Pourquoi peut-on dire qu'André Gide mêle différents genres dans son roman ?
À quel genre romanesque correspond l'intrigue suivant le trafic de fausse monnaie ?
À quel genre romanesque correspond l'histoire de Bernard ?
À quel genre romanesque correspond le suicide de Boris ?
Comment Jean-Paul Sartre a-t-il qualifié le roman d'André Gide ?
Quel procédé littéraire permet de créer le roman dans le roman ?
Le roman des Faux-Monnayeurs est caractéristique d'une esthétique plurielle, c'est-à-dire qu'il multiplie les intrigues, les voix narratives, mais également les références aux genres romanesques identifiables.
En effet, dans ce roman sont présents de façon plus ou moins développée des éléments appartenant à différents genres. On retrouve le roman policier, à travers l'enquête de mœurs par le juge Profitendieu et le trafic de fausse monnaie. Le roman d'apprentissage est convoqué à travers le personnage de Bernard qui fugue de chez lui, rejette sa famille et doit faire face aux difficultés que représente l'entrée dans l'âge adulte. Le roman d'aventures s'invite à travers les scènes de révélation, les relations amoureuses qui se font et se défont ainsi que les rencontres secrètes, le vol et le suicide de Boris. Enfin, on peut parler de roman d'amour qui repose sur des relations complexes, homosexuelles, des adultères, des séparations et des réconciliations.
Mais ce roman se fait également plus complexe. On trouve quelque chose du roman métaphysique à travers les questions plus philosophiques que soulève le récit, notamment sur la liberté de l'Homme ou la religion. Enfin, on peut parler de roman dans le roman grâce à la mise en abyme et au personnage d'Édouard qui écrit lui aussi un roman dont il est très fier, et un journal.
En vérité, Les Faux-Monnayeurs est tellement riche en genres romanesques qu'il est qualifié d'"antiroman" par Jean-Paul Sartre. En rejetant toutes les caractéristiques propres à l'écriture romanesque du XIXe siècle, en refusant la linéarité, la notion du narrateur unique et omniscient, l'intrigue unique et le principe de l'illusion romanesque, André Gide a bien créé un roman unique en son genre, réunissant finalement tous les genres.
- On relève une multiplicité de genres romanesques : roman policier, d'apprentissage, d'aventures, d'amour.
- Le roman se fait même complexe, il est métaphysique et repose sur la mise en abyme (roman dans le roman).
- C'est un "antiroman", d'après la définition qu'en donne Jean-Paul Sartre, car il mêle tous les genres.