Quels sont les origines et les grands principes de "l'humanisme" ? Répondre en illustrant par des exemples.
Que désigne le terme "humaniste" à l'origine ?
Sur quoi est fondé avant tout l'idéal de l'"honnête homme" ?
Quel événement favorise la redécouverte des manuscrits grecs et latins ?
Quel est le point commun entre la Réforme et la pensée humaniste ?
Qui a fondé le genre de l'utopie ?
L'humanisme propose une nouvelle conception de l'Homme et de l'Univers à une époque de grands bouleversements scientifiques et moraux. Le contexte de profonds changements favorise en effet l'émergence de l'humanisme et de sa nouvelle vision du monde. L'Homme est désormais au centre de la pensée. Ce changement de perspective s'accompagne d'une réflexion morale profondément humaine.
Au départ, le mot "humaniste", qui vient d'unamista en italien, désigne le professeur de rhétorique et de grammaire. Son sens s'élargit au XVIe siècle : il désigne alors l'érudit qui se consacre à l'étude des humanités, les studia humanitatis, qui regroupent la connaissance et l'étude des textes et langues antiques. Ce n'est qu'au XIXe que le terme prend son sens moderne et philosophique de penseur qui installe l'Homme au centre l'Univers et donc de la pensée. Le contexte du XVe siècle favorise cette vision nouvelle et optimiste de l'Homme : en effet, les voyages d'exploration élargissent les frontières du monde connu et remettent en question l'ethnocentrisme en confrontant les sociétés à des civilisations inconnues. La découverte du Nouveau Monde par Colomb en 1492 est notamment un grand bouleversement. Par ailleurs, certaines révolutions scientifiques comme l'héliocentrisme par Copernic transforment la représentation traditionnelle de l'Univers.
Au centre de ce nouveau rapport au monde, l'"honnête homme" est perçu comme un être perfectible par l'éducation qui doit développer chez lui un esprit critique. C'est ce que cherche à faire Étienne de La Boétie dans son Discours de la servitude volontaire qui vise à avertir le lecteur contre les mécanismes du despotisme. Par ailleurs, les humanistes explorent cette question de l'Homme à un niveau plus intime au travers du genre de l'essai créé par Montaigne, et qui influence par la suite les premiers écrits autobiographiques où les auteurs interrogent les rouages de la pensée et de la morale. La vision optimiste des humanistes s'inspire également des auteurs antiques que l'on redécouvre à l'époque, notamment avec la prise de Constantinople par les Turcs (1453) qui contraint les intellectuels et savants à s'exiler en Italie avec leurs manuscrits grecs et latins.
Cependant, ce développement de l'esprit critique se heurte à l'autorité de l'Église : en effet, ramener le monde à des dimensions humaines interroge le rapport au divin et la nécessité du libre arbitre. L'humanisme entretient de ce fait des liens étroits avec la Réforme qui rejette les gloses religieuses au profit d'une approche plus intériorisée, personnelle et critique des textes et de la foi. De même, là où la religion montrait le corps comme source de péché, l'humanisme prône une union harmonieuse entre corps et âme, influencé en cela par la pensée des auteurs antiques. Ce corps célébré se retrouve dans l'œuvre truculente de Rabelais, médecin et écrivain, mais également au centre de la peinture : la représentation de la nudité s'affirme et la perspective picturale organise désormais l'espace à partir du regard du peintre et du spectateur, comme on peut le constater chez Léonard de Vinci ou Michel-Ange. Ces derniers incarnent parfaitement l'idéal de l'humaniste comme homme complet qui ne sépare pas les arts et les sciences : ils sont à la fois écrivains, peintres, sculpteurs, architectes, savants.
- Le contexte historique (voyages d'exploration) et les bouleversements scientifiques (découverte de Copernic) transforment la vision du monde.
- Le mouvement humaniste place l'Homme au centre de la réflexion et propose un idéal de l'"honnête homme" optimiste, fondé sur l'éducation et l'esprit critique.
- La morale humaniste, parce qu'elle se fonde sur l'individu, met en question l'enseignement religieux et le rapport au divin.