Sommaire
IVers la conquête du continentAUn continent méconnu au début du XIXe siècleBLes motivations de la colonisation de l'AfriqueIIUn continent sous domination européenneALa "course au clocher"BL'ordre européen en AfriqueMis à part quelques comptoirs commerciaux en Afrique installés depuis le XVe siècle, l'Afrique intéresse peu les Européens au début du XIXe siècle.
Dans le cadre de la révolution industrielle et des rivalités nationales entre les États européens, ces derniers se lancent dans une course aux colonies en Afrique à partir des années 1880. Malgré la conférence de Berlin qui a pour but de donner des règles à la conquête coloniale, des tensions éclatent entre les États colonisateurs.
La majeure partie de l'Afrique est conquise et les peuples colonisés vivent sous la domination des Européens.
Vers la conquête du continent
Un continent méconnu au début du XIXe siècle
Les Européens connaissent peu l'Afrique au début du XIXe siècle :
- Ils sont installés dans des comptoirs commerciaux sur les littoraux depuis le XVe siècle, mais n'ont que très peu connaissance de l'intérieur des terres.
- Cela s'explique par leur manque d'intérêt pour ce continent, par les difficultés climatiques naturelles, et par la résistance des peuples du littoral qui toléraient les comptoirs européens sur le côtes mais les laissaient rarement pénétrer à l'intérieur.
- Les seuls Européens qui parcourent le continent sont des explorateurs (Pierre Savorgnan de Brazza au Congo, René Caillié au Mali, Livingston qui remonte le fleuve Zambèze, etc.) et des missionnaires chrétiens.
- La conquête de l'Algérie par les Français à partir de 1830 et de l'Afrique du Sud par les Britanniques font figure d'exception.
René Caillié "habillé en Arabe" en 1830
Les motivations de la colonisation de l'Afrique
À partir des années 1880, plusieurs facteurs expliquent l'intérêt grandissant des Européens pour l'Afrique :
- L'industrialisation de l'Europe pousse les Européens à rechercher les matières premières dont le continent africain regorge. Jules Ferry déclare que "la politique coloniale est fille de la politique industrielle".
- Ensuite le nationalisme montant des États européens leur donne une soif de prestige qu'ils peuvent assouvir en contrôlant de nouveaux territoires.
- Enfin, la dimension "humanitaire" et "civilisatrice" de l'œuvre coloniale, justifiée par la "supériorité de l'homme blanc", est le troisième facteur, celui qui justifie les conquêtes et la colonisation. Les Européens sont convaincus que "l'homme blanc" est investi d'une "mission civilisatrice" et qu'il doit permettre aux Africains de "sortir de l'obscurantisme".
Février 1899
Le discours colonial : "Le fardeau de l'homme blanc" de Rudyard Kipling
Ô Blanc, reprends ton lourd fardeau :
Envoie au loin ta génération choisie,
Jette tes fils dans l'exil
Pour servir les besoins de tes captifs,
Pour, bien harnachés, veiller
Sur les peuples sauvages, errants,
Tes peuples récemment conquis,
Mi-diables, mi-enfants.
(...)
Ô Blanc, reprends ton lourd fardeau,
Les sauvages guerres de la paix
Nourris la bouche de la famine
Fais la maladie cesser ;
Et lorsque tu toucheras au but
Que pour ces autres tu désires,
Regarde les indigents et les païens
Par leur folie tous tes espoirs anéantir.
Ô Blanc, reprends ton lourd fardeau :
Non pas quelque œuvre royale,
Mais un travail de serf, de tâcheron,
Un labeur commun et banal.
Les ports où nul ne t'invite,
Les routes dont tu ne t'approches,
Va, construis-les de ta vie,
Marque-les de tes morts.
(...)
Un continent sous domination européenne
La "course au clocher"
La "course au clocher" désigne la compétition à laquelle se sont livrées les puissances européennes pour conquérir le plus de territoires possibles, compétition lancée lors de la conférence de Berlin tenue en 1885. La conquête de l'Afrique engage une course aux colonies :
- La France impose un protectorat à la Tunisie en 1881 et colonise l'Afrique de l'Ouest. Elle cherche aussi à s'installer en Afrique de l'Est.
- Le Royaume-Uni s'empare de l'Égypte en 1882 puis de l'Afrique méridionale.
- L'Espagne et le Portugal ont plus de difficultés à s'installer dans le continent.
- La Belgique (qui conquiert le Congo), l'Allemagne (avec le Cameroun, le Togo, etc.) et l'Italie (Libye, Somalie, etc.) entrent plus tard dans la mêlée.
Afin de définir les règles de la colonisation du continent, la conférence de Berlin en 1885, décide qu'un État ne peut revendiquer un territoire que s'il l'occupe militairement.
Malgré ces règles, les tensions entre les États européens engagés dans la colonisation de l'Afrique demeurent, comme en témoigne l'incident de Fachoda entre Britanniques et Français en 1898 ou encore les crises marocaines entre la France et l'Allemagne en 1905 et 1913.
Les résistances des peuples africains sont nombreuses, mais à part la victoire des Éthiopiens d'Adoua en 1896 sur les Italiens, elles échouent, en raison de la supériorité en armes des Européens.
La crise de Fachoda vue par un journal anglais : "Peuple français : Eh bien, si je ne peux pas avoir l'os, je serai satisfait si vous me donnez les restes"
Joseph Morewood Staniforth en 1898
L'ordre européen en Afrique
Trois aspects caractérisent la colonisation de l'Afrique :
- Des Européens (administrateurs, colons, commerçants, etc.) sont envoyés dans les colonies conquises par l'armée aux statuts juridiques divers (colonie, protectorat, mandat, dominion).
- Les peuples colonisés sont soumis aux Européens. Ils leur sont inférieurs en droit et subissent une violence institutionnalisée, comme avec le Code de l'indigénat dans les colonies françaises. Le travail forcé est courant.
- Les colonies sont exploitées économiquement. Les matières premières sont exploitées et dirigées vers l'Europe, tandis que les colons s'approprient les meilleures terres agricoles.