Polynésie, 2012, voie L
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Texte B : Jean de La Fontaine, Fables, Livre IX, 4
1679
Le Gland et la Citrouille
Dieu fait bien ce qu'il fait. Sans en chercher la preuve
En tout cas Univers, et l'aller parcourant,
Dans les Citrouilles je la treuve1.
Un villageois, considérant
Combien ce fruit est gros et sa tige menue :
A quoi songeait, dit-il, l'Auteur de tout cela ?
Il a bien mal placé cette Citrouille-là !
Hé parbleu ! Je l'aurais pendue
A l'un des chênes que voilà.
C'eût été justement l'affaire ;
Tel fruit, tel arbre, pour bien faire.
C'est dommage, Garo2, que tu n'es point entré
Au conseil3 de celui que prêche ton Curé :
Tout en eût été mieux ; car pourquoi, par exemple,
Le Gland, qui n'est pas gros comme mon petit doigt,
Ne pend-il pas en cet endroit ?
Dieu s'est mépris : plus je contemple
Ces fruits ainsi placés, plus il semble à Garo
Que l'on a fait un quiproquo.
Cette réflexion embarrassant notre homme :
On ne dort point, dit-il, quand on a tant d'esprit.
Sous un chêne aussitôt il va prendre son somme.
Un gland tombe : le nez du dormeur en pâtit.
Il s'éveille ; et portant la main sur son visage,
Il trouve encor le Gland pris au poil du menton.
Son nez meurtri le force à changer de langage ;
Oh, oh, dit-il, je saigne ! Et que serait-ce donc
S'il fût tombé de l'arbre une masse plus lourde,
Et que ce Gland eût été gourde4 ?
Dieu ne l'a pas voulu : sans doute il eut raison ;
J'en vois bien à présent la cause.
En louant Dieu de toute chose,
Garo retourne à la maison.
1 treuve : forme ancienne de "trouve", pour la rime
2 Garo : nom de paysan
3 conseil : avis, décision
4 gourde : désigne la citrouille
De quel genre théâtral s'inspire La Fontaine pour écrire cette fable ?
Jean de La Fontaine, Fables, Livre IX, 4
1679
Le Gland et la Citrouille
Dieu fait bien ce qu'il fait. Sans en chercher la preuve
En tout cas Univers, et l'aller parcourant,
Dans les Citrouilles je la treuve1.
Un villageois, considérant
Combien ce fruit est gros et sa tige menue :
A quoi songeait, dit-il, l'Auteur de tout cela ?
Il a bien mal placé cette Citrouille-là !
Hé parbleu ! Je l'aurais pendue
A l'un des chênes que voilà.
C'eût été justement l'affaire ;
Tel fruit, tel arbre, pour bien faire.
C'est dommage, Garo2, que tu n'es point entré
Au conseil3 de celui que prêche ton Curé :
Tout en eût été mieux ; car pourquoi, par exemple,
Le Gland, qui n'est pas gros comme mon petit doigt,
Ne pend-il pas en cet endroit ?
Dieu s'est mépris : plus je contemple
Ces fruits ainsi placés, plus il semble à Garo
Que l'on a fait un quiproquo.
Cette réflexion embarrassant notre homme :
On ne dort point, dit-il, quand on a tant d'esprit.
Sous un chêne aussitôt il va prendre son somme.
Un gland tombe : le nez du dormeur en pâtit.
Il s'éveille ; et portant la main sur son visage,
Il trouve encor le Gland pris au poil du menton.
Son nez meurtri le force à changer de langage ;
Oh, oh, dit-il, je saigne ! Et que serait-ce donc
S'il fût tombé de l'arbre une masse plus lourde,
Et que ce Gland eût été gourde4 ?
Dieu ne l'a pas voulu : sans doute il eut raison ;
J'en vois bien à présent la cause.
En louant Dieu de toute chose,
Garo retourne à la maison.
1 treuve : forme ancienne de "trouve", pour la rime
2 garo : nom de paysan
3 conseil : avis, décision
4 gourde : désigne la citrouille
Quels comiques sont utilisés dans cette fable ?
Jean de La Fontaine, Fables, Livre IX, 4
1679
Le Gland et la Citrouille
Dieu fait bien ce qu'il fait. Sans en chercher la preuve
En tout cas Univers, et l'aller parcourant,
Dans les Citrouilles je la treuve1.
Un villageois, considérant
Combien ce fruit est gros et sa tige menue :
A quoi songeait, dit-il, l'Auteur de tout cela ?
Il a bien mal placé cette Citrouille-là !
Hé parbleu ! Je l'aurais pendue
A l'un des chênes que voilà.
C'eût été justement l'affaire ;
Tel fruit, tel arbre, pour bien faire.
C'est dommage, Garo2, que tu n'es point entré
Au conseil3 de celui que prêche ton Curé :
Tout en eût été mieux ; car pourquoi, par exemple,
Le Gland, qui n'est pas gros comme mon petit doigt,
Ne pend-il pas en cet endroit ?
Dieu s'est mépris : plus je contemple
Ces fruits ainsi placés, plus il semble à Garo
Que l'on a fait un quiproquo.
Cette réflexion embarrassant notre homme :
On ne dort point, dit-il, quand on a tant d'esprit.
Sous un chêne aussitôt il va prendre son somme.
Un gland tombe : le nez du dormeur en pâtit.
Il s'éveille ; et portant la main sur son visage,
Il trouve encor le Gland pris au poil du menton.
Son nez meurtri le force à changer de langage ;
Oh, oh, dit-il, je saigne ! Et que serait-ce donc
S'il fût tombé de l'arbre une masse plus lourde,
Et que ce Gland eût été gourde4 ?
Dieu ne l'a pas voulu : sans doute il eut raison ;
J'en vois bien à présent la cause.
En louant Dieu de toute chose,
Garo retourne à la maison.
1 treuve : forme ancienne de "trouve", pour la rime
2 garo : nom de paysan
3 conseil : avis, décision
4 gourde : désigne la citrouille
En quoi La Fontaine propose-t-il une réponse originale au débat sur la religion et la science ?
Jean de La Fontaine, "Le gland et la citrouille", Fables, Livre IX, 4
1679
Le Gland et la Citrouille
Dieu fait bien ce qu'il fait. Sans en chercher la preuve
En tout cas Univers, et l'aller parcourant,
Dans les Citrouilles je la treuve1.
Un villageois, considérant
Combien ce fruit est gros et sa tige menue :
A quoi songeait, dit-il, l'Auteur de tout cela ?
Il a bien mal placé cette Citrouille-là !
Hé parbleu ! Je l'aurais pendue
A l'un des chênes que voilà.
C'eût été justement l'affaire ;
Tel fruit, tel arbre, pour bien faire.
C'est dommage, Garo2, que tu n'es point entré
Au conseil3 de celui que prêche ton Curé :
Tout en eût été mieux ; car pourquoi, par exemple,
Le Gland, qui n'est pas gros comme mon petit doigt,
Ne pend-il pas en cet endroit ?
Dieu s'est mépris : plus je contemple
Ces fruits ainsi placés, plus il semble à Garo
Que l'on a fait un quiproquo.
Cette réflexion embarrassant notre homme :
On ne dort point, dit-il, quand on a tant d'esprit.
Sous un chêne aussitôt il va prendre son somme.
Un gland tombe : le nez du dormeur en pâtit.
Il s'éveille ; et portant la main sur son visage,
Il trouve encor le Gland pris au poil du menton.
Son nez meurtri le force à changer de langage ;
Oh, oh, dit-il, je saigne ! Et que serait-ce donc
S'il fût tombé de l'arbre une masse plus lourde,
Et que ce Gland eût été gourde4 ?
Dieu ne l'a pas voulu : sans doute il eut raison ;
J'en vois bien à présent la cause.
En louant Dieu de toute chose,
Garo retourne à la maison.
1 treuve : forme ancienne de "trouve", pour la rime
2 garo : nom de paysan
3 conseil : avis, décision
4 gourde : désigne la citrouille
Quelle démarche scientifique La Fontaine applique-t-il à sa fable ?
Jean de La Fontaine, Fables, Livre IX, 4
1679
Le Gland et la Citrouille
Dieu fait bien ce qu'il fait. Sans en chercher la preuve
En tout cas Univers, et l'aller parcourant,
Dans les Citrouilles je la treuve1.
Un villageois, considérant
Combien ce fruit est gros et sa tige menue :
A quoi songeait, dit-il, l'Auteur de tout cela ?
Il a bien mal placé cette Citrouille-là !
Hé parbleu ! Je l'aurais pendue
A l'un des chênes que voilà.
C'eût été justement l'affaire ;
Tel fruit, tel arbre, pour bien faire.
C'est dommage, Garo2, que tu n'es point entré
Au conseil3 de celui que prêche ton Curé :
Tout en eût été mieux ; car pourquoi, par exemple,
Le Gland, qui n'est pas gros comme mon petit doigt,
Ne pend-il pas en cet endroit ?
Dieu s'est mépris : plus je contemple
Ces fruits ainsi placés, plus il semble à Garo
Que l'on a fait un quiproquo.
Cette réflexion embarrassant notre homme :
On ne dort point, dit-il, quand on a tant d'esprit.
Sous un chêne aussitôt il va prendre son somme.
Un gland tombe : le nez du dormeur en pâtit.
Il s'éveille ; et portant la main sur son visage,
Il trouve encor le Gland pris au poil du menton.
Son nez meurtri le force à changer de langage ;
Oh, oh, dit-il, je saigne ! Et que serait-ce donc
S'il fût tombé de l'arbre une masse plus lourde,
Et que ce Gland eût été gourde4 ?
Dieu ne l'a pas voulu : sans doute il eut raison ;
J'en vois bien à présent la cause.
En louant Dieu de toute chose,
Garo retourne à la maison.
1 treuve : forme ancienne de "trouve", pour la rime
2 garo : nom de paysan
3 conseil : avis, décision
4 gourde : désigne la citrouille
Que critique La Fontaine dans cette fable ?
Jean de La Fontaine, Fables, Livre IX, 4
1679
Le Gland et la Citrouille
Dieu fait bien ce qu'il fait. Sans en chercher la preuve
En tout cas Univers, et l'aller parcourant,
Dans les Citrouilles je la treuve1.
Un villageois, considérant
Combien ce fruit est gros et sa tige menue :
A quoi songeait, dit-il, l'Auteur de tout cela ?
Il a bien mal placé cette Citrouille-là !
Hé parbleu ! Je l'aurais pendue
A l'un des chênes que voilà.
C'eût été justement l'affaire ;
Tel fruit, tel arbre, pour bien faire.
C'est dommage, Garo2, que tu n'es point entré
Au conseil3 de celui que prêche ton Curé :
Tout en eût été mieux ; car pourquoi, par exemple,
Le Gland, qui n'est pas gros comme mon petit doigt,
Ne pend-il pas en cet endroit ?
Dieu s'est mépris : plus je contemple
Ces fruits ainsi placés, plus il semble à Garo
Que l'on a fait un quiproquo.
Cette réflexion embarrassant notre homme :
On ne dort point, dit-il, quand on a tant d'esprit.
Sous un chêne aussitôt il va prendre son somme.
Un gland tombe : le nez du dormeur en pâtit.
Il s'éveille ; et portant la main sur son visage,
Il trouve encor le Gland pris au poil du menton.
Son nez meurtri le force à changer de langage ;
Oh, oh, dit-il, je saigne ! Et que serait-ce donc
S'il fût tombé de l'arbre une masse plus lourde,
Et que ce Gland eût été gourde4 ?
Dieu ne l'a pas voulu : sans doute il eut raison ;
J'en vois bien à présent la cause.
En louant Dieu de toute chose,
Garo retourne à la maison.
1 treuve : forme ancienne de "trouve", pour la rime
2 garo : nom de paysan
3 conseil : avis, décision
4 gourde : désigne la citrouille
La fable est un genre très ancien qui trouve ses lettres de noblesse au XVIIe siècle avec Jean de La Fontaine. "Le Gland et la Citrouille" appartient au deuxième recueil des Fables, dont les thèmes sont plus sérieux que le premier. La Fontaine s'inspire ici de la farce populaire. Le sujet de la fable est l'ordre divin et sa remise en cause.
Comment La Fontaine, en s'inspirant de la comédie, dénonce-t-il les travers de sa société de façon presque scientifique ?
Dans une première partie, nous verrons en quoi La Fontaine s'inspire du genre de la comédie. Dans une seconde partie, nous étudierons la démonstration scientifique du fabuliste. Enfin, nous présenterons les leçons à tirer de cette fable.
Une fable qui prend la forme d'une comédie
La forme théâtrale
- La fable prend la forme d'une pièce de théâtre.
- Le premier acte correspond à la leçon que le villageois veut donner à Dieu des vers quatre à dix-neuf (première partie avec une majorité d'octosyllabes).
- Le deuxième acte correspond à la démonstration par l'expérience, la nature donne une leçon au villageois des vers vingt à trente-et-un (surtout des alexandrins).
- Les derniers vers correspondent à la conclusion.
Des airs de commedia dell'arte
- Il n'y a q'un seul personnage, le villageois. Il rappelle un personnage de farce. Il est rustre. La Fontaine décrit son "nez" et son "poil au menton". C'est un personnage caricatural.
- Le langage du villageois est amusant, c'est un langage pittoresque. La Fontaine choisit d'utiliser le style direct pour apporter du comique de langage.
- Le vocabulaire est familier : "parbleu".
- Son parler est prétentieux et pompeux : "Tel fruit, tel arbre, pour bien faire", "plus je contemple/Ces fruits ainsi placés, plus il semble à Garo/ Que l'on a fait un quiproquo".
- On constate un comique de situation avec une juxtaposition de situations amusantes. D'abord, le villageois contemple la citrouille, puis il dort, puis le gland tombe sur son nez. C'est le thème de "l'arroseur arrosé".
Le mélange des genres
- Il y a un mélange des genres.
- Le thème abordé est sérieux, il s'agit de la religion. C'est une fable philosophique.
- En même temps, c'est une comédie avec un ton familier et enlevé.
- Il y a une hyperbole comique : "Son nez meurtri/Oh, oh, dit-il, je saigne !"
- On remarque une personnification de la citrouille et du gland avec des majuscules en début de mots comme des prénoms.
- Il y a un décalage entre le sujet traité et la façon dont il est traité.
La Fontaine applique une démonstration scientifique à sa fable.
Une démonstration scientifique
La morale : une affirmation à démontrer
- La morale est explicite. Elle débute et termine la fable.
- Premier vers : Dieu fait ce qu'il fait et il le fait bien. C'est un peu comme une vérité qu'il va falloir prouver. Il y a donc une affirmation, et le reste de la fable est une démonstration de cette affirmation.
- Le villageois, qui remettait en question Dieu, finit par le louer. La fable se clôt avec : "En louant Dieu de toute chose".
- Ainsi, la démonstration est efficace. La morale est validée.
Un raisonnement scientifique
- Garo est un cobaye, il va tester cette affirmation.
- La démarche utilisée est expérimentale.
- Première expérience : Garo assure qu'il n'y a pas de logique dans la nature. Les glands poussent dans les arbres et les citrouilles par terre, c'est étrange. Idée validée par l'expérience puisque Garo constate ce fait, il le voit.
- Deuxième expérience : le gland tombe sur Garo. Cette expérience dément ce que pensait Garo. Il vaut bien mieux que la citrouille pousse au sol, car si elle lui tombait dessus, il serait gravement blessé.
- La Fontaine utilise, comme dans une démonstration scientifique, des hypothèses et des questions.
Cette fable amusante, qui s'inspire de la démonstration scientifique, a un fond plus sérieux et propose des leçons sur le monde.
Les leçons de la fable
Une satire de l'autosatisfaction
- On trouve la présence du fabuliste dans la fable, il intervient avec la première personne : "Dans les Citrouilles je la trouve".
- Le ton est ironique et moqueur : "notre homme".
- Il fait une caricature de Garo et de son autosatisfaction. Il se met à la place de Dieu.
- La Fontaine choisit de présenter la défaite de son personnage. À la fin, il doit avouer qu'il a tort. Satire de l'homme prétentieux, ridicule, qui est finalement pris à son propre jeu.
L'harmonie entre science et religion
- À l'époque de La Fontaine commencent à s'affronter deux clans : ceux qui croient que la science régit la vie, et ceux qui croient que c'est la religion.
- Dans sa fable, La Fontaine réconcilie les deux. En effet, il remet en place l'Homme, lui rappelant qu'il ne peut pas comprendre la nature entière et qu'il doit faire preuve d'humilité. Mais il choisit également un raisonnement scientifique pour prouver que Dieu a bien pensé le monde.
- On peut donc parler d'harmonie entre la science et la nature, entre la science et la religion.
Un éloge de l'humilité
- La Fontaine fait ici un éloge de l'humilité. Il se moque en effet de Garo, qui se croit supérieur à Dieu.
- La Fontaine traite ici du sujet de l'hybris, c'est-à-dire de l'Homme qui défie les dieux. Contrairement aux écrits de l'Antiquité, où l'Homme est sévèrement puni quand il se prend pour Dieu (le mythe d'Icare), l'auteur traite ici le sujet avec beaucoup d'humour. Dieu punit en effet la prétention de l'Homme, mais simplement en faisant tomber un gland sur lui.
- L'Homme, forcé d'accepter sa défaite, est humilié. La Fontaine rappelle qu'il faut se comporter avec humilité face à toute chose, et que ce qui semble absurde dans la nature a sûrement un sens que nous n'avons pas encore perçu.
Le personnage de Garo rappelle donc le théâtre populaire, et La Fontaine choisit d'en faire le héros de sa fable. Cela est original, car il traite d'un sujet très philosophique, l'existence de Dieu. De plus, il applique à cette fable très comique un raisonnement scientifique fondé sur l'expérience. Ce mélange des genres rend la fable singulière.
La Fontaine traite notamment d'un débat qui faisait rage à son époque, à savoir qui de la science ou de la religion répond aux questionnements sur le monde. Le fabuliste trouve un moyen de réconcilier les deux, et rappelle à l'Homme qu'il faut savoir faire preuve d'humilité devant les mystères de la nature.