À l'aide des connaissances, et après avoir répondu aux questions suivantes, répondre à la question d'interprétation philosophique :
« Comment le travail est-il une source d'aliénation pour l'homme ? »
Karl Marx, Le Capital, I, chap.7, 1867
Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l'homme et la nature. L'homme y joue lui-même vis à vis de la nature le rôle d'une puissance naturelle. Les forces dont son corps est doué, bras et jambes, tête et mains, il les met en mouvement, afin de s'assimiler des matières en leur donnant une forme utile à sa vie. En même temps qu'il agit par ce mouvement sur la nature extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature, et développe les facultés qui y sommeillent. Nous ne nous arrêterons pas à cet état primordial du travail où il n'a pas encore dépouillé son mode purement instinctif. Notre point de départ c'est le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l'homme. Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire l'habileté de plus d'un architecte. Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur. Ce n'est pas qu'il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d'action, et auquel il doit subordonner sa volonté.
Quelle problématique correspond au sujet ?
Quels arguments seraient pertinents à utiliser ?
Quel plan pourrait convenir ?
Quelle accroche peut convenir ?
Quels exemples permettent d'étayer l'argument "Marx commence par émettre une distinction entre le travail animal et le travail humain, alors que les deux semblent au départ identiques. Certes le travail est la transformation de la nature pour répondre à des besoins spécifiques ; cependant les animaux agissent tous de la même manière lorsqu'ils « travaillent », contrairement aux hommes." ?
Quels exemples permettent d'étayer l'argument "Par le travail, l'homme modifie ce qu'il est et son existence. Le travail ne permet pas seulement de satisfaire des besoins, il est ce qui permet à l'homme de se construire en développant ses aptitudes dont il ne peut pas avoir conscience à l'état de nature." ?
Quels exemples permettent d'étayer l'argument "Cependant, selon Marx, l'homme ne se reconnaît pas dans ce qu'il crée. De fait, le travail devient une contrainte, qui deviendra elle-même une violence pour l'homme en raison de l'aliénation qu'il subit. À cause de la contrainte et de l'effort que l'homme doit fournir, contrairement aux animaux, il perd sa liberté première." ?
Quelle phrase du texte montre la supériorité de l'homme sur les animaux dans le cadre du travail ?
Quel autre homme, pense comme Marx, que le travail peut être une source d'aliénation pour l'homme ?
On suit ici les différentes étapes pour rédiger la question d'interprétation philosophique. Le plan est détaillé par souci méthodologique, mais ce n'est pas ainsi qu'il faut présenter sa copie le jour de l'épreuve. Sur la copie, les titres des différentes parties n'apparaîtront pas et le contenu sera intégralement rédigé.
Pistes de réflexion :
- Les animaux et les humains usent de leur force pour le travail, mais pas dans le même but.
- Alors que le travail animal est instinctif pour répondre à un besoin immédiat, le travail humain n'est pas toujours indispensable mais il est devenu essentiel pour l'homme.
- L'homme a participé à ce que le travail devienne source de labeur et de violence pour lui.
- Karl Marx a consacré plus de vingt ans de sa vie à la rédaction de son ouvrage Le Capital pour développer des doctrines autour du travail comme source d'aliénation pour l'homme. Selon le philosophe, le travail est perçu comme une violence que l'homme s'inflige volontairement.
- Dans cet extrait, Marx distingue l'homme de l'animal et définit l'homme comme un animal laborans, c'est-à-dire qui mène une réflexion en travaillant. Cependant, à force de travail, l'homme perd peu à peu son humanité, il devient un simple subordonné qui effectue des tâches. Le travail devient donc une contrainte.
- Nous nous demanderons comment le travail est une source d'aliénation pour l'homme.
- Tout d'abord, le philosophe part du constat selon lequel l'homme et l'animal sont deux travailleurs, mais ils n'ont pas le même rapport au travail. Grâce au travail, l'homme modifie son existence, puisqu'il devient un être pensant. Néanmoins, le travail contraint l'homme à une position subordonnée.
Paragraphe 1
Argument : Marx commence par émettre une distinction entre le travail animal et le travail humain, alors que les deux semblent au départ identiques. Certes le travail est la transformation de la nature pour répondre à des besoins spécifiques ; cependant les animaux agissent tous de la même manière lorsqu'ils « travaillent », contrairement aux hommes.
Exemple : Les animaux sont conditionnés par leur nature pour effectuer un travail spécifique, tandis que les hommes ne le sont pas, ils s'infligent eux-mêmes ce travail. Ils ont une habileté particulière, comme le montre l'exemple de l'araignée et de l'abeille : « Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire l'habileté de plus d'un architecte. » De fait, l'homme change sa nature en travaillant et peut se retrouver aliéné.
Paragraphe 2
Argument : Par le travail, l'homme modifie ce qu'il est et son existence. Le travail ne permet pas seulement de satisfaire des besoins, il est ce qui permet à l'homme de se construire en développant ses aptitudes dont il ne peut pas avoir conscience à l'état de nature.
Exemple : C'est ainsi que l'homme se distingue de l'animal. Même le « plus mauvais architecte » sera meilleur que « la plus experte » des abeilles, puisque l'homme ne travaille pas par instinct, mais il y a un long processus de réflexion qui s'opère en lui : « il modifie sa propre nature, et développe les facultés qui y sommeillent ». Tandis que l'architecte, bien qu'il soit mauvais, est capable de se représenter dans sa tête la maison qu'il s'apprête à construire comme projet fini, l'abeille n'agit que par instinct et en aucun cas elle ne projette sa construction dans sa tête.
Paragraphe 3
Argument : Cependant, selon Marx, l'homme ne se reconnaît pas dans ce qu'il crée. De fait, le travail devient une contrainte, qui deviendra elle-même une violence pour l'homme en raison de l'aliénation qu'il subit. À cause de la contrainte et de l'effort que l'homme doit fournir, contrairement aux animaux, il perd sa liberté première.
Exemple : Il évoque à la fin de l'extrait la subordination de l'homme : « il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d'action, et auquel il doit subordonner sa volonté. » Avec l'emploi du verbe « subordonner », Marx sous-entend l'idée selon laquelle l'homme est placé sous l'autorité de quelqu'un, d'une hiérarchie.
- Ainsi, l'homme ne dispose pas du même rapport que l'animal au travail. Alors qu'il s'agit d'une force instinctive pour l'animal, chez l'homme il s'agit d'un moyen de développer ses facultés. Cependant, l'homme se perd petit à petit dans le travail et se retrouve au rang de subordonné. C'est donc une valeur négative que Marx confère au travail.
- Pour Freud, le travail peut être salvateur pour l'homme puisqu'il l'empêche de céder à ses pulsions et ses désirs lorsqu'il se jette à corps perdu dans le travail.