Sommaire
ILes risques et aléas majeursADéfinition : aléa, risque et catastropheBLes risques et aléas naturels majeurs1Les aléas géologiques2Les aléas climatiquesCLes risques technologiques1Les risques technologiques majeurs2La cartographie des risques technologiquesIILes sociétés humaines face aux risquesALa vulnérabilité des sociétés humaines1Définition de la vulnérabilité2Des sociétés de plus en plus vulnérables3Une vulnérabilité inégale dans le mondeBPrévoir les aléas et prévenir les risques1Prévoir les aléas2Prévenir les risquesCProtéger les populations1Des mesures de prévention inégales2Vers une coopération internationale et mondiale pour prévenir les risquesLes sociétés humaines sont confrontées à des risques naturels et des risques technologiques. Les risques ne sont pas les mêmes dans les pays du Nord et dans les pays émergents, même s'ils se multiplient à l'échelle de la planète. Des mesures sont mises en œuvre pour essayer de mieux prévoir et prévenir les risques et protéger la population.
À quels risques les sociétés humaines sont-elles exposées et comment y font-elles face ?
Les risques et aléas majeurs
Les sociétés humaines sont menacées par des risques et des aléas (probabilité d'un événement) naturels et technologiques.
Définition : aléa, risque et catastrophe
Un aléa est un événement d'origine naturelle, technologique ou sanitaire ayant une probabilité plus ou moins forte de se produire. Si cet aléa peut entraîner des dommages humains ou matériels, on parle de risque. Lorsque l'aléa se produit brutalement et qu'il provoque des victimes humaines et des dégâts matériels importants, on parle de catastrophe. L'ONU définit une catastrophe à partir de 30 morts.
Depuis le début du XXIe siècle, on a comptabilisé près de 13 000 catastrophes naturelles qui ont provoqué la mort de 1,2 million de personnes.
Les risques et aléas naturels majeurs
Les risques naturels varient selon les continents, les reliefs et les climats. Il y a des risques d'origine géologique : le volcanisme, les séismes, les glissements de terrain. Il y a également des risques d'origine météorologique ou climatique : les cyclones, les tempêtes, les inondations, les sécheresses, etc. Si les aléas ne sont pas d'origine humaine, les risques peuvent être aggravés par les fortes densités de population et l'urbanisation.
Les aléas géologiques
Moins fréquents que les aléas climatiques, les aléas géologiques causent toutefois de plus gros dégâts. Les séismes les plus meurtriers sont responsables de plus de la moitié des victimes des catastrophes naturelles. Les aléas d'origine géologique se concentrent surtout dans les zones de contact entre les plaques tectoniques : les Caraïbes, le Bassin méditerranéen, les zones montagneuses des Alpes à l'Himalaya et enfin la ceinture de feu du Pacifique. Cette dernière concentre à elle seule la grande majorité des volcans actifs et des séismes de la planète.
On estime que plus d'un milliard d'habitants vivent sous la menace d'une éruption volcanique ou d'un tremblement de terre. Certaines grandes métropoles sont particulièrement exposées à ce risque majeur : San Francisco (4,6 millions d'hab.) ou Los Angeles (18 millions d'hab.) proches de la faille de San Andreas en Californie ou encore Naples (4 millions d'hab.) en Italie du Sud au pied du Vésuve.
Les aléas climatiques
Les aléas climatiques sont les plus récurrents. Deux catastrophes naturelles sur trois sont liées au climat. Chaque année, plus de 250 millions d'individus sont touchés. Les aléas climatiques concernent l'ensemble des continents mais affectent davantage les littoraux et les vallées fluviales, où les populations se concentrent.
En août 2005, l'ouragan Katrina a dévasté la ville de La Nouvelle-Orléans en Louisiane (États-Unis) provoquant la mort de 1 836 personnes et 108 milliards de dollars de dégâts.
© Wikipédia, Jeremy L. Grisham, US Navy, 2005
Les risques technologiques
Les risques technologiques majeurs
Les catastrophes liées aux risques technologiques sont multiples : explosions, incendies, pollutions ou contaminations. Elles peuvent faire des victimes et occasionner des dégâts sur les infrastructures. Elles peuvent aussi dégrader durablement les écosystèmes et avoir de lourdes conséquences économiques pour les populations.
Les marées noires pénalisent directement certaines activités économiques comme la pêche ou le tourisme et impliquent des coûts élevés pour le nettoyage du littoral.
Une catastrophe industrielle peut être causée par un aléa naturel.
Dans le cas de l'accident nucléaire de Fukushima au Japon, la catastrophe industrielle est causée par un aléa naturel : un séisme.
La cartographie des risques technologiques
Les risques technologiques concernent les pays industrialisés et sont donc plus présents dans les pays du Nord. Ils se concentrent dans les vallées industrialisées, sur les littoraux près des zones industrialo-portuaires, le plus souvent à proximité de zones urbanisées et d'axes de circulation. Ils ont des conséquences plus graves dans les pays du Sud où les règles de sécurité et les normes environnementales sont moins contraignantes.
En Chine, les explosions ou incendies d'usines se sont multipliés au cours des 15 dernières années, faisant au moins 15 000 morts.
Les sociétés humaines face aux risques
Les sociétés humaines ne sont pas toutes autant vulnérables face aux risques majeurs. Prévoir les aléas et prévenir les risques permet de mieux protéger les populations.
La vulnérabilité des sociétés humaines
La vulnérabilité des populations dépend du niveau de développement mais surtout de leur préparation aux risques et de leur capacité à faire face à un aléa. La vulnérabilité des sociétés s'accroît à l'échelle mondiale mais elle demeure inégale à toutes les échelles.
Définition de la vulnérabilité
La vulnérabilité désigne la sensibilité d'une société face à un risque, c'est-à-dire sa préparation à prévenir un aléa et surtout sa capacité à gérer une catastrophe éventuelle. Mesurer la vulnérabilité implique de prendre en compte des facteurs de plusieurs types : géographiques, démographiques, techniques, économiques, sociaux et culturels.
La vulnérabilité varie selon :
- les densités de populations ;
- le niveau de développement du pays ;
- le lieu de vie : le nombre de victimes est plus élevé sur les littoraux ou dans les espaces urbanisés ;
- la présence de systèmes d'alerte et d'équipements de protection, les normes de construction pour les bâtiments, l'organisation des secours, etc. ;
- la conscience du risque et la perception des dangers : des habitants vont s'installer en zones inondables ou sur les pentes d'un volcan à la recherche de terres fertiles pour un intérêt économique ou paysager ou encore sur les littoraux pour développer l'activité touristique.
L'Asie concentre environ 60 % des victimes de catastrophes naturelles.
600 000 habitants vivent à moins de 10 kilomètres du Vésuve, considéré comme l'un des volcans les plus dangereux au monde.
La faible récurrence de certains aléas conduit les populations à en sous-estimer les risques.
Des sociétés de plus en plus vulnérables
Au niveau mondial, le nombre de victimes des catastrophes augmente. Les aléas sont de plus en plus fréquents, notamment les aléas climatiques. Les conséquences sur les sociétés sont économiques et humaines. La vulnérabilité des sociétés est aggravée par les activités humaines.
Le nombre de réfugiés suite à un aléa naturel a doublé depuis les années 1970 : 20 millions de réfugiés fuient chaque année une inondation, une sécheresse ou un incendie. Selon la Banque mondiale, ce chiffre pourrait atteindre 143 millions de personnes à l'horizon 2050.
Le coût financier des catastrophes est en forte augmentation. Selon l'ONU, il s'élève à 2 900 milliards de dollars sur la période 1998-2017. Ce coût a été multiplié par deux par rapport à la période 1978-1997. C'est dans les pays du Nord que les conséquences financières sont les plus lourdes en raison d'infrastructures plus nombreuses.
Les actions humaines aggravent la vulnérabilité des populations :
- Le déboisement et l'arrachage des haies favorisent le ruissellement des eaux de pluie augmentant le risque d'inondation.
- Les constructions sur les pentes accroissent les risques de glissement de terrain.
- La croissance des émissions de gaz à effet de serre liées aux rejets industriels et aux transports favorise le changement climatique avec des conséquences globales : augmentation de la fréquence des aléas exceptionnels (cyclones, tempêtes, sécheresses), hausse du niveau de la mer, etc.
Une vulnérabilité inégale dans le monde
On peut évaluer le degré de vulnérabilité d'une population. La vulnérabilité des populations est très inégale dans le monde. Plus de 80 % des victimes humaines habitent un pays en développement. La pauvreté accroît la vulnérabilité. Les infrastructures de protection sont rares faute d'investissements suffisants. Les systèmes éducatifs défaillants rendent la prévention des risques peu efficace.
L'indice de risque évalue en pourcentage le degré de vulnérabilité d'une population face aux catastrophes naturelles. Il est basé sur plusieurs critères :
- le niveau d'exposition aux aléas naturels ;
- les dommages potentiels sur la société et ses infrastructures ;
- la capacité à prévoir et prévenir le risque ;
- les stratégies pour faire face aux conséquences des catastrophes.
Les conséquences humaines et matérielles d'un séisme peuvent varier en fonction du niveau de développement d'un pays.
Un séisme est plus meurtrier en Haïti ou aux Philippines qu'au Japon.
Date du séisme | 12 janvier 2010 | 11 mars 2011 |
Lieu | Haïti (Caraïbes) | Japon (Pacifique) |
Puissance (magnitude) | 7,3 | 9,1 |
Bilan humain | 230 000 morts 220 000 blessés 1 300 000 réfugiés | 18 500 morts 6 200 blessés 139 000 réfugiés |
Coût financier direct | 8 milliards de $ | 210 milliards de $ |
Part du PIB de l'année qui a précédé le séisme | 123 % du PIB | 3,8 % du PIB |
Dans les pays en développement, les catastrophes peuvent être un frein au développement économique. La résilience (capacité à se relever d'une catastrophe) est souvent plus faible dans les pays du Sud que dans les pays du Nord où les États ainsi que les compagnies d'assurance permettent de dédommager les victimes et facilitent la reconstruction.
Prévoir les aléas et prévenir les risques
Il est possible de prévoir les aléas et ainsi de mieux prévenir les risques.
Prévoir les aléas
Faire face aux risques commence par la prévision des aléas. À l'échelle mondiale, les dispositifs de surveillance des aléas naturels se sont multipliés et deviennent plus performants : des satellites météorologiques permettent de prévoir les tempêtes et les cyclones, des observatoires surveillent l'activité des volcans. Ces dispositifs permettent d'évaluer le risque en étudiant les mécanismes de l'aléa. Couplés à des systèmes d'alerte, ils permettent aussi d'envisager l'évacuation des populations concernées.
Le National Hurricane Center, basé à Miami en Floride, assure la surveillance des cyclones et des tempêtes tropicales à l'aide de satellites, de radars et d'avions de reconnaissance.
© Wikipédia, National Weather Service, 28 août 2011
Prévenir les risques
Des mesures de prévention sont mises en œuvre pour limiter la réalisation du risque. Il est essentiel de sensibiliser les populations en développant une « culture du risque ». Il s'agit de garder en mémoire que le risque peut se concrétiser, afin de mieux s'y préparer. Cela passe par l'information et des plans de prévention.
En Bretagne, dans le bassin fluvial de la Vilaine, on pose des repères de crues dans les villes et les villages pour rappeler à la population les niveaux de montée des eaux lors des précédentes inondations.
On informe les populations sur les dangers et les conduites à tenir en cas de catastrophes. Des centaines de milliers de Japonais participent à des exercices annuels pour se préparer aux séismes ou aux éruptions volcaniques. Ces plans de prévention s'appuient sur un zonage précis des espaces soumis aux risques naturels.
En France, depuis 1995, environ 2 communes sur 3 se sont dotées d'un Plan de prévention des risques (PPR) qui a pour but de définir des zones à risques et de réglementer l'usage des sols. Les zones trop exposées deviennent ainsi inconstructibles.
Dans les pays industrialisés, la prise en compte des risques technologiques ne cesse de se renforcer. En Europe, les directives Seveso permettent d'identifier les sites industriels dangereux afin d'informer les populations, de maîtriser l'urbanisation et de mettre en place des plans d'urgence en cas d'accident majeur : organisation des secours, mesures de confinement, plans d'évacuation.
À l'échelle de l'Europe, on compte environ 10 000 sites industriels Seveso dont 1 200 en France.
En France, après la catastrophe de l'usine AZF de Toulouse et depuis 2003, les communes exposées à des risques semblables ont dû se doter d'un Plan de prévention des risques technologiques.
Protéger les populations
Des mesures existent pour protéger les populations des risques, mais elles sont inégales à l'échelle de la planète. Une coopération internationale et mondiale commence à se mettre en place.
Des mesures de prévention inégales
Des mesures de protection sont prises en matière d'aménagement pour limiter les impacts d'une catastrophe éventuelle. À l'échelle mondiale, les politiques de prévention des risques naturels ou technologiques progressent. Toutefois, des inégalités entre les pays du Nord et les pays en développement demeurent.
Pour protéger les populations des risques, plusieurs mesures sont mises en œuvre :
- On édifie des digues pour faire face aux inondations.
- On reboise pour lutter contre la désertification.
- Face aux séismes ou aux cyclones, on adopte des normes parasismiques ou paracycloniques pour la construction des bâtiments.
Des inégalités existent entre les pays du Nord et les pays en développement. Ces inégalités concernant les mesures de prévention peuvent s'expliquer par :
- les carences de certains systèmes éducatifs qui empêchent une information suffisante des populations ;
- les normes de sécurité dans l'industrie des pays du Sud, dont les constructions sont souvent plus limitées ;
- l'inertie des autorités politiques ;
- le coût très élevé de certains aménagements destinés à protéger les populations.
En France et au Japon, deux pays développés, les modes de prévention des risques sont différents. En France, on s'attache surtout à définir les zones à risques, tandis qu'au Japon, on insiste beaucoup plus sur l'éducation des populations par des exercices de simulation.
Vers une coopération internationale et mondiale pour prévenir les risques
La gestion des risques s'effectue encore principalement aux échelles locales et nationales, mais plusieurs acteurs défendent aujourd'hui une coopération internationale voire mondiale pour prévenir les risques. Cela passe notamment par une meilleure gestion du réchauffement climatique, responsable de nombreuses catastrophes.
Aux échelles locale et nationale :
- L'État élabore les législations nationales.
- Les administrations publiques (préfets, communes) assurent localement la prévention et gèrent les crises en organisant les services de secours et de santé.
- Les médias jouent un rôle essentiel en matière d'information des populations.
- Les assureurs interviennent pour indemniser les victimes suite aux catastrophes.
Des acteurs collaborent aujourd'hui ensemble pour une meilleure prévention :
- À l'échelle internationale : l'Union européenne cherche à harmoniser les politiques de prévention à l'image des directives Seveso pour les risques technologiques.
- À l'échelle mondiale : l'ONU et ses différentes agences ainsi que les ONG essaient de mobiliser l'aide internationale, financière et technique pour soutenir les pays en développement victimes de catastrophes.
Après le séisme et le tsunami qui ont ravagé l'Indonésie en septembre 2018, une vingtaine de pays ont décidé d'offrir leur assistance et l'ONU a débloqué un fonds d'urgence de 15 millions de dollars.
Les institutions internationales essaient de coordonner les actions des États et des ONG en cas de crise, notamment dans le domaine sanitaire.
En 2014, en raison des difficultés des États ouest-africains pour faire face à la crise sanitaire du virus Ebola en 2014, l'OMS déclare l'épidémie « urgence de santé publique de portée mondiale ». Des États apportent une aide financière et des ONG comme Médecins sans frontières interviennent sur le terrain. L'épidémie est ainsi contenue au printemps 2015.
La prévention des risques liés au changement global se renforce. Depuis 1995, les représentants des États se réunissent presque chaque année dans le cadre de COP (Conférence des parties) afin de fixer des objectifs pour lutter contre le réchauffement climatique. Ces négociations s'appuient sur les travaux d'experts internationaux comme ceux du GIEC, groupe intergouvernemental chargé d'étudier les causes et d'évaluer les conséquences de l'évolution du climat. Leur rôle est devenu fondamental pour alerter à la fois les décideurs politiques et les citoyens à travers le monde.