Expliquer les inégalités aux échelles nationale et locale Exercice fondamental

Si les inégalités sont réelles entre les pays développés (le Nord) et les pays en voie de développement (le Sud), des inégalités internes aux États existent et se creusent à cause de la concentration de la richesse : ainsi dans le monde, les 5% les plus riches reçoivent le tiers du revenu mondial et les 5% les plus pauvres se contentent de 0,2 %.

C'est le cas dans les pays du Nord comme les États-Unis. Entre 1975 et 2006, les revenus ont augmenté en moyenne de 42% alors qu'ils ont crû de 265% pour les 1% les plus élevés. Dans ce pays, les riches touchent 15 fois plus que les plus modestes. Les ménages les 10 % les plus riches d'Europe du Nord gagnent en moyenne six fois plus que les 10 % les plus pauvres. Ces inégalités sont visibles au niveau spatial, entre les régions comme l'ancienne Manufacturing Belt aux États-Unis, plus touchée par le chômage et une difficile reconversion industrielle, à l'opposé de la Sun Belt, composée de régions attractives et dynamiques économiquement. Ces inégalités concernent aussi les pays du Sud, comme par exemple la Chine d'aujourd'hui, caractérisée par de fortes inégalités entre les hommes et les régions. On observe des inégalités dans le développement industriel et urbain ainsi que des inégalités de revenus entre villes et campagnes et entre régions littorales et intérieures. Depuis 1978, la "politique de la porte ouverte", la création des Zones Économiques Spéciales et l'ouverture de 14 villes côtières, bénéficiant d'avantages fiscaux substantiels, puis, après 1990, la priorité aux grandes villes de rang international (Shanghai, Pékin) ont favorisé le développement des régions métropolitaines de la façade orientale de la Chine.

Les inégalités concernent également les agglomérations. Ce phénomène de ségrégation spatiale touche différemment les pays du Nord et du Sud. Dans les pays développés, les centres-villes sont les espaces où les logements sont de plus en plus chers et les classes moyennes partent peu à peu vers les banlieues. D'anciens quartiers populaires se "gentrifient", c'est-à-dire qu'ils accueillent des populations aux revenus élevés. Le quartier de Harlem à New York en est un bon exemple : il y a quelques années, c'était le quartier le plus pauvre des États-Unis, mais aujourd'hui les appartements sont rachetés par des jeunes cadres supérieurs, car ils sont proches de Manhattan. Les quartiers pauvres disparaissent des centres-villes qui gardent tout de même une population précaire dispersée dans des habitats précaires ou des hôtels bon marché. Les problèmes sont délocalisés vers les banlieues qui comprennent des quartiers résidentiels mais aussi des zones d'habitat plus défavorisé. Dans certaines villes des États-Unis notamment, les quartiers fermés avec des accès contrôlés se multiplient (gated community). Ce phénomène est particulièrement marqué dans les villes des pays du Sud, où 78 % de la population vit dans des logements précaires. Le fort exode rural, conséquence de l'explosion démographique, crée aux portes des plus grandes agglomérations de gigantesques bidonvilles, comme les favelas brésiliennes ou ceux de Calcutta. Les populations aisées de ces pays se cloîtrent alors dans des résidences ultra-sécurisées à quelques mètres parfois du premier bidonville.