On donne les textes suivants extraits de Scènes de la vie future de George Duhamel (Texte A) et du Petit éloge du cinéma d'aujourd'hui de Jean-Jacques Bernard (Texte B).
Texte A
Un spectacle qui ne demande aucun effort, qui ne suppose aucune suite dans les idées, ne soulève aucune question, n'aborde sérieusement aucun problème, n'allume aucune passion, n'éveille au fond des cœurs aucune lumière, n'excite aucune espérance, sinon celle, ridicule, d'être un jour "star" à Los Angeles.
Le dynamisme même du cinéma nous arrache les images sur lesquelles notre songerie aimerait s'arrêter. Les plaisirs sont offerts au public sans qu'il ait besoin d'y participer autrement que par une molle et vague adhésion. Ces plaisirs se succèdent avec une rapidité fébrile, si fébrile même que le public n'a presque jamais le temps de comprendre ce qu'on lui glisse sous le nez. Tout est disposé pour que l'homme n'ait pas lieu de s'ennuyer, surtout ! Pas lieu de faire acte d'intelligence, pas lieu de discuter, de réagir, de participer d'une manière quelconque. Et cette machine terrible, compliquée d'éblouissements, de luxe, de musique, de voix humaines, cette machine d'abêtissement et de dissolution compte aujourd'hui parmi les plus étonnantes forces du monde.
Texte B
Autrefois, chaque film nous constituait de façon intime. Désormais, il participe de la superconnexion neuronale qui n'oublie rien et s'alimente au "grand tout" numérisé. Notre impatience à zapper est tout entière au service des serveurs. Mais, au fond, le pixel n'a rien changé à nos affects. Avant le cinéma, jamais un art n'avait offert un sentiment de réalité si immédiat, une empathie si transmissible, une part de légende si ouverte. Et tout cela reste en lui, comme un trésor. Puisse ce Petit éloge en redessiner la carte. Numérique, certes, mais carte au trésor quand même.
Quel est le thème commun aux deux textes ?
Quelles sont les thèses soutenues dans les textes ?