Quel est le rôle de la presse dans la crise du 6 février 1934, l'avènement et la fin du Front populaire ?
Que se passe-t-il le 6 février 1934 ?
Comment la presse de gauche perçoit le 6 février 1934 ?
Quel ministre s'est suicidé suite à une campagne de presse ?
La presse joue un grand rôle dans le déclenchement de crises politiques dans les années 1930, en particulier de la crise du 6 février 1934. Par ailleurs, elle a une forte influence dans l'évolution du Front populaire.
Dans les années 1930, l'instabilité ministérielle et les scandales politico-financiers alimentent l'antiparlementarisme. Les ligues (organisations d'extrême droite luttant contre le régime parlementaire) entretiennent un climat d'agitation teinté d'antisémitisme et de xénophobie. La crise du 6 février 1934 est orchestrée par la presse d'opinion. À la fin de l'année 1933, l'affaire Stavisky, qui implique des ministres et des députés radicaux dans une vaste escroquerie, cristallise les mécontentements. Par le biais de la presse, les ligues appellent à manifester le 6 février 1934, jour où Daladier présente son gouvernement à la Chambre des députés. La manifestation dégénère en émeute, faisant 15 morts et 1500 blessés.
La presse d'opinion réagit avec violence. À l'extrême droite, on dénonce les assassins qui ont fait tirer sur le peuple, tandis que le quotidien socialiste Le populaire dénonce "une tentative de coup d'État fasciste". L'Humanité, journal du parti communiste, condamne également le gouvernement. Daladier est contraint à la démission. Une campagne de presse a donc fait chuter un gouvernement, mais bien plus encore, elle a contribué à façonner dans l'opinion de gauche l'idée selon laquelle la France était menacée par le fascisme, contribuant ainsi à la formation l'année suivante du Front populaire.
Le Front populaire est une coalition de partis de gauche (SFIO, Parti radical-socialiste et Parti communiste soutenant le gouvernement sans y participer) qui gouverne la France de 1936 à 1938. Il a introduit les congés payés, la réduction du temps de travail et les conventions collectives. Sa chute s'explique largement par l'hostilité de la presse. Dans celle-ci se formèrent deux camps distincts : d'une part les journaux favorables au gouvernement, d'autre part les opposants (L'Action française, L'Ami du peuple, Candide, à l'extrême droite, et L'Écho de Paris, Le Temps, à droite). Les journaux d'extrême droite avaient mené une violente campagne antisémite contre des ministres, dont le chef du gouvernement, Léon Blum. Le ministre Salengro s'est suicidé du fait de cette campagne.
- La crise du 6 février 1934 est orchestrée par la presse.
- La presse contribue à la création du Front populaire.
- Elle contribue ensuite à sa dislocation.