Sommaire
ILe caractère illimité du désirALe mythe de l'androgyne de PlatonBL'image du tonneau percé de PlatonIILe désir comme force motrice de l'hommeAL'inquiétude chez LockeBL'inquiétude chez LeibnizIIILe bonheurALe bonheur est inaccessibleBLe bonheur est le but de l'existence humaineLe caractère illimité du désir
Le mythe de l'androgyne de Platon
Le mythe de l'androgyne dans Le Banquet de Platon
Pour illustrer l'origine du désir amoureux, Platon utilise le célèbre mythe des androgynes (Le Banquet). Il raconte que les dieux avaient créé au départ trois espèces : les hommes, les femmes et les androgynes (mi-hommes, mi-femmes). Chaque individu possédait quatre bras, quatre jambes, deux têtes et avait la forme d'une boule, qui roulait pour se déplacer. Un jour, ces individus partirent à l'assaut du ciel et du royaume des dieux. Pour les punir, les dieux décidèrent de les couper en deux. Depuis ce jour, chaque moitié recherche l'autre désespérément afin de reconstituer l'unité perdue.
Ce mythe illustre l'idée que tout désir serait une poursuite désespérée d'un idéal perdu. Le désir fait partie de l'origine et de l'essence des hommes et meut chacun de leurs actes.
L'image du tonneau percé de Platon
L'image du tonneau percé de Platon
Dans Gorgias, Platon utilise l'image des tonneaux percés pour montrer qu'une vie de plaisirs ne peut pas permettre d'accéder au bonheur. En effet, puisque le propre du désir est de renaître sans cesse, chercher à être heureux en cumulant les plaisirs reviendrait à sans cesse remplir des tonneaux percés des mets les plus fins : ceux-ci ne seraient jamais remplis, et la quête de leur contenu serait infinie.
Cette image des tonneaux percés permet de montrer que le mécanisme du désir ne peut mener au bonheur : tenter d'être heureux en satisfaisant tous nos désirs revient ainsi à passer toute sa vie à courir après le bonheur, sans jamais l'atteindre.
Le désir comme force motrice de l'homme
L'inquiétude chez Locke
Qu'un homme adonné au vin considère, qu'en menant la vie qu'il mène, il ruine sa santé, dissipe son bien, qu'il va se déshonorer dans le monde, s'attirer des maladies, et tomber enfin dans l'indigence jusqu'à n'avoir plus de quoi satisfaire cette passion de boire qui le possède si fort : cependant les retours de l'inquiétude qu'il sent à être absent de ses compagnons de débauche, l'entraînent au cabaret aux heures qu'il est accoutumé d'y aller, quoiqu'il ait alors devant les yeux la perte de sa santé et de son bien, et peut-être même celle du bonheur de l'autre vie : bonheur qu'il ne peut regarder comme un bien peu considérable en lui-même, puisqu'il avoue au contraire qu'il est beaucoup plus excellent que le plaisir de boire, ou que le vain babil d'une troupe de débauchés.
John Locke
Essai sur l'entendement humain, (An Essay Concerning Human Understanding), trad. Pierre Coste, Amsterdam, éd. Pierre Mortier (1735)
Dans ce texte, Locke montre que le désir est inquiétude, c'est-à-dire douleur ou souffrance liée à l'absence de ce que l'on considère comme un bien. Ainsi, l'ivrogne, même s'il sait qu'en se rendant au cabaret il ruine sa santé, sa réputation, et peut-être même sa vie, sera poussé chaque soir à y retourner. Car dès qu'il sent en lui naître cette inquiétude, il ne peut s'empêcher de chercher un moyen de la soulager.
L'inquiétude chez Leibniz
L'inquiétude, ce qu'on nomme désir, est le principal aiguillon qui excite l'industrie et l'activité des hommes.
Gottfried Wilhelm Leibniz
Nouveaux essais sur l'entendement humain, Jacques Brunschwig, Paris, éd. Flammarion (1993)
1765
Leibniz souligne le caractère positif du désir, car c'est ce dernier qui met en mouvement les hommes et les pousse au progrès. Pour satisfaire ses désirs, l'homme fait des efforts. Le désir, compris comme inquiétude, est donc ce qui meut l'homme dans tout ce qu'il entreprend.
Le bonheur
Le bonheur est inaccessible
Il n'y a qu'une erreur innée : celle qui consiste à croire que nous existons pour être heureux.
Arthur Schopenhauer
Le Monde comme volonté et comme représentation, (Die Welt als Wille und Vorstellung), trad. Auguste Burdeau, Paris, éd. Félix Alcan (1885)
1818
Pour Schopenhauer, l'existence de l'homme est marquée par l'expérience du désir. Or, le désir est un va-et-vient permanent entre souffrance liée à un manque et plaisir lié à la satisfaction d'un désir. L'homme ne peut donc pas atteindre le bonheur, puisqu'il est pris dans ce mouvement. C'est donc une illusion de croire que la fin de son existence est le bonheur.
Le bonheur est le but de l'existence humaine
Ce n'est pas seulement en vue de vivre, mais plutôt en vue d'une vie heureuse qu'on s'assemble en une cité.
Aristote
Les Politiques, trad. Pierre Pellegrin, Paris, GF Flammarion (2015)
IVe siècle av. J.-C.
Le bonheur est le but propre de la vie humaine. C'est pourquoi une société humaine, une cité, recherche la vie heureuse, et non simplement la vie ou la survie matérielle. Les hommes ne s'assemblent pas seulement pour les biens matériels, contrairement aux communautés animales, mais pour trouver unité et sens dans la vie en commun.