Sommaire
IUn développement inégal à toutes les échellesALa mesure du développementBDes inégalités à l'échelle mondialeCLes inégalités à l'échelle locale et régionaleIIDe nouveaux besoins pour 9 milliards d'habitantsALa croissance démographiqueBDes besoins croissantsIIIMettre en œuvre des modes de développement durableALes limites du développement actuelBL'idée du développement durableCLe développement durable, un concept opératoireIl existe d'importants contrastes de développement à l'échelle du monde entre des pays développés et des pays en développement, rattrapant rapidement les pays riches pour certains, accusant un retard de développement plus significatif pour d'autres. Ces inégalités s'observent aussi à l'échelle régionale et locale. À ces difficultés sociales s'ajoute une importante crise écologique mondiale.
À l'heure où la population mondiale est en augmentation et présente donc des besoins de plus en plus importants, les ressources de la planète demeurent limitées. Il est donc primordial de mettre en œuvre un développement durable, permettant le bien-être des populations actuelles et à venir.
Un développement inégal à toutes les échelles
La mesure du développement
Il existe plusieurs indices permettant de mesurer le développement d'un pays :
- Le produit intérieur brut (PIB) et le produit intérieur brut par habitant
- Le Revenu national brut par habitant
- L'Indice de développement humain
Le produit intérieur brut (PIB) est un critère économique. En effet, le PIB correspond à la somme des richesses produites dans un pays en un an. C'est cet indicateur qui est utilisé pour mesurer la croissance des pays et pour comparer leur richesse. Afin d'avoir une idée plus précise de la richesse des habitants, on utilise le PIB par habitant. Cet indicateur reste pourtant insuffisant pour avoir une idée précise de la richesse des habitants et leur niveau de développement.
La Chine est le pays qui affiche le deuxième PIB au monde en 2015 (10 966 milliards de dollars courants), donc juste derrière les États-Unis (17 946 milliards de dollars). Cependant, lorsque l'on compare le PIB/habitant, on s'aperçoit qu'il est largement inférieur au PIB/habitant des États-Unis (supérieur à 50 000$ aux États-Unis et inférieur à 10 000$ en Chine).
Ainsi, la Banque mondiale utilise désormais un critère plus significatif pour mesurer la richesse des habitants qui est le revenu national brut par habitant ou RNB (RNB/habitant). Cet indicateur permet de classer les pays dans quatre groupes : les pays à revenus élevés (supérieurs à 12 615 dollars), les pays à revenus moyens supérieurs (4085 dollars à 12 615 dollars), les pays à revenus moyens inférieurs (1036 à 4085 dollars) et les pays à revenus faibles (en dessous de 1036 dollars).
Enfin, l'Indicateur de développement humain (IDH) est le critère le plus pertinent pour mesurer le développement. Ce critère proposé par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) est un indicateur qui prend en compte plusieurs critères : l'espérance de vie (qui renseigne sur la santé des habitants), le taux d'alphabétisation des adultes et de scolarisation dans le primaire (pour mesurer le niveau d'éducation) et le revenu national brut par habitant. L'IDH varie de 0 à 1. Un pays pauvre sera proche du 0, alors qu'un pays riche sera proche du 1.
En 2012, la Norvège avait un IDH de 0,955 et Djibouti un IDH de 0,445.
L'IDH dans le monde en 2014
PNUD 2014
Des inégalités à l'échelle mondiale
Il existe de fortes inégalités à l'échelle mondiale. Il existe deux groupes de pays : les pays développés et les pays en développement. Ce ne sont pas des groupes homogènes ainsi dans les groupes des pays en développement, on peut distinguer trois groupes très différents entre eux.
Les pays développés se situent majoritairement au nord, mis à part l'Australie et la Nouvelle-Zélande qui se situent dans l'hémisphère Sud. Ces pays cumulent la plus grande partie des richesses mondiales et dominent l'économie mondiale. Ils ont des économies diversifiées et ont un IDH très élevé. Ils assurent à la majorité de leur population les besoins essentiels (santé, éducation, etc.).
Dans le groupe des pays en développement, on distingue trois groupes :
- La catégorie des pays émergents constitue un groupe très hétérogène. Plusieurs critères sont utilisés pour définir ces pays. Le critère qui fait consensus est celui de la performance économique. En effet, les pays émergents sont des pays en développement qui enregistrent une forte croissance économique et qui sont intégrés dans les flux de la mondialisation. Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) sont les pays les plus riches de ce groupe. Ils représentent 15% du commerce international. Cependant, les pays émergents connaissent encore des retards de développement (le Brésil compte encore 6% de personnes souffrant de la faim, tandis que 20% de la population indienne vit sous le seuil de pauvreté). On peut aussi intégrer dans ce groupe les pays pétroliers (Qatar, Arabie saoudite).
- Des pays qui sont en situation intermédiaire. Leur croissance économique n'est pas assez forte pour être classés dans le groupe des pays émergents et leur situation économique et sociale est supérieure à celle des pays les moins avancés. On peut mettre dans ce groupe des pays du Maghreb, d'Asie du Sud ou encore certains pays d'Amérique latine comme le Pérou ou la Bolivie.
- Enfin, il y a le groupe des Pays les moins avancés (PMA). Ces 48 pays, dont la majorité sont situés en Afrique, cumulent de nombreux retards de développement. Plus de 40% des habitants des PMA vivent dans la pauvreté extrême (moins de 1,9$ par jour), 22% sont sous-alimentés en 2015, leur taux de scolarisation et leur espérance de vie sont faibles. Les PMA ne représentent que 1% du commerce international et sont peu attractifs pour les IDE. Il existe de grandes différences à l'intérieur de ce groupe. Les PMA asiatiques enregistrent le plus de progrès par rapport aux PMA africains et à Haïti. Ces pays connaissent aussi de nombreuses difficultés politiques (corruption, guerre, dictature, etc.).
Les inégalités à l'échelle locale et régionale
Les inégalités de richesse sont présentes à toutes les échelles.
À l'échelle régionale :
- Les régions urbaines sont plus développées que les régions rurales. En effet, on trouve de nombreux services de santé, d'éducation, ou bien culturels.
- Les métropoles sont plus dynamiques que les villes intermédiaires. Elles offrent plus d'emplois, car elles cumulent les fonctions de commandement.
- Les littoraux sont plus riches et attractifs que l'intérieur des États.
À l'échelle locale :
- Il existe au sein des villes de profondes ruptures territoriales. Les bidonvilles, dans les pays en voie de développement, enregistrent d'importants retards de développement et ne cessent de grandir sous l'effet de l'exode rural.
- Dans certains quartiers, les gated communities, les populations aisées vivent barricadées. Ces zones offrent de nombreux services à leurs habitants et contrastent avec les quartiers défavorisés dans lesquels habite une part importante des habitants.
Mexico est une ville qui cumule de nombreux bidonvilles, ainsi que des gated communities, des quartiers isolés du reste de la ville, dans lesquels vivent des populations aisées.
De nouveaux besoins pour 9 milliards d'habitants
La croissance démographique
La population mondiale croît depuis 200 ans et surtout depuis les années 1950 :
- 1 milliard d'habitants en 1800
- 2,5 milliards en 1950
- 7,3 milliards en 2015
La croissance de la population ralentit. L'ONU estime que le maximum d'habitants sur Terre sera de près de 10 milliards d'habitants en 2050 et de 11 milliards en 2100.
La croissance n'est pas la même dans toutes les régions du monde :
- La croissance de la population est faible en Chine, en Europe et en Amérique du Nord. Elle est même négative dans certains pays d'Europe de l'Est (Russie, Pologne, etc.).
- La croissance de la population est modérée en Amérique du Sud, en Inde, en Indonésie et en Afrique du Nord.
- La croissance de la population est soutenue dans certains pays d'Asie du Sud et en Afrique subsaharienne.
L'Afrique compte 1,2 milliards en 2015, comptera 2,5 milliards en 2050 et 4,4 milliards en 2100.
La croissance démographique dans le monde
Cette différence s'explique par le fait que les pays du Nord ont terminé leur transition démographique alors que les pays du Sud, qui connaissent une croissance rapide, sont en train de l'achever.
Transition démographique
La transition démographique est une période au cours de laquelle la mortalité d'une population diminue en raison des progrès de la médecine et de l'amélioration des conditions de vie, tandis que sa natalité reste forte, avant de se réduire à son tour. La transition démographique est désormais achevée dans les pays développés ainsi que dans un certain nombre de pays en développement mais elle est en cours dans les pays les plus pauvres de la planète, comme en Afrique subsaharienne.
La transition démographique
La population mondiale est inégalement répartie sur la surface de la Terre. Les foyers de population regroupent l'essentiel de la population mondiale qui est de plus en plus urbaine :
- L'Asie de l'Est et du Sud est la zone la plus peuplée (Chine, Inde, Pakistan, Bangladesh, Japon, Corée du Sud et du Nord, etc.).
- L'Europe est le troisième foyer, suivi du Golfe de Guinée, du nord-est de l'Amérique du Nord, de Java, etc.
Des besoins croissants
La croissance démographique associée à l'élévation des niveaux de vie et l'urbanisation génèrent une augmentation des besoins humains et donc une pression de plus en plus importante sur les ressources limitées de la planète.
- Le défi de l'accès à l'eau : l'eau est au cœur des problématiques de gestion des ressources de la planète. Sa consommation augmente de manière considérable en raison des multiples usages que l'humanité en fait : consommations humaine, agricole, industrielle. L'accès à l'eau potable risque d'être rendu plus difficile pour une partie croissante de la population mondiale. En effet, malgré d'importants progrès enregistrés, encore 9% de la population mondiale n'a pas accès à un point d'eau amélioré.
- Le défi agricole : une population plus nombreuse a des besoins alimentaires plus importants. La hausse nécessaire des productions agricoles pose des problèmes de respect de l'environnement.
- Le défi énergétique : les besoins en énergie augmentent, les hommes devront produire 50% d'électricité en plus d'ici 2030. La production d'énergie pose un double problème : la gestion durable des réserves limitées en ressources énergétiques et les gaz à effet de serre qu'elle génère et qui contribuent au changement climatique.
- Le défi urbain : le phénomène d'urbanisation s'accélère avec la mondialisation et le développement. On estime que 75% de la population mondiale vivra en ville en 2050 (contre 50% aujourd'hui). La constitution de villes de plus en plus grandes et nombreuses soulève des enjeux écologiques (pollution, modes de transport) et pose la question de l'acheminement des ressources vers les villes.
Mettre en œuvre des modes de développement durable
Les limites du développement actuel
Le mode de développement qui a permis l'élévation du niveau de vie des pays riches et désormais des pays à forte croissance est basé sur l'utilisation des énergies primaires (charbon, puis pétrole, gaz).
La consommation énergétique, en forte croissance, pose de nombreux problèmes dont le plus important est l'émission des gaz à effet de serre. Aujourd'hui, les énergies fossiles, qui émettent les gaz à effet de serre, représentent 85% de la consommation énergétique mondiale. L'humanité est désormais confrontée au problème du réchauffement climatique.
L'industrialisation et l'agriculture intensive ont causé de nombreuses pollutions et des dommages sur l'environnement, dont la diminution de la biodiversité. De nombreux écosystèmes ont disparus.
À ces problèmes environnementaux s'ajoutent des difficultés sociales croissantes qui se caractérisent notamment par une explosion des inégalités à toutes les échelles. Dans le cadre de l'urbanisation croissante au niveau mondial, il y a de plus en plus de personnes qui vivent dans des habitats spontanés.
L'idée du développement durable
Le développement durable se fonde sur l'idée qu'il est nécessaire de trouver des modes de développement qui permettent le bien-être des individus aujourd'hui sans compromettre celui des générations futures.
Le développement durable implique donc de trouver des solutions pour mettre en œuvre les trois piliers du développement durable :
- Le pilier environnemental : il s'agit de laisser une planète viable aux générations futures (atmosphère, biodiversité, milieux fragiles). Cela inclut également la préservation des ressources limitées et essentielles à la vie humaine.
- Le pilier économique : le développement durable nécessite de permettre l'accès aux populations à un niveau de vie et de richesse suffisant pour assurer leur bien-être et d'encourager la croissance économique.
- Le pilier social : la lutte contre la pauvreté et les inégalités est au cœur de ce pilier.
La notion de développement durable a émergé en plusieurs grandes étapes :
- Le concept est défini dans le rapport Brundtland en 1987.
- En 1992, le Sommet de Rio définit la mise en place des Agendas 21, c'est-à-dire des initiatives locales à mettre en œuvre pour le développement durable au XXIe siècle. Ces recommandations concernent des domaines variés (les pollutions, la gestion des déchets et de l'eau).
- En 1997, le Protocole de Kyoto fixe des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour les pays développés, afin de lutter contre le changement climatique. Il n'est pas ratifié par les États-Unis.
- En 2002, Johannesburg accueille un sommet pour le développement durable. En 2009, un sommet sur le climat est organisé à Copenhague. Toutefois, ces rencontres internationales sont critiquées pour leur manque de résultats concrets.
- En 2015, le premier accord universel sur le climat (accord de Paris) a été ratifié par 195 États lors de la COP 21.
Le développement durable, un concept opératoire
La mise en œuvre d'un développement durable est considérée de manière très différente à travers le monde :
- L'Union européenne est fortement engagée dans des actions de développement durable (énergies renouvelables, réduction des pollutions, biodiversité). Un marché européen d'émissions de \ce{CO2} permet aux entreprises d'acheter et de vendre des droits d'émissions en fonction de leur efficacité énergétique.
- Jusqu'à présent, les États-Unis ont refusé de s'imposer des objectifs stricts sur la scène internationale en matière de développement durable.
- De nombreux pays du Sud, en pleine phase de développement économique et d'industrialisation, ont longtemps considéré le développement durable comme un luxe que les pays riches tentent de leur imposer. Même si dans les discours officiels la question environnementale a pris une place importante, leurs priorités sont de répondre aux besoins vitaux de leur population et d'assurer leur croissance économique, synonyme de consommation énergétique importante.
Le développement durable fournit un cadre opérationnel. Les projets sont mis en place à différentes échelles. À l'échelle locale, les Agendas 21 permettent de mettre en place des actions de développement durable.
Cependant, le concept de développement durable est souvent affiché mais peu appliqué. De nombreux projets dits de développement durable ne se soucient que de l'aspect environnemental et négligent l'aspect social.