Sommaire
IL'origine des crises financièresALes deux grandes crises financières historiques : 1929 et 20081Définition d'une crise financière2Le krach boursier de 1929 et la crise des années 19303La crise des subprimes de 2008BLes déclencheurs des crises financières1La formation de bulles spéculatives2Les faillites bancaires en chaîne3Les situations d'aléa moralIILes principaux canaux de transmission d'une crise financière à l'économie réelleALes effets de richesse négatifsBLa baisse du prix du collatéral et les ventes forcéesCLa contraction du créditIIILa régulation du système bancaire et financierADe nouvelles réglementations1Les ratios de solvabilité2La supervision par la banque centraleBLes autres pistesLes crises financières trouvent leur origine dans le système bancaire et financier et peuvent avoir de graves répercussions sur l'économie réelle. Ces crises, comme celle des années 1930 et celle de 2008, proviennent de mécanismes comme les comportements mimétiques (qui forment des bulles spéculatives) et les prises de risque facilitées par des situations d'aléa moral, et entraînent des faillites en chaîne. Les crises financières se transmettent à l'économie réelle via des canaux de transmission comme l'effet de richesse, la contraction du crédit ou les ventes forcées : elles deviennent alors des crises économiques, avec des conséquences sur la production et le chômage. Suite à la crise de 2008, les mesures de régulation sont renforcées afin de diminuer le risque de crise.
L'origine des crises financières
Les deux crises financières aux conséquences les plus graves ont eu lieu à la suite de l'effondrement boursier de 1929 et à la crise des subprimes de 2008. Elles sont liées à l'éclatement de bulles spéculatives, suite à des comportements mimétiques et à des prises de risque (aléa moral). L'interdépendance des institutions financières engendre des faillites bancaires en chaîne.
Les deux grandes crises financières historiques : 1929 et 2008
Les deux crises financières les plus importantes ont eu lieu en 1929 et en 2008. La crise de 1929 commence avec une chute brutale des cours de la bourse, tandis que la crise de 2008 provient de crédits immobiliers accordés à des ménages peu solvables, qui ne peuvent plus rembourser les banques. Dans les deux cas, les crises financières entraînent une crise économique mondiale. En 2008, des politiques de relance permettent de limiter ses effets et sa durée.
Définition d'une crise financière
Une crise financière est une crise qui trouve son origine dans le système financier (Bourse, banques, etc.) puis qui se transmet à l'ensemble de l'économie.
Crise financière
Une crise financière est une crise dont l'origine est le système financier (Bourse, banques, etc.), et qui se transmet à l'économie réelle.
Le krach boursier de 1929 et la crise des années 1930
La crise des années 1930 est due à un effondrement boursier (krach) qui se transmet au système bancaire, puis à l'économie réelle.
Dans les années 1920, à la Bourse de New York, les prix des titres financiers montent très rapidement (phénomène de bulle spéculative). Les achats en bourse sont financés par les banques, qui prêtent aux courtiers (les professionnels de la bourse). Grâce à un accès facilité au crédit, les achats en bourse et la spéculation se développent, ce qui entraîne une hausse démesurée de la valeur des titres. Le jeudi 24 octobre 1929, la Bourse de New York connaît un krach boursier : les titres perdent brusquement leur valeur.
Krach boursier (ou effondrement boursier)
Un krach boursier désigne une chute brutale des cours d'actions ou d'obligations. Le krach, bien que localisé à l'origine, a parfois pour effet de se propager à l'ensemble des cours boursiers.
Suite à la chute brutale de la valeur des titres de bourse, les courtiers sont ruinés. Ils sont incapables de rembourser les banques. De très nombreuses petites banques font alors faillite, et les personnes qui y avaient déposé leur épargne perdent toutes leurs économies. La demande de l'économie chute. Cette baisse brutale de la demande entraîne une réduction de la production et donc une hausse du chômage (chômage conjoncturel). De nombreuses entreprises font faillite. La crise financière s'est ainsi transmise à l'économie tout entière. L'économie américaine puis l'économie mondiale sont affectées.
La crise des subprimes de 2008
La crise de 2008 est d'abord une crise immobilière et une crise bancaire. De nombreux ménages, qui ont acheté à crédit leur maison, sont contraints de la céder aux banques quand ils ne peuvent plus rembourser leur emprunt suite à une hausse des taux d'intérêt. La valeur de ces biens chute alors, et certaines banques font faillite. Cette crise bancaire entraîne alors un effondrement boursier et une crise économique.
En 2008, une crise financière touche l'économie mondiale. Elle commence par le développement puis l'éclatement d'une bulle spéculative sur le marché immobilier aux États-Unis.
La crise débute par un surendettement sur le marché immobilier. Au cours des années 2000, de nombreux ménages américains peu aisés financièrement ont accès au crédit immobilier par un système de prêt bancaire dont le taux de remboursement est indexé sur le taux directeur de la réserve fédérale américaine (la banque centrale des États-Unis). Ces crédits subprimes sont accordés à des ménages peu solvables. Les crédit sont hypothécaires : si les ménages ne peuvent plus rembourser la banque, celle-ci saisit les biens immobiliers.
À partir de 2004, la réserve fédérale américaine relève ses taux directeurs, entraînant mécaniquement une hausse des taux de remboursement des crédits de nombreux ménages américains. Dans l'incapacité de rembourser, de nombreux ménages sont contraints de céder leur maison aux banques, la vente des biens immobiliers devant couvrir le remboursement des crédits.
La prolifération du nombre de maisons saisies et donc l'augmentation du nombre de maisons en vente sur le marché immobilier entraîne alors une baisse générale des prix de l'immobilier. Les prix des maisons s'effondrent alors que les banques en possèdent des millions. Les ventes ne suffisant pas à rembourser les crédits, certaines banques font faillite.
On est alors dans une situation de crise bancaire : les banques ne peuvent plus répondre à leurs obligations à court terme (illiquidité) ou à plus long terme (insolvabilité). Elles ne peuvent plus accorder de crédits et risquent de ne pas rembourser les agents qui leur ont confié leurs fonds.
Cette crise bancaire se traduit ensuite par un effondrement boursier, une baisse du PIB et une montée du chômage partout dans le monde. Cependant, les gouvernements ont réagi plus rapidement que lors de la crise des années 1930. Ils ont mis en place des politiques de relance budgétaire et monétaire, ce qui a permis de limiter la durée et la gravité de la crise.
Les déclencheurs des crises financières
Les crises financières proviennent notamment de la formation de bulles spéculatives, dues aux comportements mimétiques des agents sur les marchés financiers. L'interdépendance entre les différents agents économiques (comme les banques) entraîne des faillites en chaîne. Des situations d'aléa moral peuvent aussi pousser les agents économiques à prendre plus de risques.
La formation de bulles spéculatives
La finance repose sur la spéculation, c'est-à-dire l'anticipation du prix pour revendre à un prix plus élevé. Dans leurs anticipations des cours des valeurs (c'est-à-dire des variations de prix), les agents adoptent des comportements dits mimétiques sur les marchés financiers, ce qui peut conduire à des bulles spéculatives, fondées sur des prophéties autoréalisatrices.
Sur le marché financier, les agents cherchent à réaliser une plus-value (revendre un titre plus cher qu'il a été acheté) en spéculant, c'est-à-dire en anticipant l'évolution du prix.
Spéculation
La spéculation est une opération qui consiste à tirer profit de la bonne anticipation d'un prix par la réalisation d'une plus-value.
Les comportements spéculatifs peuvent mener à des bulles spéculatives.
Lorsqu'un produit est plus demandé qu'un autre et se revend donc à un meilleur prix, les investisseurs se mettent tous à s'y intéresser. Le produit devient encore plus demandé, donc son prix monte encore, ce qui rend son achat encore plus intéressant puisque cela signifie qu'on peut le revendre plus cher. Le prix continue ainsi d'augmenter et devient déconnecté des conditions économiques réelles, c'est-à-dire de la valeur réelle du produit dans l'économie.
Lors d'une bulle spéculative sur le marché immobilier, des appartements peuvent atteindre un prix très élevé, alors même que sur le marché immobilier de nombreux appartements sont vides, ce qui montre que la demande « réelle » est faible.
On parle alors de bulle spéculative : rien ne justifie plus le prix du produit, à part les comportements spéculatifs et la croyance que le prix va continuer à monter.
Bulle spéculative
Une bulle spéculative correspond à la hausse du prix de certains produits, qui s'écarte de leur valeur réelle du fait de la spéculation. Elle est entretenue par les comportements mimétiques et les prophéties autoréalisatrices.
Les agents financiers adoptent des comportements mimétiques sur le marché, ce qui est facteur d'instabilité. Les agents financiers ont en effet tendance à imiter le comportement des autres agents. Ce comportement est rationnel, puisque si des agents veulent et achètent un titre, son cours va augmenter. Symétriquement, si des agents vendent un titre, l'offre risque d'excéder la demande et le cours du titre diminue. Un agent rationnel a donc tout intérêt à revendre ses titres avant que le cours ne baisse. Ainsi, lorsque beaucoup d'agents ont un certain comportement (achat ou vente de titre), un agent rationnel a tout intérêt à les imiter. Or, en vendant ou en achetant comme les autres, les agents contribuent à l'évolution de la valeur d'un titre. Le cours d'un titre peut donc évoluer par simple mimétisme.
Comportement mimétique
Un comportement mimétique est un comportement par lequel un agent forme ses anticipations en imitant les autres agents.
On parle de prophéties autoréalisatrices pour décrire ces comportements « moutonniers », car la croyance générale dans l'augmentation (ou la baisse) des prix entraîne cette hausse (ou diminution).
Prophétie autoréalisatrice
Une prophétie autoréalisatrice est une croyance qui va entraîner des comportements qui vont la rendre vraie : croire que les cours d'un titre vont augmenter pousse les agents à acheter, ce qui fait effectivement augmenter les cours.
Les comportements mimétiques et les prophéties autoréalisatrices sont aussi à l'œuvre lorsque les bulles spéculatives « éclatent », c'est-à-dire lorsque les prix chutent. Lorsque les agents se rendent compte que le prix d'un actif ne reflète pas sa véritable valeur, ils se mettent à vendre parce qu'ils craignent une baisse du prix. Peu importe que cette crainte soit fondée ou non, cette anticipation suffit à faire baisser les prix.
La crise des années 1930 débute aux États-Unis en octobre 1929 par une chute brutale du cours des actions à Wall Street. Lors du « jeudi noir » du 24 octobre l'indice des actions, le Dow Jones, perd plus de 20 % de sa valeur. Cette baisse brutale s'explique par l'action des grandes entreprises. Celles-ci ont anticipé une baisse des cours et ont vendu en masse. Cela a poussé très vite l'ensemble du secteur à vendre par un effet de comportement mimétique. Les banques et entreprises ne trouvent alors plus d'acheteurs et font faillite.
Ces phénomènes sont accrus par l'existence d'asymétrie d'information. Si un agent n'a pas d'information sur un titre, il peut croire qu'un autre agent qui réalise une opération (achat ou vente) détient, lui, une information privilégiée qui justifie son acte.
Asymétrie d'information
L'asymétrie d'information est une situation dans laquelle un acteur dispose de moins d'informations qu'un autre acteur.
Si un agent A observe qu'un agent B achète des titres d'une entreprise, l'agent A peut croire que l'agent B détient des informations particulières, par exemple que B sait que cette entreprise va faire des annonces positives, donc que son cours va augmenter. L'agent A a alors intérêt à imiter l'agent B.
Les faillites bancaires en chaîne
En finançant l'économie par le crédit, les banques prennent un risque. Si la solvabilité (la capacité de remboursement) des emprunteurs se dégrade et qu'ils ne peuvent plus rembourser, cela fragilise les banques. L'interdépendance des institutions financières mène à des faillites en chaîne. Les épargnants, qui ont peur pour leurs économies, peuvent accentuer ce phénomène en retirant leurs dépôts (paniques bancaires).
Les phénomènes de faillite des banques commencent par une détérioration de leur bilan : elles perdent certaines ressources.
En 2008, quand les personnes qui ont un crédit subprime ne peuvent plus le rembourser, les banques saisissent leur maison. Cependant, la valeur des maisons chute et donc les ressources des banques aussi.
Si les banques ne disposent pas des fonds suffisants, elles risquent la faillite. Elles ne peuvent pas assurer leurs engagements vis-à-vis de leurs clients ou vis-à-vis des autres banques. Elles sont à court de liquidités (monnaie). On parle alors de crise de liquidité lorsqu'elles ne peuvent pas faire face aux retraits d'argent ou aux demandes de remboursement sur le marché interbancaire.
En effet, les banques sont interdépendantes : elles réalisent quotidiennement des opérations de prêt entre elles. Si une banque est en difficulté, elle peut ne pas être capable de rembourser les autres banques, ce qui les fragilise. Il y a ainsi une dynamique de contagion : les difficultés d'une banque se répercutent sur une autre banque.
Si une banque A doit de l'argent à une banque B et que la banque A est en difficulté, elle ne pourra pas rembourser ses dettes à la banque B. Celle-ci perd donc ses fonds et se retrouve à son tour en difficulté.
Suite à un choc, par exemple si une banque fait défaut, les difficultés se propagent au système financier et provoquent des faillites en chaîne, touchant l'ensemble des marchés financiers, c'est « l'effet domino ».
En 2008, suite à la faillite de la banque Lehman Brothers, on assiste à une crise de confiance des marchés interbancaires, c'est-à-dire des prêts entre les banques. Les banques qui ont des liquidités ne veulent plus prêter à celles qui n'en ont pas, de peur de ne pas être remboursées. Les banques à court de liquidités, qui ne peuvent pas respecter leurs engagements à court terme, ne trouvent pas de prêt, ce qui aggrave leur situation et précipite leur faillite.
Les asymétries d'informations sont un facteur aggravant. Ainsi, les banques ne se font plus confiance car elles ne connaissent pas la situation financière des autres banques. C'est la même chose pour les déposants : les personnes qui ont déposé leur épargne à la banque peuvent craindre pour leurs économies, car ils ignorent si leur banque va faire faillite ou non. Lorsque les personnes viennent récupérer leurs dépôts, on parle de panique bancaire.
Panique bancaire
Une panique bancaire est une situation dans laquelle les personnes qui ont déposé de l'argent à la banque viennent récupérer leurs dépôts, de crainte que la banque ne fasse faillite.
Durant la crise des années 1930, les Américains qui ont peur de la faillite de leur établissement financier tentent de retirer leur épargne, ce qui aggrave encore la crise de liquidité.
Les paniques bancaires sont aussi un exemple de comportement mimétique et de prophétie autoréalisatrice.
Les situations d'aléa moral
Un aléa moral correspond à une situation dans laquelle un agent est assuré ou protégé, ce qui le conduit à prendre plus de risques. Les banques dites too big to fail, se sachant protégées, peuvent ainsi prendre plus de risques. De la même manière, la titrisation des crédits subprimes a mené à la diffusion du risque dans l'économie et ainsi à de plus grandes prises de risque de la part des banques.
Des situations d'aléa moral peuvent inciter les agents financiers à prendre des risques excessifs.
Aléa moral
L'aléa moral est une situation d'information asymétrique dans laquelle, après la signature d'un contrat, l'une des parties change son comportement à l'insu et au détriment de l'autre partie.
Un aspect important de l'aléa moral est l'assurance implicite pour les grandes banques de recevoir des fonds de l'État en cas de difficulté. Si les banques les plus importantes font défaut, tout le système financier peut s'effondrer, et l'économie nationale peut être ruinée. L'État a donc intérêt à ce que ces banques ne fassent pas faillite et à les aider en leur accordant des prêts à taux faibles si elles sont en difficulté.
Les banques concernées sont dites too big to fail, c'est-à-dire trop grosses pour que l'État puisse les laisser faire faillite. Cette garantie implicite de la part de l'État ou des banques centrales a pu inciter les grandes banques à prendre des risques excessifs, car elles savaient que les institutions étatiques leur prêteraient des fonds si nécessaire.
Les États-Unis ont décidé de laisser la banque Lehman Brothers faire faillite afin de ne pas générer de situation d'aléa moral. Cependant, la banque était bien too big to fail : sa faillite a entraîné une crise majeure, ce qui a déterminé les autres gouvernements à venir au secours des banques.
Un autre aspect de l'aléa moral est le phénomène de titrisation, qui a poussé les banques à prendre davantage de risques et contribué à la crise de 2008. La titrisation consiste à transformer des créances (c'est-à-dire des titres de dette) en titres et à les vendre sur les marchés financiers. En revendant ainsi les crédits, les banques diluent le risque, puisque ce sont les acheteurs de ces titres qui portent le risque.
Titrisation
La titrisation est la transformation d'une créance (par exemple un crédit à la banque) en titre vendu sur les marchés financiers.
La titrisation a joué un rôle important dans la crise des subprimes : elle a poussé les banques à accorder des prêts très risqués à des ménages qui n'avaient pas les capacités de les rembourser, car elles savaient que le risque allait être transféré au marché. Dans cette situation d'asymétrie d'information, les acheteurs n'étaient pas assez bien informés sur les risques que représentaient ces titres.
Les principaux canaux de transmission d'une crise financière à l'économie réelle
Une crise financière se produit en premier dans le système bancaire et financier, mais la paralysie ou l'effondrement des banques provoquent une crise économique dans le domaine de la production et de l'économie réelle. Cette transmission emprunte plusieurs canaux, notamment celui des effets de richesse négatifs, des ventes forcées et de la contraction du crédit.
Les effets de richesse négatifs
Les effets de richesse négatifs correspondent à une perte de richesse entraînée par la chute de la valeur des actifs. Les ménages qui possèdent ces actifs perdent ainsi de la valeur et réduisent leurs dépenses, ce qui a une influence sur la demande et ralentit l'économie.
Les effets de richesse sont liés à la variation de la valeur des actifs financiers ou patrimoniaux. Lors des crises financières d'une manière générale la valeur des actifs financiers (monnaie, actions, obligation) diminue par une baisse générale des prix. La conséquence directe est donc une diminution de la valeur possédée par les détenteurs de ces actifs (les entreprises ou les ménages).
Si un individu possède un portefeuille d'actions d'une valeur de 10 000 euros mais que le prix des actions chute en bourse de moitié, alors son portefeuille ne vaut plus que 5 000 euros.
La consommation des ménages dépend en partie de la valeur de leur patrimoine financier (actions, obligations, etc.) ou non financier (immobilier). Ainsi, lorsque le patrimoine diminue à cause de la crise financière, les ménages réduisent leur consommation.
Un ménage qui possède des appartements peut choisir de réduire ses dépenses de consommation après une chute des prix de l'immobilier, car sa richesse a beaucoup diminué.
La baisse de la consommation entraîne une diminution de la demande, donc de la production, et une hausse du chômage.
Dans le cas d'une entreprise, lors d'une crise boursière, si la valorisation (la valeur des actions d'une entreprise) devient très faible, cette entreprise ne peut plus émettre d'actions pour obtenir des fonds (car les acheteurs n'en voudraient pas) et ne peut pas utiliser ses actions comme garantie (leur valeur est devenue très faible) pour obtenir un crédit.
La baisse du prix du collatéral et les ventes forcées
En période de crise financière, afin de rembourser les crédits, les agents économiques doivent procéder à des ventes forcées d'actifs, ce qui diminue leur valeur. Les actifs sont souvent utilisés comme garantie dans les emprunts (collatéral). La baisse de leur valeur fragilise donc à la fois la situation des agents économiques et des prêteurs (les banques).
Un autre canal de transmission est constitué par la baisse du prix du collatéral et les ventes forcées. En période de crise, les agents endettés sont contraints à des ventes forcées d'actifs pour faire face au remboursement d'emprunts. Du fait de la vente massive d'actifs, leur prix s'effondre. Cela encourage les autres agents à vendre aussi avant que le prix ne soit trop bas.
En 1929, afin de pouvoir rembourser les banques, les emprunteurs revendent les titres de bourse, ce qui accentue la crise.
Lorsque ces actifs sont utilisés comme garantie (collatéral) dans des contrats d'endettement, cela transmet la crise aux banques et à l'ensemble de l'économie. En effet, pour protéger contre le risque de défaut de paiement (incapacité de rembourser), l'emprunteur donne une garantie au prêteur, le collatéral.
Collatéral
Le collatéral est un actif remis en contrepartie d'un emprunt. Il sert à « garantir » l'emprunt, en remboursant le prêteur en cas de défaut de paiement.
Les crédits subprimes aux États-Unis étaient garantis par les biens immobiliers financés par ces crédits.
Lors d'une crise financière, le prix du collatéral peut chuter, ce qui aggrave alors la crise.
En 2008, aux États-Unis, de nombreux ménages ne peuvent pas rembourser leurs emprunts. Ils sont alors contraints de céder leur maison aux banques. La vente de la maison est censée couvrir le remboursement du crédit. Cependant, l'augmentation du nombre de maisons en vente sur le marché provoque une baisse des prix de l'immobilier. Les ventes ne suffisent pas à rembourser les crédits et les banques spécialisées se retrouvent face à des situations de faillite, tout en étant contraintes à vendre les maisons au plus vite avant que leur prix soient au plus bas.
La baisse du prix du collatéral réduit la capacité des agents à emprunter de nouveau. En affectant le secteur bancaire, elle provoque aussi une baisse du crédit.
La contraction du crédit
Le rôle de prêteur des banques joue un rôle important dans l'économie, notamment en ce qui concerne l'investissement et la consommation. Lors des crises financières, en situation d'asymétrie d'information, les banques diminuent les prêts accordés, ce qui affecte lourdement l'économie.
La baisse du prix des actifs financiers a pour conséquence une diminution de la valeur possédée par les banques. Pourtant, c'est le montant de cette valeur possédée (les actifs) qui permet aux banques d'octroyer des crédits aux ménages et aux entreprises. Lorsque les actifs se sont beaucoup dépréciés, les banques ne peuvent plus prêter.
De plus, face aux risques plus élevés de faillite, en situation d'asymétrie d'information, les prêteurs font preuve de défiance. Les déposants ne font plus confiance aux banques, tandis que les banques réduisent les crédits accordés. Cette contraction du crédit entraîne un cercle vicieux.
Contraction du crédit
La contraction du crédit est la baisse du volume des crédits accordés par les banques en situation de crise économique.
La contraction du crédit ralentit considérablement l'économie et la production car ces crédits correspondent aux investissements des entreprises et à une partie de la consommation des ménages.
Au début des années 1930, les entreprises, même si elles avaient un plan d'investissement solide, ne pouvaient pas investir car les banques refusaient de prêter.
La production des entreprises se ralentit alors, les salaires diminuent et la consommation se réduit entraînant un cycle de dépression économique, c'est-à-dire une situation durable de baisse de la production. Dans cette situation, les agents formulent des anticipations pessimistes, ce qui limite la reprise de la production. Dans ce cas, la crise s'auto-entretient.
La régulation du système bancaire et financier
Les crises financières et leurs conséquences désastreuses sur l'économie réelle démontrent la nécessité de réguler le système bancaire et financier. De nouvelles réglementations ont été mises en place après la crise de 2008 : les banques doivent respecter des ratios de solvabilité et sont surveillées par les banques centrales.
De nouvelles réglementations
Après la crise de 2008, de nouvelles réglementations ont été créées afin d'assurer la stabilité des marchés financiers. La régulation du système bancaire et financier passe par la supervision des banques au niveau européen, ainsi que la définition de ratios de solvabilité qu'elles doivent respecter.
Les ratios de solvabilité
Lors des crises financières, la situation des banques joue un rôle-clé, de la formation des bulles spéculatives jusqu'à la transmission à l'économie réelle. Afin de prévenir les risques, des réglementations dites prudentielles imposent aux banques un minimum de fonds afin d'assurer leur solvabilité.
La régulation a pour fonction de garantir le bon fonctionnement du marché dans le long terme, en évitant l'apparition de crises. Elle consiste donc à établir un ensemble de règles et de mécanismes qui assurent la pérennité du marché en limitant les comportements risqués.
Régulation
La régulation du système bancaire et financier désigne l'ensemble des mécanismes et des règles qui encadrent les activités financières et assurent le bon fonctionnement et la stabilité du marché et du système financier.
Réglementations prudentielles
Les réglementations prudentielles sont un ensemble de règles imposées aux acteurs par les pouvoirs publics pour éviter la faillite des institutions financières.
Depuis la fin des années 1980, différents accords fixant des règles prudentielles ont été conclus au niveau européen. Les accords de Bâle I, en 1988, ont mis en place un dispositif prudentiel pour assurer la solvabilité et la stabilité du système bancaire international en fixant un ratio de solvabilité.
Le ratio de solvabilité est un volume minimum de fonds propres (c'est-à-dire de capital disponible) dont une banque doit disposer par rapport aux crédits qu'elle accorde, car on estime que ce volume de fonds propres doit lui permettre d'éviter une situation d'insolvabilité (c'est-à-dire une situation dans laquelle elle est dans l'incapacité de rembourser ses créanciers).
Après la crise financière de 2008 qui a révélé que les règles prudentielles ne suffisaient pas à écarter le risque, les accords de Bâle III redéfinissent ces règles en 2010. La nature des fonds propres est redéfinie afin de mieux tenir compte des risques que comportent les actifs qui peuvent y être inclus.
Le ratio de solvabilité permet d'analyser la situation d'une banque : plus il est élevé, plus la solidité financière de la banque est bonne. Les banques les plus grosses ont des exigences supplémentaires à respecter, car leur faillite pourrait menacer l'économie.
Cependant, les ratios de solvabilité correspondent à une part de fonds propres en pourcentage des actifs risqués. Le caractère risqué des actifs est déterminé par les banques elles-mêmes : cela leur permet d'estimer les risques à leur manière, ce qui peut mener à une sous-estimation du risque.
La supervision par la banque centrale
Afin de superviser l'activité des banques, les banques centrales mettent en place des mécanismes de surveillance. Dans la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) supervise le système bancaire via le mécanisme de surveillance unique (MSU) et le mécanisme de résolution unique (MRU). Elle teste la solidité financière des banques via des stress tests.
Pour limiter les risques, la Banque centrale européenne (BCE) a mis en place deux mécanismes :
- Le mécanisme de surveillance unique (MSU) est un système de supervision européen, qui peut obliger les banques à détenir des capitaux en réserve et les sanctionner en cas de non-respect de ces consignes.
- Le mécanisme de résolution unique (MRU) permet d'intervenir face à des situations de faillite des banques.
La BCE conduit aussi des stress tests afin de vérifier la solidité financière des banques : ce sont des simulations de crises financières. Elles permettent de voir les conséquences de conditions économiques et financières extrêmes sur les banques.
Les autres pistes
D'autres pistes de régulation sont envisagées, plus ambitieuses mais plus difficiles à mettre en place car elles vont à l'encontre des dynamiques de marché et nécessitent une coopération internationale accrue.
D'autres pistes sont envisagées afin de réguler l'activité financière au niveau international. Elles restent cependant en suspens pour le moment, notamment parce qu'elles réduisent les possibilités des institutions financières et donc l'efficacité possible des marchés.
On peut établir un prêteur en dernier ressort à l'échelle internationale : au vu de l'interdépendance des activités financières, il serait cohérent qu'il existe un unique acteur au niveau international qui puisse prêter aux institutions qui ont des problèmes de liquidités (et n'arrivent pas à trouver les liquidités dont elles ont besoin sur le marché financier). Cependant, cela pourrait favoriser l'aléa moral, en donnant l'impression aux institutions financières qu'un agent sera toujours capable de les sauver.
On peut instaurer une taxe sur les transactions financières : elle limiterait les comportements spéculatifs en augmentant le prix de chaque transaction. Mais cette taxe est difficile à mettre en œuvre : elle contraindrait la finance, les modalités d'application et les accords entre les États divergents, tandis que les questions sur la nature des transactions taxées et sur l'utilisation des produits de la taxe restent débattues.
On peut coordonner les politiques macro-économiques sur le plan mondial : cela permettrait de réduire les déséquilibres macro-économiques et de favoriser un cadre plus stable. Cela pourrait limiter l'ampleur des crises financières. Mais la gouvernance mondiale est loin de cette ambition. La transformation du G8 en G20, visant à associer des pays émergents, témoigne toutefois de cette volonté.