Sommaire
ILes mutations de la population activeALe travail agricole1La modernisation des campagnes2Le déclin du travail agricoleBLes ouvriers1Les évolutions du travail ouvrier2L'essor des travailleurs industriels3Le déclin des ouvriers ?CL'expansion du tertiaireIILes mutations socialesAL'apparition d'une nouvelle société1L'essor urbain2De nouvelles pratiques culturellesBL'évolution des rapports sociaux1D'importantes inégalités sociales au XIXe siècle2L'amélioration du sort des ouvriers3Apogée et déclin de l'État providenceLa population active française connaît de profondes transformations avec l'industrialisation du pays. Le monde agricole subit un long déclin tout au long du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle. Les ouvriers connaissent une forte progression de leurs effectifs mais sont rapidement dépassés par les travailleurs du tertiaire.
Une nouvelle société apparaît : les Français deviennent majoritairement urbains et de nouvelles pratiques culturelles font leur apparition. Les inégalités sociales, très fortes au XIXe siècle, diminuent progressivement, notamment durant les Trente Glorieuses, grâce à la mise en place de l'État providence. Cependant, les modifications économiques depuis les années 1970 ont pour conséquence un creusement des inégalités sociales et une précarisation accrue des classes les plus fragiles de la société.
Les mutations de la population active
Deux grandes évolutions traversent tous les secteurs d'activité :
- Depuis les années 1850, la population active a augmenté. Elle est passée de 16 millions de travailleurs à 28,6 millions en 2012.
- La population active est devenue majoritairement salariée. Alors que moins de la moitié des travailleurs étaient des salariés au XIXe siècle, ils sont aujourd'hui plus de 90 %.
Le travail agricole
La modernisation des campagnes
L'industrialisation de la société française a des effets sur le travail agricole. Même si cette évolution est plus lente en France que dans les autres pays industrialisés, l'exode rural s'affirme :
- La production agricole est de plus en plus mécanisée.
- Dans un premier temps, les paysans alternent travaux des champs et travail à l'usine, on parle d'ouvrier-paysans.
- Les ouvriers agricoles, dont le travail est progressivement remplacé par les machines quittent la campagne, il s'agit de l'exode rural.
- Les grandes usines qui se développent à la fin du XIXe siècle attirent ces travailleurs agricoles.
Dans les années 1870, les travailleurs agricoles ne regroupent plus que la moitié des travailleurs français.
Le déclin du travail agricole
À partir de 1945, le processus d'exode rural s'achève :
- Les entreprises agricoles se concentrent et travaillent des surfaces plus grandes. On observe progressivement l'abandon progressif de la petite exploitation familiale. En 2010, 80 % de la production agricole est assurée par les grandes exploitations.
- La modernisation se poursuit et s'intensifie. Les agriculteurs français ont recours à des techniques modernes pour gérer leur exploitation.
- Le nombre d'exploitants agricoles chute considérablement. Il est passé de 8 % à 3 % de la population active totale en France de 1980 à 2010.
- Même dans les zones rurales françaises, les agriculteurs sont désormais minoritaires.
Les ouvriers
Les évolutions du travail ouvrier
L'industrialisation de la France au XIXe siècle ne signifie pas l'abandon immédiat et systématique du travail agricole pour le travail industriel. De nombreux ruraux n'ont une activité dans l'industrie que quelques mois par an (les ouvriers-paysans) et nombreux sont celles et ceux qui travaillent à leur domicile, notamment dans le textile.
Le travail des femmes dans l'industrie augmente progressivement alors que celui des enfants diminue, notamment depuis les lois de protection des enfants et de scolarisation obligatoire en 1882.
De nombreux ouvriers au XIXe siècle sont des artisans qui travaillent dans des petites unités de production et possèdent un réel savoir-faire. La diversité qui caractérisait le monde ouvrier au XIXe siècle (artisans, ouvriers à domicile, ouvriers des grandes usines, etc.) disparaît progressivement au XXe siècle au profit de la généralisation de l'ouvrier spécialisé qui effectue des tâches répétitives et dont le travail ne nécessite quasiment aucune formation. Ces ouvriers sont des prolétaires, ils n'ont que leur force de travail pour vivre.
L'essor des travailleurs industriels
La seconde révolution industrielle accélère les mutations dans le monde du travail observées depuis la première révolution industrielle :
- Les grandes usines sont de plus en plus nombreuses à la fin du XIXe siècle et recherchent une main-d'œuvre nombreuse.
- Cette demande en main-d'œuvre ouvrière est satisfaite grâce aux travailleurs qui quittent les campagnes et aussi grâce à l'immigration encouragée par l'État.
- De 1926 à 1931, la part des ouvriers dans la population active est la plus importante.
La crise de 1929 a pour conséquence une diminution du nombre des travailleurs industriels et il faut attendre 1960 avant de retrouver le même nombre d'ouvriers qu'au début des années 1930.
Le nombre des ouvriers augmente avec la reprise économique des Trente Glorieuses. Les ouvriers représentent 40 % de la population active en 1974.
Le déclin des ouvriers ?
Avec l'automatisation des tâches, les ouvriers spécialisés voient leurs effectifs diminuer.
Les chocs pétroliers de 1973 et 1979, le déclin des industries traditionnelles dans les pays occidentaux et la concurrence des NPI diminuent le nombre et la part des ouvriers dans la population active.
Les ouvriers ne représentent plus que 20 % de la main-d'œuvre en 2010.
Cependant, la classification des travailleurs par secteur d'activité (primaire, secondaire, tertiaire) est de plus en plus remise en cause et nombreux sont les employés du secteur tertiaire qui effectuent des tâches répétitives semblables à celles des ouvriers spécialisés, notamment dans la manutention.
L'expansion du tertiaire
Les mutations de la société française pendant l'industrialisation entraînent la progression du nombre de travailleurs dans le tertiaire :
- La bourgeoisie s'entoure d'un personnel nombreux, composé de domestiques.
- Les employés des postes et des chemins de fer se développent parallèlement à l'essor des transports.
- L'État recrute des fonctionnaires pour assurer le fonctionnement de ses services et l'enseignement obligatoire.
- Le commerce voit l'émergence du personnel des grands magasins qui côtoie de nombreux petits boutiquiers.
L'industrialisation de la production encourage le développement du tertiaire :
- Les usines ont besoin d'un personnel d'encadrement composé d'ingénieurs, de cadres, de personnel administratif (secrétaire, comptable, etc.)
- Le développement du système capitaliste assure l'essor des services de banques et d'assurance.
Le tertiaire connaît une forte expansion après la Seconde Guerre mondiale.
En 1800, la part de travailleurs dans les services est d'environ 10 %. Elle passe à 26 % en 1913. Elle est de 76% en 2014.
La part des femmes dans la population active ne cesse de croître et elles sont nombreuses à travailler dans les services.
Les mutations sociales
L'apparition d'une nouvelle société
L'essor urbain
La croissance démographique aux XIXe et XXe siècles, l'exode rural et l'industrialisation qui se développent le plus souvent en milieu urbain ont pour conséquence une augmentation de la population urbaine.
La population urbaine devient majoritaire en France en 1931 et elle est de 87 % en 2013.
Les grandes banlieues en périphérie des villes se développent après la Seconde Guerre mondiale. Dans les années 1970, ce sont les grands espaces périurbains qui enregistrent les plus fortes croissances. Ils se caractérisent par la construction de maisons individuelles entourées de jardins. Mais ils posent de réels problèmes de durabilité car le mode de vie dans les zones périurbaines est très consommateur d'espaces, et notamment de terres agricoles. Il nécessite également l'utilisation de la voiture pour aller travailler ou accéder aux loisirs.
De nouvelles pratiques culturelles
L'instruction obligatoire mise en place en 1882 a permis l'essor important des journaux. La lecture s'est développée au sein de la population. L'invention de la radio, de la télévision puis d'Internet a profondément modifié le rapport de la société française à l'information.
La part que les Français consacrent aux loisirs est en progression constante et s'accélère après 1945. Les Français profitent de la société des loisirs :
- Les biens culturels sont plus facilement accessibles.
- La pratique du sport s'est généralisée à toutes les couches de la population.
Le recours au crédit, l'apparition des supermarchés et la multiplication des publicités font entrer les Français dans la consommation de masse à partir des Trente Glorieuses.
L'évolution des rapports sociaux
D'importantes inégalités sociales au XIXe siècle
Au XIXe siècle, les ouvriers connaissent des conditions de vie très précaires :
- Une grande partie de leur budget est consacré à l'alimentation.
- Ils habitent pour beaucoup dans des quartiers insalubres.
- De nombreux secteurs industriels proposent des emplois difficiles comportant des risques (mines, sidérurgie, etc.) pour lesquels ils ne sont pas couverts. Ils n'ont pas d'assurance maladie ni d'indemnisation en cas d'accident du travail.
- Les ouvriers sont les premières victimes de la crise qui touche la France et l'Europe dans la seconde moitié du XIXe siècle.
- Mais la situation des ouvriers s'améliore progressivement tout au long de cette période.
La mortalité dans le monde ouvrier est assez élevée, elle est extrême dans certains cas : dans le quartier ouvrier de Wazemmes à Lille, à la fin du XIXe siècle, de nombreux ouvriers habitent dans des caves et le taux de mortalité infantile de ces familles est de 50 %.
À l'opposé, la bourgeoisie renforce sa position en haut de la société. La bourgeoisie comprend des familles enrichies grâce à l'industrialisation et au développement du commerce et des services :
- Les grands banquiers accumulent de véritables fortunes.
- Les grands patrons comme les Schneider au Creusot, les Krupp en Allemagne se constituent de grandes fortunes et font partie de la grande bourgeoisie.
- Les grands commerçants et les négociants profitent aussi de l'industrialisation.
Cette bourgeoisie partage un style de vie et des valeurs :
- Elle vit dans l'aisance, habite les beaux quartiers (à Paris, dans les grands boulevards haussmanniens) et s'entoure de nombreux domestiques.
- Elle présente des candidats aux élections et défend ses intérêts grâce à ses élus au Parlement.
- Elle mène un train de vie fastueux, se réunit dans les opéras, dans les stations balnéaires.
- Elle défend des valeurs telles que le travail, l'épargne, etc.
Au milieu, les classes moyennes émergent. Leur composition est variée et hétérogène : des petits patrons, des fonctionnaires, des médecins, des avocats, des journalistes, des boutiquiers, etc.
Cette classe est éduquée, elle vit dans une certaine aisance car elle dispose de revenus suffisants. Par ailleurs, elle cherche à épargner et veut accéder à la bourgeoisie dont elle imite les codes.
L'amélioration du sort des ouvriers
Les ouvriers luttent pour améliorer leurs conditions de vie.
Les socialistes contestent le système capitaliste :
- Karl Marx et Engels sont les principaux théoriciens de ce mouvement. Ils écrivent en 1848 le Manifeste du parti communiste.
- Ils dénoncent les inégalités et la difficile condition ouvrière.
- Ils considèrent que la bourgeoisie exploite la classe ouvrière.
- Marx prône la lutte des classes et souhaite la révolution, qui permettrait de mettre en place une société communiste dans laquelle il n'y aurait plus d'injustice sociale.
Les syndicats sont des organisations qui luttent auprès des travailleurs pour l'amélioration de leurs conditions :
- Ils utilisent les grèves et les manifestations pour faire pression sur les entrepreneurs.
- Certains syndicats, comme la CGT créée en 1895, se revendiquent de l'anarchisme et proposent le recours à des moyens violents pour renverser le système.
Des lois sociales sont votées et permettent l'amélioration des conditions de travail des ouvriers :
- Le droit de grève est assuré en 1864.
- Les syndicats sont autorisés en 1884.
- Le travail quotidien est limité à huit heures en 1919.
Apogée et déclin de l'État providence
En 1945, de nombreuses réformes sociales sont adoptées et notamment la sécurité sociale. Durant les Trente Glorieuses, les conditions des plus pauvres s'améliorent car ils bénéficient d'un système de protection couvrant les accidents, les maladies, le chômage et la retraite.
Les inégalités salariales s'estompent entre les emplois qualifiés et non qualifiés et entre les hommes et les femmes. Cependant, ces inégalités ne disparaissent pas.
Depuis les crises des années 1970, la concurrence exacerbée entre les économies nationales et l'orientation néolibérale prise par les États permettent de nouveau le creusement des inégalités sociales :
- Les plus hauts salaires connaissent une envolée.
- Le chômage de masse est une constante dans les économies occidentales.
- Beaucoup de travailleurs se retrouvent dans une situation de pauvreté.
De plus, les conditions de travail se dégradent :
- Les emplois à temps partiel et à durée déterminée augmentent la précarité du travail.
- Les travailleurs sont plus flexibles.
État-providence
Un État providence est un État qui ne se limite pas aux seules fonctions régaliennes et qui assure à ses citoyens une protection sociale et des aides sociales en utilisant la redistribution des richesses.
En 1945, la France devient un État providence, elle met en place la Sécurité sociale et les comités d'entreprise.