Le don chez Mauss Exercice fondamental

Marcel Mauss, anthropologue du XXe siècle, a publié un essai sur le don dans lequel il accorde une importance particulière à la réalité du don dans les sociétés primitives. Son analyse le porte à montrer que les structures économiques modernes elles-mêmes ne peuvent être pensées en purs termes de relations d'intérêt et de marché.

Mauss montre que l'échange dans les sociétés archaïques ne se limitait pas au troc et à de simples calculs d'intérêt, contrairement à une idée répandue en son temps. Le rôle qu'a pu avoir le don dans certaines sociétés primitives, selon lui, montre que l'économie, déjà à cette époque, est indissociable des conceptions sociales d'un groupe donné. Il montre que dans certaines sociétés polynésiennes ou du Canada, il existait une forme d'échange en don-réception-contre-don qui ne correspond pas à une simple structure d'échanges mais englobe une réalité sociale plus complexe.

Une telle forme d'échange est ainsi appelée par Mauss un "fait social total", car il met en jeu l'ensemble des structures d'une société. Mauss distingue entre des formes de dons "agonistiques", c'est-à-dire conflictuelles, où il s'agit d'imposer son pouvoir, et des dons à objectif plus modéré. Lors de certaines manifestations, nous dit Mauss, on confortait son statut social en offrant autant que possible, des objets de grande valeur étaient même détruits. La place dans la société dépendait de la capacité à donner : plus le don a de valeur, plus on exprime son pouvoir. C'est pourquoi un don, dans ces sociétés, devait toujours entraîner un contre-don.

Mauss montre ainsi, à travers l'exemple du don dans les sociétés primitives, que les échanges ne sont pas à comprendre dans le seul cadre de relations marchandes d'intérêt. Le don, comme "fait social total", montre que les échanges mettent en jeu des réalités sociales complexes, que l'individu définit sa place dans la société en partie par sa capacité à donner.