À l'aide des connaissances, et après avoir répondu aux questions suivantes, répondre à la question d'interprétation littéraire :
« Comment Barbusse montre-t-il la violence de la guerre dans cet extrait ? »
Henri Barbusse, Le Feu, chapitre 20, 1916
C´est le barrage. Il faut passer dans ce tourbillon de flammes et ces horribles nuées verticales. On passe. On est passé, au hasard ; j´ai vu, çà et là, des formes tournoyer, s´enlever et se coucher, éclairées d´un brusque reflet d´au-delà. J´ai entrevu des faces étranges qui poussaient des espèces de cris, qu´on apercevait sans les entendre dans l´anéantissement du vacarme. Un brasier avec d´immenses et furieuses masses rouges et noires tombait autour de moi, creusant la terre, l´ôtant de dessous mes pieds, et me jetant de côté, comme un jouet rebondissant. Je me rappelle avoir enjambé un cadavre qui brûlait, tout noir, avec une nappe de sang vermeil qui grésillait sur lui, et je me souviens aussi que les pans de la capote qui se déplaçait près de moi avaient pris feu et laissaient un sillon de fumée. À notre droite, tout au long du boyau 97, on avait le regard attiré et ébloui par une file d´illuminations affreuses, serrées l´une contre l´autre comme des hommes.
- En avant !
Maintenant, on court presque. On en voit qui tombent tout d´une pièce, la face en avant, d´autres qui échouent, humblement, comme s´ils s´asseyaient par terre. On fait de brusques écarts pour éviter les morts allongés, sages et raides, ou bien cabrés, et aussi, pièges plus dangereux, les blessés qui se débattent et qui s´accrochent.
Quelle problématique correspond au sujet ?
Quels arguments seraient pertinents à utiliser ?
Quel plan pourrait convenir ?
Quelle accroche peut convenir ?
Quels exemples permettent d'étayer l'argument "Barbusse présente aux lecteurs la Première Guerre mondiale comme une guerre destructrice d'une extrême violence. Il s'agit pour l'auteur de mettre en avant une expérience douloureuse, puisque de nombreux soldats sont blessés ou meurent pour leur pays." ?
Quels exemples permettent d'étayer l'argument "La guerre s'apparente à une scène apocalyptique et ce passage explique le titre même du roman, Le Feu, puisque ce dernier est omniprésent. Le feu symbolise ici l'enfer que vivent les soldats dans les tranchées et sur les champs de bataille, mais aussi la violence à laquelle ils sont confrontés." ?
Quels exemples permettent d'étayer l'argument "Barbusse fait donc le témoignage d'une violence subie collectivement. Observateur mais également acteur de cette violence poussée à son paroxysme, il souhaite montrer au plus grand nombre qu'il ne s'agit pas d'une expérience vécue solitairement, mais bien de manière collective." ?
Quelle phrase du texte justifie l'idée que les soldats vivent un enfer dans les tranchées ?
Quel autre auteur évoque aussi l'enfer de la Première Guerre mondiale dans son roman ?
On suit ici les différentes étapes pour rédiger la question d'interprétation littéraire. Le plan est détaillé par souci méthodologique, mais ce n'est pas ainsi qu'il faut présenter sa copie le jour de l'épreuve. Sur la copie, les titres des différentes parties n'apparaîtront pas et le contenu sera intégralement rédigé.
Pistes de réflexion
- L'auteur nous montre la violence des tranchées à laquelle doivent faire face les soldats qui ne peuvent en sortir indemnes.
- À la manière d'un observateur, le narrateur se fait le témoin principal du passage de ce barrage de l'enfer. Il montre qu'il a vécu cette expérience avec un groupe d'hommes.
- Ce texte permet de dénoncer la violence de la Première Guerre mondiale qui n'épargne personne.
- Le début du XXe siècle est marqué par la Première Guerre mondiale, la « grande guerre ». Face à l'enfer des tranchées, de nombreux écrivains décident de parler de la violence dont ils sont les témoins directs.
- En 1916, Henri Barbusse publie Le Feu, roman qui relate de manière autobiographique son expérience au front et la vie des poilus dans les tranchées. L'extrait proposé à notre étude relate un moment périlleux et violent : le franchissement d'un barrage de feu.
- Barbusse commence par montrer qu'il s'agit ici d'une guerre particulièrement destructrice à travers l'évocation d'une scène apocalyptique. C'est ainsi qu'il fait le témoignage des images de violence subies collectivement.
- On peut alors se poser la question suivante : Comment Barbusse montre-t-il la violence de la guerre dans cet extrait ?
Paragraphe 1
Argument : Barbusse présente aux lecteurs la Première Guerre mondiale comme une guerre destructrice d'une extrême violence. Il s'agit pour l'auteur de mettre en avant une expérience douloureuse, puisque de nombreux soldats sont blessés ou meurent pour leur pays.
Exemple : Pour montrer la violence de la guerre, le narrateur utilise le champ lexical de la destruction et de la désolation : « des formes tournoyer, s´enlever et se coucher, cris, anéantissement, furieuses masses rouges et noires tombait, sang, fumée, blessés ». Les verbes employés renforcent l'idée de destruction : « tournoyer, tombait, échouent, tombent ».
Paragraphe 2
Argument : La guerre s'apparente à une scène apocalyptique et ce passage explique le titre même du roman, Le Feu, puisque ce dernier est omniprésent. Le feu symbolise ici l'enfer que vivent les soldats dans les tranchées et sur les champs de bataille, mais aussi la violence à laquelle ils sont confrontés.
Exemple : Le feu et ses dérivés sont mentionnés à de nombreuses reprises : « flammes, brasier, masses rouges, brûlait, avaient pris feu ». C'est donc une image de l'enfer que le narrateur souhaite montrer aux lecteurs pour qu'il saisisse véritablement les ravages causés par la Grande guerre.
Paragraphe 3
Argument : Barbusse fait donc le témoignage d'une violence subie collectivement. Observateur mais également acteur de cette violence poussée à son paroxysme, il souhaite montrer au plus grand nombre qu'il ne s'agit pas d'une expérience vécue solitairement, mais bien de manière collective.
Exemple : Pour témoigner de la violence de la guerre, le narrateur utilise la première personne du singulier « j'ai vu, je me rappelle, je me souviens », mais également la troisième personne du singulier « on passe, on est passé, on court », dans le but de montrer qu'il ne s'agit pas seulement d'une expérience individuelle mais bien d'une expérience collective.
- De fait, Barbusse témoigne de l'extrême violence de la Première Guerre mondiale de manière très réaliste, ayant vécue au plus près cette expérience. Mais il ne s'agit pas d'une expérience individuelle ; elle touche tous les soldats qui sont les principales victimes.
- Ainsi, Barbusse présente une réflexion autour de la violence de la guerre et des hommes qui la subissent. Il s'agit pour l'auteur de rapporter des faits à la manière d'un observateur objectif pour dénoncer la violence de la guerre.
- À sa suite, Ferdinand Céline montrera également l'enfer des tranchées à travers le regard de son personnage principal, Bardamu, dans Voyage au bout de la nuit.