Quels sont les deux genres de mémoire qu'identifie Bergson ?
Sous quelle modalité les états psychologiques passés continuent-ils d'exister, selon Bergson ?
Quelle est la particularité des états de conscience passés, selon Bergson ?
Dans quel ouvrage Bergson a-t-il écrit : « Les souvenirs que ma mémoire conserve ainsi dans ses plus obscures profondeurs y sont à l'état de fantômes invisibles » ?
Quels sont les seuls souvenirs qui arrivent à notre conscience ?
Bergson, philosophe français des XIXe et XXe siècles, considère la durée, comprise comme une temporalité continue et indivisible, où le passé n'est pas supprimé par le présent mais survit en lui, comme le temps de la vie intérieure. On comprend alors que la mémoire soit un élément essentiel à l'appréhension de cette vie intérieure.
Or, Bergson distingue deux types de mémoire. Il y a d'abord ce qu'il appelle la « mémoire-habitude », qui est une forme de mémoire volontaire, fondée sur le principe de répétition, et orientée vers l'action, vers des fins pratiques. C'est par exemple la mémoire qui nous permet de retenir un poème ou une leçon par cœur en se les répétant un certain nombre de fois. Une telle répétition engendre une habitude, et la chose ainsi apprise peut être mobilisée par notre mémoire selon notre bon vouloir, on peut en rallonger ou en raccourcir le souvenir à notre guise. Ce souvenir est dépendant de notre volonté et exige un certain effort pour être rappelé. Bergson dit de ce genre de mémoire qu'il constitue une pure représentation, que l'on peut embrasser entièrement d'un seul coup. Cette mémoire est le fait du cerveau, donc de la matière pure, on peut en expliquer le fonctionnement physique.
Inversement, la « mémoire-souvenir » est une forme de mémoire involontaire et capricieuse, elle correspond à l'action de notre esprit qui cherche à se souvenir à nouveau d'un instant particulier. Dans ce cas, la spécificité du moment envisagé impose à la mémoire une contrainte, on ne peut arbitrairement allonger ou raccourcir ce souvenir constitué de pure durée. On ne peut non plus répéter ce souvenir autant de fois que l'on veut, pas plus qu'il n'a été acquis par le fait d'une répétition. Cette mémoire n'est pas explicable par des faits physiques, elle est une action de notre esprit, et non de notre cerveau. Bergson affirme qu'« elle met autant de caprice à reproduire que de fidélité à conserver ». Ce genre de mémoire apparaît de manière privilégiée dans des moments de relâchement de notre attention, elle a un fonctionnement similaire à celui du rêve.
- Bergson distingue deux formes de mémoire : la mémoire-habitude et la mémoire-souvenir.
- L'une est un principe mécanique de mémorisation active, l'autre est une forme de mémoire involontaire qui nous replonge dans un événement passé.