages et villes sont construites des mairies et des écoles sur lesquelles est inscrite la devise nationale : "liberté, égalité, fraternité".
- Les casernes se multiplient.
- Des statues allégoriques sont édifiées dans les places des villes et des villages. Il s'agit de statues de Marianne et de grands personnages de la France.
La République surmonte les crises
Des conceptions différentes de la République
La République cherche à rallier toute la population et elle veut avoir le soutien du monde paysan, majoritairement conservateur. Elle veut effacer l'image de la république associée aux troubles révolutionnaires et à la Terreur.
Mais la République doit aussi répondre aux aspirations sociales des ouvriers, influencés par le marxisme, qui sont de plus en plus nombreux avec le développement des grandes usines.
Les républicains sont divisés sur la question du rôle que doit jouer la république :
- Les "opportunistes", dont font partie Gambetta et Ferry, sont des républicains modérés.
- Les radicaux et surtout les socialistes sont partisans d'une autre vision de la république. Ils insistent davantage sur la laïcité et les réformes sociales.
La république cherche donc à rassurer sur ses intentions tout en répondant aux demandes sociales des ouvriers :
- Elle vote des lois sociales (limitation du travail des enfants, des femmes, autorisation des syndicats, etc.) et amnistie les communards en 1880.
- Elle réprime violemment certains mouvements ouvriers et se montre très sévère avec les anarchistes suite à l'assassinat par Casério (militant anarchiste) du président Sadi Carnot en 1894. Les "lois scélérates" sont adoptées et interdisent les groupes anarchistes.
L'antiparlementarisme
Les menaces les plus importantes viennent de la droite antiparlementaire. Des groupes se constituent et affichent des idéaux opposés aux valeurs républicaines (antisémitisme, xénophobie, rejet du parlementarisme, besoin d'un exécutif fort).
La Ligue des patriotes, fondée par Déroulède, regroupe des monarchistes et des antiparlementaires. Les idées qu'elle véhicule sont la xénophobie, l'antisémitisme, le militarisme et un patriotisme exacerbé.
Plusieurs scandales écornent l'image de la république.
Le scandale de Panama (1889 - 1892) implique de nombreux députés. Pour financer le creusement du canal de Panama, des députés sont accusés d'avoir été corrompus afin de voter la levée de fonds nécessaire à la poursuite du projet. L'implication de nombreux députés et d'un financier de confession juive dans le scandale nourrit l'antiparlementarisme et l'antisémitisme.
Plusieurs crises viennent remettre en question la république.
La crise boulangiste se déroule en 1886 et 1889 :
- Boulanger est un général qui développe un discours antiparlementaire très virulent. Il critique le système et fédère tous ceux qui s'y opposent. Il regroupe ceux qui sont partisans d'une revanche contre l'Allemagne, les nationalistes de droite, certains anciens communards, etc.
- Ces militants sont de plus en plus nombreux et Boulanger semble menacer un temps la république.
- Accusé de conspiration monarchique, il échoue et se réfugie en Belgique avant de se suicider.
Mais c'est l'affaire Dreyfus (1894 - 1906) qui divise le plus les Français et dévoile au grand jour les sentiments antisémites d'une partie de la population française :
- Le capitaine Dreyfus est un officier juif accusé à tort de trahison au profit de l'Allemagne.
- Deux camps s'affrontent : les antidreyfusards, antisémites, militaristes, qui pensent que l'armée n'a pas à revenir sur une chose qu'elle a jugée. Les dreyfusards quant à eux, pensent que les valeurs républicaines comme la Justice et les droits de l'Homme sont plus importants.
- Les "intellectuels" prennent part au débat. Zola publie un article intitulé "J'accuse" dans lequel il fait une violente charge contre l'armée.
- Dreyfus sera finalement réhabilité.
Mais la république surmonte les crises et se maintient. En 1899, la victoire des radicaux, qui comptaient parmi les dreyfusards, confirme cette sortie de crise.
Vichy, la Résistance et la refondation républicaine
Vichy, le rejet des valeurs républicaines
La mise en place du régime de Vichy
La mise en place du régime de Vichy s'explique par la défaite des Français face à l'Allemagne en 1940 :
- Les Allemands lancent l'offensive sur la France le 10 mai 1940.
- Les troupes françaises sont rapidement vaincues, c'est la "débâcle".
- Les Français du Nord, dont beaucoup gardent le souvenir de la douloureuse occupation durant la Première Guerre mondiale, fuient devant l'avancée des troupes, c'est "l'exode".
- Le gouvernement et le Parlement partent se réfugier à Bordeaux.
- Pétain, ancien héros de la Première Guerre mondiale et de la bataille de Verdun apparaît alors comme l'Homme providentiel qui permettra à la France de sortir de ce chaos.
- Le 10 juillet 1940, les parlementaires lui accordent les pleins pouvoirs.
La France est humiliée par les conditions imposées par les Allemands :
- L'armistice est signé à Rethondes le 22 juin 1940. Il est très défavorable aux Français.
- La France doit payer de lourdes sommes pour financer l'occupation des troupes allemandes.
- De nombreux prisonniers français sont gardés en Allemagne.
- L'armée française est réduite.
- Le Nord et l'Ouest de la France constituent une zone occupée dirigée par les Allemands.
- La zone au sud-est de la France est la "Zone libre", elle est dirigée par Pétain.
Un régime antirépublicain
Pétain veut rompre avec la IIIe République qu'il accuse d'être la cause de la défaite française. Il dénonce le parlementarisme qui caractérisait ce régime :
- Il supprime les libertés (expression, réunion, etc.).
- Il instaure des valeurs conservatrices avec la "Révolution nationale" qui a pour devise "Travail, famille, patrie".
- La majorité des Français est convaincue que Pétain a permis de ménager la France auprès de l'Allemagne et il rencontre un vif soutien au sein de la population.
Le gouvernement entreprend une politique de collaboration avec le régime nazi et il prend l'initiative de la marginalisation et de la déportation des Juifs.
- En octobre 1940, les premières mesures d'exclusion des Juifs sont prises.
- Le 24 octobre 1940, Pétain rencontre Hitler à Montoire pour définir la politique de collaboration de la France de Vichy.
- Dès l'année 1940, il regroupe les Juifs dans des camps d'internement.
- La déportation des Juifs est entreprise en 1942.
À partir de la fin de 1942, la présence allemande est de plus en plus contraignante en France :
- Les Allemands envahissent la "Zone libre" et tout le territoire est occupé.
- Le Service de travail obligatoire (STO), qui consiste à envoyer des Français travailler en Allemagne est instauré en 1943.
La Résistance
Lutter contre l'occupant
Les motivations des premiers résistants sont la lutte contre l'occupant allemand. La Résistance s'organise à l'extérieur de la France sous l'action du général de Gaulle et à l'intérieur du pays des groupes de résistants se forment :
À l'extérieur, De Gaulle organise la Résistance :
- Il s'enfuit à Londres d'où il lance un appel le 18 juin 1940 sur la BBC.
- Il se fait reconnaître par les Britanniques comme le chef des "Français libres".
- Les volontaires se réunissent dans les Forces françaises libres (FFL) et combattent aux côtés des alliés.
- En novembre 1942, les troupes alliées débarquent à Alger qui devient la capitale de la France libre.
- Le Comité français de la libération nationale (CFLN) est créé en 1943 et De Gaulle en prend la tête.
À l'intérieur du pays, des individus rejoignent spontanément la Résistance :
- Le 11 novembre 1940, des étudiants manifestent et des ouvriers se mettent en grève contre l'occupant.
- La résistance se structure en réseaux. Ces réseaux impriment des journaux clandestins et entreprennent des actes de sabotage.
Lutter pour la république
La réaction contre l'occupant reste fondamentalement présente mais à cette motivation des résistants s'ajoute la défense des valeurs républicaines. Bien que la Résistance soit un fait minoritaire, elle rencontre de plus en plus de soutien au sein de la population française et ce malgré la propagande des nazis et du régime de Vichy :
- Les communistes, suite à l'invasion de l'URSS en juin 1941, rejoignent la Résistance.
- Le STO nourrit les mécontentements et pousse de nombreuses personnes à aller dans les maquis plutôt que de partir travailler en Allemagne.
- L'invasion de la "zone libre" en 1942 et le poids de l'occupation se fait de plus en plus oppressant.
Maquis
Les maquis sont des groupes de résistants.
Il y a environ 40 000 maquis à la fin de 1943, et 100 000 en 1944.
La Résistance intérieure se structure. Jean Moulin est envoyé par De Gaulle pour coordonner l'organisation et créer le Conseil national de la Résistance (CNR) en 1943. Le CNR rédige un programme qui affirme les valeurs républicaines mais aussi des valeurs sociales.
Lorsque Jean Moulin est arrêté et exécuté par les Allemands, Georges Bidault prend la direction du CNR.
La Libération
Le débarquement des Alliés accompagnés des FFL et le soutien de la Résistance intérieure permettent la libération de la France :
- Les FFI (Forces françaises de l'intérieur) sont créées en 1944 par le CNR.
- En juin 1944, les troupes alliées débarquent en France et sont soutenues par les FFI.
- Le 24 août 1944 les FFL derrière le général Leclerc rentrent dans Paris.
- Le CFLN devient le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), dirigé par De Gaulle.
La refondation républicaine
Restaurer l'ordre républicain
Le GPRF a pour premier objectif de rétablir l'ordre républicain dans le pays :
- La première décision prise par De Gaulle est de déclarer les lois prises sous le régime de Vichy "nulles et sans effet".
- De Gaulle impose le GPRF à la direction du pays contre la volonté des Américains de mettre la France sous la tutelle d'un gouvernement d'occupation (AMGOT).
- Le GPRF s'attaque ensuite au problème des règlements de comptes et de l'épuration sauvage qui touche la France. Plus de 10 000 personnes sont victimes de cette épuration incontrôlée et de nombreuses femmes accusées d'avoir eu des relations avec les Allemands ("collaboration horizontale") sont tondues.
- Des cours spéciales de justice prennent en main l'épuration et environ 38 000 personnes sont condamnées pour leur collaboration au régime nazi. 767 condamnations à mort sont prononcées.
- Les préfets et fonctionnaires de Vichy sont remplacés par des commissaires de la République nommés par De Gaulle.
- En novembre 1944, les milices du CNR, dominées par les communistes, sont désarmées.
Rétablir les institutions républicaines
Une fois l'ordre rétabli, la priorité est de doter la France de nouvelles institutions républicaines. Plusieurs mesures sont prises dans le respect du programme du CNR, dont certaines mesures sociales :
- Le droit de vote est donné aux femmes.
- La Sécurité sociale est créée.
- Pour les impératifs de la reconstruction, l'économie est encadrée par l'État qui met en place la planification.
- Des entreprises sont nationalisées.
À la Libération, la société des usines Renault est dissoute et Louis Renault, accusé d'avoir collaboré avec les Allemands, est envoyé en prison où il meurt. La nouvelle entreprise, la "régie nationale des usines Renault" appartient désormais à l'État.
Les Français, consultés par référendum, votent majoritairement pour la rédaction d'une nouvelle constitution. Trois projets se font face :
- Les communistes et les socialistes veulent un régime d'assemblée. Un projet de ce type est repoussé par référendum le 5 mai 1946.
- Les membres du MRP (parti issu de la Résistance regroupant les démocrates-chrétiens) veulent un régime parlementaire. C'est cette option qui est choisie et adoptée le 13 octobre 1946 et instaure la IVe République.
- De Gaulle voulait un régime présidentiel, il démissionne du GPRF en janvier 1946 pour protester contre les projets constitutionnels élaborés par une assemblée dominée par les communistes et les socialistes.
La IVe république est donc une république parlementaire, c'est-à-dire que le parlement dispose de pouvoirs importants :
- Le Parlement, composé d'une chambre haute et de l'Assemblée nationale, concentre l'essentiel des pouvoirs.
- L'Assemblée peut renverser le gouvernement en déposant une motion de censure.
- Le président du Conseil, qui dispose en tant que chef du gouvernement du pouvoir exécutif, doit donc disposer d'une majorité parlementaire pour gouverner.
Cependant les institutions de la IVe République s'avèrent rapidement instables car il est difficile pour les gouvernements de constituer une majorité stable :
- Le scrutin proportionnel a pour conséquence la présence à l'assemblée de nombreux petits partis.
- Les gaullistes (RPF), opposés à la forme parlementaire du régime, sont dans l'opposition.
- Les communistes, avec l'apparition de la guerre froide, démissionnent du GPRF en mai 1946 et rejoignent aussi les rangs de l'opposition.
Les débuts de la Ve République
La mise en place de la Ve République
Les instabilités de la IVe République sont accentuées par la crise coloniale. Les coalitions sont de plus en plus difficiles à trouver et sont très éphémères. Au total, ce sont 25 gouvernements qui se succèdent entre 1946 et 1958. Le gouvernement de Pierre Mendès France de 1954 à 1955 est l'un des plus longs, il dure 9 mois.
La crise de mai 1958 provoque la fin de la IVe République :
- Le mécontentement des Pieds-Noirs algériens augmente. Ils reprochent aux différents gouvernements de la IVe République leur incapacité à régler définitivement les troubles indépendantistes en Algérie.
- En mai 1958, une insurrection voit le jour en Algérie.
- La population européenne d'Algérie et les militaires sont acteurs de cette insurrection, les généraux occupent le gouvernement général d'Algérie. La république est menacée.
- De Gaulle, dans ce contexte de coup d'État, apparaît être aux yeux de la population et des insurgés algériens l'homme qui peut résoudre la situation.
- Il est appelé à prendre en main le gouvernement de la France. Il accepte mais conditionne son retour à l'élaboration d'une nouvelle constitution.
Les institutions de la Ve République
En septembre 1958, une nouvelle Constitution, écrite par Michel Debré, est approuvée à 80 % par voie référendaire et instaure la Ve République. Elle établit un compromis entre l'attachement d'une grande partie des Français et de la classe politique au parlementariste et la volonté de De Gaulle d'établir un exécutif fort.
Le Parlement est affaibli par rapport aux régimes précédents :
- Le Parlement est composé du Sénat et de l'Assemblée nationale.
- Il garde un pouvoir de contrôle puisque le "gouvernement est responsable devant le Parlement".
- Il est cependant plus difficile pour l'Assemblée de le renverser.
- Le Parlement garde des prérogatives importantes car il vote les lois et le budget.
- Son activité est délimitée par le gouvernement qui fixe son ordre du jour.
Le président exerce des pouvoirs renforcés par rapport aux régimes précédents :
- Le président est élu dans un premier temps par un large collège de grands électeurs (80 000) pour une durée de sept ans.
- Le président peut demander la tenue d'un référendum (article 11 de la Constitution).
- Il peut, dans certaines conditions, obtenir les pleins pouvoirs (art. 16).
- L'article 49-3 lui permet de faire adopter une loi sans le vote du Parlement.
- Il nomme le Premier ministre et donne l'impulsion de la politique générale.
La Constitution lui donne ainsi de larges pouvoirs. La large majorité que les gaullistes obtiennent au Parlement donne à De Gaulle une grande liberté d'action pour régler le problème épineux de décolonisation.
Ce régime de compromis entre un parlementarisme maintenu et un président aux pouvoirs importants est qualifié de régime semi-présidentiel.
De Gaulle à la tête de l'État
De Gaulle établit un lien direct avec le peuple :
- Il veut établir un pouvoir "au-dessus des partis", c'est-à-dire gouverner pour tous les Français, sans ambition partisane.
- Il organise plusieurs référendums.
- Il s'adresse régulièrement aux Français par la radio et la télévision.
- Il multiplie les bains de foule.
- Enfin, par la réforme de 1962 approuvée par référendum, il amplifie considérablement sa légitimité en instaurant l'élection du président au suffrage universel direct.
- Le rôle du président voulu par De Gaulle provoque de nombreuses critiques.
François Mitterrand, en 1964, dans Le Coup d'État permanent, qualifie le pouvoir de De Gaulle de "dictature".
De Gaulle, qui a une "certaine idée de la France", cherche à renforcer la puissance internationale du pays :
- Il est chef des armées et considère la politique étrangère comme son "domaine réservé".
- Il poursuit la politique visant à assurer à la France une force de frappe nucléaire et réalise les premiers essais nucléaires en 1960.
- Bien que la France reste un allié des États-Unis, il commence à prendre ses distances avec ce pays dans le cadre de la guerre froide. Il apporte cependant un soutien inconditionnel à Kennedy lors de la crise des missiles de Cuba.
Il veut moderniser le pays :
- Dans le cadre des plans quinquennaux instaurés à la Libération, il lance une politique de grands travaux.
- Il réforme le franc en 1960 pour en faire une monnaie plus forte.
- Il s'attache au rayonnement culturel de la France avec la création du ministère des Affaires culturelles françaises, dirigé par André Malraux.