L'île de Cuba, dirigée par Fidel Castro depuis 1959, est confrontée à l'hostilité croissante des États-Unis et se rapproche de l'URSS. Les Soviétiques y installent des missiles pointant sur le territoire américain. S'engage alors un bras de fer entre les deux puissances qui fait craindre au monde une guerre nucléaire.
Khrouchtchev fait marche arrière et Kennedy sort renforcé de cette crise. Conscients de devoir limiter la course à l'armement, les deux Grands entrent dans la période de la Détente.
Les origines de la crise
L'île de Cuba, située à 150 km au Sud de la Floride, est un État sous l'influence des États-Unis durant la première moitié du XXe siècle. En 1959, une révolution dirigée par Fidel Castro assisté de Che Guevara, renverse le régime pro-américain de Batista.
Le nouveau gouvernement, très critique à l'égard de l'impérialisme des États-Unis, rencontre une hostilité croissante de la part de Washington et se rapproche de l'URSS. En juillet 1960, Che Guevara annonce que Cuba fait partie du camp socialiste. En août, les États-Unis décrètent un embargo sur le commerce avec Cuba. Castro réplique par une nationalisation d'intérêts américains à Cuba en octobre 1960. En janvier 1961, c'est la rupture diplomatique entre Washington et La Havane. En avril 1961, des opposants cubains au régime castriste réfugiés aux États-Unis organisent un débarquement dans la baie des Cochons à Cuba. Cette attaque, orchestrée par la CIA, est un échec cuisant. Les États-Unis soumettent alors Cuba à un embargo. La rupture est totale.
Embargo
Un embargo est une mesure adoptée pour interdire l'exportation d'un ou de plusieurs biens en direction d'un pays donné.
"Che" Guevara (à gauche) et Fidel Castro (à droite) en 1961
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Le déroulement de la crise
La crise de 1962 fait craindre au monde entier le déclenchement d'un conflit nucléaire entre les États-Unis et l'URSS :
- En mai 1962, Khrouchtchev lance l'opération Anadyr, qui consiste à installer des missiles nucléaires à Cuba.
- Le 14 octobre 1962, un avion-espion américain, un U2, prend des photographies à haute altitude de bases de missiles en construction à Cuba. Une nouvelle mission est organisée avec prise de photographies qui apportent la preuve de la présence de bases de lancement de fusées, mais aussi de conseillers soviétiques, de bombardiers Iliouchine et d'une quarantaine de fusées de 1500 à 3000 km de portée.
- Des cargos soviétiques, transportant probablement des ogives nucléaires qui pourraient êtres installées et opérationnelles en une dizaine de jours, sont repérés dans l'Atlantique.
- Le 22 octobre 1962, Kennedy prononce une allocution télévisée dans laquelle il annonce le blocus naval de l'île et exige le retrait des missiles. Il est très ferme à la télévision et prouve, photographies à l'appui, que Cuba a des rampes de missiles soviétiques. Il décrète la mise en quarantaine de Cuba avec un blocus de l'île par la flotte américaine. Les États-Unis s'arrogent un droit de contrôle en pleine mer des navires soviétiques, pour interdire la livraison à Cuba des ogives nucléaires. Les forces américaines sont mises en état d'alerte générale. Il porte enfin l'affaire devant le conseil de sécurité de l'ONU.
- Le monde suit désormais avec anxiété l'avance des cargos soviétiques qui s'approchent des bâtiments de l'US Navy, tout incident naval pouvant entraîner une Troisième Guerre mondiale, nucléaire.
- Le 26 octobre 1962, une lettre de Khrouchtchev parvient à Kennedy et laisse entendre qu'il est prêt à négocier. Khrouchtchev cède, et les navires soviétiques font demi-tour.
- Les Soviétiques négocient le retrait des fusées de Cuba en échange du retrait de certains missiles américains en Turquie et de l'engagement de ne plus intervenir à Cuba.
Photographie aérienne des missiles installés à Cuba
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Les conséquences de la crise
Le dénouement de la crise en faveur des États-Unis a des conséquences immédiates :
- Kennedy apparaît comme le vainqueur et sort renforcé de la crise. Il a su rester modéré et sobre dans la victoire. Ce succès contribuera largement au développement du "mythe Kennedy".
- À l'inverse, Khrouchtchev est affaibli, il est accusé par son propre camp d'avoir reculé. Le gouvernement cubain considère qu'il a été abandonné par les Soviétiques.
La crainte d'un affrontement nucléaire direct entre les deux Grands modifie leurs rapports et permet de prendre conscience du risque d'une escalade de la violence. L'URSS et les États-Unis cherchent à apaiser leurs relations. La crise de Cuba marque l'apogée de la guerre froide, et le début d'une période d'apaisement : la Détente.
- Le téléphone rouge est installé entre Moscou et Washington à partir de 1963 et permet d'établir une discussion directe entre les présidents des deux grandes puissances.
- Des discussions sont engagées pour limiter l'arsenal nucléaire.
- La Détente a des conséquences dans les rapports entre l'URSS et la Chine. En effet, cette dernière critique la politique d'apaisement des Soviétiques à l'égard des États-Unis.
Le téléphone rouge, symbole de la Détente
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