Sommaire
IDeux siècles de bouleversements culturelsAL'humanismeBL'Europe de la RenaissanceIILes réformes et les conflits religieuxALes réformes protestantesBLa réforme catholiqueCLes conflits religieuxÀ partir du XVe siècle, des intellectuels proposent une nouvelle vision du savoir, dans laquelle l'être humain doit être au centre de tout : c'est l'humanisme. Dans le même temps, la Renaissance artistique touche l'Italie, puis le Nord de l'Europe et la France. Une nouvelle conception de l'art se met en place, avec de nouvelles techniques, comme la perspective. Les transformations des XVIe et XVIIe siècles touchent également le domaine religieux. Le monde chrétien connaît d'importants bouleversements et l'institution de l'Église est remise en cause par certains réformateurs comme Luther ou Calvin. Ils proposent un autre dogme chrétien et réfutent la pratique religieuse préconisée par le pape. Face à la propagation de leurs idées dans toute l'Europe, l'Église romaine réaffirme son dogme. Catholiques et protestants s'affrontent lors de guerres de religion dans plusieurs pays d'Europe.
Deux siècles de bouleversements culturels
À partir de la fin du XVe siècle, la façon d'envisager l'être humain et le monde est en pleine transformation. Les humanistes veulent faire progresser les connaissances dans tous les domaines. À la même époque a lieu un profond renouvellement des arts en Italie. La Renaissance se diffuse ensuite dans toute l'Europe.
L'humanisme
Les érudits revendiquent un retour aux sources de l'Antiquité et souhaitent développer l'accès des individus à la connaissance. Ils placent l'être humain au centre de tout. Ces idées humanistes se diffusent à travers l'Europe, notamment sous l'effet du développement de l'imprimerie.
Dès le XIVe siècle, des érudits proposent une nouvelle vision du savoir et critiquent le Moyen Âge, qui leur apparaît comme une période d'ignorance.
Érudit
Un érudit est une personne instruite et cultivée, qui sait notamment lire et écrire.
L'étude des langues anciennes leur permet une relecture des textes grecs et romains. L'Antiquité est leur modèle et ils apprennent le grec et le latin. Ils effectuent des recherches dans les textes antiques oubliés et les traduisent avec précision.
Les humanistes sont de grands lecteurs des auteurs antiques. Ils se caractérisent par plusieurs aspects :
- Ils s'intéressent à l'être humain et le placent au centre de leurs préoccupations.
- Ils donnent une grande importance à la vie et au plaisir.
- Ils sont curieux de tout.
- L'éducation et les études leur semblent le meilleur moyen de faire progresser l'humanité.
Érasme est un humaniste très important de l'époque. Né en 1478, il est le maître à penser d'une génération qui croit que l'être humain peut se perfectionner et devenir meilleur. Ayant résidé dans les plus grandes villes d'Europe occidentale de l'époque comme Paris, Florence ou Rome, Érasme incarne une Europe humaniste et son influence perdure tout au long du XVIe siècle. Très renommé à son époque, il est considéré comme « le prince des humanistes ». Professeur de grec, il est également un grand commentateur des textes antiques. Il meurt en 1536.
L'imprimerie, inventée par Gutenberg vers 1455, permet une grande diffusion de l'humanisme. Les livres deviennent moins chers et leur production augmente très fortement au XVIe siècle.
L'Europe de la Renaissance
Le courant de la Renaissance est un bouleversement artistique. Il s'appuie sur un retour aux textes et aux références de l'Antiquité gréco-romaine. De nombreux princes et riches marchands deviennent les mécènes des artistes, qui cherchent à reproduire fidèlement les formes et proportions du corps humain.
Mécène
Un mécène est une personne qui aide et finance des artistes ou des écrivains.
Aux XVe et XVIe siècles, les artistes italiens, comme les humanistes, se passionnent pour l'Antiquité gréco-romaine. Raphaël, Léonard de Vinci, Michel-Ange, etc., sont les génies italiens de cette époque. Leurs œuvres présentent les caractéristiques suivantes :
- Elles placent l'être humain au centre.
- Elles s'inspirent des statues antiques, souvent nues.
- Elles ne se limitent plus seulement aux œuvres religieuses.
- Elles s'appuient sur les progrès de l'anatomie pour mieux représenter le corps humain.
- Elles développent la technique de la perspective (qui donne une impression de profondeur).
La fresque L'École d'Athènes (ou Scuola di Atene), peinte par Raphaël dans le palais du Vatican entre 1508 et 1512, fait le portrait des philosophes et mathématiciens les plus célèbres de l'Antiquité (Platon, Aristote, Pythagore, etc.). Ils sont représentés dans un temple selon une parfaite perspective. Cette perspective donne l'impression que l'œuvre est réalisée en profondeur dans le mur.
Scuola di Atene, Raphael, 1511, © Musée du Vatican via Wikimedia Commons
Le statut de l'artiste de la Renaissance évolue. Il est progressivement considéré comme un créateur, qui signe ses œuvres. Pour montrer leur puissance et leur richesse, des mécènes protègent les artistes, leur versent des pensions et leur commandent des œuvres.
Berceau de la Renaissance en Italie, Florence attire les humanistes et les artistes. Laurent de Médicis, un puissant homme politique qui règne sur Florence de 1449 à 1492, en est le plus grand mécène. Il fait venir dans la ville italienne les plus célèbres artistes, qui y bâtissent des églises, sculptent des statues et créent des ateliers de peinture.
À partir du foyer situé au nord de l'Italie, la Renaissance italienne se diffuse à travers l'Europe. Le roi François Ier fait venir à sa cour des artistes comme Léonard de Vinci.
Les réformes et les conflits religieux
La foi chrétienne est très implantée au XVIe siècle et se manifeste par une profonde inquiétude face à la mort. Dans ce contexte, Luther et Calvin proposent une réforme du christianisme, en réfutant notamment le système des indulgences. L'Église catholique réagit en réaffirmant son dogme lors du concile de Trente. Au XVIe siècle, de nombreux conflits religieux opposent catholiques et protestants.
Les réformes protestantes
Au XVIe siècle, les protestants réfutent les pratiques religieuses de l'Église, comme son système d'indulgences et l'organisation de son clergé. Le protestantisme se développe dans toute l'Europe, à partir de plusieurs pôles de diffusion.
Indulgences
Les indulgences désignent le pardon des péchés accordé par l'Église en échange d'une somme d'argent qui lui est versée.
Au début du XVIe siècle, l'Église catholique traverse une grave crise. En 1517, Martin Luther, un moine allemand, conteste certaines dérives du pape et du clergé, comme les indulgences. Les indulgences lui paraissent profondément injustes pour les fidèles les plus pauvres, qui ne peuvent payer pour le pardon de leurs péchés.
Martin Luther naît en 1483 dans l'Empire germanique. Il devient professeur de théologie à l'université de Wittenberg en Saxe. Il y publie en 1517 ses « 95 thèses » contre les indulgences du pape. Excommunié par ce dernier en 1521, il est mis hors la loi par l'empereur Charles Quint puis caché par le prince de Saxe. Jusqu'à sa mort en 1546 et bien après, ses idées protestantes se diffusent à travers le Nord de l'Europe.
Cette rupture avec le catholicisme entraîne la création de l'Église protestante. Les protestants sont très critiques à l'égard du clergé qu'ils accusent de ne chercher qu'à s'enrichir.
Protestants
Les protestants sont des chrétiens appartenant à l'une des Églises réformées et rejetant l'autorité du pape et de son dogme, et notamment l'interdiction faite aux prêtres catholiques de se marier.
Les luthériens ouvrent la voie à d'autres idées de réforme comme celles de Jean Calvin, proche de Luther, mais prônant une Église réformée plus sévère et mieux organisée. Après avoir fui la France, où il est pourchassé, Jean Calvin s'installe à Genève et forme des pasteurs qui répandent la nouvelle religion en France et dans le reste de l'Europe.
Pasteur
Un pasteur est l'équivalent du prêtre dans l'Église catholique. Chez les protestants, le pasteur peut se marier et avoir des enfants.
Histoire 2nde - © Éditions HATIER 2019 via Wikimedia Commons
La réforme catholique
Face à la réforme protestante, l'Église catholique réagit en organisant le concile de Trente. Cette réforme catholique réaffirme le dogme de l'Église ainsi que son organisation.
L'Église catholique réagit tardivement à la réforme protestante. Le pape Paul III réunit donc un concile en 1545 à Trente.
Concile
Un concile est une assemblée d'évêques et de théologiens qui réfléchissent sur les croyances et les pratiques du christianisme.
Le pape tient ensuite de nombreuses sessions, jusqu'en 1563. Le concile de Trente réaffirme tous les dogmes catholiques rejetés par les protestants, tout en précisant :
- l'importance des sept sacrements ;
- l'utilité du culte de la Vierge et des saints ;
- l'affirmation de l'autorité du pape sur l'Église ;
- la condamnation des abus de certains membres du clergé qui se sont enrichis.
Le Concile de Trente, fresque de Pasquale Cati, 1588, © Santa Maria in Trastevere (Rome) via Wikimedia Commons
Les conflits religieux
Au XVIe siècle, l'Europe est divisée entre catholiques, qui sont fidèles au pape, et protestants. Ceux-ci s'affrontent lors de plusieurs guerres de religion, qui conduisent parfois à des massacres.
Au XVIe siècle, les guerres de religion opposent les protestants aux catholiques dans plusieurs royaumes européens comme la France, le Saint Empire romain germanique ou les Pays-Bas.
Entre 1562 et 1598, la France connaît 8 guerres de religion. L'un des épisodes les plus marquants est le massacre de la Saint-Barthélemy en 1572. Les nobles protestants et leurs partisans, réunis à Paris pour célébrer le mariage d'Henri de Navarre avec la sœur du roi Charles IX, sont massacrés et jetés dans la Seine. Ce massacre, qui dure plusieurs jours et frappe les communautés protestantes d'autres villes, aurait causé la mort de 10 000 à 30 000 protestants.
Les guerres s'achèvent par des « paix de religion ». Dans le Saint Empire romain germanique, Charles Quint signe la paix d'Augsbourg en 1555 : elle laisse la possibilité à chaque prince de choisir sa religion et de l'imposer à ses sujets. En France, le roi Henri IV met fin aux guerres avec l'édit de Nantes en 1598, qui accorde la liberté religieuse à tous les sujets du royaume.
Toutefois, les paix de religion sont fragiles : le conflit reprend dans le Saint Empire romain germanique entre 1618 et 1648, avec la guerre de Trente Ans. Celle-ci implique également la plupart des grands royaumes européens.