Sommaire
IMédias et opinion publique dans les crises de 1880 à 1945AL'âge d'or de la presse écrite (1880 - 1914)1La liberté de la presse2L'essor de la presse écrite et de l'opinion publique3Presse populaire et presse d'opinionBLes crises de la IIIe République de 1880 à 19181La presse relaie les scandales de la république2L'affaire Dreyfus3La presse et la Première Guerre mondialeCMédias et opinion publique de 1918 à 19451Un renouvellement des médias2La crise du 6 février 1934 et le Front populaire3Les médias à l'épreuve de la guerreIILes médias et l'opinion publique de 1945 aux années 1970ALes évolutions des médias au lendemain de la guerre1La diversification de la presse écrite2L'essor de la radio et de la télévisionBLe contrôle de l'État1Le contrôle renforcé de l'État2Mai 1968, la contestation du contrôle de l'ÉtatIIIL'avènement de la société de la communicationALa reconfiguration des médiasBUne tyrannie de l'opinion ?La liberté de la presse apparaît en 1881 et permet le développement de la presse écrite. Les médias, et surtout la presse d'opinion, sont désormais les relais de l'opinion publique qui se développe mais ils l'influencent aussi en retour. La condamnation de Dreyfus pour trahison se transforme en véritable crise politique suite à la révélation de « l'affaire » par la presse. Les médias prennent position et l'opinion publique se divise en deux. Ce rôle dynamique que joue la presse dans l'opinion publique française est mis entre parenthèses durant la Première Guerre mondiale, à cause de la censure.
Durant l'entre-deux-guerres, la radio fait son apparition mais c'est encore la presse écrite qui joue un rôle essentiel durant les crises politiques. Le 6 février 1934, les incidents qui se déroulent en marge de la manifestation des ligues d'extrême droite provoquent une importante mobilisation de la presse et de l'opinion publique. Ces émeutes permettent la constitution du Front populaire.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les médias sont censurés et il faut attendre la Libération pour que la liberté de la presse soit réinstaurée. La télévision conquiert de plus en plus de place dans la société française, mais à l'instar de la radio qui est désormais présente dans la majorité des foyers, elle est contrôlée par l'État.
La guerre d'Algérie provoque le retour de la censure et les journaux qui contredisent la version officielle subissent l'action répressive de l'État. Rétablie après le conflit, la liberté de la presse suscite d'importants débats pendant le mouvement social de mai 1968 durant lequel la société française critique le rôle trop important que joue l'État dans la diffusion des informations. Il faut attendre 1974 et surtout 1981 pour que l'ensemble des médias jouissent d'une complète liberté.
La sphère médiatique subit de profondes transformations depuis les années 1990. La presse écrite décline et la plus grande facilité à s'exprimer permise par Internet brouille la séparation classique entre médias et opinion publique.
Médias et opinion publique dans les crises de 1880 à 1945
L'âge d'or de la presse écrite (1880 - 1914)
La liberté de la presse
Lors de l'installation de la IIIe République, les républicains au pouvoir mettent en place une série de lois visant à garantir les libertés individuelles et collectives. La loi du 29 juillet 1881 garantit la liberté de la presse. Il est désormais possible de publier sans autorisation préalable. Cette liberté n'est pas sans limite, elle interdit les incitations aux crimes, aux délits et à la diffamation.
Suite aux attentats commis par les anarchistes, la liberté de la presse est réduite avec les lois dites « scélérates » en 1893. Ces lois élargissent les délits de presse et interdisent la diffusion des idées anarchistes.
L'essor de la presse écrite et de l'opinion publique
La liberté de la presse a pour conséquence une augmentation du nombre de journaux imprimés. Cet essor de la presse s'explique aussi par l'amélioration des moyens techniques de production et de diffusion des journaux :
- Les rotatives, apparues au XIXe siècle, permettent une impression massive des journaux.
- L'amélioration des transports et des moyens de communication permet aux journalistes de se déplacer et d'avoir accès à des informations plus rapidement.
La France des débuts de la IIIe République voit alors le développement d'une opinion publique :
- Les lois scolaires de Jules Ferry de 1881 - 1882 permettent à toutes les classes de la population d'être en mesure de lire la presse écrite.
- Les journaux deviennent plus accessibles grâce à la baisse de leur prix, rendue possible par les progrès techniques.
- Les caricatures, par leur aspect simplificateur et évocateur, sont fréquemment utilisées.
Presse populaire et presse d'opinion
Les journaux se multiplient. Ceux qui se vendent le plus font partie de la presse populaire, ils mettent en avant les faits divers, le divertissement et le sensationnel. On trouve notamment :
- Le Petit Journal, un des journaux les moins chers de la fin du XIXe siècle (5 centimes contre 15 centimes en moyenne pour les autres journaux). Le Petit Journal connaît un essor considérable en couvrant les faits divers sensationnels. Il est imprimé à plus d'un million d'exemplaires dans les années 1890, ce qui en fait un des journaux les plus imprimés au monde.
- Le Petit Parisien est un des principaux journaux de la IIIe République. Il est tiré à un million d'exemplaires dans les années 1890. Il est plutôt de gauche mais conserve une position très modérée.
La presse d'opinion touche un public moins large :
- L'Humanité, fondé en 1904 par Jean Jaurès, est un journal de gauche.
- L'Assiette au beurre est un journal satirique français inspiré par les idées anarchistes et socialistes.
- La Croix est un journal catholique conservateur.
- L'Action française de Charles Maurras et La Libre Parole d'Édouard Drumont sont des journaux d'extrême droite.
Les crises de la IIIe République de 1880 à 1918
La presse relaie les scandales de la république
La France affronte de nombreuses crises dont les rebondissements sont suivis par la presse.
Le scandale de Panama éclate à la fin des années 1880. C'est une affaire de corruption impliquant des parlementaires. La présence d'un financier de confession juive dans le scandale attise les sentiments antisémites.
L'affaire Boulanger, quant à elle, éclate entre 1889 et 1891. Le général Boulanger est un homme politique très apprécié par le peuple, au point que le gouvernement préfère le mettre à l'écart. Soutenu par un fidèle électorat, Boulanger parvient à remporter plusieurs élections et obtient un siège parisien le 27 janvier 1889. Il est accusé par le gouvernement de complot et d'attentat et fuit à l'étranger avec son amante. Il se suicide en 1891.
L'affaire Dreyfus
Les Français sont traumatisés par la défaite humiliante lors de la guerre franco-prussienne de 1870 à la suite de laquelle la France a perdu l'Alsace-Lorraine. Les histoires d'espionnage, inventées ou réelles, se multiplient.
L'affaire Dreyfus en est le plus flagrant exemple. C'est le journal La Libre Parole (journal antisémite d'extrême droite dirigé par Édouard Drumont) qui révèle ce scandale et le médiatise le 1er novembre 1894.
Un officier juif, Alfred Dreyfus, est accusé d'avoir trahi la France au profit de l'Allemagne. Il est condamné au bagne à perpétuité en décembre 1894.
À partir de 1897, l'affaire prend un nouveau tour. La culpabilité de Dreyfus est remise en cause. Chaque jour est l'occasion de lire un nouveau rebondissement, comme s'il s'agissait d'un feuilleton en plusieurs épisodes.
La presse et l'opinion se divisent autour de la question. Nombreux sont les journaux qui soutiennent la culpabilité de Dreyfus, tels que La Croix et Le Petit Journal : ce sont les antidreyfusards.
D'autres journaux affirment l'innocence de Dreyfus : ce sont les dreyfusards. Le 13 janvier 1898, Zola publie dans L'Aurore un article intitulé « J'accuse... ! ». Ce plaidoyer en faveur de Dreyfus est édité à plus de 200 000 exemplaires. Les personnes qui prennent position pour Dreyfus seront qualifiées avec mépris d'« intellectuels ».
Cette crise et la manière dont s'en sont emparées la presse et l'opinion publique ont des conséquences :
- La société française s'interroge sur les valeurs de la république : certains ont défendu la raison d'État ou l'armée alors que d'autres ont mis en avant le respect des Droits de l'homme et de la justice.
- De plus, l'affaire a révélé l'antisémitisme d'une partie de l'opinion et de la presse, avec la reprise de stéréotypes sur les Juifs.
Maurice Barrès écrit à propos de Dreyfus : « Que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race ».
La presse et la Première Guerre mondiale
À la veille de la Première Guerre mondiale, la presse écrite est très diffusée au sein des foyers français. En 1914, ce sont plus de 9 millions de journaux qui sont imprimés quotidiennement.
La montée des tensions est amplement commentée dans les journaux et une violente campagne médiatique est lancée contre Jean Jaurès qui défend la paix. Il meurt assassiné le 31 juillet 1914.
Le déclenchement de la guerre provoque la suspension de la liberté de la presse. Pour soutenir l'effort de guerre, les divisions politiques doivent être étouffées et l'Union sacrée doit être maintenue.
La censure entre en vigueur, la presse doit obtenir des autorisations avant toute publication. Les journaux reprennent le discours officiel, ils exaltent le patriotisme et méprisent l'ennemi. L'expression « bourrage de crâne » est utilisée pour définir cette propagande officielle.
C'est en 1915 que paraît pour la première fois Le Canard enchaîné, un journal satirique qui cherche à maintenir par des procédés comiques une certaine liberté d'expression.
Médias et opinion publique de 1918 à 1945
Un renouvellement des médias
La fin de la Première Guerre mondiale annonce le retour de la liberté de la presse. Cette période est marquée par une diversification et un renouvellement des médias :
- La moitié des journaux d'avant-guerre disparaissent.
- De nouveaux titres font leur apparition.
- La presse engagée reprend son activité.
Dans l'entre-deux-guerres, la radio apparaît. Elle se diffuse au sein des foyers, plus de la moitié des Français est équipée d'un poste dans la fin des années 1930. Des stations privées comme Radiola ou Radio PTT sont soumises à une autorisation de l'État, elles côtoient des radios publiques comme Radio-Paris. Le pouvoir exerce cependant un contrôle sur les radios qui ne prennent pas part aux débats politiques.
Le président du Conseil Édouard Daladier crée une administration chargée du contrôle de la radio en 1939.
La crise du 6 février 1934 et le Front populaire
Dans les années 1930, la France est frappée par une crise économique et politique.
La crise économique, qui démarre aux États-Unis, touche la France plus tardivement que ses voisins européens mais aussi plus longuement. Cette crise a pour conséquence une augmentation du chômage et de la pauvreté.
La crise politique est marquée par le développement de l'antiparlementarisme. Les communistes critiquent la république parlementaire assimilée à une « république bourgeoise ». Les ligues d'extrême droite, dont l'audience croît, critiquent un système qu'elles jugent trop faible et corrompu et souhaitent la mise en place d'un régime avec un exécutif fort. La presse d'opinion est le porte-parole de ces différentes positions.
À la fin de l'année 1933, l'affaire Stavisky implique des ministres et des députés de gauche dans une affaire de corruption et amplifie l'antiparlementarisme. Le 6 février 1934, le jour où Daladier se présente devant la Chambre des députés, les ligues d'extrême droite appellent à manifester. Les manifestants tentent de se rendre devant l'Assemblée nationale et la manifestation se transforme en une émeute qui fait quinze morts et plusieurs centaines de blessés. L'événement est repris dès le lendemain par les médias. La presse d'extrême droite dénonce la répression des « assassins » alors que la presse de gauche parle de la menace d'un « coup d'État » des fascistes en France. Le gouvernement démissionne.
Cette crise montre le rôle que la presse et l'opinion publique jouent désormais dans la politique française. Pour la première fois, l'opinion et la presse font chuter un gouvernement. La presse de gauche, en développant l'idée de la menace fasciste, réussit à solidariser la gauche qui manifeste le 14 juillet 1935 et permet la victoire du Front populaire en 1936.
Au sujet du Front populaire, la presse se divise en deux :
- Certains journaux comme L'Humanité et Marianne le soutiennent.
- D'autres journaux critiquent le gouvernement. La presse d'extrême droite est particulièrement virulente. Une campagne médiatique menée par le journal Gringoire accuse à tort le ministre de l'Intérieur, Roger Salengro, d'avoir déserté pendant la guerre. Le ministre finit par se suicider en laissant sur sa table un exemplaire du journal.
Les médias à l'épreuve de la guerre
Durant la Seconde Guerre mondiale, les médias sont instrumentalisés. Dès le début du conflit, le gouvernement organise la censure. La débâcle, l'arrivée des troupes allemandes, l'occupation de la France et la prise de pouvoir par Pétain ont pour conséquence un contrôle total des médias. Les Allemands interdisent tous les journaux en 1940. La presse dans la France de Vichy relaie la propagande officielle : on parle de presse collaborationniste.
Dans ce contexte, la diffusion des journaux diminue, les Français semblent moins intéressés par une presse qui n'est qu'un relais de la propagande du gouvernement. La radio devient un média privilégié et la « guerre des ondes » démarre dès le début du conflit.
- Radio-Stuttgart émet des informations dont l'objectif est de démoraliser les Français.
- Le 18 juin 1940, le général de Gaulle lance un appel à la résistance depuis la radio anglaise BBC. Même s'il ne reçoit en réalité qu'une faible écoute, cet appel est considéré comme un symbole marquant le début de la Résistance.
- Radio-Paris est totalement sous contrôle des Allemands.
- La BBC, à Londres, diffuse des émissions adressées aux Français et notamment « Les Français parlent aux Français ».
- Radio-Brazzaville puis Radio-Alger deviennent les radios de la France libre de De Gaulle.
Enfin, la Résistance publie aussi des journaux, assimilés à de la presse clandestine : L'Humanité, Libération, Combat ou encore Témoignage chrétien.
Les médias et l'opinion publique de 1945 aux années 1970
Les évolutions des médias au lendemain de la guerre
La diversification de la presse écrite
La presse écrite est renouvelée au lendemain de la guerre :
- Certains journaux, qui ont été le relais de la propagande officielle, sont supprimés.
- Des journaux de la Résistance se maintiennent au lendemain de la guerre. C'est le cas de Combat ou de France-Soir.
- D'autres journaux qui ont été interdits pendant la guerre, comme L'Humanité, sont autorisés à la Libération.
- Des journaux sont créés. La naissance du Monde, fondé par Hubert Beuve-Méry, est permise par l'action de De Gaulle.
- Un nouveau type de presse apparaît. Il s'agit des magazines, tels que L'Express, Le Nouvel Observateur ou Paris Match.
Malgré ce renouvellement, la presse écrite subit de plus en plus la concurrence de la radio et de la télévision en plein essor.
L'essor de la radio et de la télévision
En effet, la radio, déjà fortement implantée avant la guerre, se généralise. Alors que plus de 50 % des foyers sont équipés d'un poste avant le conflit, ce sont 90 % des foyers qui en possèdent un dans les années 1960. Le nombre de postes de radio dépasse alors les 10 millions.
De plus, l'apparition du transistor rend la radio mobile. Le pouvoir continue d'utiliser cet outil de communication. Pierre Mendès France, chef du Conseil de 1954 à 1955, a pour habitude d'expliquer l'actualité du pays aux Français dans ce qu'il nomme ses « causeries ».
La télévision connaît elle aussi un essor spectaculaire. Le nombre de familles françaises qui possèdent un téléviseur passe de 5 % en 1958 à 61 % en 1968. Les premiers journaux télévisés apparaissent en 1949.
Le contrôle de l'État
Le contrôle renforcé de l'État
En 1944, la liberté des médias est réinstaurée, mais l'État exerce tout de même un contrôle, notamment avec la création de la Radiodiffusion-télévision française (RTF) en 1949. La télévision est le monopole de l'État. Les journalistes de la RTF doivent respecter un « cahier de consignes ».
Par la suite, des radios privées (« radios périphériques ») apparaissent, comme Radio Luxembourg ou Europe 1. Elles sont davantage tournées vers le divertissement.
Les médias jouent un rôle important dans la crise du 13 mai 1958. Des militaires favorables à l'Algérie française s'emparent du pouvoir, c'est le putsch d'Alger. Les médias appuient largement le retour à la tête de l'État de De Gaulle qui revient et instaure la Constitution de la Ve République.
La censure est rétablie pendant la guerre d'Algérie. Le contrôle avant parution est rétabli, mais certains journaux et magazines dénoncent tout de même la torture et critiquent la guerre, comme L'Express, Le Monde, Les Temps modernes de Jean-Paul Sartre ou encore L'Humanité. Des journalistes sont alors poursuivis, les journaux sont perquisitionnés et censurés.
Lors du putsch des généraux de 1961 à Alger, les médias sont utilisés par le pouvoir pour régler la crise. En effet, de Gaulle apparaît à la télévision et s'adresse aux Français à la radio. Il lance un appel à ne pas suivre les putschistes. Il diffuse en boucle son message sur les ondes de Radio Monte-Carlo, la seule radio que l'on peut recevoir en Algérie. Les militaires français qui se trouvent en Algérie, équipés de transistors, reçoivent son message.
Après la guerre d'Algérie, les médias restent sous le contrôle de l'État, de Gaulle les utilise beaucoup. Il fait des conférences de presse et ses voyages sont couverts médiatiquement. Le ministère de l'Information, dirigé par Alain Peyrefitte, remplace la RTF par l'Office de radiodiffusion-télévision française, l'ORTF, en 1964. D'un « contrôle » des médias sous la RTF, on passe à une « tutelle » sous l'ORTF.
L'apparition des sondages d'opinion montre que les Français sont de plus en plus critiques quant à l'influence de l'État sur les médias.
Mai 1968, la contestation du contrôle de l'État
La crise de mai 1968 est caractéristique de la contestation de l'opinion publique face au contrôle des médias par l'État. Lorsque la crise éclate, l'ORTF refuse de diffuser les paroles des responsables politiques et syndicaux. En réaction, une grève est déclenchée au sein de l'ORTF, suivie par des journalistes et des techniciens.
Europe 1 devient un acteur du conflit. Elle donne la parole à ceux qui participent au mouvement, comme les responsables politiques, les grévistes ou les manifestants. Elle annonce quotidiennement les événements et se déplace sur les lieux des faits pour les couvrir.
Les étudiants placent la critique du poids de l'État dans les médias au centre de leurs revendications et permettent l'émergence de journaux alternatifs tels que L'Enragé. Ce journal rassemble des journalistes et des caricaturistes comme Cabu, Siné ou Wolinsky.
Mais de Gaulle reprend la main sur les médias. Ses allocutions radio-télévisées du 24 et du 30 mai 1968 contribuent à retourner une partie de l'opinion publique inquiète et lassée par le mouvement. Deux cents journalistes de l'ORTF sont licenciés en juin 1968. Bon nombre de journaux alternatifs, nés en 1968, disparaissent rapidement. L'Enragé cesse ainsi d'exister en novembre 1968.
L'avènement de la société de la communication
La reconfiguration des médias
En 1974 et 1982, on observe une libéralisation des médias. À partir des années 1980, les médias télévisés se multiplient.
En 1974, le nouveau président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, met fin à l'ORTF et donne leur autonomie aux trois chaînes publiques télévisées. À la fin des années 1970, les « radios pirates » ou « radios libres » sont plus nombreuses.
En 1982, Mitterrand met fin au monopole d'État sur les médias audiovisuels. Des chaînes télévisées privées font leur apparition. Canal + et La Cinq sont créées et TF1 est privatisée en 1987.
À partir des années 1990, les chaînes thématiques apparaissent. Au début du XXIe siècle, l'apparition de la TNT élargit l'offre télévisée.
On observe aussi un développement d'Internet à partir des années 1990. En 2013, 82 % des ménages ont une connexion.
Ce développement des médias audiovisuels et d'Internet reconfigure le paysage médiatique français. Le déclin de la presse écrite continue. Le nombre de lecteurs diminue, notamment dans la presse d'opinion. Pour s'adapter, les journaux créent des sites Internet et des blogs dans lesquels les lecteurs peuvent intervenir. La blogosphère devient influente dans la formation de l'opinion publique.
Certains médias paraissent exclusivement sur Internet, comme Rue 89. En 2008, Edwy Plenel crée le site Médiapart qui joue désormais un rôle essentiel en France et a permis la révélation de plusieurs affaires politiques, comme l'affaire Cahuzac.
Une tyrannie de l'opinion ?
La multiplication des sondages modifie le rapport de la société aux médias et permet de relayer le point de vue des Français. Les sondages modifient l'action politique car les hommes et femmes politiques cherchent à adapter leurs positions aux résultats de ces sondages, ils sont attentifs à leur cote de popularité.
Toutefois, les sondages comportent une marge d'erreur non négligeable. Ils n'ont, par exemple, pas prévu l'arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour des élections présidentielles de 2002.
L'essor de l'expression de l'opinion publique sur Internet modifie le rapport de la société à l'actualité. Les blogs, les réseaux sociaux et les commentaires sur les sites se multiplient et donnent la parole à tous ceux qui le souhaitent. Les citoyens peuvent alors diffuser et interpréter les informations et les crises. Ce nouveau rôle des citoyens dans les médias brouille la frontière entre l'opinion publique et les médias.
La question est aussi posée de la qualité des informations diffusées. Par exemple, les théories complotistes rencontrent une large audience et se diffusent.
Le rôle des médias dans les crises change :
- Lors des élections présidentielles de 2002, le mouvement de contestation s'est en partie développé en marge des médias traditionnels.
- Lors du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen, la classe politique et les médias traditionnels dans leur majorité défendent le oui. La mobilisation sur Internet permet la diffusion d'idées en opposition au traité et joue un rôle de première importance dans la victoire du non.