Sommaire
IUn continent contrastéALes contrastes culturelsBDes contrastes géo-économiques1Les deux pays les plus développés du continent2Pays émergents et pays intermédiaires3Des pays pauvresIIDes tensions géopolitiquesALe rôle des États-Unis dans les tensions en AmériqueBDes tensions entre ÉtatsCLes tensions à l'intérieur des ÉtatsIIILa question de l'intégrationADes flux en augmentationBLa domination de l'ACEUMCLes intégrations en Amérique latineLe continent américain est marqué par des contrastes culturels et surtout par des contrastes économiques. Les États-Unis et le Canada sont riches et développés, certains États font partie des pays émergents et il existe aussi des pays pauvres.
Les tensions géopolitiques sont nombreuses en Amérique. Elles s'expliquent par le rôle dominant des États-Unis dans le continent ainsi que par des conflits frontaliers entre États ou des conflits sociaux à l'intérieur même des États.
Malgré ces tensions, le continent est de plus en plus intégré. Les flux humains et économiques sont en augmentation mais ils sont polarisés par les États-Unis. Au nord, l'ACEUM établit une zone de libre circulation des capitaux et des marchandises. Au sud, le MERCOSUR est la principale association. Il existe d'autres associations dont l'efficacité est plus limitée.
Un continent contrasté
Les contrastes culturels
Traditionnellement, on considère que l'Amérique est divisée en deux espaces géoculturels :
- Au nord, une Amérique anglo-saxonne comprenant les États-Unis et le Canada. Les habitants parlent anglais et sont majoritairement de religion protestante.
- Au sud de la frontière américano-mexicaine, une Amérique latine, métissée et de religion catholique.
De nombreux éléments viennent contredire cette vision binaire de la diversité culturelle de l'Amérique.
Au nord, par exemple, on retrouve d'importantes communautés de langue latine. Les hispanophones sont nombreux aux États-Unis. Ils représentent une grande partie de la population dans certains États du sud comme la Floride, le Texas ou la Californie. L'espagnol est ainsi la 2e langue du pays. Cette population est en forte augmentation, on parle de « latinaméricanisation » des États-Unis. Par ailleurs, les Québécois au Canada parlent français.
La majorité des croyants du pays sont certes des protestants, divisés entre plusieurs Églises et mouvements. Cependant, l'Église catholique est celle qui compte le plus de fidèles.
Dans le sud du continent, certains pays ont pour langue principale l'anglais. C'est par exemple le cas de la Jamaïque. Les groupes évangéliques protestants sont également de plus en plus nombreux. De plus, certains États comme l'Argentine et l'Uruguay sont majoritairement peuplés de Blancs.
Enfin, il faut noter la présence des Amérindiens dont la culture est désormais reconnue dans plusieurs pays comme le Brésil ou les États-Unis. Au Canada, les Inuits ont même acquis une autonomie sur leur territoire. Cependant, les conflits autour de la reconnaissance des droits des communautés amérindiennes subsistent, notamment sur la question de l'exploitation des ressources de leurs territoires.
Des contrastes géo-économiques
Les deux pays les plus développés du continent
Sur le continent américain, les contrastes sont également géo-économiques.
Deux puissances font partie du groupe des pays développés : les États-Unis et le Canada.
Ils constituent l'un des trois pôles les plus dynamiques de l'économie mondiale.
Ces pays sont riches. En 2015, le PIB des États-Unis était de 18 036 milliards de dollars et occupait la 1re place mondiale. Celui du Canada s'élevait à 1 550 milliards de dollars, à la 10e place mondiale. Ces pays ont des économies diversifiées et très intégrées dans le commerce mondial. Les États-Unis possèdent les plus importantes firmes transnationales et plusieurs métropoles mondiales, dont la plus importante : New York.
Leur IDH, ou Indice de développement humain, est fort. En 2014, l'IDH des États-Unis était de 0,915 et occupait la 8e place mondiale ; celui du Canada était de 0,913 à la 9e place mondiale.
IDH
L'Indice de développement humain (IDH) est un indice prenant en compte la richesse des pays (exprimée en revenu national brut par habitant, RNB/habitant), le niveau d'éducation (exprimé par la durée moyenne de scolarisation et la durée attendue de scolarisation) et le niveau de santé (exprimé par l'espérance de vie).
Les pays développés ont un IDH proche de 1, tandis que les pays peu développés ont un IDH proche de 0.
Pays émergents et pays intermédiaires
À côté de ces deux puissances, l'Amérique compte également des pays émergents.
Le Brésil tout d'abord, qui est la 1re puissance de l'Amérique du Sud, la 2e puissance du continent américain et la 9e puissance mondiale. La richesse du Brésil s'appuie sur une économie diversifiée, reposant sur les services, l'industrie et l'agriculture. Dans le groupe des pays émergents, on peut aussi classer le Mexique, l'Argentine et le Chili.
Ces pays ont des économies dynamiques et diversifiées mais accusent des retards de développement. En 2014, en termes d'IDH, le Brésil se classe à la 75e place mondiale et le Mexique à la 74e place. L'Argentine et le Chili ont un IDH supérieur qui les classe respectivement aux 40e et 42e places mondiales. L'Uruguay a un IDH élevé, il est à la 52e place mondiale, mais il n'est que la 72e puissance économique du fait de sa petite taille.
On observe aussi la présence de pays intermédiaires : le Venezuela, la Colombie et le Pérou font partie de ce groupe. Ils ont des revenus intermédiaires supérieurs selon le classement de la Banque mondiale en 2016, mais leurs économies sont peu diversifiées et dépendent des exportations. Par exemple, le Venezuela exporte du pétrole, la Colombie des produits agricoles et le Pérou des ressources minières. Ces pays accusent aussi des retards de développement.
Des pays pauvres
Enfin, le continent compte plusieurs pays pauvres :
La Bolivie, le Surinam, le Paraguay, le Guyana, l'Équateur et les pays d'Amérique centrale ont des économies faibles et dépendent de l'exportation de quelques produits. Ils ont un faible niveau de développement. Par exemple, en 2014, en termes d'IDH, le Paraguay à la 112e place mondiale et le Guatemala à la 128e. Certains pays se distinguent avec un niveau de développement plus élevé, comme le Panama ou l'Équateur qui occupent respectivement les 71e et 97e places du classement.
Haïti est le seul pays du continent à faire partie du groupe des Pays les moins avancés (PMA) avec un IDH qui le classe à la 163e place mondiale et un PIB à la 132e place mondiale. Ce pays souffre de profondes inégalités. Il est très vulnérable aux aléas naturels, comme les séismes. En 2012, l'ouragan Sandy a privé 200 000 personnes de logement et a détruit 70 % des récoltes dans le sud du pays. Environ un Haïtien sur cinq a émigré.
Pour terminer, les îles des Caraïbes sont majoritairement des États pauvres, mises à part certaines îles européennes, dont les DROM français et les paradis fiscaux.
Des tensions géopolitiques
Le rôle des États-Unis dans les tensions en Amérique
La puissance des États-Unis est une première source de tensions.
Les États-Unis sont le premier pays du continent à avoir achevé la maîtrise complète de leur territoire et sont le pays le plus puissant du continent. Leur domination s'est vite affirmée sur l'ensemble du continent.
En 1823, le président James Monroe énonce sa doctrine : l'ensemble du continent (et pas seulement les États-Unis) est indépendant de l'Europe. Suite à cela, les États-Unis développent un impérialisme sur la région : annexion des îles du Pacifique au détriment de l'Espagne en 1898, domination de Cuba ou encore achat de l'Alaska.
Ces premiers pas de « l'empire étasunien » sont confirmés par la doctrine assumée du Big Stick, ou « gros bâton », de Theodore Roosevelt, 26e président des États-Unis de 1901 à 1909. La domination ne peut pas être contestée. Après la construction du canal de Panama, resté américain jusqu'en 1999, les États-Unis n'hésitent pas à intervenir militairement.
Pendant la guerre froide, l'impérialisme est galvanisé : l'Amérique latine devient le backyard, c'est-à-dire le jardin des États-Unis qui assurent leur domination par l'installation de régimes autoritaires. Même si la démocratie revient en Amérique latine après la guerre froide, l'intervention américaine se concentre alors sur la lutte contre le trafic de drogue et le terrorisme.
Des tensions issues de la guerre froide ont longtemps affecté Cuba qui a été sous embargo américain jusqu'en 2016.
Cet impérialisme étasunien est à l'origine de nombreuses contestations. Un profond sentiment « antiyankee » existe parmi les peuples d'Amérique latine. L'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA) a été créée à cet effet. Regroupant 11 pays, elle a pour but de promouvoir l'intégration des pays d'Amérique latine et des Caraïbes sur des principes de solidarité, de complémentarité et de justice, en dehors de l'influence des États-Unis.
Impérialisme
L'impérialisme est le fait pour un État d'imposer sa domination sur d'autres pays par des moyens politiques, militaires, économiques ou culturels.
Les États-Unis sont souvent accusés d'être une puissance impérialiste.
Des tensions entre États
On note également un certain nombre de tensions entre certains États d'Amérique latine :
- Il y a longtemps eu des différends frontaliers entre le Pérou et l'Équateur, puis entre l'Argentine et le Chili, qui se sont calmés récemment.
- Il existe des oppositions idéologiques entre le Venezuela et la Colombie.
- Il y a également toujours un différend entre la Bolivie et le Chili concernant l'accès à la mer de la Bolivie perdue au XIXe siècle. En 2014, le Chili a affirmé que l'accès à la mer pour la Bolivie était « fermé à jamais ».
- Enfin, des tensions persistent au sujet de la délimitation des Zones économiques exclusives entre la Colombie, le Venezuela et des pays d'Amérique centrale, notamment à cause de la présence de gisements de pétrole offshore.
Il convient toutefois de nuancer ces tensions. En effet, la dernière guerre dans le continent sud-américain date de 1995 et la région est celle qui investit le moins dans les dépenses militaires au monde.
Les tensions à l'intérieur des États
À une échelle plus locale, on observe de nombreux facteurs de déstabilisation politique au sein même des États.
La présence de guérillas d'inspiration marxiste est un facteur de déstabilisation des États, bien qu'elles soient moins intenses que dans les années 1990. Par exemple, en Colombie, les FARC ont annoncé un « cessez-le-feu unilatéral définitif » en 2014. Elles se sont désarmées et transformées en parti politique en 2017.
La lutte des populations amérindiennes pour la reconnaissance de leurs droits pose aussi de nombreuses difficultés à certains États tels que le Canada ou le Brésil. En Bolivie, Evo Morales, élu depuis 2006, est le premier président amérindien du continent américain. Les réformes sociales de redistribution des richesses qu'il a mises en place, en particulier la nationalisation du gaz, ont provoqué la colère de la minorité blanche qui détient la majorité des richesses du pays.
La criminalité constitue également un problème endémique à l'intérieur des États. L'Amérique du Sud est l'une des zones les plus meurtrières au monde. Par exemple, le Mexique a connu en 2017 l'année la plus violente depuis une vingtaine d'années. 23 000 homicides ont été recensés.
Enfin, les inégalités sociales sont très importantes dans ce continent et nourrissent les mouvements de contestation et la délinquance.
La question de l'intégration
Des flux en augmentation
Intégration
L'intégration est un processus de rapprochement entre deux territoires appartenant souvent à un même espace géographique.
Elle peut être caractérisée :
- par la construction d'un ensemble politique commun, par exemple l'Union européenne ;
- par un rapprochement économique comme des politiques économiques communes et des échanges de flux de biens et de services ;
- par une augmentation des échanges culturels et des mobilités humaines.
Le Mexique, le Canada et les États-Unis connaissent une intégration économique croissante depuis la création de l'ALENA, entré en vigueur en 1994 et devenue l'ACEUM en 2018, et qui permet la libre circulation des capitaux et des marchandises.
Cette intégration se caractérise par une forte augmentation des flux entre ces pays.
Les flux humains tout d'abord : les migrations sont principalement orientées du sud vers le nord et s'expliquent par les importantes fractures économiques et sociales qui touchent l'Amérique. Les migrants quittent leur pays pour rejoindre les États-Unis. C'est la politique des États-Unis face à cette immigration qui évolue. L'ancien président américain Barack Obama a accordé une régularisation provisoire à 5 millions des 11 millions d'immigrés clandestins en 2014, malgré les oppositions d'une partie de l'opinion publique et de la classe politique. Mais l'élection de Donald Trump à la présidence augure une politique migratoire nettement plus restrictive. Il défend un projet de construction d'un mur à la frontière du Mexique pour stopper l'immigration clandestine. Il souhaite mettre en place ce que l'on appelle une « immigration choisie ».
Les flux matériels et financiers sont également importants et sont eux aussi polarisés par les États-Unis. De manière simplifiée, on peut affirmer que les États-Unis exportent vers le reste du continent des produits à forte valeur ajoutée et qu'ils importent des produits agricoles et des matières premières. De même, les flux de capitaux (IDE) ont pour principale source et destination les États-Unis.
Les zones frontalières sont des zones où les échanges sont particulièrement dynamiques, notamment grâce aux associations régionales d'intégration économique comme Mexamerica, frontière entre le Mexique et les États-Unis, ou encore Main Street America et Pugetopolis, frontières entre le Canada et les États-Unis.
La domination de l'ACEUM
Cette intégration régionale rencontre donc des limites.
À l'intérieur de la zone, les écarts de richesses sont très importants. Les États-Unis dominent les échanges et l'ALENA (aujourd'hui appelé ACEUM) a accentué la dépendance du Canada et du Mexique à l'économie des États-Unis.
Les États-Unis avaient pour projet de réaliser une Zone de libre-échange des Amériques à l'échelle continentale (ZLEA) mais de nombreux pays s'y sont opposés, craignant un déséquilibre en faveur des États-Unis. Ce projet est au point mort depuis 2005.
Les intégrations en Amérique latine
Le MERCOSUR est la principale association de l'Amérique du Sud. Il est composé de 6 pays (le Brésil, le Paraguay, l'Uruguay, le Venezuela, l'Argentine et la Bolivie), et de pays associés dont le Chili, la Colombie, le Pérou et l'Équateur. Récemment, le Venezuela a été temporairement exclu pour « rupture de l'ordre démocratique ».
Le MERCOSUR est une union douanière qui facilite la libre circulation des citoyens. Il représente 82 % du PIB de l'Amérique du Sud et est considéré comme le 4e bloc économique mondial.
D'autres associations permettant l'intégration des pays ont vu le jour en Amérique latine :
- La CELAC (Communauté des États latino-américains et des Caraïbes) est un forum culturel et politique pour le développement.
- L'UNASUR (Union des nations sud-américaines) a pour objectif de devenir un espace intégré au même titre que l'Union européenne.
- L'ALBA est une alliance dont le but est surtout politique et consiste à limiter l'influence des États-Unis.
- Enfin, le Marché commun centraméricain (MCCA), la Communauté andine des Nations (CAN), la Communauté caribéenne (CARICOM) sont des associations qui restent peu efficaces compte tenu de leur trop grand nombre et de leur faible poids économique.