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Le processus d'écriture d'André Gide Question sur 12 points type bac

Ce contenu a été rédigé par l'équipe éditoriale de Kartable.

Dernière modification : 24/10/2018 - Conforme au programme 2017-2018

"Je commence à entrevoir ce que j'appellerais le "sujet profond" de mon livre" écrit Édouard dans son journal. En quoi cette citation permet-elle de comprendre le processus d'écriture d'André Gide ?

Quel processus permet de comprendre les théories littéraires de Gide ?

Quel rôle joue le Journal des Faux-Monnayeurs par rapport au roman ?

Quel personnage permet d'expliquer les théories littéraires de Gide ?

Comment s'appelle le roman que souhaite parvenir à écrire Gide?

Quelle attitude doit avoir le lecteur face à l'œuvre, selon Gide ?

Le roman des Faux-Monnayeurs est complexe, riche en intrigues et en personnages qui se croisent et s'entremêlent à loisir tout au long de l'œuvre. Pour autant, même si elle en appelle une lecture attentive et active des lecteurs, elle reste abordable et appartient de nos jours aux œuvres les plus lues du XXe siècle. Ce tour de force a été réalisé grâce à un travail de gestation, de préparation puis d'écriture très long. Ce processus est accessible grâce au Journal des Faux-Monnayeurs, qui fait entrer le lecteur dans les secrets d'alcôve de la création littéraire, dans cette relation très étroite que l'auteur entretient avec son ouvrage. C'est pourquoi il semble intéressant de s'interroger sur ce que signifie cette phrase : "Je commence à entrevoir ce que j'appellerai le "sujet profond" de mon livre. C'est, ce sera sans doute la rivalité du monde réel et de la représentation que nous nous en faisons. La manière dont le monde des apparences s'impose à nous et dont nous tentons d'imposer au monde extérieur notre interprétation particulière, fait le drame de notre vie." Nous aborderons tout d'abord le travail fait sur la réalité par Gide qui refuse une reproduction exacte de celle-ci, puis le processus littéraire de la mise en abyme dans le roman. Cette citation se rapproche de celle de Jean-Paul Sartre, "L'enfer, c'est les autres", ceux qui nous imposent leurs représentations, leur conformisme et qui nous empêchent de penser librement, d'avoir notre propre représentation du monde, voire de nous-mêmes.

I

Le travail sur la réalité

La citation citée plus haut doit être associée au personnage d'Édouard et il est intéressant de la développer davantage. Cette phrase fait écho à la volonté gidienne de s'opposer au réalisme et au monde de fiction du XIXe siècle, imposant la seule subjectivité des représentations de l'auteur. Selon lui, un roman, une œuvre d'art (produits de l'intériorité de l'artiste) ne peut pas imiter la nature, (l'intérieur modifiant, transformant l'extérieur). Le "sujet profond" du roman est donc une réflexion sur lui-même, en tant que création littéraire composée de multiples intériorités, la dernière étant celle du lecteur qui achève l'œuvre. Dans le roman gidien, le monde de fiction ne doit pas s'imposer "un", car pour l'auteur la représentation de la réalité est aussi plurielle qu'il y a de transformations multiples et subjectives du réel. C'est pourquoi il floute le cadre spatio-temporel et ne s'attarde jamais à camper un personnage. Au contraire, c'est le roman du mouvement et de la perception éclatée. Les paysages ne sont pas davantage décrits, ils sont à peine esquissés, laissant le champ ouvert aux interprétations des lecteurs et à leur imagination.
Gide veut "styliser" le réel et atteindre le "roman pur". Le personnage d'Édouard le dit bien : "Ce que je veux, c'est présenter d'une part la réalité, présenter d'autre part cet effort pour la styliser". Les actions ne sont pas relatées au moment même où elles arrivent, souvent un autre personnage les exposent en portant dessus son point de vue. C'est le cas d'Olivier qui raconte les histoires de Vincent. André Gide choisit d'ailleurs de développer fortement les dialogues, la parole des personnages prime sur le reste, elle permet au lecteur d'avoir accès directement à ce qu'ils pensent, disent. La parole en dit plus sur eux, selon André Gide, que leurs actions.

Pour Gide, styliser le réel, c'est donc aller plus loin qu'une simple reproduction de la réalité qui de toute façon serait inexacte. C'est en cela que le "sujet profond" est perçu à travers un long processus et retranscrit grâce au procédé de la mise en abyme.

II

La mise en abyme

La mise en abyme renvoie à une architecture particulièrement complexe de la structure romanesque. Elle repose sur l'inscription d'un motif représentant l'œuvre à l'intérieur de l'œuvre elle-même. Ce procédé notamment utilisé en peinture est présent dans Les Ménines de Vélasquez, peint en 1656, dans lequel le peintre apparaît en train de peindre le tableau. Ce procédé semble avoir très tôt intéressé Gide. En 1893, il exprimait dans son Journal le fait d'aimer "qu'en une œuvre d'art, on retrouve ainsi transposé, à l'échelle des personnages le sujet même de cette œuvre."
Le roman des Faux-Monnayeurs repose en effet sur une double mise en abyme : Édouard est en train d'écrire un roman qui devrait s'intituler Les Faux-Monnayeurs et il tient un carnet de notes qui rappelle le Journal des Faux-Monnayeurs. Cette dualité met en avant tout l'intérêt que porte Gide au processus de création littéraire qu'il envisage comme lent et complexe. La particularité de sa démarche repose sur le fait qu'il associe le lecteur à ce processus de création. Ainsi, l'œuvre ne sera terminée qu'au cours de la lecture grâce à son interprétation. Gide crée dans son roman Les Faux-Monnayeurs, un personnage, lui aussi romancier qui écrit un roman également intitulé Les Faux-Monnayeurs. Cette mise en abyme permet entre autres à l'auteur d'exprimer ses conceptions du genre romanesque, car tout comme Édouard il veut "purger le roman". À ce titre, le chapitre trois de la deuxième partie du roman est très riche d'enseignements. De plus, le roman d'Édouard ne reposera pas sur une seule intrigue et il souligne à plusieurs reprises qu'il souhaite que son œuvre ne ressemble en rien à ce qui a été fait auparavant et que ce sera son dernier roman.
Le carnet d'Édouard constitue le deuxième volet de la mise en abyme car il renvoie bien entendu au Journal des Faux-Monnayeurs, publié deux ans après le roman et qui fait partie intégrante, selon Gide, de l'œuvre. Ce carnet, où Édouard note "au jour le jour l'état de ce roman dans [son] esprit", fait écho à la démarche de l'auteur qui inscrit dans son Journal tout le processus de création l'amenant jusqu'à la publication. Ce carnet constitue des pauses narratives au cours desquelles le jeune homme développe sa conception théorique et ses critiques envers les menteurs et ceux qui, à l'instar de Passavant, jouent avec l'art et n'écrivent que pour contenter un public.

La mise en abyme est donc un procédé littéraire mis en place de façon efficace par Gide qui peut, à travers le personnage d'Édouard, exposer sa théorie littéraire sur "le roman pur" et ainsi toucher du doigt le "sujet profond" de son livre.

III

La création d'un "roman pur"

Le "sujet profond" dont parle Édouard trouve tout son sens à travers la lecture du journal qui constitue un avant-texte. L'intrigue initiale est modifiée car ce devait être une suite et ça ne l'est pas. On trouve notées les hésitations quant aux personnages : par exemple, Lafcadio qui devait raconter l'histoire disparaît totalement. Le "sujet profond" naît donc du dialogue de l'auteur avec lui-même et le lecteur assiste cette naissance. Édouard aborde dans le roman sa volonté de créer un "roman pur" livré à la libre interprétation du lecteur considéré comme un co-auteur. Gide livre lui aussi sa conception de ce qu'il souhaite créer à travers cette œuvre et il le met en pratique dans le roman. La théorie est donc suivie de l'application directe des nouveaux principes.
Le "roman pur" tel qu'il apparaît dans le roman a donc pour fonction de faire travailler l'imagination du lecteur et de privilégier la pensée sur les actions (les personnages agissent, le lecteur réfléchit). Pour Gide, plus l'auteur précise et détaille la réalité, plus il l'amoindrit car il prive ainsi le lecteur de toute liberté. Si le roman impose une idée, celle-ci se fixe dans la pensée du lecteur qui ne pourra s'en défaire. Au contraire, selon Gide, le roman doit faire naître des images et pousser le lecteur à s'interroger. C'est pourquoi les actions des personnages ne sont jamais racontées directement mais toujours relatées grâce à un personnage extérieur voire par plusieurs. De même, ce n'est pas l'acte qui intéresse l'auteur mais plutôt le lent processus, l'enchaînement d'actions qui a conduit le personnage à prendre telle décision.
Toutefois, le plus grand risque est de tomber dans l'abstraction ou dans le piège du "roman d'idées", éloigné de ce qu'entend créer Gide. Dans ces œuvres, les idées abstraites prennent le pas sur les actions mais également sur les émotions. Toujours dans le chapitre trois de la deuxième partie, Madame Sophroniska met d'ailleurs Édouard en garde contre cet écueil. Ce sont les dialogues, les débats, les monologues intérieurs, les lettres qui permettent aux lecteurs d'accéder aux émotions des personnages et de faire en sorte que le roman ne se transforme pas en une œuvre froide et purement théorique. La mise en abyme donne aussi de la profondeur au roman et évite sa platitude. Encore une fois, le lecteur a donc un rôle important à jouer car il doit, de par sa lecture, donner à l'œuvre tout son sens, un sens tout personnel qui peut même être celui que l'auteur n'a pas pensé.

La genèse de l'œuvre, à la fois travail de l'auteur et travail du lecteur, semble donc être le "sujet profond" véritable puisqu'il en est question dans le Journal, dans le roman et à travers les réflexions menées par Édouard. Tout est laissé à l'interprétation du lecteur qui doit être actif et s'interroger à travers sa lecture. Ainsi, le processus d'écriture du roman, lent et complexe, est perceptible à travers le Journal des Faux-Monnayeurs. Grâce au procédé littéraire de la mise en abyme, le lecteur a également accès aux réflexions proposées par le personnage d'Édouard portant son refus du réalisme et à sa recherche du "roman pur". Les deux ouvrages semblent donc définitivement indissociables, comme le souhaitait Gide.

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