L'impact des gains de productivité sur la croissance
L'obtention de gains de productivité permet d'agir sur quatre leviers :
- Baisser les prix : le coût à l'unité produite diminue, puisque sans dépenser plus de travail, on produit davantage. L'entreprise attend de cette baisse des prix une augmentation de la demande qui lui est adressée, donc une augmentation de sa production. Au niveau macro-économique, la baisse des prix engendre une hausse du pouvoir d'achat qui permet d'augmenter la demande globale (et pas uniquement dans la branche qui a baissé ses prix, car par exemple, si le prix des voitures diminue, les individus peuvent acheter plus de voitures mais aussi se servir de la hausse du pouvoir d'achat pour aller plus souvent au restaurant). Cela doit en principe provoquer une augmentation de la production (surtout si les capacités de production de l'économie ne sont pas toutes utilisées). En conclusion, les gains de productivité ont un effet positif sur la production, donc sur la croissance.
- Diminuer la durée du travail : étant donné que la fabrication d'un bien nécessite moins de temps, il est possible d'en fabriquer autant qu'avant en faisant moins travailler les travailleurs moins longtemps. Cela peut se traduire par le licenciement de travailleurs dans l'entreprise, mais cela peut aussi résulter en une baisse du temps de travail réglementaire. Ainsi, c'est grâce aux gains de productivité que le temps de travail a beaucoup diminué en France à partir des années 1960, alors même que les salaires continuaient à augmenter. Cette diminution du temps de travail n'engendre pas directement de croissance économique. En revanche, elle modifie les modes de vie et améliore sans doute le bien-être général : elle a donc un effet positif sur le développement plus que sur la croissance.
- Augmenter les profits : chaque bien produit coûte moins cher à fabriquer puisque la productivité a augmenté. Si le prix de vente est maintenu à son niveau initial, toutes choses égales par ailleurs, la marge de l'entreprise augmente. Celle-ci réalise donc davantage de profits, destinés à être distribués aux actionnaires mais ceux-ci peuvent décider d'en laisser une partie, plus ou moins grande, dans l'entreprise pour financer les investissements futurs sans que l'entreprise ait besoin de s'endetter. Si les profits sont distribués, ils constituent des revenus pour ceux qui les encaissent et augmentent donc leur pouvoir d'achat. Il peut donc en résulter une augmentation de la demande. S'ils sont conservés dans l'entreprise et financent des investissements supplémentaires, ils peuvent également être favorables à la croissance.
- Augmenter les salaires : puisque les travailleurs produisent plus dans le même temps, ils peuvent être rémunérés davantage sans que le prix de vente ou le profit changent. Dans ce cas, l'augmentation des revenus peut entraîner une augmentation de la demande globale, ce qui va inciter les entreprises à produire davantage, et la croissance s'accélère.
Ces éléments peuvent être envisagés simultanément. Par ailleurs, la hausse des profits et des salaires augmente les prélèvements obligatoires, et peut ainsi permettre une augmentation des dépenses publiques, favorable à la croissance.
L'impact d'une innovation sur la croissance
L'innovation de procédé (ou organisationnelle) permet, par exemple, d'augmenter simultanément la productivité et de baisser les coûts de production. L'obtention de gain de productivité permet d'augmenter les profits ce qui a un impact sur la capacité d'investissement des entreprises et agit sur la consommation par le biais des salaires et de la baisse des prix. Ces deux éléments augmentent la demande globale. La baisse des coûts de production agit sur l'offre, les deux éléments sont ainsi bénéfiques à la croissance économique.