Quels rôles les médias jouent-ils en France durant la Seconde Guerre mondiale ?
Quelle est la figure centrale de la propagande du régime de Vichy ?
Quelle radio est la base de la propagande allemande durant l'Occupation ?
De quelle radio de Gaulle émet-il son appel du 18 juin ?
Dès l'invasion de la France en mai 1940, les médias et l'opinion publique se retrouvent au cœur des enjeux d'informations. Censure, propagande et question juive sont les principaux aspects de la question durant cette période troublée.
L'occupation allemande est très vite synonyme de la fin de la liberté de la presse. Les autorités allemandes vont en effet porter une attention particulière aux contrôles des médias français durant l'Occupation. Le 8 juillet 1940, à la suite de l'armistice entre la France et l'Allemagne, Otto Abetz est nommé ambassadeur de l'Allemagne le 3 août 1940, poste qu'il conserve jusqu'en 1944, et organise notamment le contrôle de la production littéraire et journalistiques. Dès l'été 1940, il donne son prénom à la liste Otto des ouvrages interdits par la censure allemande. Les institutions prestigieuses sont aussi très vite contrôlées comme l'Académie française, l'Académie Goncourt, la Nouvelle Revue française. On censure également les manuels scolaires notamment ceux faisant l'éloge de la France. La radio est également concernée. Les autorités allemandes dans la France occupée et le gouvernement de Vichy dans la France libre tentent de brouiller les émissions de Radio-Londres pour les rendre inaudibles. La Gestapo surveille les communications : des fourgons spéciaux équipés d'une antenne tournante (un radio-goniomètre) détectent les signaux radios et indiquent la direction de l'émetteur T.S.F . Contrôle également des actualités cinématographiques qui présentent les succès de l'Axe et minimisent les succès Alliés. Le cinéma n'est pas en reste. La grande majorité de la profession reste active et se retrouve assujettie à une double censure : celle de Vichy et celle du département du cinéma de la propagande allemande, dirigé par le Docteur Dietrich.
Pendant l'Occupation, la population française subit non seulement la propagande nazie mais aussi la propagande et la censure du régime de Vichy, à travers la presse, les campagnes d'affichages, la radio, les actualités et documentaires cinématographiques. Pour la contrer la résistance s'organise, de l'étranger par le biais d'émissions radio, et sur place avec les moyens du bord. L'une des particularités de la propagande du régime de Vichy c'est l'accent mis sur la figure emblématique du maréchal Pétain. Son portrait décliné sous la forme du vainqueur de Verdun, du sauveur, du père, du grand père, est tiré a des millions d'exemplaires, sur différents supports (timbres postes, affiches) et sert de base à une propagande collaborationniste qui vise à normaliser l'occupation mais qui aussi accompagne les discours d'un régime qui monte en épingle le passé national glorieux et prône la révolution nationale (travail, famille, patrie) pour rassembler tous les Français. Après la débâcle et la défaite, la radio doit devenir le principal instrument de propagande du nouvel "État français" et de sa politique réactionnaire. Cependant, les émetteurs sont aux mains des Allemands en zone nord occupée. Donc une onde unique et à caractère national va émettre installée au casino de Vichy : "Radio Vichy". L'audience reste faible cette radio est trop orientée vers la politique intérieure du Maréchal, et dédaigne la politique extérieure et les événements liés à la poursuite de la guerre. Pendant ce temps, en zone occupée La Propaganda Abteilung in Frankreich lance Radio Paris dès le 18 juillet 1940. Avec des moyens financiers importants, cette radio allemande en langue française recrute de nombreux journalistes collaborationnistes. Elle joue sur le même créneau divertissement que sa consœur de Vichy, profitant des nombreux concerts et spectacles donnés à Paris. Du coté cinéma, les films projetés sont précédés d'un journal d'actualités et d'un documentaire qui développe une propagande d'intérêt national sur des thèmes rassembleurs : le passé glorieux de la Nation, les discours du gouvernement français, le thème de la révolution nationale (travail, famille, patrie), et l'imagerie maréchaliste. Dans la zone Sud, ils sont aussi proposés dans le cadre de séances éducatives, destinées aux écoles et aux entreprises. Ils sont également diffusés dans les camps et les centres de formation de la jeunesse. Enfin, des salles de cinéma sont aménagées dans le cadre des grandes expositions organisées en zone occupée. Du coté de la Résistance, elle s'organise et met en scène de jeunes patriotes nationaux sur des tracts des affiches souvent imprimées avec des moyens rudimentaires au pochoir ou avec des gravures sur bois pressées à la main, pour redonner confiance au peuple et capter son attention sur un futur ou la victoire est au bout du tunnel. Les Français à l'affût du moindre signe d'espoir contre l'occupation vont se tourner ver la voix des ondes pour chercher une information qui leur fait cruellement défaut. À partir de l'appel du 18 juin lancé par de Gaulle depuis Londres qui appelle à ne pas cesser le combat et à résister, on écoute beaucoup la BBC dans les foyers français malgré le brouillage et les sanctions sévères encourues. Le succès est dû au fait que les bulletins d'informations (12 par jour en 1944) rapportent assez fidèlement la réalité et sont plutôt objectifs dans les renseignements portant sur le déroulement de la guerre. Par cette radio, la France Libre légitime son action et sa raison d'être. Ses programmes ont joué comme un effet de contre-pouvoir face à la propagande vichyste et à celle encore plus puissante des nazis. Ainsi, n'étant pas totalement coupée des réalités, la population française a pu conserver un espoir et, pour certains, la volonté d'agir contre l'occupant.
Enfin, la période est marquée par le positionnement de l'opinion sur le sort réservé aux Juifs. L'historiographie actuelle s'accorde aujourd'hui à distinguer trois aspects : la passivité des années 1940 et 1941, le tournant de l'année 1942 et la dimension de l'aide apportée aux Juifs persécutés. En 1940 et 1941, l'apathie et la léthargie de l'opinion dominent, la population est préoccupée par le ravitaillement, le sort des prisonniers et le statut des Juifs d'octobre 1940 et celui de juin 1941 sont accueillis sans état d'âme. Tout change avec les grandes rafles de l'été 1942. On assiste alors à un revirement capital de l'opinion. La violence et la cruauté de la persécution apparaissent au grand jour et les autorités religieuses, catholiques et protestantes, condamnent publiquement les méthodes employées. Le réveil des consciences se conjugue avec l'impopularité croissante du gouvernement. La chaîne de solidarité se met en place (établissements religieux, écoles, pensionnats, orphelinats, familles). 45 000 enfants de moins de 15 ans ont ainsi échappé à la mort. Grâce à cette protection au sein de la population, les trois quarts des Juifs de France ont pu être soustraits à la solution finale.
- Les médias français sont censurés et contrôlés dès le début de l'occupation allemande.
- La propagande de Vichy et de l'occupant vise à détourner l'opinion des informations reçues de la Résistance.
- Peu central aux débuts de l'Occupation, le sort des Juifs le devient pour l'opinion dès 1942.