Comment Épicure classifie-t-il les désirs, et dans quel but ?
Qu'est-ce que l'hédonisme ?
Quelles sont les trois catégories de désirs, d'après Épicure ?
Quelle différence peut-on faire entre les désirs naturels et les désirs vains ?
Pourquoi Épicure affirme-t-il que tout désir est mauvais par nature ?
Comme presque toutes les philosophies antiques, l'épicurisme est une philosophie eudémoniste, c'est-à-dire qu'elle vise à déterminer les moyens de parvenir au bonheur. L'épicurisme a cependant la spécificité d'être hédoniste : il considère que le bonheur réside dans le plaisir, ou la satisfaction des désirs.
Il ne faut cependant pas tomber dans les clichés qui assimilent l'épicurisme à une philosophie de jouisseurs, où tout désir est valorisé sans distinction. Épicure fait une distinction entre diverses sortes de désirs, qui montre au contraire l'importance qu'il attache à la tempérance et à la modération.
En premier lieu, il faut faire une distinction entre les désirs « naturels » et les désirs « vains » (Épicure, Lettre à Ménécée). Épicure ne définit pas explicitement la distinction entre les deux, mais fournit des exemples éclairants. Parmi les désirs « naturels » figurent manger, boire et dormir. Parmi les désirs « vains » se trouve la quête de gloire, de puissance ou de richesse. En outre, il faut distinguer, parmi les plaisirs naturels, les plaisirs « nécessaires » et ceux qui sont « simplement naturels ».
Même si Épicure ne le formule pas lui-même ainsi, on peut proposer l'interprétation suivante de cette classification des désirs. Les désirs naturels nécessaires sont ceux dont la non-satisfaction rendrait la survie impossible. Les désirs simplement naturels correspondent à des besoins liés à notre nature, mais qui sont d'ordre plus spirituel, de telle sorte que l'on pourrait à la rigueur s'en passer. Par exemple, c'est le cas avec le fait d'avoir des amis, ou un toit sous lequel dormir. Les désirs vains, quant à eux, sont des désirs impossibles à satisfaire par nature, car ils se caractérisent par une volonté d'avoir toujours plus, et apportent de ce fait plus de trouble que de plaisir effectif.
La classification des désirs par Épicure nous montre ainsi que si « le plaisir est le début et la fin du bonheur », c'est à la condition que l'on fasse bien la différence entre les « bons » et les « mauvais » désirs, entre ceux qui nous rapprochent effectivement du bonheur et ceux qui nous en éloignent.
- L'épicurisme est une philosophie hédoniste, c'est-à-dire qu'elle considère le plaisir comme la condition du bonheur.
- Il ne s'agit pour autant pas d'une doctrine qui préconise de suivre tous ses désirs sans distinction : il y a des désirs « naturels », propres à nous rendre heureux, et des désirs « vains », qui apportent plus de trouble que de plaisir.