Les évolutions du théâtre au XXe siècle Exercice fondamental

Le théâtre a connu de très nombreuses évolutions au fil du temps. Le XIXe siècle a été l'occasion de remettre en question les règles trop rigides de l'époque classique, et le XXe siècle va poursuivre cette évolution. Mais les deux grandes guerres mondiales, vont marquer profondément les esprits, et les dramaturges du XXe siècle vont illustrer dans leurs œuvres les sentiments sombres qui animent les populations. Ainsi, dès le début du XXe siècle, le théâtre de la cruauté voit le jour, et juste avant le début de la Seconde Guerre mondiale, le théâtre de l'absurde est créé.

Au début du XXe siècle, le théâtre est en crise. À cause de l'apparition du cinéma, très réaliste, les dramaturges se voient obligés de repenser le théâtre, de redéfinir le genre. Les comédies de boulevard ne sont plus aussi appréciées qu'à la fin du XIXe siècle, les événements politiques ne prêtent pas à rire. La crise du théâtre arrive au moment où une grave crise européenne se prépare. À l'aube du XXe siècle, en 1914, la Première Guerre mondiale éclate. Jamais un conflit n'avait semblé aussi horrible. Le traumatisme est énorme. Les dramaturges sont confrontés à la cruauté humaine, et c'est ainsi que naît le théâtre dit "de la cruauté", théorisé par Antonin Artaud dans Le Théâtre et son double. Il explique ainsi l'importance de revenir aux sources sacrificielles du théâtre, c'est-à-dire au théâtre antique. Le destin de l'Homme est par nature tragique, et le théâtre doit en être le reflet. Il déclare que les hommes ne sont pas libres, et qu'il faut pouvoir découvrir cette vérité sur scène. Des auteurs comme Jean Genet et Eugène Ionesco sont très influencés par ses théories.

Alors que l'Europe se remet difficilement des destructions de la Première Guerre mondiale, la Seconde éclate. Avec elle, naît le théâtre de l'absurde. Les auteurs de ce courant veulent traduire leur impression que la vie n'a aucun sens, que le monde n'a pas de logique. L'être humain ne semble pas apprendre de ses erreurs, les horreurs continuent et sont de plus en plus horribles. Les sciences, initialement source d'espoir, sont devenues source de destruction. Albert Camus, dans Caligula, développe cette nouvelle philosophie de l'absurde en mettant en scène un héros désillusionné qui expérimente l'horreur du monde et l'impossibilité d'assouvir ses désirs. D'autres auteurs s'intéressent à mettre en scène les relations humaines et l'incommunicabilité entre eux. C'est le cas de Samuel Beckett, avec ses célèbres pièces En attendant Godot ou encore Fin de partie. Le monde est devenu hostile, le théâtre traduit cette réalité. "L'enfer, c'est les autres", écrit d'ailleurs Jean-Paul Sartre dans Huis clos. Le théâtre est donc devenu le lieu pour exprimer le désespoir, peindre l'absurdité du monde et faire réfléchir les spectateurs sur l'insondable destinée humaine.