Expliquer l'inégale accessibilité du territoire français Exercice fondamental

Renforcée et dynamisée par la mondialisation, l'accessibilité du territoire français n'en reste pas moins inégale. Si certains espaces stratégiques voient leur accessibilité renforcée, les angles morts du territoire et la fracture numérique sont les principales caractéristiques de cette inégale accessibilité.

Les espaces du territoire français les mieux desservis sont d'abord les métropoles qui sont souvent des nœuds de communication équipés de plates-formes multimodales comme Paris avec Roissy et Orly, Lyon avec Saint-Exupéry. Les métropoles situées à proximité des littoraux sont également ouvertes sur l'étranger, ainsi que celles qui sont localisées dans les grandes vallées (Seine et Rhône). Les métropoles des régions transfrontalières du Nord et de l'Est du pays sont également au cœur de flux et celles du Sud sont ouvertes sur la péninsule ibérique. On ajoutera que les hubs des réseaux de télécommunication sont localisés dans les principales métropoles françaises. Les façades maritimes dynamiques - celles qui assurent un "avant-pays" à la France - sont également pleinement intégrées à l'Europe et au reste du monde. Même s'ils ne sont pas au niveau des grands ports de la Northern Range, Le Havre et Marseille Fos-sur-Mer font partie des 5 premiers ports de marchandises européens et Dunkerque est également un port d'envergure mondiale. Les villes touristiques des façades atlantique et méditerranéenne sont également bien intégrées à la mondialisation et attirent également des millions de touristes européens chaque année. Enfin, les vallées alpines, bien desservies par les transports et équipées pour les sports d'hiver sont aussi bien connectées. Tous ces espaces sont les espaces les plus dynamiques et les plus attractifs. Ce sont aussi les espaces les plus peuplés donc les espaces qui génèrent le plus de trafic.

Certains espaces sont cependant enclavés ou marginalisés. Les territoires mal insérés dans la mondialisation sont principalement les espaces ruraux mal desservis par les transports, les espaces de moyenne montagne ainsi que les territoires ultramarins. Ces espaces constituent les "angles morts" du territoire français. Ces régions sont parfois traversées par des autoroutes ou des LGV, mais elles ne sont pas équipées d'échangeurs ni de gares du fait de leur faible peuplement : elles subissent ainsi "l'effet tunnel" (les flux traversent la région sans s'y arrêter). Il s'agit principalement des régions du centre de la France (la "diagonale du vide"), mais aussi de certaines zones rurales de la vallée du Rhône, traversées par l'autoroute ou la LGV sans y être connectées, des régions montagnardes et de la majeure partie de la Bretagne qui ne bénéficie pas du trafic maritime. Les entreprises y investissent peu et ces espaces subissent parfois une désertification (départ des familles les plus jeunes, perte de services publics, fermetures de commerces, etc.). Ce sont également les régions où vit 15% de la population française qui n'est pas desservie par l'ADSL.

L'accessibilité aux réseaux numériques est en effet un enjeu majeur à l'échelle du territoire. Très inégal, l'accès à ces réseaux se caractérise par une "fracture numérique". 17% des Français n'ont pas d'ordinateur à domicile, 19% des Français n'ont pas accès à Internet et 23% n'ont pas accès à Internet à domicile. De plus, 83% des foyers n'ont pas de tablette tactile. Les non-internautes sont, d'abord, beaucoup plus âgés que la moyenne : 20% ont entre 60 et 69 ans et plus d'1 sur 2 est âgé de 70 ans ou plus. Ainsi, 2 non-internautes sur 3 sont retraités. On compte également, en leur sein, un peu plus de femmes (60% contre 52% dans l'ensemble de la population). Les revenus des non-internautes sont moins importants que ceux de la population totale, en partie car la taille du foyer est plus réduite. Afin de réduire ces différences et faire en sorte que chacun puisse accéder de manière simple, rapide, et peu coûteuse aux nouveaux outils numériques, la politique de l'État passe par l'instauration d'"Espaces publics numérique", (EPN), structures d'accueil donnant accès au public aux outils informatiques qui sont déjà au nombre de 4000 en France, installés dans les bibliothèques, médiathèques, centres culturels. Des initiatives locales, menées par des collectivités territoriales, ont pour but d'équiper les HLM en Internet à haut débit, et d'inclure son prix dans les charges du logement. Quelques mesures ont été prises à Paris, Dunkerque et Angers mais ces initiatives ne se sont pas encore étendues dans de nombreuses communes françaises. Plus que l'équipement informatique lui-même, ce sont souvent les prix des abonnements Internet qui représentent un frein à son utilisation, surtout parmi les foyers à faibles revenus. La baisse des tarifs semble donc être une mesure indispensable pour lutter contre le fossé numérique.