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L'écrivain et le lecteur pour André Gide Question sur 8 points type bac

Ce contenu a été rédigé par l'équipe éditoriale de Kartable.

Dernière modification : 24/10/2018 - Conforme au programme 2017-2018

Comment André Gide pense-t-il la place du lecteur et de l'écrivain dans Les Faux-Monnayeurs ?

Quel personnage, romancier dans le roman, est une sorte de double de Gide, assurant une plus grande proximité avec le lecteur ?

Qui est Jacques de Lacretelle ?

Quelle attitude Gide attend-il de ses lecteurs ?

Qu'est-ce qui permet au lecteur de se faire sa propre vision des personnages ?

Le lecteur est-il totalement libre de son interprétation ?

Traditionnellement, l'auteur est la personne qui écrit une œuvre ayant vocation à être lue et découverte par un lecteur plutôt passif, guidé par le narrateur et l'auteur afin de le faire aller là où ils ont décidé qu'il ira. Il n'y a guère d'échanges possibles ni de multiples interprétations. Gide propose à travers son roman Les Faux-Monnayeurs ainsi qu'à travers l'ouvrage qui l'accompagne, Le Journal des Faux-Monnayeurs, une nouvelle conception de la relation qui unit l'auteur et le lecteur. Ce dernier ne serait plus simplement un observateur, lecteur servile, mais participerait à la construction même de l'œuvre, à condition qu'il se place dans une démarche active. C'est pourquoi il semble intéressant de se questionner sur la place qui est conférée par Gide à l'auteur et au lecteur. Tout d'abord en analysant la proximité créée entre l'auteur et le lecteur avant de se pencher sur le rôle de co-créateur conféré au lecteur.

I

Un auteur proche de ses lecteurs

Les Faux-Monnayeurs est un roman qui permet au romancier de s'interroger sur son propre rôle. Pour Gide, le romancier doit s'interroger et interroger le lecteur. D'ailleurs, il prend appui dans le roman sur deux figures d'écrivains, totalement différentes et incarnant deux conceptions de la littérature. Passavant n'aime que le prestige, il n'a aucune idée personnelle, il se contente de développer ce que les lecteurs veulent lire, s'adaptant au marché. Il n'est pas un véritable créateur, c'est un commerçant voire un colporteur. Au contraire, Édouard est un artiste, un véritable créateur, un authentique écrivain. Il se pose de nombreuses questions littéraires et esthétiques et ne cherche pas à écrire en fonction du marché. Le jeune auteur a donc un double statut, celui du romancier et du personnage. Cette position particulière en fait un bon exemple du rôle de l'écrivain car Gide lui fait écrire : "Quoique je dise ou fasse, toujours une partie de moi reste en arrière, qui regarde l'autre se compromettre, qui se fiche d'elle et la siffle, et qui l'applaudit." L'auteur doit donc conserver un regard critique sur l'ouvrage réalisé et il en va de même pour le lecteur.

Contrairement aux romans classiques qui attendent des lecteurs qu'ils se contentent de lire, Gide attend de ses lecteurs qu'ils soient actifs, qu'ils réfléchissent au sens du roman et à son esthétisme littéraire. D'ailleurs, dès le début de l'ouvrage, Gide emploie le pronom personnel "nous" ainsi que l'impératif à la première personne du pluriel afin de créer un lien de complicité. Tous deux se retrouvent dans la même position, ils observent le personnage qui agit devant leurs yeux. De plus, l'auteur s'adresse directement à ses lecteurs afin de leur confier ses réflexions, se demandant par exemple où va le mener son récit, comme si le roman lui échappait.

Outre le lecteur anonyme, Gide s'adresse à des lecteurs en particulier : tout d'abord, à Jacques de Lacretelle, qui est un de ses amis proches, ainsi qu'à tout "ceux que les questions de métier intéressent". Il a donc confiance en son lecteur, il le pense capable d'interpréter à partir du texte, d'agir en rétablissant par exemple la chronologie de l'intrigue. En effet, l'intrigue ne suit pas l'ordre chronologique des faits. Contrairement à un récit linéaire, plus le roman progresse, plus les faits relatés semblent anciens. Le lecteur doit donc reconstituer cette chronologie défaillante. De même, Gide et sa théorie du "roman pur" refuse toute description réaliste qui viendrait écraser le sens du texte. Les personnages sont donc à peine esquissés. Là encore, Gide compte sur ses lecteurs pour faire le travail d'imagination nécessaire afin de se représenter les personnages et les lieux. Il ne s'agit pas selon Gide d'un simple travail d'imagination car en créant ainsi des projections mentales à partir du roman, le lecteur déjà actif devient un collaborateur, comme exprimé dans le Journal des Faux-Monnayeurs : "L'histoire requiert sa collaboration pour se bien dessiner".

Gide modernise la place de l'auteur, il n'est plus un démiurge qui a la main sur l'ensemble d'une œuvre qui serait figée. Il amorce une œuvre littéraire qui ne prendrait vie, à l'entendre, qu'à l'aide d'une lecture active et attentive du lecteur. Celui-ci se voit promu au rang de collaborateur, il doit lire et se faire sa propre vision de l'œuvre lue. Celle-ci pouvant voire devant être différente de celle de l'auteur.

II

Le lecteur co-créateur

Parce que le roman ne dit pas tout, parce qu'il laisse des données à reconstituer, le lecteur doit également apprendre à déchiffrer les éléments que le roman lui transmet afin de reconstruire une nouvelle réalité. Ce travail de recréation du roman est indispensable, il est lié à la multiplicité des points de vue adoptés dans l'œuvre. Contrairement aux romans traditionnels qui sont organisés autour du regard porté par un narrateur omniscient faisant office de traducteur et de rapporteur des faits, ici, ce sont les personnages eux-mêmes qui racontent ce qu'ils vivent à travers une multiplicité de points de vue internes. Il est alors question de polyphonie narrative créée par les différents narrateurs dont les analyses et les regards se croisent et s'entremêlent. Ce kaléidoscope est très enrichissant car il permet de confronter deux points de vue différents concernant un même événement ou un même personnage. Au final, le lecteur n'est pas influencé par la vision arbitraire d'un narrateur, il est libre de se faire sa propre idée des faits racontés. De plus, il peut également prendre appui sur les paroles des personnages qu'il doit alors interpréter car les personnages n'étant pas décrits précisément, les paroles prononcées par les personnages sont souvent révélatrices de leur caractère et de leurs sentiments.

Alors que de manière traditionnelle le romancier tente de créer une illusion romanesque afin de faire oublier au lecteur qu'il lit une œuvre fictive, Gide, à l'aide de son double Édouard, invite le lecteur à s'interroger sur le processus de création littéraire. Aux côtés du jeune romancier, il assiste à ses doutes, à ses questionnements, et en vient à se demander ce qui définit un roman, comment la réalité peut être intégrée dans une œuvre fictive et s'il est possible de véritablement représenter la réalité. En invitant ses lecteurs à s'interroger sur la création littéraire, Gide espère faire d'eux de meilleurs lecteurs, plus attentifs aux détails, actifs et réfléchis, ne tombant pas dans les pièges de la fiction.

Toutefois, même si l'auteur semble accorder une grande place à son lecteur, certains éléments tendent à prouver que ce n'est qu'en partie illusoire. Tout d'abord, le lecteur est obligé de suivre ce que l'auteur a écrit pour lui, selon un ordre qui n'a rien d'aléatoire. Le narrateur joue un rôle important en intervenant ponctuellement dans le récit afin de juger les personnages, influençant le jugement des lecteurs. C'est le cas d'Édouard, vis-à-vis duquel le narrateur emploie des termes péjoratifs comme "amateur" ou "raté", insistant sur le fait que son œuvre est vouée à l'échec. Ce que chercherait à faire l'auteur, c'est apprendre au lecteur à s'interroger afin qu'il trouve sa propre interprétation, débarrassée de tout artifice.

Même si le rôle assigné par Gide à l'auteur et au spectateur a évolué, l'auteur n'en reste pas moins celui qui est à l'origine de tout, qui donne vie à l'œuvre. En donnant une plus grande liberté à son lecteur, en l'invitant à évoluer, Gide lui accorde sa confiance. Conscient que la réception de son roman risque de ne pas être très positive, il a cependant foi en lui et sait que, le moment venu, le lecteur sera prêt à saisir toute la complexité de l'ouvrage.

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