Répondre aux questions suivantes qui permettront d'expliquer les débats sur la pertinence d'une analyse de la société française fondée sur les classes sociales.
Que désigne la notion de « classe pour soi » selon Karl Marx ?
Selon Karl Marx, les individus forment une classe « en soi », c'est-à-dire un groupe d'individus avec les mêmes conditions de vie et les mêmes intérêts. Lorsque les individus réalisent leurs intérêts en commun, ils acquièrent une « conscience de classe » et peuvent mener des mouvements collectifs de revendication. Ils forment alors une classe « pour soi ».
Que désigne la notion de classe sociale selon Weber ?
Contrairement à Marx, Weber pense que les classes sociales sont des constructions théoriques. Selon lui, une classe sociale regroupe des individus qui partagent une même situation économique, sociale et politique.
Que désigne la notion de classe sociale selon Pierre Bourdieu ?
Selon Pierre Bourdieu, la société est structurée selon la possession de plusieurs ressources (ou capitaux), dont les deux principaux sont le capital économique et le capital culturel, ce qui explique que les inégalités persistent après les Trente Glorieuses.
Comment explique-t-on les inégalités dans la société actuelle ?
Si l'on a assisté à un déclin des classes sociales au XXe siècle et à une « moyennisation » de la société française, les inégalités s'accentuent depuis les années 1980. Ces inégalités dans la société actuelle peuvent s'expliquer par la possession de différents capitaux dans la hiérarchie sociale. Ainsi, Pierre Bourdieu considère que les inégalités s'expliquent par un capital culturel et un capital économique différent selon la classe sociale des individus.
En quoi consiste une approche des inégalités du point de vue du système ?
De plus en plus, des approches appellent à penser les inégalités en système plutôt que séparément. Cela permet de comprendre plus finement les inégalités. Ainsi, articuler la classe et le genre permet de faire ressortir certaines inégalités et situations spécifiques.
Que désigne le processus d'individualisation par rapport aux inégalités sociales ?
Le processus d'individualisation désigne la valorisation de plus en plus forte de l'autonomie de l'individu : les individus attribuent leurs succès et échecs à leurs propres choix plutôt qu'à des inégalités sociales. Cela accentue le déclin des classes sociales.
Qu'est-ce que la « moyennisation » ?
La « moyennisation » correspond à la réduction des distances inter-classes. Ce phénomène correspond à une diminution des inégalités et au rapprochement des modes de vie, menant à la constitution d'une large classe « moyenne ».
La pertinence du concept de classe sociale pour analyser la société française fait l'objet de débats.
On a ainsi assisté à un déclin des classes sociales au XXe siècle et à une « moyennisation » de la société française. La notion de classe sociale a été théorisée en premier lieu par Karl Marx et Jacques Weber. Selon Karl Marx, les individus forment une classe « en soi », c'est-à-dire un groupe d'individus avec les mêmes conditions de vie et les mêmes intérêts. Lorsque les individus prennent conscience de leurs intérêts en commun, ils acquièrent une « conscience de classe » et peuvent mener des mouvements collectifs de revendication. Ils forment alors une classe « pour soi ». Contrairement à Marx, Weber pense que les classes sociales sont des constructions théoriques. Selon lui, une classe sociale regroupe des individus qui partagent une même situation économique (des personnes qui ont accès aux mêmes biens et services grâce à leur revenu et leur patrimoine), sociale (les personnes partagent un même niveau de prestige), et politique (les individus détiennent un pouvoir politique ou forment un parti politique). Durant les Trente Glorieuses, on a assisté à un déclin des classes sociales en France, c'est-à-dire que les distances inter-classes se sont réduites. En revanche, les distances intra-classes ont augmenté. Ces phénomènes sont accentués par le processus d'individualisation. Le processus d'individualisation correspond à la valorisation de plus en plus forte de l'autonomie de l'individu. Il contribue au déclin des classes sociales en brouillant les frontières entre les classes sociales, car les individus attribuent leurs succès et échecs à leurs propres choix plutôt qu'aux inégalités sociales. Ainsi, l'identification subjective à la classe, c'est-à-dire le fait pour un individu de se définir comme faisant partie de la classe sociale à laquelle il appartient, est de plus en plus difficile.
Cependant, les inégalités s'accentuent depuis les années 1980. Certains sociologues considèrent ainsi que les classes sociales sont toujours présentes. Bourdieu, notamment, fournit une théorie des classes sociales basée sur plusieurs dimensions. Pierre Bourdieu considère que la société est structurée selon la possession de plusieurs ressources (ou capitaux), dont les deux principaux sont le capital économique et le capital culturel. Le capital économique correspond aux ressources économiques (revenu et patrimoine) ; le capital culturel correspond à l'ensemble des ressources culturelles qui proviennent de la socialisation. La classe dominante est celle qui possède un volume de capital élevé, tandis que les classes populaires ont des moyens financiers et culturels plus réduits. Les pratiques sociales, influencées par le capital économique et le capital culturel, différencient les classes sociales. De plus, les inégalités sont en hausse depuis les années 1980, dans un mouvement de polarisation, inverse du processus de moyennisation.
Pour une analyse plus fine des inégalités sociales, de plus en plus d'approches appellent à penser les inégalités en systèmes, par exemple en articulant la classe et le genre pour expliquer des inégalités spécifiques. En effet, la position occupée par un individu dans la société dépend de plusieurs rapports sociaux, c'est-à-dire de relations inégales entre différents groupes sociaux. On parle notamment de rapports de classe et de rapports de genre. Les femmes des classes populaires se situent ainsi à l'intersection de deux rapports sociaux (de classe et de genre) qui les placent dans des situations défavorisées. Les femmes cadres et ouvrières ont par exemple certaines caractéristiques en commun, mais leur classe sociale est différente, ce qui a aussi une incidence sur les rapports de genre. Une femme de classe supérieure peut payer des employés pour s'occuper du travail domestique (faire le ménage, cuisiner, garder les enfants, etc.). Une femme avec un revenu plus limité doit souvent s'occuper elle-même de ce travail. Les normes et valeurs varient à la fois selon le genre et selon la classe sociale. En considérant ces deux aspects, on peut expliquer des inégalités propres à certaines positions sociales. Ainsi, le « plafond de verre » qui limite l'accès à un revenu et à une position élevée chez les femmes peut être plus important encore pour une femme issue d'une classe défavorisée que pour une femme cadre.