Après avoir lu le texte suivant, répondre aux questions qui permettront de l'étudier.
La Découverte de l'Amérique
Christophe Colomb
1492
« Dimanche 21 octobre
On y trouve de grandes lagunes, dans lesquelles et autour desquelles il y a ces arbres qui sont merveilleux et qui, comme sur toute l'île, sont tous aussi verts – les plantes également – qu'en Avril en Andalousie ; il y a aussi le chant des petits oiseaux qui donne à l'homme l'idée de ne jamais vouloir repartir d'ici, et les bandes de perroquets qui obscurcissent le soleil, et des oiseaux, gros et petits, de toute sorte et si différents des nôtres que c'est merveille. Et puis il y a des arbres de mille sortes, qui « donnent » chacun leur fruit et qui tous sentent si bon que c'est merveille et que je suis fort peiné de ne les point connaître, car je suis bien certain que tous sont des choses de valeur ; c'est pourquoi j'en apporte avec moi des échantillons, ainsi que des plantes.
En faisant ainsi le tour d'une de ces lagunes, je vis un serpent que nous tuâmes et dont j'apporte la peau à Vos Altesses. Celui-ci, dès qu'il nous vit, se jeta à l'eau où nous le poursuivîmes, car elle était peu profonde, jusqu'au moment où nous le tuâmes à coups de lance ; il a sept empans de long ; je crois qu'il y en a beaucoup de semblables ici dans ces lagunes. Ici, j'ai reconnu de l'aloès et ai décidé d'en faire porter demain dix quintaux à la nef, car on me dit que cela vaut cher.
[…]
Dimanche 4 novembre
Ces terres sont très fertiles. Ils les couvrent de mames qui sont comme des carottes qui ont le goût des châtaignes, et ils ont des haricots et des fèves très différents des nôtres, et beaucoup de coton, qu'ils ne sèment pas mais qui pousse dans les forêts parmi les grands arbres, et je pense qu'en toute saison on en peut cueillir, parce que j'en ai vu avec les fruits tout ouverts et d'autres qui commencent à s'ouvrir ou en fleur, tout cela sur le même arbuste, et mille autres sortes de fruits qu'il ne m'est point possible de décrire, et tout cela doit être chose profitable. »
Quelle est la forme de ce récit de voyage ?
Le journal de bord raconte au présent et au jour le jour les étapes du voyage. Les faits s'organisent de manière chronologique. Le journal de bord est rédigé à la première personne du singulier, « je ». Cet extrait est écrit au présent et à la première personne : « j'en apporte avec moi des échantillons ». On trouve des dates « 21 octobre »et « 4 novembre » qui sont classées dans l'ordre chronologique et qui racontent les événements au jour le jour. C'est enfin un journal de bord car c'est le récit chronologique des observations et des péripéties de voyage d'un aventurier, Christophe Colomb.
À qui est destiné ce journal de bord ?
Le journal de bord est souvent adressé aux souverains qui ont envoyé l'explorateur en mission. Christophe Colomb précise, dans cet extrait, qui sont ses destinataires : « je vis un serpent que nous tuâmes et dont j'apporte la peau à Vos Altesses ».
Pour quelle raison Christophe Colomb écrit-il un journal de bord ?
Dans ses écrits, l'explorateur-écrivain décrit tous les éléments pour ne pas les oublier, pour transmettre ses connaissances, pour témoigner de ce qu'il a vu. Il peut ainsi décrire les lieux où il a été. Christophe Colomb sait que sa découverte est très importante. Il note tout afin de ne rien oublier et de pouvoir faire un rapport complet à son retour en Europe. Ce journal va lui permettre de partager son expérience et montrer toute la valeur de son voyage et de ses découvertes.
Pour quelle raison Christophe Colomb voyage-t-il ?
Les raisons de voyager peuvent être multiples. Les explorateurs sont attirés par les terres inexplorées et inconnues. Ils décrivent alors les nouvelles terres, les produits qu'ils y découvrent et les habitants de ces régions. La découverte des terres inconnues et lointaines constitue un des buts du voyage pour l'explorateur. Christophe Colomb a été amené à voyager dans le but d'explorer un nouveau chemin pour les Indes. Mais en route, il découvre l'Amérique. Son récit retrace donc sa découverte de ces contrées inconnues : paysages, denrées alimentaires, etc.
Quel sentiment Christophe Colomb ressent-il lors de sa découverte de ces contrées ?
Christophe Colomb est réellement fasciné, émerveillé par ce qu'il découvre. C'est le vocabulaire de l'émerveillement qui l'indique : « ces arbres qui sont merveilleux », « ne jamais vouloir repartir d'ici », « c'est merveille » (deux fois), « des choses de valeur ».
Quelles sont les deux caractéristiques qui montrent que les observations de Christophe Colomb rapportées dans ce journal de bord le sont de manière quasiment scientifique ?
Christophe Colomb emploie un vocabulaire spécialisé pour faire sa description : « lagune », « aloès » et le terme « mame » qui est l'appellation exacte d'un légume indigène. Il propose également une description précise et rigoureuse car il donne des mesures chiffrées « sept empans de long ».
Dans ces extraits, quelle figure de style Christophe Colomb utilise-t-il pour décrire la flore et la faune inconnus des Européens ?
« il y a ces arbres qui sont merveilleux et qui, comme sur toute l'île, sont tous aussi verts – les plantes également – qu'en Avril en Andalousie »
« Ils les couvrent de mames qui sont comme des carottes qui ont le goût des châtaignes »
Pour permettre aux Européens de bien imaginer l'aspect de ces arbres, Colomb utilise une comparaison. Ainsi, par le parallèle qui est fait entre un objet connu et un objet inconnu, le lecteur visualise mieux ce dont il est question.
Quel champ lexical domine dans tout cet extrait : « cueillir », « verts », « le chant des petits oiseaux », « qui tous sentent si bon », « qui on le goût des châtaignes », etc. ?
Tout au long du texte, Christophe Colomb fait appel à ses sens pour décrire ce qui l'entoure. On trouve tout d'abord le vocabulaire lexical de la vue (« tous aussi verts », « les bandes de perroquets qui obscurcissent le soleil »). Puis on remarque le vocabulaire de l'ouïe (« chant des petits oiseaux »). Il y a également la présence du vocabulaire de l'odorat (« qui tous sentent si bon ») et celui du goût (« qui ont le goût des châtaignes »). Enfin, on trouve le vocabulaire du toucher (« cueillir »). Christophe Colomb propose donc une description très complète de tout ce qu'il découvre.
Quelle phrase montre que la description de choses inconnues a des limites ?
Christophe Colomb reconnaît qu'il rencontre des limites dans la description de ce qu'il ne connaît pas. Il suggère ainsi que rien ne remplace l'expérience, le vécu.
Qu'est-ce que Christophe Colomb a l'intention de faire de toutes ses découvertes ?
Christophe Colomb ne perd pas de vue les profits que son pays pourrait tirer de toutes ces nouveautés qu'il a découvertes. Il y a donc, derrière son émerveillement réel, l'idée de tirer profit de tout cela. Il est donc mené par un certain appât du gain. De nombreuses expressions l'indiquent et ne laissent aucun doute quant à ses véritables intentions : « je suis bien certain que tous sont des choses de valeur ; c'est pourquoi j'en apporte avec moi des échantillons, ainsi que des plantes », « Ici, j'ai reconnu de l'aloès et ai décidé d'en faire porter demain dix quintaux à la nef, car on me dit que cela vaut cher » ou bien encore « tout cela doit être chose profitable ».