À quelle étape théâtrale les extraits suivants renvoient-ils ?
« CHIMÈNE.
Elvire, m'as-tu fait un rapport bien sincère ?
Ne déguises-tu rien de ce qu'a dit mon père ?
ELVIRE.
Tous mes sens à moi-même en sont encore charmés :
Il estime Rodrigue autant que vous l'aimez,
Et si je ne m'abuse à lire dans son âme,
Il vous commandera de répondre à sa flamme. »
Pierre Corneille, Le Cid, acte I, scène 1, 1637
L'exposition se situe au premier acte, au tout début de la pièce. Elle permet de présenter les principaux personnages et de mettre en avant la situation initiale et les faits. Ici, c'est par un dialogue entre Chimène et Elvire que l'on apprend que la pièce tournera autour de l'amour de Rodrigue et Chimène, et que l'on découvre les principaux personnages.
« DON DIÈGUE.
Le père de Chimène.
DON RODRIGUE.
Le...
DON DIÈGUE.
Ne réplique point, je connais ton amour,
Mais qui peut vivre infâme est indigne du jour ;
Plus l'offenseur est cher, et plus grande est l'offense.
Enfin tu sais l'affront, et tu tiens la vengeance :
Je ne te dis plus rien. Venge-moi, venge-toi ;
Montre-toi digne fils d'un père tel que moi.
Accablé des malheurs où le destin me range,
Je vais les déplorer. Va, cours, vole, et nous venge. »
Pierre Corneille, Le Cid, acte I, scène 5, 1637
Le nœud dramatique précise la nature des conflits (vengeance, honneur, amour, etc.) et l'urgence de la situation. Ici, Don Diègue demande à Don Rodrigue de le venger pour restaurer son honneur. Don Rodrigue est donc confronté à un dilemme, il doit choisir entre son mariage avec Chimène et la vengeance de son père.
« CHIMÈNE.
Enfin je me vois libre, et je puis, sans contrainte,
De mes vives douleurs te faire voir l'atteinte ;
Je puis donner passage à mes tristes soupirs ;
Je puis t'ouvrir mon âme et tous mes déplaisirs.
Mon père est mort, Elvire ; et la première épée
Dont s'est armé Rodrigue, a sa trame coupée.
Pleurez, pleurez, mes yeux, et fondez-vous en eau !
La moitié de ma vie a mis l'autre au tombeau,
Et m'oblige à venger après ce coup funeste,
Celle que je n'ai plus sur celle qui me reste. »
Pierre Corneille, Le Cid, acte III, scène 3, 1637
Les péripéties modifient le cours de l'intrigue (événements imprévus, rebondissements, coups de théâtre) et font avancer l'action, les personnages sont obligés d'agir. Ici, Chimène apprend que son père est mort. Elle se sent donc obligée d'agir pour venger son père et retrouver son honneur.
« CHIMÈNE.
Qu'en un cloître sacré je pleure incessamment,
Jusqu'au dernier soupir, mon père et mon amant.
DON DIÈGUE.
Enfin elle aime, sire, et ne croit plus un crime
D'avouer par sa bouche un amour légitime.
DON FERNAND.
Chimène, sors d'erreur ton amant n'est pas mort,
Et don Sanche vaincu t'a fait un faux rapport. »
Pierre Corneille, Le Cid, acte V, scène 6, 1637
Le dénouement se situe à la fin de la pièce et découle des actions précédentes. Il achève et résout rapidement l'action. Ici, Chimène est informée du faux rapport de Don Sanche. Contrairement à ce qu'il lui a dit, Don Rodrigue n'est pas mort et a remporté le duel. Le dénouement de la pièce est donc heureux, Don Rodrigue et Chimène vont pouvoir se marier.
« LE MESSAGER.
Une terrible nouvelle. On venait de jeter Antigone dans son trou. On n'avait pas encore fini de rouler les derniers blocs de pierre lorsque Créon et tous ceux qui l'entourent entendent des plaintes qui sortent soudain du tombeau. Chacun se tait et écoute, car ce n'est pas la voix d'Antigone. C'est une plainte nouvelle qui sort des profondeurs du trou... Tous regardent Créon, et lui, qui a deviné le premier, lui qui sait déjà avant tous les autres, hurle soudain comme un fou : « Enlevez les pierres ! Enlevez les pierres ! ». Les esclaves se jettent sur les blocs entassés et, parmi eux, le roi suant, dont les mains saignent. Les pierres bougent enfin et le plus mince se glisse dans l'ouverture. Antigone est au fond de la tombe pendue aux fils de sa ceinture, des fils bleus, des fils verts, des fils rouges qui lui font comme un collier d'enfant, et Hémon à genoux qui la tient dans ses bras et gémit, le visage enfoui dans sa robe. [...] et, sans rien dire, il se plonge l'épée dans le ventre et il s'étend contre Antigone, l'embrassant dans une immense flaque rouge. »
Jean Anouilh, Antigone, © La Table Ronde, 1944
Le dénouement se situe à la fin de la pièce et découle des actions précédentes. Il achève et résout rapidement l'action. Ici, le messager annonce au public la fin tragique que subissent deux des personnages. Le dénouement de la pièce est donc malheureux. Antigone se pend après avoir été emmurée et Hémon plonge son épée dans son ventre.