Que signifie pour Marx l'idée d'un "fétichisme de la marchandise" ?
Qui est Karl Marx ?
De quelle doctrine politique Karl Marx est-il le co-inventeur ?
Qu'affirme notamment Karl Marx à propos de la marchandise ?
Sur quel décalage repose, selon Karl Marx, le fétichisme de la marchandise ?
Dans quel ouvrage Marx expose-t-il le fétichisme de la marchandise ?
Karl Marx, philosophe et économiste fondateur de la pensée communiste, s'est interrogé sur la manière dont les sociétés humaines décident de la valeur de diverses réalités, qu'il s'agisse du travail ou des marchandises elles-mêmes. Au sujet de ces dernières, Karl Marx montre que leur valeur sociale n'est pas définie en fonction de la valeur d'usage ni de la quantité de travail nécessaire à les produire, mais en fonction d'un "fétichisme de la marchandise" qui distribue les valeurs d'une manière aléatoire, et dont on trouve la meilleure comparaison dans le fétichisme religieux.
Marx part du constat qu'en théorie, une marchandise est une réalité simple, dont la valeur doit se comprendre par elle-même. Un produit de consommation tire sa valeur du bénéfice que l'on tire à le consommer, un meuble de sa fonction dans un logis. Mais il affirme ensuite qu'il s'agit en réalité d'"une chose très complexe, pleine de subtilités métaphysiques et d'arguties théologiques" (Karl Marx, Le Capital, I, 1, 4). En effet, la valeur "sociale" que peut acquérir une marchandise est souvent indépendante, d'une part, de sa valeur d'usage, ou des bénéfices que l'on tire de son utilisation, et d'autre part, de son coût de production en matière de travail et de ressources. C'est ainsi que deux marchandises assez similaires par leurs propriétés peuvent acquérir, dans le cadre d'un échange, des valeurs tout à fait différentes. Ce fait est considéré par Marx comme une énigme à résoudre.
Par élimination, Marx montre que l'aspect mystique que l'on associe aux marchandises vient de leur caractère de marchandises lui-même. Une table, dit-il, est un objet d'une simplicité telle qu'elle ne présente par elle-même aucune énigme. Mais dès que la table se "présente comme marchandise", elle cesse d'être un simple produit, pour devenir une "chose sociale" qui ne tombe pas sous le sens. Tout se passe comme si les marchandises communiquaient entre elles et avec les hommes, pour devenir les agents d'une force obscure dont on troue les meilleurs exemples dans des manifestations fétichistes de type religieux. Les marchandises acquièrent aux yeux de la société comme une âme, qui déconnecte absolument leur valeur de leurs caractéristiques physiques. Les rapports des hommes entre eux définissent de manière subtile les rapports de valeur des marchandises entre elles, créant ainsi l'impression que les marchandises ont entre elles des rapports tout aussi symboliques et fluctuants que les rapports que les hommes entretiennent entre eux. Les marchandises acquièrent, comme tout phénomène sacré, une existence indépendante et séparée, et plus le mystère s'épaissit autour d'elles, plus s'accroît l'impression de majesté qui en émane. Une scission s'opère entre l'aspect utile et la valeur d'échange des produits du travail, de telle sorte que cette valeur sociale d'échange en vient à être prise en compte dans le cadre de la production elle-même.
- Karl Marx montre que la valeur d'échange des marchandises est largement indépendante de leur coût de production et de leur utilité.
- Ceci est dû à l'existence d'une valeur "sociale" des marchandises, elle-même déterminée par un "fétichisme de la marchandise" où celle-ci est douée de propriétés qui rappellent certaines réalités de nature religieuse.