Sommaire
ILe marché, une construction socialeADéfinition du marchéBLe marché est encadréCLes limites de l'échange marchandIILe fonctionnement d'un marché concurrentielADéfinir le marché concurrentiel1Les bienfaits de la concurrence2Le modèle de concurrence pure et parfaiteBLa dynamique de l'équilibre concurrentiel1La loi de l'offre et de la demande2Gains à l'échange et allocation optimale des ressourcesCLes modifications de l'équilibre1Les déterminants de l'offre et de la demande2L'administration des prixIIILes marchés en concurrence imparfaiteALes différentes formes de concurrence imparfaite1Les structures de marché2Les conséquences des structures de marché imparfaitement concurrentielBLes stratégies des entreprises1Stratégie de concentration2Innovation3Les cartelsCLe rôle des pouvoirs publicsIVLes défaillances de marchéALes biens collectifsBLes externalitésCAsymétries d'informationLes entreprises écoulent leur production sur le marché. Celui-ci, lorsqu'il est concurrentiel, permet d'accorder l'offre et la demande grâce au mécanisme des prix. L'étude des marchés conduit toutefois à prendre en compte l'existence de mécanismes imparfaits qui modifient la détermination des prix. Par ailleurs, il apparaît nécessaire de prendre en compte les défaillances de marché et de comprendre comment y répondre.
Le marché, une construction sociale
Définition du marché
Le marché est le lieu réel ou fictif où se déroule l'échange marchand, c'est-à-dire la cession d'un bien ou la réalisation d'un service avec une contrepartie, en général sous forme monétaire.
Pendant longtemps, la notion de marché était rattachée à un lieu physique (on le retrouve par exemple avec les "marchés de fruits et légumes" hebdomadaires) ; mais cette notion s'est beaucoup diversifiée. Les marchés peuvent prendre des formes très différentes, du marché de fruits et légumes aux marchés d'enchères sur Internet, en passant par les bourses nationales. On y échange des biens et services, mais aussi du travail, des capitaux financiers, ou encore des droits comme sur le marché européen de quotas d'émission de gaz à effet de serre.
Marché
Le marché est un lieu réel ou fictif où se rencontrent l'offre et la demande, à travers un processus de formation d'un prix.
Le marché est encadré
Adam Smith a contribué à la construction des hypothèses centrales de l'analyse économique libérale. Il existerait selon lui un mécanisme appelé "la main invisible" permettant l'harmonie du marché. Ce mécanisme permet de réaliser l'intérêt général quand bien même les individus poursuivent leurs propres intérêts. Le marché serait donc autorégulateur.
Cependant, pour Adam Smith, l'État a un rôle à jouer dans les processus économiques. Il a notamment une place, dans les investissements collectifs et l'éducation, que le marché ne suffit pas à assurer. Adam Smith explique qu'entre deux parties inégales (le maître et le serviteur), l'échange n'est pas égal. Les mécanismes économiques et l'incessante poursuite de la concurrence empêchent justement les salaires de se fixer à un prix décent.
La concurrence rend donc nécessaire un encadrement du marché, afin de garantir la conclusion et le respect des contrats (organisation des échanges), ce sont les institutions marchandes. L'encadrement du marché est par ailleurs favorable aux investissements : un climat économique et juridique stable permet d'instaurer une certaine confiance. Les droits de propriété permettent d'encourager l'innovation, ce qui encourage la croissance du pays.
Institutions marchandes
Les institutions marchandes fixent les règles de l'échange et protègent le droit des individus.
Droits de propriété
Les droits de propriété sont des droits dont dispose le propriétaire d'un bien pour l'utiliser comme il le souhaite (en tirer un revenu, l'utiliser ou le céder).
Lorsque l'on achète une voiture d'occasion, il est nécessaire d'avoir une copie de la carte grise du propriétaire qui cède le véhicule. Cela permet à l'acheteur de s'assurer que le véhicule appartenait bien au propriétaire qui le cède (et que celui-ci n'est pas en train de revendre une voiture volée, par exemple).
Les droits de propriété sont au fondement de l'échange marchand, puisque l'échange consiste précisément à en céder une partie. La législation sur ces droits de propriété structure les échanges marchands, et définit quels échanges sont possibles ou non.
En France, le Code de la propriété intellectuelle distingue la propriété d'une œuvre et celle du support. Par exemple, en musique, le propriétaire d'un CD n'est pas le propriétaire des musiques enregistrées dessus. Il peut écouter son CD, le revendre ou le modifier, mais il n'a pas le droit de mettre la musique en téléchargement sur Internet, car elle ne lui appartient pas.
Tout marché est régi par un certain nombre de conventions entre acheteurs et vendeurs, qui portent sur le fonctionnement du marché. Les conventions déterminent non seulement ce qui peut se vendre et s'acheter sur le marché, mais aussi de quelle façon les échanges doivent se passer. Il existe en effet de nombreux types d'échanges différents : selon les marchés, la vente et l'achat peut se faire en gros ou à l'unité, les prix peuvent être fixes ou déterminés par des enchères, etc.
Les conventions ne sont pas forcément des règles formelles et écrites, elles peuvent être négociées par les acteurs sur le marché.
La possibilité de marchander, c'est-à-dire de négocier le prix, est une convention. Elle peut être annoncée par le vendeur, par exemple lorsque celui-ci indique "prix à débattre" à la fin d'une petite annonce. Mais elle peut aussi être imposée par l'acheteur, qui impose au vendeur de baisser son prix pour acheter le produit. Si l'acheteur est le seul intéressé par le produit, il y a une forte probabilité pour que le vendeur accepte.
Les limites de l'échange marchand
On assiste à une marchandisation progressive des activités, c'est-à-dire que de plus en plus d'échanges se réalisent sur des marchés. En témoigne le développement d'un marché des "droits à polluer" : on peut désormais échanger sur un marché la possibilité de polluer plus ou moins. On peut aussi penser au développement d'entreprises de covoiturage, qui organisent sur Internet les échanges marchands de services de covoiturage entre particuliers.
La sphère non marchande est toutefois un marché non négligeable : le développement de système d'échanges locaux, la persistance du don, etc. en sont des témoins.
La détermination de ce qui est échangeable ou non est marquée par des normes sociales et culturelles.
Les modalités des biens et services échangeables diffèrent d'un pays à l'autre comme en témoignent les débats récents en France sur les mères porteuses ou encore sur le commerce du cannabis.
Les normes juridiques constituent donc également une limite qui encadre les échanges, ce qui n'empêche pas le développement de commerces illicites.
Le fonctionnement d'un marché concurrentiel
Définir le marché concurrentiel
Les bienfaits de la concurrence
La concurrence, c'est-à-dire la compétition entre des entreprises qui veulent faire du profit sur un marché, doit en théorie permettre :
- D'éliminer les déséquilibres de marché, comme les monopoles qui pratiquent des prix élevés.
- D'obtenir par une pression à la baisse sur les prix une situation bénéfique pour les consommateurs.
- D'améliorer l'organisation et l'efficacité productive de l'entreprise, car pour baisser les prix, l'entreprise doit constamment rechercher la baisse des coûts.
- De favoriser les innovations, car pour gagner en compétitivité, les entreprises doivent chercher à se différencier, ce qui permet d'obtenir des gains de productivité.
Le modèle de concurrence pure et parfaite
Le modèle de concurrence pure et parfaite est une structure de marché théorique qui doit permettre d'assurer la concurrence la plus bénéfique possible sur les marchés. Pour les économistes libéraux, c'est le modèle de marché idéal. Elle repose sur les hypothèses suivantes :
- Atomicité de marché : il doit y avoir sur le marché un grand nombre d'offreurs et de demandeurs. Ainsi, aucun agent ne peut influencer les prix par sa seule action. On dit alors que les agents sont preneurs de prix (price taker).
- Homogénéité des produits : sur un marché, les productions ne doivent se différencier que par le prix.
- Libre entrée (et sortie) du marché : il ne doit pas y avoir de barrières (technique, commerciale, financière) à l'entrée ou à la sortie. Par exemple, la concurrence sur un marché international ne peut pas être pure et parfaite s'il existe des droits de douane.
- Parfaite mobilité des facteurs de production : les agents, les biens et les capitaux doivent pouvoir circuler sans entrave (financière, géographique, etc.) et de manière instantanée.
- Transparence du marché : toute l'information disponible doit être connue de tous, en temps réel et sans coût (par exemple, chacun doit connaître tous les prix que pratiquent les offreurs pour un même produit).
Preneur de prix
Sur un marché concurrentiel, être preneur de prix signifie qu'aucun acteur ne peut influencer le prix qui s'impose aux agents économiques.
La dynamique de l'équilibre concurrentiel
La loi de l'offre et de la demande
Offre
L'offre correspond à la quantité de biens ou services que les vendeurs souhaitent vendre à un prix donné. L'offre est une fonction croissante du prix.
Plus le prix d'un produit est élevé et plus les quantités offertes sur le marché sont élevées. En effet, plus le prix d'un produit est élevé, et plus le bénéfice réalisable en vendant ce produit est important, donc plus les producteurs sont nombreux.
Demande
La demande correspond à la quantité de biens ou services que les acheteurs sont prêts à acquérir pour un certain prix. La demande pour un bien est normalement une fonction décroissante de son prix.
Plus le prix d'un produit est élevé et moins la demande est importante, car lorsque le prix est élevé, de moins en moins de consommateurs sont prêts à acheter le produit.
L'offre et la demande peuvent être représentées par des courbes. La demande, l'offre et les prix sont liés. En effet :
- Lorsque le prix diminue, la demande a tendance à s'accroître (sauf dans le cas de biens peu sensibles aux variations de prix, comme le pain) et lorsque le prix augmente, l'offre a tendance à augmenter car les producteurs sont incités à produire davantage.
- Inversement lorsque le prix diminue, la demande à tendance à augmenter (c'est le cas lors des promotions par exemple) et l'offre à tendance à se réduire car les producteurs voient leur marge diminuer.
La loi de l'offre et de la demande correspond ainsi aux variations de l'offre et de la demande lorsque les prix se modifient.
Le mécanisme du marché correspond à un processus de "tâtonnement" (on parle du "tâtonnement" permettant d'effectuer des ajustements aboutissant à la détermination d'un prix d'équilibre et une quantité d'équilibre)
Sur un marché en concurrence pure et parfaite, le prix et la quantité d'équilibre se fixent de telle façon que l'offre est égale à la demande.
Prix et quantité d'équilibre
Le prix qui se fixe sur un marché en concurrence pure et parfaite est un prix tel que les quantités offertes sont égales aux quantités demandées.
Gains à l'échange et allocation optimale des ressources
Les mécanismes du marché montrent l'importance du rôle joué par les prix : ils sont un signal qui permet d'orienter les ressources vers les secteurs où la demande est forte et qui indiquent aux producteurs quelle combinaison productive choisir. C'est ce mécanisme qui effectue l'allocation des ressources.
Allocation des ressources
L'allocation des ressources correspond à l'affectation des ressources rares (et notamment les facteurs de production) pour satisfaire la demande de biens et services.
La rencontre de l'offre et de la demande sur un marché doit permettre d'atteindre un équilibre dit "équilibre optimal de Pareto" : c'est une situation telle qu'il n'est pas possible d'améliorer la satisfaction d'un agent sans diminuer la satisfaction d'au moins un autre agent. Autrement dit, tous les échanges mutuellement avantageux (c'est-à-dire les échanges qui améliorent à la fois la satisfaction de l'offreur et du demandeur) ont été réalisés.
On peut compléter la mesure de la satisfaction des échangistes par la notion de surplus, qui met en exergue le gain à l'échange.
On peut distinguer :
- Le surplus du consommateur (SC) : exprime la différence entre la disposition à payer d'un acheteur et le prix de marché.
- Le surplus du producteur (SP) : exprime la différence entre le prix de réservation d'un vendeur et le prix de marché.
- Le surplus total : c'est l'addition du surplus du consommateur et du producteur, il mesure le gain à l'échange de la collectivité.
Gains à l'échange
Les gains à l'échange correspondent à la satisfaction supplémentaire que les agents retirent de l'échange.
\text{Gains à l'échange}=\text{Surplus du consommateur}+\text{Surplus du producteur}
Surplus
Le surplus mesure le gain net total que font les consommateurs et les producteurs. C'est la différence entre le prix auquel un acheteur (un producteur) est prêt à payer (à vendre) et le prix de marché.
Si le prix de marché est de 50 € et que le consommateur était prêt à payer ce même bien 70 €, le surplus du consommateur est de 20 €.
Si le prix de marché est de 50 € et que le producteur était prêt à vendre ce même bien 30 €, le surplus du producteur est de 20 €.
Le surplus du consommateur (SC) est l'aire qui représente la différence entre le prix que le consommateur est prêt à payer pour une certaine quantité de bien (représenté par la courbe de demande) et le prix de marché (représenté par la droite de prix d'ordonnée 100).
Le surplus du producteur (SP) est l'aire qui représente la différence entre le prix auquel le producteur est prêt à vendre pour une certaine quantité de bien (représenté par la courbe d'offre) et le prix de marché (représenté par la droite de prix).
Les modifications de l'équilibre
Les déterminants de l'offre et de la demande
À court terme, les prix déterminent l'équilibre sur le marché. À plus long terme, les courbes d'offre et de demande peuvent se déplacer à la suite d'un choc positif ou négatif.
Les déterminants de l'offre peuvent être :
- Le prix des facteurs de production : si le prix des facteurs de production diminue, le coût de production diminue. Ainsi, il est plus rentable de produire et de vendre, donc l'offre des producteurs augmente.
- Le prix des matières premières : il s'agit du même mécanisme que pour les facteurs de production.
- La fiscalité : les impôts sur la production prélevés par l'État jouent le même rôle que des coûts de production.
- Les aléas naturels : par exemple, une sécheresse provoque par exemple une baisse de la production et donc de l'offre de blé.
- La technologie : les innovations technologiques peuvent permettre de réaliser des gains de productivité et d'accroître l'offre tout en utilisant la même quantité de facteurs.
Les déterminants de la demande peuvent être :
- Les revenus : plus le revenu disponible des consommateurs est élevé, plus ceux-ci voudront consommer de biens.
- Les préférences : si la préférence pour un bien augmente, la demande pour ce bien augmente. Par exemple, lorsqu'il se met à faire froid, les consommateurs préfèrent boire des chocolats chauds que des menthes à l'eau, et la demande de chocolats chauds dans les cafés augmente.
- Le prix des biens substituables : si, pour un consommateur, les pommes et les poires sont substituables et que le prix des pommes augmente, il va remplacer les pommes par des poires et demander plus de poires.
- Les anticipations : s'ils anticipent la baisse du prix d'un produit, les consommateurs reportent leur demande à plus tard. Donc la demande pour ce produit diminue dans un premier temps.
- La fiscalité : si une taxe est reportée sur le prix de vente, le prix augmente, et la demande diminue.
- Les incitations gouvernementales : par exemple, l'État fait augmenter le prix des cigarettes via une taxe, afin de réduire la demande de tabac.
L'administration des prix
Prix plafond
Un prix plafond est un prix maximum imposé sur un marché par les pouvoirs publics, au-dessus duquel un bien ou un service ne peut être vendu.
Prix plancher
Un prix plancher est un prix minimum imposé sur un marché par les pouvoirs publics, en dessous duquel un bien ou un service ne peut être vendu.
L'équilibre sur le marché peut être contraint par l'administration des prix, c'est-à-dire par un contrôle exercé généralement par les pouvoirs publics.
On assiste alors à un phénomène de rationnement de l'offre ou de la demande.
- Un prix plancher fixé au-dessus du prix d'équilibre provoque une situation de surproduction : l'offre est supérieure à la demande.
- Un prix plafond fixé en dessous du prix d'équilibre provoque une situation de pénurie : la demande est supérieure à l'offre.
Le contrôle des prix, s'il ne répond pas à des intérêts sociaux, est souvent inefficace, au sens économique, car il engendre une mauvaise allocation des ressources.
Sur le marché du travail, l'existence du SMIC (qui est un prix plancher du travail) expliquerait selon les économistes néoclassiques la persistance du chômage. Le travail aurait un prix minimal trop élevé : les entreprises seraient prêtes à embaucher si le salaire était plus bas, et des individus seraient disposés à travailler pour un salaire plus bas. Selon cette théorie, le SMIC empêche donc de réaliser des échanges de travail mutuellement avantageux.
Par exemple sur le marché du logement, le plafonnement des loyers répond à une volonté de permettre un meilleur accès au logement pour les ménages moins aisés mais il entraîne une pénurie : les propriétaires souhaitant louer leur bien plus cher se retirent du marché. Les ménages qui auraient été disposés à payer plus cher ne trouvent pas de logement, ou des logements ne correspondant pas à leurs attentes. La pénurie de logements peut également entraîner une hausse généralisée des prix des loyers.
Si le prix était libre, il se fixerait au prix d'équilibre P^*, et la quantité échangée serait Q^*.
Étant donné le prix plafond P_p, les offreurs, qui le trouvent bas, n'offrent sur le marché qu'une quantité Q_o inférieure à la quantité d'équilibre, alors que les demandeurs voudraient acquérir une quantité Q_d supérieure à la quantité d'équilibre. La différence Q_d-Q_o est le volume de demande non satisfaite. Seule la quantité Q_o est échangée au prix plafond, et on voit sur le graphique que le surplus collectif est diminué d'une perte sèche par rapport au surplus collectif possible s'il n'y avait pas eu de prix plafond.
Rationnement
Le rationnement est une situation de marché dans laquelle les prix ne peuvent se fixer librement sur le marché, ce qui conduit à limiter l'offre ou la demande.
- Il y a rationnement de l'offre lorsque le prix effectif est supérieur au prix d'équilibre (prix plancher).
- Il y a rationnement de la demande lorsque le prix effectif est inférieur au prix d'équilibre (prix plafond).
Dans le cas du marché du travail, l'analyse néoclassique du chômage explique que le salaire minimum se fixe au-dessus du prix d'équilibre du marché. Les offreurs ne peuvent proposer leur travail en dessous du prix minimum, l'offre est rationnée.
Les marchés en concurrence imparfaite
Les différentes formes de concurrence imparfaite
Les structures de marché
Le nombre d'offreurs ainsi que la différenciation de produits permettent de déterminer trois structures en concurrence imparfaite :
- Le monopole
- L'oligopole
- La concurrence monopolistique
Monopole
Le monopole est une structure de marché dans laquelle il n'y a qu'un seul offreur face à un grand nombre de demandeurs. Le monopole peut être public (par exemple la SNCF qui a un monopole sur l'exploitation des chemins de fer français) ou privé.
Oligopole
L'oligopole est une situation de marché caractérisée par un petit nombre d'offreurs face à un grand nombre d'acheteurs.
Concurrence monopolistique
La concurrence monopolistique est une situation de concurrence dans laquelle les entreprises (en nombre limité) différencient fortement leurs produits, de sorte à disposer d'un certain monopole pour leur propre produit. Cela leur permet d'augmenter les prix.
Les conséquences des structures de marché imparfaitement concurrentiel
Afin d'augmenter leur profit, les entreprises peuvent chercher à disposer d'un pouvoir de marché.
Pouvoir de marché
Le pouvoir de marché représente la capacité pour une entreprise à influencer le prix du marché et à le fixer au-dessus de son équilibre en situation de concurrence pure et parfaite.
Sur les marchés imparfaitement concurrentiels, des entreprises disposent d'un pouvoir de marché. Cela explique que les prix y soient généralement plus élevés que le prix en situation de concurrence libre et parfaite : les entreprises, notamment si elles sont en situation de monopole, peuvent fixer librement le prix qu'elles veulent.
Les stratégies des entreprises
Stratégie de concentration
Les stratégies de concentration permettent aux entreprises de se regrouper (par segments ou par activités). Les concentrations permettent de coopérer mais aussi de diminuer les coûts fixes et de renforcer le pouvoir de marché.
Innovation
L'innovation permet aux entreprises de disposer d'un monopole temporaire à court et moyen termes, car elle est protégée par un brevet qui confère une exclusivité.
L'innovation permet aux entreprises d'obtenir des rentes d'innovation (rentes de monopole) et de fixer des prix plus élevés.
Les cartels
Les cartels caractérisent une situation d'entente entre producteurs sur le marché afin :
- D'échanger des informations stratégiques
- De conserver les parts de marché (par exemple, ce qu'avaient mis en place les opérateurs historiques de téléphonie mobile dans les années 2000)
- De décider des prix (prix de vente, promotion) et des quantités offertes
Le rôle des pouvoirs publics
L'Autorité de la concurrence intervient au sein des pays de l'Union européenne afin de faire respecter les règles de la concurrence. Le droit de l'Union européenne interdit aux entreprises :
- De s'entendre sur les prix : c'était par exemple le cas d'un cartel de fabricants mondiaux de lessive, amendé par l'Autorité de la concurrence pour entente sur les prix en France entre 1997 et 2004.
- De se répartir le marché entre elles : c'est le cas de certains cartels, notamment celui de la téléphonie.
- D'abuser de sa position dominante : les opérations de concentrations (notamment les fusions) sont soumises à l'autorisation de l'Autorité de la concurrence, afin que les entreprises créées par fusion ne disposent pas d'un pouvoir de marché qui pourrait être défavorable aux consommateurs.
Les défaillances de marché
Les biens collectifs
Certains biens nécessitent un investissement élevé, alors qu'ils ont pour le producteur une rentabilité à court terme faible.
Pour mettre en place le chemin de fer français, il a fallu de très grands investissements (creuser des tunnels et construire des ponts, poser les rails, construire les gares), qui n'étaient pas rentables à court terme (les investissements ne peuvent être remboursés via la vente de billets de train qu'après plusieurs dizaines d'années d'exploitation).
Des biens peuvent aussi être difficilement divisibles : par exemple, il est difficile d'estimer le coût que chacun doit payer pour bénéficier de l'éclairage public. Puisqu'il est difficile de faire payer chacun pour l'utilisation de cet éclairage, si l'on confie l'éclairage public au marché (c'est-à-dire si l'on attend que des producteurs privés fournissent l'éclairage public), l'éclairage public ne sera sans doute pas réalisé. Ceci est d'autant plus vrai que pour ce type de biens, certains individus peuvent se comporter en passagers clandestins, c'est-à-dire en bénéficier sans avoir participé à l'investissement initial. On peut par exemple imaginer que si l'éclairage public était financé par ceux qui s'en servent, certains individus diraient qu'ils ne vont pas s'en servir, ne participeraient donc pas au financement des réverbères, mais en profiteraient tout de même ensuite. Hume écrivait ainsi : "Chacun cherche un prétexte pour se libérer des ennuis et de la dépense et souhaiterait faire porter le fardeau à tous les autres."
Pour toutes ces raisons, ce sont les pouvoirs publics qui sont les mieux à même de financer ce type de biens, dits "biens collectifs".
Bien collectif
Un bien collectif présente au moins l'une des caractéristiques suivantes :
- Il est non excluable, c'est-à-dire qu'on ne peut pas empêcher quelqu'un de consommer ce bien. C'est le cas de l'éclairage public, de l'air, des vélos en libre-service dans les villes, etc. Tous ceux qui veulent les consommer peuvent le faire. Ce n'est pas le cas d'une chaîne de télévision payante ou d'un accès wi-fi : on peut empêcher les individus qui ne paient pas de regarder cette chaîne en ne leur donnant pas de décodeur, ou de profiter du wi-fi en ne leur donnant pas les codes d'accès.
- Il est non rival, c'est-à-dire que la consommation par un individu de ce bien n'empêche pas un autre de le consommer. C'est le cas, encore une fois, de l'éclairage public, mais aussi d'une chaîne de télévision payante (qu'un individu la regarde n'empêche personne d'autre de la regarder). En revanche, ce n'est pas le cas des vélos en libre-service : chaque vélo loué n'est plus disponible pour un autre consommateur.
Certains biens collectifs peuvent respecter seulement un des deux principes. Les biens qui cumulent ces deux caractéristiques sont appelés des "biens collectifs purs".
Non excluable (On ne peut empêcher personne de le consommer) | Excluable | |
Non rival (La consommation d'un individu n'empêche pas la consommation d'un autre individu) | Bien collectif "pur" : éclairage public, défense nationale, air | Bien collectif à péage, ou "bien de club" : chaîne de télévision payante, accès wi-fi, e-book |
Rival | Bien collectif impur, ou "bien commun" : vélo en libre-service, banc public | Bien privé : ordinateur, baguette de pain |
Les externalités
Une autre défaillance de marché est l'incapacité du marché à prendre en compte le problème des externalités.
Externalités (ou effet externe)
Les externalités sont des conséquences positives ou négatives, non prises en compte par le marché, d'une action individuelle sur la collectivité.
Le marché n'est pas en mesure d'inciter les agents qui produisent des externalités à les réduire : les entreprises polluantes ne sont pas incitées par le marché à réduire les externalités négatives qu'elles produisent par leur activité de production. On dit que le coût social (le coût pour la collectivité tout entière) est supérieur au coût privé (le coût pour l'individu ou l'entreprise qui émet des externalités), ou encore que le rendement social est inférieur au rendement privé.
De même, le marché est impuissant à encourager les actions à l'origine d'un accroissement du bien-être collectif, car elles ne sont pas récompensées.
La vaccination a des externalités positives. Elle profite non seulement à l'individu, qui ne risque pas de tomber malade, mais aussi à la collectivité tout entière, puisque si un individu contracte une maladie contagieuse, d'autres membres tomberont malades à leur tour. Si on laisse la vaccination au choix des individus sur le marché, ils pourraient considérer que le prix d'un vaccin est trop cher et qu'ils préfèrent prendre le risque d'avoir une maladie contagieuse, ce qui nuit au bien-être collectif. Les pouvoirs publics ont donc intérêt à ne pas laisser la vaccination être proposée sur le marché, mais à l'imposer par la loi.
Les pouvoirs publics mettent ainsi en place des mesures qui visent à réduire les externalités négatives ou à encourager les externalités positives.
Asymétries d'information
Sur les marchés, l'information est dite asymétrique lorsque l'une des parties dispose d'un certain nombre d'informations essentielles à la bonne conclusion de l'échange (ou contrat) dont l'autre est dépourvue. Ce dysfonctionnement du marché crée une véritable "rente informationnelle", c'est-à-dire un bénéfice exclusif que la partie la mieux informée peut tirer de l'échange.
L'exemple le plus célèbre développé à ce sujet est celui du marché des voitures d'occasion, "The Market for lemons" développé par George Akerlof en 1970. Il fait l'hypothèse que le vendeur connaît mieux que l'acheteur la qualité et l'état des véhicules vendus et que, de fait, les mauvaises occasions (les "lemons") chassent les bonnes. L'acheteur sait qu'il existe de bonnes et de mauvaises voitures d'occasion, mais il ne sait pas quelle voiture est bonne ou mauvaise. Il propose donc à tous les vendeurs un prix moyen, situé entre la valeur d'une bonne occasion et celle d'une mauvaise. Ce prix sera supérieur au prix escompté par les vendeurs de mauvaises occasions, mais inférieur au prix escompté pour une voiture de bonne qualité. Les vendeurs de voitures de bonne qualité vont donc se retirer du marché. On dit que les mauvaises occasions "chassent" les bonnes.
Les asymétries d'information sont présentes sur presque tous les marchés. Pour y remédier, des mesures sont mises en place, comme par exemple :
- La mise en place de certifications par les pouvoirs publics (les bilans énergétiques par exemple lors de la location ou la vente d'un logement)
- Des comparateurs de prix développés sur Internet (comparateurs de tarifs bancaires par exemple)
- Des associations de consommateurs ("UFC-Que-Choisir", etc.)
Asymétrie d'information
Les asymétries d'information sont des situations d'échange dans lesquelles une partie dispose d'informations que l'autre n'a pas.