Quelles sont les différences essentielles entre le théâtre de la cruauté et le théâtre de l'absurde ?
Qui a théorisé le théâtre de la cruauté ?
Parmi les propositions suivantes, quel dramaturge fait partie du théâtre de l'absurde ?
Sur quoi repose essentiellement le théâtre de l'absurde ?
Que refuse Antonin Artaud pour la mise en scène du théâtre de l'absurde ?
Quelle est la différence essentielle entre théâtre de l'absurde et théâtre de la cruauté ?
Le XXe siècle est une époque charnière pour le théâtre, qui connaît plusieurs évolutions. Les deux grands courants qui marquent ce siècle sont le théâtre de la cruauté et le théâtre de l'absurde. Si ces deux courants paraissent parfois similaires, ils présentent toutefois des différences essentielles, tant dans les textes que dans la mise en scène.
C'est Antonin Artaud qui définit le théâtre de la cruauté dans son ouvrage Le Théâtre et son double en 1938. Il explique que la société est devenue malade et doit être guérie. Il rejette le drame psychologique, centré sur un seul personnage et ses états d'âme, et propose au contraire un théâtre communautaire. Il veut surtout un retour aux origines sacrificielles du théâtre. En effet, dans la Grèce antique, le théâtre accompagne les fêtes données en l'honneur des dieux, et des sacrifices d'animaux ont alors lieu. Le théâtre de la cruauté effectue un retour vers l'idée que l'homme n'est pas libre, que des forces extérieures pèsent sur lui et qu'il ne peut pas les contrôler.
Le théâtre de l'absurde, quant à lui, est influencé par les théories existentialistes de Camus et de Sartre. L'idée de destin n'est plus présente. L'Homme est plutôt perdu dans un monde insensé, et il agit de façon absurde. L'idée de déterminisme disparaît, les personnages sont réduits à des stéréotypes.
En ce qui concerne la représentation, le théâtre de la cruauté doit être un "spectacle total" d'après Antonin Artaud. Il pense que tout doit venir des personnages. Il rejette donc l'idée de mise en scène extérieure trop poussée. Il veut redéfinir les frontières entre acteurs et spectateurs. Il minimise parfois le discours théâtral et a souvent recours aux sons et aux mouvements.
Le théâtre de l'absurde repose également sur le dénuement dans les décors. Toutefois, contrairement au théâtre de la cruauté, le langage a beaucoup d'importance puisqu'il s'agit d'insister sur sa destruction, sur l'impossibilité pour les hommes de communiquer. Le jeu sur la parole tient donc une place primordiale dans la mise en scène. La Cantatrice chauve de Ionesco, par exemple, repose sur la déstructuration du discours. Il y a de nombreuses répétitions, et ce jusque dans la mise en scène, avec une ouverture et une fermeture identiques, présentant un couple assis dans un salon en pleine discussion.
- Le théâtre de la cruauté propose un retour aux sources sacrificielles du théâtre alors que le théâtre de l'absurdité repose sur les théories existentialistes.
- La représentation théâtrale est épurée pour les deux mouvements théâtraux, mais le théâtre de la cruauté repose davantage sur le personnage alors que le théâtre de l'absurde repose sur la déstructuration souvent comique du langage.