Sommaire
ILa construction du modèle politique anglais : une monarchie représentativeADu King-in-Parliament au Commonwealth1Le principe du King-in-Parliament2La remise en question du modèle politique par les Stuart3La première révolution anglaise (1642-1649) et le CommonwealthBDe la restauration monarchique au renversement du roi1Les tensions entre le roi et le Parlement2De l'instauration de l'Habeas Corpus au renversement du roiCL'instauration du Bill of Rights IIL'influence du modèle britannique sur les philosophes des LumièresAL'Enlightenment britanniqueBLa diffusion des idées libéralesCLa reprise des idées libérales britanniques par les philosophes françaisIIILes valeurs anglaises aux fondements de la naissance des États-UnisALa révolte des colons américains contre la métropole anglaiseBLa naissance d'un pays démocratique : les États-Unis1La rédaction d'une constitution et ses enjeux2Les limites de l'application des principes démocratiquesCL'intervention française dans la crise américaineÀ la différence des Français qui construisent un modèle politique « absolutiste » aux XVIe et XVIIe siècles, les Anglais limitent les pouvoirs de leur souverain et mettent en place une monarchie limitée. Ce régime est remis en cause au XVIIe siècle par les rois Stuart qui tentent d'établir une monarchie absolue d'après le modèle français. Cette tentative se solde par un échec et par la mise en place d'une monarchie parlementaire qui influence les philosophes des Lumières. Ces philosophes du XVIIIe siècle posent les fondements de la Révolution américaine et de la Révolution française de la fin du siècle.
Comment les Anglais mettent-ils en place la monarchie constitutionnelle au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle ? Comment ce modèle politique influence-t-il les philosophes des Lumières et conduit-il aux révolutions en Amérique et en France ?
La construction du modèle politique anglais : une monarchie représentative
La construction du modèle politique anglais, la monarchie représentative, suit plusieurs étapes. Instauré au XIIIe siècle, le principe du King-in-Parliament est remis en question par les Stuart. Ils réinstaurent la monarchie au XVIIe siècle. Les tensions entre le roi et le Parlement sont vives, jusqu'à l'instauration du Bill of Rights. La monarchie représentative est alors bien installée.
Du King-in-Parliament au Commonwealth
Le principe du King-in-Parliament est un texte fondamental qui limite le pouvoir du roi. Il est remis en question par les Stuart, ce qui mène à la première révolution anglaise et à l'instauration du Commonwealth.
Le principe du King-in-Parliament
Depuis le XIIIe siècle, le souverain britannique gouverne avec le Parlement, composé de deux chambres. C'est ce que l'on appelle le principe du King-in-Parliament. Le pouvoir du roi est limité.
Les deux chambres du Parlement sont :
- la Chambre des lords, composée des nobles du royaume ;
- la Chambre des communes, composée des membres élus des villes et des comtés.
Le texte fondamental à l'origine de cette limitation du pouvoir royal est la Grande Charte, ou Magna Carta, signée en 1215 par le roi Jean sans Terre. La Grande Charte donne un pouvoir important au Parlement :
- Le Parlement vote des lois (les bills)
- Le Parlement valide les impôts.
On parle ainsi de monarchie de King-in-Parliament.
La remise en question du modèle politique par les Stuart
Au XVIIe siècle, la dynastie des Stuart remet en cause le principe du King-in-Parliament, elle veut réinstaurer une monarchie absolue.
Dès son accession au trône d'Angleterre en 1603, Jacques Ier souhaite installer une monarchie absolue de droit divin. Il entre rapidement en conflit avec le Parlement qu'il renvoie en 1610 puis en 1614 : c'est l'épisode du Addled Parliament. Le roi gouverne sans Parlement jusqu'en 1621.
Son fils, Charles Ier, monte sur le trône en 1625. Il entre en conflit avec le Parlement sur des questions financières et politiques :
- Pour résoudre ses problèmes financiers, il impose des augmentations d'impôts sans en informer le Parlement qu'il finit même par dissoudre.
- Il refuse son soutien aux princes protestants d'Europe continentale alors que le Parlement le pousse à les soutenir.
- En 1625, il épouse Henriette-Marie de France, princesse française catholique, contre l'avis du Parlement.
La première révolution anglaise (1642-1649) et le Commonwealth
Les tensions entre les Stuart et le Parlement dégénèrent vite en guerre civile et débouche sur la première révolution anglaise entre 1642 et 1649. Le roi est exécuté. Un nouveau régime est alors mis en place, le Commonwealth. C'est la fin, provisoirement, de la monarchie en Angleterre.
La première révolution anglaise oppose :
- les troupes fidèles au roi ;
- l'armée parlementaire, la New Model Army, avec à sa tête Oliver Cromwell.
Le conflit s'éternise et le roi est finalement fait prisonnier en 1646. Jugé pour haute trahison, il est exécuté en 1649. Cette révolution anglaise marque un tournant majeur dans l'histoire du royaume : elle met fin, provisoirement, à la monarchie.
Un nouveau régime est mis en place, le Commonwealth, dirigé par Cromwell. Il s'agit d'une république dirigée par un Conseil d'État constitué de 41 membres :
- Le pouvoir exécutif est confié au Conseil d'État et au Parlement.
- L'armée a une influence importante.
De la restauration monarchique au renversement du roi
Le nouveau régime en place connaît rapidement des tensions. Oliver Cromwell est au pouvoir et devient de plus en plus autoritaire. À sa mort, la monarchie est rétablie. Le nouveau roi et le Parlement entrent vite en conflit. Pour limiter les pouvoirs du roi, l'Habeas Corpus est mis en place. Finalement, le Parlement renverse le roi.
Les tensions entre le roi et le Parlement
Le Commonwealth évolue vite en régime autoritaire, avec Oliver Cromwell à sa tête. À sa mort, la monarchie est rétablie. Les tensions sont tout de suite vives entre le nouveau roi et le Parlement.
L'Angleterre du Commonwealth évolue rapidement vers une nouvelle forme de régime plus autoritaire. À partir de 1653, Oliver Cromwell devient Lord-protecteur et exerce un pouvoir personnel qui ne tarde pas à susciter des critiques. Il meurt en 1658, et finalement la monarchie est rétablie en 1660.
Le nouveau roi Charles II entretient tout de suite des relations conflictuelles avec le Parlement, principalement parce qu'il mène une politique religieuse favorable aux catholiques alors que l'Angleterre est majoritairement protestante. En 1672, le roi décide d'abolir des loi défavorables aux catholiques : le Parlement lui rappelle alors qu'il ne peut pas suspendre les lois.
De l'instauration de l'Habeas Corpus au renversement du roi
Pour contrer le roi, qui cherche à avoir plus de pouvoir, le Parlement promulgue l'Habeas Corpus en 1679. Ce texte protège les sujets anglais. Les tensions s'aggravent entre le Parlement et le roi. Finalement, le Parlement décide de renverser le roi en 1688.
En 1679, le Parlement impose l'Habeas Corpus. Ce texte stipule que toute personne arrêtée doit être présentée à un juge. Seul le juge peut décider du maintien en détention d'un individu, et de sa traduction devant la justice. L'Habeas Corpus protège donc les sujets anglais de l'arbitraire royal.
En France, le roi dispose de la « lettre de cachet » qui lui permet d'enfermer qui il veut sans préciser le motif et sans passer par un tribunal.
Les tensions entre le roi et le Parlement continuent :
- D'une part car Charles II se rapproche de Louis XIV, roi absolutiste et catholique qui l'aide dans la guerre contre les Néerlandais.
- D'autre part car Charles II n'a pas d'héritier, et le trône pourrait revenir au duc d'York qui est catholique.
Le duc d'York monte effectivement sur le trône en 1685, à la mort de son frère, sous le nom de Jacques II. En 1688, il impose une déclaration d'indulgence qui permet aux catholiques d'exercer librement leur culte. De plus, il fait baptiser son fils dans la religion catholique. Le Parlement décide alors de renverser le roi.
L'instauration du Bill of Rights
Entre 1688 et 1689 a lieu la Glorieuse Révolution (Glorious Revolution). En novembre 1688, Guillaume d'Orange débarque à Torbay en Angleterre. Fort d'une armée réunissant près de 15 000 hommes, il s'impose assez rapidement, et le roi Jacques II s'exile. Le nouveau souverain prend le nom de Guillaume III. En février 1689, il accepte le Bill of Rights qui renforce les pouvoirs du Parlement et protège les libertés individuelles.
Le roi doit :
- organiser des élections libres pour la Chambre des communes ;
- permettre au Parlement de se réunir librement ;
- autoriser la liberté d'expression ;
- renoncer à lever des armées ou des impôts sans l'aval du Parlement.
Le Bill of Rights est prolongé par l'adoption d'une loi établissant la liberté de la presse en 1695, donc la liberté d'expression. Cette loi permet la publication des débats parlementaires.
Bill of Rights, 1689
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L'influence du modèle britannique sur les philosophes des Lumières
Le modèle britannique, un modèle libéral, connaît un grand retentissement en Europe. On parle d'Enlightenment, les Lumières britanniques, qui se diffusent dans les cercles intellectuels. Cette pensée libérale est reprise par les philosophes français des Lumières.
L'Enlightenment britannique
Enlightenment est le nom donné aux Lumières britanniques. Les penseurs britanniques redéfinissent les rapports politiques et sociaux et remettent en question l'ordre politique autoritaire. Cette effervescence intellectuelle est permise par le nouveau modèle mis en place : les individus sont mieux protégés, leur liberté d'expression également. On parle de libéralisation politique. John Locke est particulièrement représentatif des idées libérales britanniques.
On considère que la publication des Principes mathématiques de la philosophie naturelle par Isaac Newton en 1687 marque le début de l'Enlightenment britannique.
Couverture de Principes mathématiques de la philosophie naturelle
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Le penseur majeur du modèle britannique est John Locke, sa pensée libérale influence grandement les intellectuels Européens. Ses idées se diffusent rapidement en Europe, grâce aux nombreuses publications et aux traductions. Son ouvrage intitulé Traité du gouvernement civil (1690) est particulièrement important.
« Dans les États bien réglés, […] le pouvoir législatif est remis entre les mains de diverses personnes […] mais il est nécessaire qu'il y ait toujours quelque puissance sur pied qui fasse exécuter ces lois […] : c'est ainsi que le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif se trouvent souvent séparés. »
John Locke
Traité du gouvernement civil
1690
Locke préconise une séparation des pouvoirs. Le pouvoir doit être tempéré et résulter d'une sorte de contrat social s'appuyant sur la théorie des droits naturels : les hommes ont des droits fondamentaux inaliénables qui ne peuvent leur être retirés légitimement. Ces droits sont la sécurité, la propriété, la liberté, etc. Le contrat social doit permettre l'exercice des libertés civiles et respecter le droit de propriété. John Locke théorise ainsi le libéralisme anglais.
La diffusion des idées libérales
Les idées libérales britanniques se diffusent principalement grâce aux cercles d'intellectuels. Les élites intellectuelles, politiques et économiques se réunissent régulièrement pour échanger dans des cafés (les coffee houses). Ces cercles de réflexion constituent de véritables laboratoires intellectuels : Londres devient un modèle pour de nombreux penseurs. Le développement de la presse et l'alphabétisation de la population permettent également un plus grand accès aux écrits des intellectuels.
Une soirée chez Reynolds en 1781, James Doyle
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La diffusion est également permise par le développement de la presse et l'alphabétisation croissante de la population. De plus en plus de personnes ont accès à ces nouvelles idées.
En Angleterre, le taux d'alphabétisation atteint les 50 % au début du XVIIIe siècle. Il est de 30 % en France à la même époque.
L'éducation des filles fait l'objet d'une attention particulière dans la seconde moitié du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle. Les femmes jouent ainsi un rôle dans cette ébullition intellectuelle.
Mary Astell se lance dans la critique virulente de l'assujettissement des femmes par les hommes et propose d'éduquer les filles pour les émanciper.
La reprise des idées libérales britanniques par les philosophes français
En France, Louis XIV révoque l'édit de Nantes en 1685. Ce texte permettait aux protestants, donc aux huguenots, d'exercer leur religion. Plusieurs d'entre eux s'exilent alors. Ils forment une communauté à l'étranger : le Refuge. Ils s'installent dans des pays protestants et/ou tolérants. Une partie des protestants français s'installe en Angleterre et s'emploie à traduire les philosophes libéraux. Ces traductions séduisent les philosophes des Lumières en France. En effet, la monarchie absolue commence à être remise en question. Le modèle britannique suscite de l'intérêt voire de l'admiration dans les milieux éclairés. Voltaire, Rousseau et Montesquieu sont ainsi influencés par les idées libérales britanniques.
Voltaire séjourne en Angleterre à la fin des années 1720. Dans ses Lettres anglaises parues en 1734, il compare le modèle anglais au modèle français, pointe les abus de la monarchie absolue et souligne les bienfaits de la monarchie parlementaire.
« La nation anglaise est la seule de la terre qui soit parvenue à régler le pouvoir des rois en leur résistant, et [...] ait enfin établi ce gouvernement sage où le prince, tout puissant, pour faire du bien, a les mains liées pour faire le mal […]. »
Voltaire
Lettres anglaises
1734
Surtout, Voltaire dénonce l'intolérance française. Il se réjouit de voir qu'en Angleterre « les […] autres [religions que l'anglicanisme] sont bien venues et vivent toutes assez bien ensemble […] ».
Voltaire défend d'ailleurs Jean Calas dans l'affaire Calas : ce père protestant est injustement accusé d'avoir tué un de ses fils qui voulait se convertir au catholicisme. Torturé, étranglé et brûlé, il meurt dans d'atroces souffrances. Voltaire publié son Traité sur la tolérance en 1763, dans lequel il dénonce le fanatisme religieux. L'ouvrage et l'implication publique de Voltaire permettent d'ouvrir un nouveau procès, et finalement Calas est réhabilité.
Voltaire n'est pas le seul philosophe influencé par le modèle anglais : Rousseau et Montesquieu font également le voyage en Angleterre pour nourrir leurs réflexions et remettre en cause le modèle français. Ils publient des ouvrages reprenant des idées libérales anglaises :
- De l'esprit des lois en 1748 pour Montesquieu ;
- Du contrat social en 1762 pour Rousseau.
Montesquieu préconise un modèle politique reposant sur la limitation et la séparation des pouvoirs. Rousseau, quant à lui, défend une organisation politique fondée sur le respect de la liberté naturelle de l'homme. Tous deux s'inspirent des idées de Locke.
Les valeurs anglaises aux fondements de la naissance des États-Unis
Les idées libérales développées à Londres sont également diffusées dans les colonies anglaises, en Amérique. Elles expliquent en partie la révolte des colons américains contre la métropole anglaise et la naissance des États-Unis, pays démocratique. La France joue un rôle important dans cette révolte puisqu'elle aide les colons américains.
La révolte des colons américains contre la métropole anglaise
Fondées pour la plupart au milieu du XVIIe siècle, les colonies anglaises ont longtemps été relativement autonomes. Elles disposent de leur propre gouvernement et elles battent leur propre monnaie. Ainsi, les relations avec la métropole anglaise semblent pacifiées. Mais cette autonomie des colons est bientôt remise en cause. L'Angleterre perd beaucoup d'argent dans la guerre de Sept Ans qui se déroule de 1756 à 1763. Le Parlement anglais décide alors de lever des taxes nouvelles ce qui provoque la révolte des colons américains.
Deux taxes décidées par le Parlement anglais ont un impact sur les colons américains :
- le Sugar Act (1764) ;
- le Stamp Act (1765).
Au nom des principes du Bill of Rights et de la défense des libertés anglaises, les colons américains se révoltent contre ces taxes jugées arbitraires. Ils clament : « no taxation without representation! ». Les taxes imposées par le Parlement sont estimées illégales puisque les colons américains ne sont pas représentés au Parlement de Londres.
Des émeutes et des manifestations ont lieu. Certaines finissent dans le sang, comme à Boston en 1770.
En 1773, la Boston tea party marque un tournant : les colons de Boston déversent la cargaison de thé d'un navire dans la baie de Boston en signe de protestation contre le monopole de la Compagnie des Indes britanniques sur le commerce du thé.
La naissance d'un pays démocratique : les États-Unis
La révolte des colons américains conduit à la naissance d'un pays démocratique : les États-Unis. Une constitution est rédigée, elle s'inspire des nouvelles idées libérales. Il existe toutefois des limites à l'application des principes démocratiques.
La rédaction d'une constitution et ses enjeux
Le 4 juillet 1776, les représentants des 13 colonies, réunis en congrès continental à Philadelphie, proclament l'indépendance des États-Unis d'Amérique. Thomas Jefferson en est l'un des principaux contributeurs avec Benjamin Franklin et John Adams. Une constitution est rédigée, s'inspirant des idées libérales des britanniques et des philosophes des Lumières.
La Constitution américaine affirme que :
- Les hommes naissent libres et égaux.
- Leurs libertés naturelles sont inaliénables.
- La résistance à l'oppression est un droit autant qu'un devoir.
Déclaration d'indépendance des États-Unis
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Une république fédérale est proclamée en 1787 :
- Chaque colonie a un gouverneur et un congrès.
- Chaque colonie dispose de larges marges de manœuvre.
- Les pouvoirs du gouvernement fédéral dont le siège est établi à Washington sont limités à la politique étrangère et monétaire.
La Constitution de 1787 est novatrice dans la mesure où elle applique une bonne partie des principes présentés et défendus par Locke, Montesquieu, Voltaire ou Rousseau :
- Les pouvoirs sont séparés.
- Des élections sont régulièrement organisées au nom de la souveraineté du peuple affirmée dès le préambule de la Constitution (« We, the people of United States of America »).
- La liberté de culte et d'expression est proclamée, etc.
En 1789, George Washington, qui a mené des troupes contre les Anglais, devient le premier président des États-Unis d'Amérique.
La séparation des pouvoirs aux États-Unis
Les limites de l'application des principes démocratiques
Le modèle démocratique américain connaît d'importantes limites :
- L'égalité ne concerne que les hommes blancs.
- Le vote est censitaire : seuls les riches propriétaires sont invités à exprimer leur opinion lors des élections.
Les Noirs sont soumis à l'esclavage et il faut attendre la fin de la guerre de Sécession en 1865 pour que celui-ci soit aboli.
Par ailleurs, les conditions de vie des Amérindiens sont loin de répondre aux idéaux défendus par les Américains. Ainsi, les relations avec les Indiens Wampanoags, qui avaient pourtant aidé les premiers colons à s'installer en Amérique du Nord, se dégradent sensiblement dès lors que les États-Unis se lancent dans la conquête de l'Ouest. Progressivement, les territoires indiens sont grignotés et les populations malmenées. L'intégration des Amérindiens dans la société américaine s'avère difficile sur le long terme.
L'intervention française dans la crise américaine
La France apporte son aide aux colons américains. Elle le fait principalement pour des raisons politiques, afin de s'opposer au souverain britannique, ennemi de la France. Cette aide va coûter très cher à la France, qui a déjà de nombreux problèmes financiers. De plus, il est perçu comme étrange que Louis XVI soutienne une population qui se révolte contre son roi. En France, les idées révolutionnaires sont plus en plus présentes et influencent les débats politiques. La Révolution française n'est pas loin.
Les Américains s'appuient sur un réseau d'alliances lors de leur révolte contre la métropole anglaise. La France apporte son soutien :
- Louis XVI signe un traité d'amitié en 1778 avec Benjamin Franklin, ambassadeur américain à Paris.
- Les Bourbons s'impliquent dans la guerre et envoient des troupes menées notamment par La Fayette et Rochambeau.
- Américains et Britanniques signent le traité de Paris de 1783 qui reconnaît l'indépendance américaine.
Cette intervention française coûte très cher. La monarchie française soutient les Américains dans le but de s'opposer aux Anglais. En effet, après avoir perdu la guerre de Sept Ans contre les Anglais, les Français se sentent humiliés et souhaitent assister au déclin de l'Empire britannique.
Louis XVI et ses ministres considèrent que cette alliance leur permettra d'avoir un pied en Amérique du Nord et de réaffirmer la place de la France sur l'échiquier européen. Toutefois, la victoire des Franco-Américains de 1783 ne règle pas les soucis d'argent du royaume français. Les réformes que les ministres de Louis XVI tentent de mener pour rétablir l'équilibre financier ne donnent rien.
C'est pour remédier à cette situation calamiteuse que Louis XVI finit par convoquer les États généraux. Très vite, des voix révolutionnaires s'élèvent au sein du tiers état. Les Français sont passionnés par les débats qui agitent les Américains et par la participation de la France dans cette entreprise. Certains Français ayant participé à la guerre d'Indépendance, à l'image de La Fayette, sont perçus comme des héros. Cela contribue au regain d'intérêt pour les idées développées par les philosophes des Lumières. On trouve alors, dans le discours des représentants du tiers état, une volonté de souveraineté populaire, de liberté de conscience et d'expression. La monarchie absolue de droit divin incarnée par Louis XVI est remise en question. Ainsi, les idées libérales anglaises ayant nourri les philosophes des Lumières et provoqué l'indépendance des États-Unis s'imposent dans les débats qui mèneront à la Révolution française.