Le "roman pur" Exercice fondamental

Dans le Journal des Faux-Monnayeurs, Gide exprime son souhait de créer ce qu'il nomme "un roman pur" qui prendrait appui sur l'imagination du lecteur en suggérant au lieu d'imposer des images. L'analyse porterait davantage sur ce qui motive certains comportements au lieu de mettre au premier plan les actions elles-mêmes ; les idées primeraient donc sur les actes.

Gide s'oppose à l'esthétique réaliste du XIXe siècle qui priverait le lecteur d'une partie de son rôle. En effet, ces romans regorgent de longues descriptions, créant ainsi un effet de réel qui impose des images au lieu de les faire naître dans l'esprit du lecteur devenant ainsi passif. Au contraire, Gide propose une stylisation du réel dont il ne veut pas s'éloigner totalement mais il compte mêler des éléments réels à des éléments imaginaires. Pour ce faire, il explique l'importance des éléments autobiographiques dont l'écrivain se nourrit, c'est pourquoi certains passages du Journal des Faux-Monnayeurs et du journal d'Édouard correspondent parfaitement.

"Le roman pur" selon Gide ne doit pas apporter d'explication trop rigide et définitive aux motivations qui poussent les personnages à agir mais il doit questionner, sans forcément apporter de réponse. Ainsi, la motivation prend racine dans le passé parfois lointain du personnage, que le lecteur ne connaît pas forcément. C'est à lui de combler les vides laissés par l'auteur afin de trouver une raison plausible. Ce sont donc les idées qui sont placées au premier plan dans le roman gidien, non plus les actions. Toutefois, les émotions sont également présentes. En effet, André Gide parvient à faire s'interroger ses personnages sur les éléments essentiels de la vie comme l'amour, l'amitié, la morale entre autres sujets qui viennent interpeller directement le lecteur.