On donne le texte suivant extrait de "Le Rat qui s'est retiré du monde" de Jean de La Fontaine :
Des députés du peuple Rat
S'en vinrent demander quelque aumône légère :
Ils allaient en terre étrangère
Chercher quelque secours contre le peuple chat ;
Ratopolis était bloquée :
On les avait contraints de partir sans argent,
Attendu l'état indigent
De la République attaquée.
Ils demandaient fort peu, certains que le secours
Serait prêt dans quatre ou cinq jours.
Mes amis, dit le Solitaire,
Les choses d'ici-bas ne me regardent plus :
En quoi peut un pauvre Reclus
Vous assister ? que peut-il faire,
Que de prier le Ciel qu'il vous aide en ceci ?
J'espère qu'il aura de vous quelque souci.
Ayant parlé de cette sorte
Le nouveau Saint ferma sa porte.
Qui désignai-je, à votre avis,
Par ce Rat si peu secourable ?
Un Moine ? Non, mais un Dervis :
Je suppose qu'un Moine est toujours charitable.
Quelle est la cible visée par le texte ? Justifier la réponse.
L'auteur s'attaque ironiquement aux hommes religieux qui se coupent du monde et dont les prières sont hypocrites puisqu'ils ne pratiquent pas concrètement les vertus qu'ils prônent.
Les faux dévots sont la cible du texte.
Quelle est la thèse défendue par le texte ? Justifier la réponse.
- L'auteur cherche à démontrer que les ermites sont inutiles et hypocrites.
- Les dévots, qui prônent la charité, devraient l'appliquer dans les faits au lieu de se retirer du monde et d'en ignorer les problèmes.
- La véritable piété religieuse est d'aider son prochain.
La thèse que défend le texte est que la véritable piété est d'aider son prochain, ce que les ermites ne font pas en s'isolant.
Quels sont les procédés de l'ironie mis en œuvre ? Justifier la réponse.
- Le fabuliste utilise un animal très négatif : le rat est très mal vu dans la culture occidentale où il est considéré comme un nuisible qui apporte des maladies.
- Ici, il se concentre sur un rat isolé qui refuse son aide à son propre peuple, le "peuple Rat". Il parle de lui-même à la troisième personne du singulier et se baptise le "pauvre Reclus" ce qui crée un effet ironiquement pathétique.
- Les questions que posent l'ermite sont faussement rhétoriques : lui considère ne pas pouvoir aider le peuple rat mais en réalité, la réponse n'est pas si évidente.
- Mais l'ironie réside surtout dans la morale de cette fable où le fabuliste reprend la parole en son nom propre ("je") en posant à son tour des questions qui prennent son lecteur à partie : "qui désignai-je, à votre avis, / Par ce Rat si peu secourable ?"
- La dernière phrase est une antiphrase : "je suppose qu'un Moine est toujours charitable" et montre la véritable cible de la critique.
Les procédés de l'ironie sont la métaphore animalière péjorative, l'argumentation implicite, les questions rhétoriques et l'antiphrase.