Expliquer le bilan économique au lendemain de la guerre Exercice fondamental

En 1945, les économies et les finances mondiales sont sinistrées. Tous les pays, cependant, ne sont pas aussi durement touchés. Face à un bilan économique très contrasté, la reconstruction de l'économie mondiale et une nouvelle régulation paraissent nécessaires.

L'Europe et le Japon sont les plus touchées par les destructions matérielles. Le PNB du Japon a baissé de 70% entre 1938 et 1945, celui de la France de l'Italie de près de la moitié. Le record appartient à l'Allemagne avec une baisse de près de 3/4. Seul le Royaume-Uni tire son épingle du jeu en Europe avec une hausse de son PNB de 8% entre 1938 et 1945. Cependant, la prédominance des pays industrialisés se maintient. Si la plupart des pays européens ont souffert de la guerre, les forces productives sont intactes. Globalement, le potentiel industriel de ces pays en 1945 est supérieur à celui de 1938. La guerre a dynamisé l'économie (textile, métallurgie). Même si les destructions sont importantes, les pays européens, sur les acquis de la première et de la deuxième Révolution Industrielle, ne partent pas de rien. Du point de vue financier, le coût de la guerre est aussi très lourd. Il a fallu financer le conflit. Au Royaume-Uni, la dette publique est passée de 7,3 à 22,5 millions de livres. Dans le reste de l'Europe, il a fallu en plus supporter les énormes ponctions monétaires effectuées par les Allemands dans les pays occupés. En France, la dette publique est ainsi passée de 446 à 1756 milliards de francs. A la fin des hostilités, l'inflation renforcée par l'extrême rareté des produits à acheter fait que, partout, le retour au quotidien est difficile. Ainsi, en France, le rationnement est maintenu jusqu'en 1948. Du point de vue économique comme du point de vue financier, les grands vainqueurs de la guerre sont les États-Unis. Leur PNB a augmenté de 80% de 1938 à 1945. Ils détiennent les 2/3 du stock d'or mondial et ils sont les créditeurs du monde entier. En revanche, le retard des pays pauvres subsiste. Certes, la guerre a permis à des colonies de développer certaines industries. Mais ce développement n'a pas été conçu dans un esprit de durée (Algérie, Inde). Des pays comme le Brésil, le Mexique, l'Argentine ont accru leurs exportations en liaison avec les demandes de guerre. La division du monde en sphères économiques ou financières hermétiques, la chute de l'Allemagne qui perturbe les échanges en Europe, la bipolarisation du monde et de l'Europe, tout contribue à rendre de nouvelles règles de régulation indispensables.

La Charte de l'Atlantique (1941) avait réaffirmé la libre circulation des marchandises et la liberté des mers. Pour les Américains, principaux inspirateurs de cette Charte, le protectionnisme des années 1930 avait été à l'origine de l'aggravation de la crise et une des causes de la guerre. Les Américains qui ont une industrie en plein rendement, ne veulent pas voir les marchés se fermer et voir ainsi leurs exportations baisser entraînant une nouvelle crise. Ce libéralisme permet aussi aux pays débiteurs des États-Unis de relancer leurs commerces et donc d'honorer leurs dettes. Aussi, il apparaît très clairement que Washington est le maître de la situation. Ce sont les douloureux souvenirs des effondrements de monnaie de 1930 à 1940 et la mauvaise santé financière des pays en guerre en 1944 qui incitent alors les Alliés à créer le SMI (Système Monétaire International) afin de stabiliser les monnaies. En juillet 1944, à Bretton Woods, est remis en place le Gold Exchange Standard. L'or sert de base au SMI. Les Banques centrales devaient renfermer de l'or ou des dollars, ce qui revient au même puisque les États-Unis détiennent en 1945, 80% de l'or mondial. Le dollar est la seule monnaie convertible en or. C'est sur cette parité fixe du dollar face à l'or que put se faire la croissance. Toutes les autres monnaies du monde se positionnèrent sur ce doublet (dollar-or), gage de stabilité. Une caisse de secours mutuel fut créée pour renforcer ce système : le FMI. (Fonds monétaire international) Ce Fonds est alimenté, par les pays signataires de Bretton Woods, au prorata de la puissance financière (1/4 en or, 3/4 en monnaie nationale). Son but est de venir en aide aux pays ayant une balance des paiements déficitaire. Cette stabilité permis un développement des échanges. Enfin, un accord très vague (preuve de la complexité des situations de chaque pays) est signé à Genève en 1947 : le General Agreement on Tariffs and Trade (GATT). Le libre-échange y est prôné pour tous les pays signataires. Le dumping (vente à perte) est interdit, le protectionnisme aussi quelque soit sa forme. 23 pays signèrent ce traité soit 80% des échanges mondiaux (l'URSS n'en fait pas partie).