Sommaire
ILa capitale de l'Empire ottomanADe Constantinople à Istanbul1Constantinople, capitale de l'Empire byzantin2La prise de Constantinople par les Turcs (29 mai 1453)BIstanbul, capitale ottomane1La capitale d'un empire puissant2Les transformations de la villeIIUne ville cosmopoliteAIstanbul, une ville-carrefour1Un grand port2Un pont entre l'Europe et l'AsieBIstanbul, une ville multiculturelle1La cohabitation de différentes communautés2La protection des minoritésEn 1453, le sultan ottoman Mehmet II conquiert Constantinople, capitale de l'Empire byzantin. Il fait de la ville la capitale de l'Empire ottoman : Constantinople devient alors Istanbul. Capitale d'un empire puissant qui atteint son apogée au XVIe siècle, Istanbul est une ville riche et peuplée. Elle est le centre d'importants échanges entre l'Europe et l'Asie, ce qui lui confère un caractère très cosmopolite et multiculturel.
La capitale de l'Empire ottoman
De Constantinople à Istanbul
Constantinople, capitale de l'Empire byzantin
Constantinople est la capitale de l'Empire byzantin. Localisée sur le détroit du Bosphore, qui sépare la mer Noire de la mer de Marmara, elle se trouve à la jonction entre les continents européen et asiatique, ce qui explique le caractère très stratégique de sa situation. Cette ville est, à l'origine, une colonie grecque nommée Byzance, mais elle est baptisée Constantinople d'après le nom de l'empereur romain Constantin Ier, qui en fait sa capitale vers 330.
L'Empire byzantin, ou Empire romain d'Orient, est issu du partage de l'Empire romain à la mort de l'empereur Théodose Ier, en 395. Après avoir été un empire très puissant, l'Empire byzantin rencontre de nombreuses difficultés pendant le Moyen Âge. Au XIVe siècle notamment, l'Empire ottoman s'étend et conquiert de nombreux territoires jusqu'alors dominés par l'Empire byzantin.
Vers 1450, à la veille de la prise de Constantinople par les Ottomans, cette ville est la capitale d'un Empire byzantin très diminué, dont le territoire est limité au Péloponnèse et à la partie occidentale du détroit du Bosphore, sur lequel est située Constantinople.
L'Empire byzantin en 1450
La prise de Constantinople par les Turcs (29 mai 1453)
Entre 1394 et 1402, le sultan ottoman Bajazet Ier assiège Constantinople une première fois, mais sans succès. Le siège de la capitale de l'Empire byzantin est renouvelé au printemps 1453, à l'initiative du sultan Mehmet II (1432 - 1481).
Les forces militaires ottomanes dépassent de beaucoup celles des défenseurs. En effet, Mehmet II dispose d'une flotte d'environ 120 navires, d'au moins 80 000 combattants ainsi que d'une artillerie efficace. Face à lui, l'empereur Constantin XI Paléologue (1401 - 1453) ne peut compter que sur à peine 10 000 combattants.
À la fin du mois d'avril, les Ottomans réalisent l'exploit de faire passer par voie terrestre une partie de leur flotte dans le port de Constantinople, appelé la Corne d'Or. Cet exploit ainsi que la puissance de l'artillerie turque expliquent la chute de la ville. Constantinople est prise par les Turcs le 29 mai 1453, après un violent assaut suivi d'un important pillage.
Le siège de Constantinople (enluminure de l'atelier Mielot, 1455)
Neuceu via Wikimedia Commons
Mehmet II fait passer ses navires dans le port de Constantinople (journal du Vénitien Nicolo Barbaro, 1453)
"Le 22 avril [1453], le Seigneur Turc ayant fait réflexion et remarqué qu'il n'arrivait pas à nous faire grand dommage du côté de la terre, comme il venait d'en faire l'expérience, ayant roulé cela dans sa tête, imagina de faire passer une portion de sa flotte jusque dans le port même de Constantinople, et cela afin d'arriver plus vite à la réalisation de ses projets contre nous [...].
Comme toute son armada était mouillée aux Colonnes, qui sont éloignées de deux milles de la ville, il ordonna à tous les équipages de descendre à terre, et il fit aplanir une piste tout le long de la montagne qui domine Galata, en commençant du rivage du Bosphore, où était mouillée l'armada, jusque dans le port de Constantinople, c'est-à-dire sur une longueur de trois milles. Et quand tout le chemin eut été parfaitement aplani, lesdits Turcs disposèrent un très grand nombre de rouleaux de bois tout le long de cette voie aplanie, lesquels rouleaux furent si bien graissés d'huile, de lard et de suif achetés en quantité aux Génois de Galata, que le sultan pensa pouvoir tenter de faire passer une partie de sa flotte dans le port de Constantinople [...].
Certainement, à première vue, cela paraîtrait pour tout le monde incroyable et impossible, si le sultan n'avait pas eu à sa disposition tant de ces canailles pour tirer ces "fustes" [petits navires de guerre] par-dessus cette montagne ; car ils firent passer dans le port de Constantinople jusqu'à soixante-douze de ces navires, tous bien armés et en bon ordre pour toutes choses, et cela ne put se faire que parce que les Turcs vivaient en bonne paix avec les Génois de Péra."
Istanbul, capitale ottomane
La capitale d'un empire puissant
Après avoir pris Constantinople, le sultan Mehmet II en fait la capitale de l'Empire ottoman, qui était jusqu'alors la ville d'Edirne. Constantinople est alors baptisée Istanbul. Mehmet II y fait construire le palais impérial, appelé Sérail et plus tard palais de Topkapi.
Ce palais est une véritable cité dans la cité. C'est le lieu de résidence du sultan mais aussi le lieu de réunion du divan, c'est-à-dire du Conseil du sultan qui fait office de gouvernement de l'empire. Istanbul est donc bien la capitale politique de l'Empire ottoman qui atteint son apogée au XVIe siècle.
Suite aux conquêtes du sultan Sélim Ier (1470 - 1520), son fils Soliman le Magnifique (1494 - 1566) hérite d'un immense empire, qu'il continue d'étendre. Pendant son long règne (1520 - 1566), l'Empire ottoman atteint son expansion maximale, exerçant sa domination sur :
- Tout le Moyen-Orient jusqu'aux portes de l'Iran
- La péninsule balkanique
- L'Afrique du Nord jusqu'aux frontières marocaines
L'Empire ottoman à son apogée (XVIe siècle - XVIIe siècle)
Les transformations de la ville
Constantinople, devenue Istanbul, connaît d'importantes transformations suite à sa conquête par les Ottomans. Par exemple, la plupart des églises de la ville sont transformées en mosquées. Cela implique notamment des modifications architecturales. Par exemple, la basilique Sainte-Sophie, principal monument religieux de la ville, est convertie en mosquée. Les sultans font dès lors construire des minarets autour de ce lieu de culte monumental. La construction du Sérail (palais de Topkapi) bouleverse également le paysage urbain de la ville.
Istanbul connaît également d'importants changements démographiques. Devenue capitale d'un empire florissant, la ville attire de nouveaux habitants. Ainsi, sa population passe d'environ 40 000 habitants en 1453 à environ 250 000 en 1550, sous le règne de Soliman le Magnifique. Cette population très importante est issue d'origines très diverses : Istanbul est une ville cosmopolite.
La basilique Sainte-Sophie de nos jours
Arild Vågen via Wikimedia Commons
Le Sérail (palais de Topkapi) de nos jours
Bjørn Christian Tørrissen via Wikimedia Commons
Une ville cosmopolite
Istanbul, une ville-carrefour
Un grand port
Istanbul est un très grand port. La Corne d'Or offre un site portuaire naturel très avantageux. De plus, la situation de la ville, à la jonction de l'Europe et de l'Asie, ainsi que son statut de capitale impériale, expliquent que le port d'Istanbul est un grand centre d'échanges commerciaux. Les principaux produits échangés sont :
- Du blé et d'autres céréales, qui proviennent d'autres régions de l'empire et notamment d'Égypte, destinés à alimenter la population de la ville.
- Des épices, qui proviennent de l'océan Indien et sont acheminées via le golfe Persique ou la mer Rouge.
Dès lors, des communautés de marchands ayant des origines très différentes se côtoient à Istanbul : des marchands vénitiens et génois côtoient par exemple des marchands arabes installés sur la côte orientale de l'Afrique.
Le port d'Istanbul est également un port militaire. L'Empire ottoman dispose d'une flotte de guerre nombreuse et puissante, indispensable au contrôle de la Méditerranée occidentale. L'Arsenal, immense atelier de constructions navales, emploie des milliers de travailleurs.
Un pont entre l'Europe et l'Asie
Le détroit du Bosphore, où est située la ville d'Istanbul, est un lieu de contact entre deux continents, l'Europe et l'Asie. Cette situation explique qu'Istanbul est au centre d'un réseau qui lie ces deux continents. Là encore, ce sont les phénomènes commerciaux qui l'illustrent le mieux. Istanbul est en effet un centre du commerce de la soie, qui emprunte des routes terrestres depuis la Perse et la Chine, principaux producteurs de soieries. Des caravanes de marchands partent d'Istanbul pour y rapporter ces produits de luxe très prisés, qui sont ensuite vendus dans l'Empire ottoman mais aussi en Europe. Les marchands italiens implantés à Istanbul, et notamment des Vénitiens, font de ce commerce de la soie une de leurs principales activités.
Istanbul, une ville multiculturelle
La cohabitation de différentes communautés
Istanbul est donc une ville très cosmopolite, où cohabitent différentes communautés ethniques et religieuses. Au XVIe siècle, la majorité de la population est composée de musulmans (environ 55 %), dont la plupart sont d'origine turque. Le reste de la population est composée d'importantes communautés minoritaires, dont les principales sont :
- Les Grecs et les Arméniens, chrétiens de confession orthodoxe
- Les Italiens, notamment Génois et Vénitiens, catholiques
- Les Juifs
Certains quartiers de la ville sont principalement habités par des communautés minoritaires. Par exemple, si Stamboul et Üskudar sont majoritairement peuplés de Turcs, Galata abrite les communautés de marchands occidentaux, notamment Génois et Vénitiens.
Les différentes communautés d'Istanbul
La protection des minorités
Dans l'Empire ottoman, les minorités religieuses ne sont pas persécutées. Elles payent plus d'impôts que les musulmans mais le sultan garantit officiellement leur protection. Ce système est appelé dhimma. La protection des minorités explique qu'Istanbul est une ville si cosmopolite : différentes communautés religieuses et ethniques y cohabitent en paix.