Sommaire
IDes puissances économiques mondialesAL'économie japonaiseBL'économie chinoiseIIL'influence internationale de la Chine et du JaponADes influences politiques inégalesBDes soft powers différentsIIIUne concurrence régionaleAUne histoire complexeBUne concurrence économique régionaleCUne concurrence géopolitiqueLe Japon et la Chine sont deux puissances économiques mondiales majeures. On observe cependant de nombreuses différences. Alors que le Japon bénéficie d'une économie diversifiée et orientée vers les hautes technologies, il souffre cependant d'une croissance faible. La Chine a une économie moins diversifiée, une technicité moins avancée, mais profite d'une forte croissance économique.
Ces deux pays cherchent aussi à conforter leur influence mondiale. Le Japon tire parti de son influence culturelle dans le monde mais est souvent considéré comme « nain politique », alors que la Chine affirme progressivement son influence culturelle et jouit d'un poids politique international important.
Les deux pays sont en concurrence pour assurer le leadership en Asie. Malgré la concurrence économique, les économies des deux pays sont en voie d'intégration. Cependant, cette volonté partagée de devenir la première puissance asiatique provoque des tensions d'ordre géostratégique.
Des puissances économiques mondiales
L'économie japonaise
En 2015, le Japon est la troisième puissance mondiale.
Le pays est industrialisé depuis la fin du XIXe siècle et possède une économie très diversifiée. Dans les années 1970 et 1980, il a en effet profité d'une forte croissance stimulée par l'intervention de l'État dans l'économie.
Aujourd'hui, le Japon dispose de grandes firmes transnationales comme Toyota, Sony, ou Mitsubishi, qui exportent dans le monde entier. Le pays est d'ailleurs le 4e exportateur mondial. Tokyo, dont l'aire urbaine est la plus peuplée de la planète, est une métropole mondiale qui dispose du plus grand nombre de sièges parmi les 500 plus grandes multinationales.
Le Japon dispose d'un savoir-faire dans les hautes technologies comme la robotique, l'électronique et la nanotechnologie. Cela s'explique par des investissements importants dans la recherche et le développement qui représente 3,5 % de son PIB.
Toutefois, l'économie japonaise connaît des limites. En effet, le Japon est dépendant des importations de matières premières. Il connaît une faible croissance depuis quelques années et doit affronter l'émergence de nouveaux partenaires dans la région. Sa population, confrontée au problème du vieillissement, diminue. On assiste aussi à un accroissement de la précarisation. De plus, le pays est vulnérable aux risques naturels, ce que prouve le séisme et le tsunami à Fukushima en 2011.
L'économie chinoise
La Chine est la deuxième puissance économique au monde, elle représente environ 15 % du PIB mondial.
Le pays est officiellement un régime communiste depuis l'arrivée au pouvoir de Mao en 1949. Toutefois, après les ravages provoqués par les réformes du régime dans les années 1960, Deng Xiaoping opère une transition de l'économie chinoise vers un modèle capitaliste. Il met en place l'économie socialiste de marché.
Depuis 30 ans, la Chine connaît une forte croissance de son économie. Elle fonde sa puissance sur une production à bas coût qui repose sur une main-d'œuvre peu chère et une politique d'exonération fiscale. Cette situation permet l'afflux de nombreux IDE. La Chine est ainsi le premier exportateur de produits manufacturés au monde, 11,5 % des exportations mondiales sont chinoises. Actuellement considérée comme « l'atelier du monde », l'économie chinoise connaît une montée en gamme de sa production et aspire à devenir le « laboratoire du monde ».
Suite à la crise de 2008, la Chine cherche à ce que son économie repose moins sur les exportations et vise le développement de son marché intérieur. Pour atteindre cet objectif, elle mise sur l'accroissement de la classe moyenne et des grands projets de construction d'infrastructures, comme le TGV chinois.
La Chine se tourne de plus en plus vers l'extérieur et depuis les années 2000, les investissements chinois à l'étranger ont été multipliés par 20. Elle investit notamment en Afrique.
Cependant, l'économie chinoise connaît des limites. Elle reste moins moderne que celle du Japon et l'agriculture est toujours le secteur qui fournit le plus d'emplois. Elle est souvent critiquée par ses partenaires commerciaux comme l'Europe, les États-Unis ou le Japon pour sa politique qui consiste à maintenir une monnaie faible afin de doper ses exportations. Elle est également accusée de mener une politique agressive et d'utiliser l'espionnage industriel. Par ailleurs, malgré une technicité des produits qui s'améliore, la technologie chinoise est encore en retard par rapport aux produits américains et japonais.
Une grande partie du pays est confrontée à de graves problèmes de développement. La population chinoise est de plus en plus critique sur le manque de démocratie, la corruption ou les problèmes environnementaux. La politique des bas salaires a entraîné des mouvements sociaux de la part des ouvriers qui réclament des augmentations.
L'influence internationale de la Chine et du Japon
Des influences politiques inégales
La Chine est une puissance politique qui ne cesse de s'affirmer. Elle dispose de l'arme nucléaire et d'un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. Par ailleurs, elle augmente ses dépenses militaires, investit dans le domaine spatial et développe sa marine de guerre afin d'assurer ses approvisionnements et de s'imposer dans les mers asiatiques. Elle a d'ailleurs construit des ports militaires sur les territoires de ses alliés, ce que l'on appelle le « collier de perles ». Son armée est la plus nombreuse au monde avec 2,3 millions de soldats.
En comparaison, le Japon est souvent considéré comme un « nain politique ». Son armée est limitée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et sa défense repose sur la protection des États-Unis. Le pays n'est pas membre du Conseil de sécurité et ne possède pas la bombe atomique. Le Japon cherche donc à affirmer son poids politique sur la scène internationale. Il a augmenté son budget militaire et participe à des opérations internationales de maintien de la paix sous l'égide de l'ONU, notamment en Irak. Le pays revendique d'ailleurs une place de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU.
Des soft powers différents
En termes d'influence culturelle, c'est plutôt le Japon qui se distingue.
En effet, le Japon dispose d'un important soft power, le cool japan. Sa culture est mondialement connue grâce aux mangas et aux jeux vidéo. Sa gastronomie est répandue sur l'ensemble de la planète, les sushis sont d'ailleurs très à la mode.
Par ailleurs, le Japon distribue une importante aide publique au développement en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. C'est également un important financeur de la Banque asiatique de développement.
De son côté, la Chine cherche à affirmer son influence culturelle dans le monde. Elle a organisé les Jeux olympiques de Pékin en 2008 et l'Exposition universelle de Shanghai en 2010. Dans le but de promouvoir la culture chinoise, des instituts Confucius ont été créés dans le monde. L'apprentissage du mandarin (langue majoritaire en Chine) est en progression.
Comme le Japon, la Chine accroît sa participation aux financements de la Banque asiatique de développement.
Enfin, la Chine bénéficie du relais de son importante diaspora qui compte plus de 50 millions d'individus dans le monde. Cela contribue à mettre en avant la culture chinoise, particulièrement sa gastronomie. Dans des villes comme Paris ou Londres, on fête le Nouvel An chinois et des quartiers chinois se sont développés.
Toutefois, malgré ses efforts, la Chine continue de pâtir d'une image négative sur la question des Droits de l'homme et l'occupation du Tibet.
Une concurrence régionale
Une histoire complexe
L'histoire entre les deux pays est complexe.
La Chine et le Japon ont des éléments de civilisation en commun. En effet, la civilisation chinoise a fortement influencé la région et de nombreux pays, comme la Corée ou le Vietnam, et cette influence chinoise a également touché le Japon, bien que ce dernier n'ait jamais été colonisé.
Cependant, la période contemporaine a été le théâtre de tensions très fortes entre les deux pays :
- Ils se sont opposés à la fin du XIXe siècle lors de la guerre sino-japonaise de 1895.
- En 1931, le Japon envahit la Mandchourie.
- En 1937, il envahit la Chine. C'est alors qu'a lieu le massacre de Nankin, qui dure six semaines et lors duquel plusieurs centaines de milliers de Chinois trouvent la mort. Malgré des excuses écrites émises par le Japon en 1972, le passé conflictuel entre la Chine et le Japon continue de provoquer des tensions.
Aujourd'hui, ce sont les partis au pouvoir qui ont des visions différentes : le PCC, communiste, en Chine, et le parti nationaliste au Japon.
Une concurrence économique régionale
La Chine et le Japon sont en concurrence pour la domination économique en Asie.
À eux deux, ils représentent 70 % du PIB asiatique. Bien que le Japon domine dans les secteurs de la recherche, des hautes technologies et par sa présence économique internationale, la Chine s'est imposée comme la deuxième puissance mondiale et la première puissance régionale.
Depuis l'ouverture de l'économie chinoise dans les années 1970 et l'entrée de la Chine dans l'OMC en 2001, les échanges entre les deux pays se sont intensifiés, ils représentent 3 % de l'ensemble des échanges internationaux. Le Japon est ainsi le premier importateur d'IDE en Chine et plus de 20 000 entreprises japonaises sont désormais présentes en Chine. La Chine représente 20 % des échanges extérieurs du Japon et est son premier partenaire économique. Le Japon est le deuxième partenaire économique de la Chine, derrière les États-Unis.
Les flux de personnes sont également en augmentation. 500 000 Chinois, majoritairement des étudiants, sont installés au Japon. 130 000 Japonais vivent en Chine, la plupart sont des employés des entreprises japonaises.
Cependant, les concurrences entre la Chine et le Japon constituent un frein à l'instauration d'une réelle coopération économique dans la région. La Chine se satisfait du partenariat avec l'ASEAN + 3, c'est-à-dire la Corée, le Japon et la Chine. Le Japon quant à lui veut étendre la coopération à d'autres pays, avec notamment l'Inde, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, afin de diminuer le poids relatif de la Chine.
Une concurrence géopolitique
Leur influence dans la région est affectée par leur mauvaise image qui persiste.
Le Japon souffre des héritages du passé et de sa politique expansionniste en Asie et dans le Pacifique au milieu du XXe siècle. Ce sentiment est exploité et entretenu par la Chine qui souhaite limiter son influence. En participant activement à l'aide au développement de l'Asie et en prônant une politique de coopération à plus grande échelle, le Japon cherche à normaliser ses rapports avec les pays asiatiques et pacifiques.
La Chine cherche elle aussi à effacer son image menaçante, bien que des tensions subsistent avec ses voisins, notamment autour des questions frontalières :
- Les archipels en mer de Chine, qui disposent de réserves en hydrocarbures, sont des sources de tensions entre la Chine et le Vietnam. Des émeutes contre la communauté chinoise ont éclaté en 2014 au Vietnam et ont eu pour conséquence le rapatriement de 4 000 travailleurs chinois.
- La frontière entre l'Inde et la Chine dans le Cachemire et au Tibet est aussi cause de tensions entre les deux États.
- Enfin, la Chine et le Japon s'opposent au sujet des îles Senkaku (en japonais) ou îles Diaoyutai (en chinois) qui sont sous contrôle des Japonais mais sont réclamées par les Chinois. Fréquemment, des bateaux chinois entrent dans la zone dominée par les Japonais et provoquent de vives réactions de la part du Japon.