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Le programme du SPD Etude de documents type bac

Ce contenu a été rédigé par l'équipe éditoriale de Kartable.

Dernière modification : 07/08/2019 - Conforme au programme 2019-2020

Pondichéry, 2016, voie ES

Montrez que ce document témoigne des héritages et des transformations du projet politique du SPD jusqu'à la fin des années 50. Pourquoi le contexte dans lequel ce programme est adopté permet-il de comprendre cette évolution ?

Le programme du SPD après le congrès de Bad Godesberg (1959)

Texte cité par Bernard Lachaise, in Documents d'histoire contemporaine vol.2, le XXe siècle, Presses universitaires de Bordeaux, 2000.

La démocratie doit devenir la forme de l'organisation étatique généralement admise parce qu'elle repose sur le respect de la dignité de l'homme et sur le sentiment de sa responsabilité. [...] Le Parti social-démocrate d'Allemagne [...] approuve la défense nationale. La défense nationale doit être adaptée à la situation politique et géographique de l'Allemagne et donc garantir les frontières qu'il importe de maintenir pour permettre une défense internationale, un désarmement contrôlé et la réunification de l'Allemagne [...] Le libre choix des consommateurs, le libre choix du lieu de travail, sont les fondements décisifs tandis que la libre concurrence et la libre initiative des entrepreneurs sont un élément important de la politique économique social-démocrate. L'autonomie des associations d'employeurs et de travailleurs lors de la conclusion de conventions collectives de travail représente un facteur essentiel d'un ordre libéral. Une économie totalitaire ou dictatoriale détruit la liberté, c'est pourquoi le SPD approuve une économie de marché où le libre jeu de la concurrence est effectif. Toutefois, lorsque des marchés sont dominés par des individus ou des groupes, il est nécessaire de prendre des mesures multiples pour préserver la liberté de l'économie. La concurrence dans toute la mesure du possible, la planification autant que nécessaire. [...] La propriété collective est une forme légitime du contrôle public à laquelle aucun État moderne ne peut renoncer. [...] Le mouvement socialiste remplit une mission historique. Il est né d'une protestation naturelle des travailleurs salariés contre le système capitaliste. Le sens du socialisme a toujours été et demeure d'éliminer les privilèges des classes dirigeantes et d'apporter à tous les hommes la liberté, la justice et le bien-être. Le parti social-démocrate, de parti de classe ouvrière est devenu un parti du peuple tout entier. Il veut placer au service de la liberté et de la justice les forces qui ont été libérées par la révolution industrielle et par la mécanisation de tous les domaines de l'existence.

Quand la RDA et la RFA sont-elles créées ?

Le programme du SPD après le congrès de Bad Godesberg (1959)

Texte cité par Bernard Lachaise, in Documents d'histoire contemporaine vol.2, le XXe siècle, Presses universitaires de Bordeaux, 2000.

La démocratie doit devenir la forme de l'organisation étatique généralement admise parce qu'elle repose sur le respect de la dignité de l'homme et sur le sentiment de sa responsabilité. [...] Le Parti social-démocrate d'Allemagne [...] approuve la défense nationale. La défense nationale doit être adaptée à la situation politique et géographique de l'Allemagne et donc garantir les frontières qu'il importe de maintenir pour permettre une défense internationale, un désarmement contrôlé et la réunification de l'Allemagne [...] Le libre choix des consommateurs, le libre choix du lieu de travail, sont les fondements décisifs tandis que la libre concurrence et la libre initiative des entrepreneurs sont un élément important de la politique économique social-démocrate. L'autonomie des associations d'employeurs et de travailleurs lors de la conclusion de conventions collectives de travail représente un facteur essentiel d'un ordre libéral. Une économie totalitaire ou dictatoriale détruit la liberté, c'est pourquoi le SPD approuve une économie de marché où le libre jeu de la concurrence est effectif. Toutefois, lorsque des marchés sont dominés par des individus ou des groupes, il est nécessaire de prendre des mesures multiples pour préserver la liberté de l'économie. La concurrence dans toute la mesure du possible, la planification autant que nécessaire. [...] La propriété collective est une forme légitime du contrôle public à laquelle aucun État moderne ne peut renoncer. [...] Le mouvement socialiste remplit une mission historique. Il est né d'une protestation naturelle des travailleurs salariés contre le système capitaliste. Le sens du socialisme a toujours été et demeure d'éliminer les privilèges des classes dirigeantes et d'apporter à tous les hommes la liberté, la justice et le bien-être. Le parti social-démocrate, de parti de classe ouvrière est devenu un parti du peuple tout entier. Il veut placer au service de la liberté et de la justice les forces qui ont été libérées par la révolution industrielle et par la mécanisation de tous les domaines de l'existence.

Comment appelle-t-on le le modèle économique que le SPD propose dans ce texte ?

Le programme du SPD après le congrès de Bad Godesberg (1959)

Texte cité par Bernard Lachaise, in Documents d'histoire contemporaine vol.2, le XXe siècle, Presses universitaires de Bordeaux, 2000.

La démocratie doit devenir la forme de l'organisation étatique généralement admise parce qu'elle repose sur le respect de la dignité de l'homme et sur le sentiment de sa responsabilité. [...] Le Parti social-démocrate d'Allemagne [...] approuve la défense nationale. La défense nationale doit être adaptée à la situation politique et géographique de l'Allemagne et donc garantir les frontières qu'il importe de maintenir pour permettre une défense internationale, un désarmement contrôlé et la réunification de l'Allemagne [...] Le libre choix des consommateurs, le libre choix du lieu de travail, sont les fondements décisifs tandis que la libre concurrence et la libre initiative des entrepreneurs sont un élément important de la politique économique social-démocrate. L'autonomie des associations d'employeurs et de travailleurs lors de la conclusion de conventions collectives de travail représente un facteur essentiel d'un ordre libéral. Une économie totalitaire ou dictatoriale détruit la liberté, c'est pourquoi le SPD approuve une économie de marché où le libre jeu de la concurrence est effectif. Toutefois, lorsque des marchés sont dominés par des individus ou des groupes, il est nécessaire de prendre des mesures multiples pour préserver la liberté de l'économie. La concurrence dans toute la mesure du possible, la planification autant que nécessaire. [...] La propriété collective est une forme légitime du contrôle public à laquelle aucun État moderne ne peut renoncer. [...] Le mouvement socialiste remplit une mission historique. Il est né d'une protestation naturelle des travailleurs salariés contre le système capitaliste. Le sens du socialisme a toujours été et demeure d'éliminer les privilèges des classes dirigeantes et d'apporter à tous les hommes la liberté, la justice et le bien-être. Le parti social-démocrate, de parti de classe ouvrière est devenu un parti du peuple tout entier. Il veut placer au service de la liberté et de la justice les forces qui ont été libérées par la révolution industrielle et par la mécanisation de tous les domaines de l'existence.

En quelle année se déroule le congrès de Gotha ?

Le programme du SPD après le congrès de Bad Godesberg (1959)

Texte cité par Bernard Lachaise, in Documents d'histoire contemporaine vol.2, le XXe siècle, Presses universitaires de Bordeaux, 2000.

La démocratie doit devenir la forme de l'organisation étatique généralement admise parce qu'elle repose sur le respect de la dignité de l'homme et sur le sentiment de sa responsabilité. [...] Le Parti social-démocrate d'Allemagne [...] approuve la défense nationale. La défense nationale doit être adaptée à la situation politique et géographique de l'Allemagne et donc garantir les frontières qu'il importe de maintenir pour permettre une défense internationale, un désarmement contrôlé et la réunification de l'Allemagne [...] Le libre choix des consommateurs, le libre choix du lieu de travail, sont les fondements décisifs tandis que la libre concurrence et la libre initiative des entrepreneurs sont un élément important de la politique économique social-démocrate. L'autonomie des associations d'employeurs et de travailleurs lors de la conclusion de conventions collectives de travail représente un facteur essentiel d'un ordre libéral. Une économie totalitaire ou dictatoriale détruit la liberté, c'est pourquoi le SPD approuve une économie de marché où le libre jeu de la concurrence est effectif. Toutefois, lorsque des marchés sont dominés par des individus ou des groupes, il est nécessaire de prendre des mesures multiples pour préserver la liberté de l'économie. La concurrence dans toute la mesure du possible, la planification autant que nécessaire. [...] La propriété collective est une forme légitime du contrôle public à laquelle aucun État moderne ne peut renoncer. [...] Le mouvement socialiste remplit une mission historique. Il est né d'une protestation naturelle des travailleurs salariés contre le système capitaliste. Le sens du socialisme a toujours été et demeure d'éliminer les privilèges des classes dirigeantes et d'apporter à tous les hommes la liberté, la justice et le bien-être. Le parti social-démocrate, de parti de classe ouvrière est devenu un parti du peuple tout entier. Il veut placer au service de la liberté et de la justice les forces qui ont été libérées par la révolution industrielle et par la mécanisation de tous les domaines de l'existence.

Avec quelle doctrine le SPD rompt-il dans ce texte ?

Le programme du SPD après le congrès de Bad Godesberg (1959)

Texte cité par Bernard Lachaise, in Documents d'histoire contemporaine vol.2, le XXe siècle, Presses universitaires de Bordeaux, 2000.

La démocratie doit devenir la forme de l'organisation étatique généralement admise parce qu'elle repose sur le respect de la dignité de l'homme et sur le sentiment de sa responsabilité. [...] Le Parti social-démocrate d'Allemagne [...] approuve la défense nationale. La défense nationale doit être adaptée à la situation politique et géographique de l'Allemagne et donc garantir les frontières qu'il importe de maintenir pour permettre une défense internationale, un désarmement contrôlé et la réunification de l'Allemagne [...] Le libre choix des consommateurs, le libre choix du lieu de travail, sont les fondements décisifs tandis que la libre concurrence et la libre initiative des entrepreneurs sont un élément important de la politique économique social-démocrate. L'autonomie des associations d'employeurs et de travailleurs lors de la conclusion de conventions collectives de travail représente un facteur essentiel d'un ordre libéral. Une économie totalitaire ou dictatoriale détruit la liberté, c'est pourquoi le SPD approuve une économie de marché où le libre jeu de la concurrence est effectif. Toutefois, lorsque des marchés sont dominés par des individus ou des groupes, il est nécessaire de prendre des mesures multiples pour préserver la liberté de l'économie. La concurrence dans toute la mesure du possible, la planification autant que nécessaire. [...] La propriété collective est une forme légitime du contrôle public à laquelle aucun État moderne ne peut renoncer. [...] Le mouvement socialiste remplit une mission historique. Il est né d'une protestation naturelle des travailleurs salariés contre le système capitaliste. Le sens du socialisme a toujours été et demeure d'éliminer les privilèges des classes dirigeantes et d'apporter à tous les hommes la liberté, la justice et le bien-être. Le parti social-démocrate, de parti de classe ouvrière est devenu un parti du peuple tout entier. Il veut placer au service de la liberté et de la justice les forces qui ont été libérées par la révolution industrielle et par la mécanisation de tous les domaines de l'existence.

Quelles sont les deux tendances historiques du mouvement ouvrier allemand ?

Le programme du SPD après le congrès de Bad Godesberg (1959)

Texte cité par Bernard Lachaise, in Documents d'histoire contemporaine vol.2, le XXe siècle, Presses universitaires de Bordeaux, 2000.

La démocratie doit devenir la forme de l'organisation étatique généralement admise parce qu'elle repose sur le respect de la dignité de l'homme et sur le sentiment de sa responsabilité. [...] Le Parti social-démocrate d'Allemagne [...] approuve la défense nationale. La défense nationale doit être adaptée à la situation politique et géographique de l'Allemagne et donc garantir les frontières qu'il importe de maintenir pour permettre une défense internationale, un désarmement contrôlé et la réunification de l'Allemagne [...] Le libre choix des consommateurs, le libre choix du lieu de travail, sont les fondements décisifs tandis que la libre concurrence et la libre initiative des entrepreneurs sont un élément important de la politique économique social-démocrate. L'autonomie des associations d'employeurs et de travailleurs lors de la conclusion de conventions collectives de travail représente un facteur essentiel d'un ordre libéral. Une économie totalitaire ou dictatoriale détruit la liberté, c'est pourquoi le SPD approuve une économie de marché où le libre jeu de la concurrence est effectif. Toutefois, lorsque des marchés sont dominés par des individus ou des groupes, il est nécessaire de prendre des mesures multiples pour préserver la liberté de l'économie. La concurrence dans toute la mesure du possible, la planification autant que nécessaire. [...] La propriété collective est une forme légitime du contrôle public à laquelle aucun État moderne ne peut renoncer. [...] Le mouvement socialiste remplit une mission historique. Il est né d'une protestation naturelle des travailleurs salariés contre le système capitaliste. Le sens du socialisme a toujours été et demeure d'éliminer les privilèges des classes dirigeantes et d'apporter à tous les hommes la liberté, la justice et le bien-être. Le parti social-démocrate, de parti de classe ouvrière est devenu un parti du peuple tout entier. Il veut placer au service de la liberté et de la justice les forces qui ont été libérées par la révolution industrielle et par la mécanisation de tous les domaines de l'existence.

Dans quel contexte le document a-t-il été écrit ?

Le programme du SPD après le congrès de Bad Godesberg (1959)

Texte cité par Bernard Lachaise, in Documents d'histoire contemporaine vol.2, le XXe siècle, Presses universitaires de Bordeaux, 2000.

La démocratie doit devenir la forme de l'organisation étatique généralement admise parce qu'elle repose sur le respect de la dignité de l'homme et sur le sentiment de sa responsabilité. [...] Le Parti social-démocrate d'Allemagne [...] approuve la défense nationale. La défense nationale doit être adaptée à la situation politique et géographique de l'Allemagne et donc garantir les frontières qu'il importe de maintenir pour permettre une défense internationale, un désarmement contrôlé et la réunification de l'Allemagne [...] Le libre choix des consommateurs, le libre choix du lieu de travail, sont les fondements décisifs tandis que la libre concurrence et la libre initiative des entrepreneurs sont un élément important de la politique économique social-démocrate. L'autonomie des associations d'employeurs et de travailleurs lors de la conclusion de conventions collectives de travail représente un facteur essentiel d'un ordre libéral. Une économie totalitaire ou dictatoriale détruit la liberté, c'est pourquoi le SPD approuve une économie de marché où le libre jeu de la concurrence est effectif. Toutefois, lorsque des marchés sont dominés par des individus ou des groupes, il est nécessaire de prendre des mesures multiples pour préserver la liberté de l'économie. La concurrence dans toute la mesure du possible, la planification autant que nécessaire. [...] La propriété collective est une forme légitime du contrôle public à laquelle aucun État moderne ne peut renoncer. [...] Le mouvement socialiste remplit une mission historique. Il est né d'une protestation naturelle des travailleurs salariés contre le système capitaliste. Le sens du socialisme a toujours été et demeure d'éliminer les privilèges des classes dirigeantes et d'apporter à tous les hommes la liberté, la justice et le bien-être. Le parti social-démocrate, de parti de classe ouvrière est devenu un parti du peuple tout entier. Il veut placer au service de la liberté et de la justice les forces qui ont été libérées par la révolution industrielle et par la mécanisation de tous les domaines de l'existence.

"Le SPD approuve [l']économie de marché [et] le libre jeu de la concurrence." Par cette simple phrase extraite du programme de Bade-Godesberg en 1959, le Parti social-démocrate allemand (SPD) semble définitivement tirer un trait sur l'héritage marxiste sur lequel sa doctrine s'appuyait depuis au moins la fondation du parti, au congrès de Gotha, en 1875. Cette rupture s'inscrit dans un contexte, bien particulier, celui de la guerre froide et de la division de l'Allemagne.
À l'heure où le SPD se réunit à Bade-Godesberg en 1959, cela fait en effet dix ans que le pays est officiellement divisé en deux entités distinctes fondées sur des modèles de société antagonistes. Après la chute du IIIe Reich en 1945, le pays est divisé en quatre zones d'occupation. La montée des tensions entre les deux grands vainqueurs, à partir de 1947 - 1948, ne tarde pas à avoir des conséquences sur l'Allemagne : en mai 1949, la République fédérale d'Allemagne est créée sous les auspices occidentaux, alors que la République démocratique d'Allemagne voit officiellement le jour en octobre 1949 à l'ombre du Grand Frère soviétique. La rupture est consommée et l'espoir de voir l'Allemagne retrouver son unité et son indépendance s'éloigne. À l'Est, le SED (le Parti socialiste unifié d'Allemagne) met en place un régime calqué sur celui de Moscou : la société est étroitement contrôlée, l'économie est planifiée et administrée, la vie politique est étouffée. À l'Ouest, une société démocratique et libérale se construit sous la houlette de Konrad Adenauer et de la Démocratie chrétienne (CDU).
Dans ce contexte de guerre froide particulièrement prégnant en Allemagne, le SPD ne tarde donc pas à comprendre que son ancrage marxiste lui interdit tout espoir de jouer un rôle politique actif en Allemagne de l'Ouest tant le modèle est-allemand, fondé sur le marxisme, apparaît comme un repoussoir. Dès lors, il lui faut sortir de l'impasse idéologique et politique dans laquelle il se trouve. Le congrès de Bade-Godesberg remet ainsi à plat des fondements doctrinaux du parti et tente un subtil aggiornamento qui se traduit par une tension entre les héritages idéologiques que le SPD entend préserver et les adaptations nécessaires au contexte nouveau dans lequel il évolue.
Après avoir montré en quoi le SPD rompt avec la tradition marxiste dans le contexte bien particulier de la fin des années 1950, nous verrons qu'il conserve cependant quelques caractéristiques de son héritage politique socialiste, ce qui le conduit à prôner un modèle de société original et équilibré.

I

Haro sur le marxisme ? Le SPD à l'heure des ruptures

Les dirigeants du SPD, à l'initiative de la convocation du congrès de Bade-Godesberg, entendent mettre leurs distances avec l'expérience menée en RDA et, plus largement, dans le bloc soviétique. Le contexte politique dans lequel le congrès se réunit a donc un impact fort qui se perçoit dès les débuts de l'extrait.

Les auteurs du programme rappellent ainsi que "le Parti social-démocrate d'Allemagne [...] approuve la défense nationale [qui] doit être adaptée à la situation politique et géographique de l'Allemagne et donc garantir les frontières […]". On perçoit déjà ici une rupture. La question des frontières nationales et de leur défense armée est révélatrice à elle seule du tournant opéré par le SPD qui, dans la tradition marxiste, avait jusqu'alors théoriquement adopté la vision internationaliste du mouvement ouvrier : "prolétaires de tous les pays, unissez-vous" clame l'Internationale. Visiblement donc, le SPD entend dorénavant s'inscrire dans un cadre national et œuvre à l'intérieur de frontières sûres. Ce qui est certain, c'est que le SPD poursuit, comme la plupart des partis politiques allemands, un objectif de moyen-long terme : "la réunification de l'Allemagne" et la pacification ("un désarmement contrôlé"). Le SPD ne compte donc pas être l'agent du communisme soviétique en Allemagne de l'Ouest, bien au contraire, il entend l'en prémunir.

S'il faut défendre la RFA contre une éventuelle, possible et redoutée intrusion de Moscou, c'est que le modèle de société imposé en RDA est critiquable à bien des égards. Et le programme de Bade-Godesberg ne se prive pas d'égratigner le modèle est-allemand. Politiquement d'abord, le SPD affirme haut et fort que "la démocratie doit devenir la forme de l'organisation étatique généralement admise parce qu'elle repose sur le respect de la dignité de l'Homme et sur le sentiment de sa responsabilité." Il s'agit ici d'affirmer des valeurs claires : "la dignité de l'Homme" doit être au cœur de tout projet de société. On sous-entend que l'Allemagne de l'Est qui se dit "démocratique" ne l'est en fait pas et qu'elle bafoue cette dignité humaine et refuse aux individus le droit d'exercer leur "responsabilité". En d'autres termes, la RDA est un régime dictatorial qui impose son autorité sans ménagement. Cette critique est relancée quelques lignes plus bas au détour d'un paragraphe sur l'organisation économique : "une économie totalitaire ou dictatoriale détruit la liberté". Les mots sont lâchés : la RDA est un régime "totalitaire" et "dictatorial" dans lequel le SPD ne se retrouve pas. On peut noter enfin que cette promotion de la démocratie libérale est une rupture en soi avec le marxisme pour lequel elle était nécessairement "bourgeoise" et donc asservissante. Pour les marxistes-léninistes, desquels le SED d'Allemagne de l'Est se réclame, la seule démocratie qui vaille, c'est celle des soviets populaires. Le régime parlementaire serait un leurre qui permettrait de perpétuer la lutte des classe et la domination de la bourgeoisie. Le SPD rompt donc avec cette idéologie.

Outre une rupture politique, le SPD de 1959 opère une rupture économique. "Le SPD approuve une économie de marché où le libre jeu de la concurrence est effectif" affirment les auteurs du programme. À l'économie entièrement planifiée et administrée prônée par Moscou et Berlin, le SPD oppose l'"économie de marché", celle-là même que les États-Unis et les démocraties occidentales pratiquent. En d'autres termes, le SPD accepte - mieux, "approuve" - l'organisation économique qui longtemps a fait l'objet de ses critiques les plus vives. Le retournement est de ce point de vue spectaculaire. Visiblement, ce qui semble animer les socio-démocrates allemands, c'est le goût et la promotion de la liberté comme l'un des "fondements décisifs" de la société qu'ils appellent de leurs vœux : liberté de "choix des consommateurs", "libre initiative des entrepreneurs", "libre concurrence" qui, pour reprendre les fondements de la doctrine libérale, permet à tous de trouver son intérêt (la "main invisible" du marché de Smith).

Ce libéralisme économique de principe a des conséquences sociales et politiques : le SPD prône le "libre choix du lieu de travail" mais également "l'autonomie des associations d'employeurs et de travailleurs lors de la conclusion de conventions collectives de travail". L'État doit se désengager le plus possible du monde économique et laisser les acteurs libres de gérer leurs relations. Il réfute donc les syndicats officiels tels qu'ils existent en RDA. Le SPD offre ainsi les conditions nécessaires à l'émergence du modèle allemand de la cogestion qui sera perçu comme l'un des éléments explicatifs du "miracle économique" allemand.

Bien que le SPD semble larguer les amarres et rompre les ponts avec le marxisme, il n'en demeure pas moins un parti soucieux de transformer la société, d'améliorer les conditions de vie et de travail, de réformer. Et pour ce faire, il conserve un certain nombre de traits qui ont signé son identité depuis sa création en 1875.

II

Le programme de Bade-Godesberg : un programme réformiste

À lire la première partie du texte, le lecteur pourrait avoir le sentiment que le SPD bat en retraite devant le capitalisme libéral et qu'il se range, par nécessité politique (la lutte contre le totalitarisme soviétique), derrière la "bourgeoisie capitaliste". Or, le SPD, s'il accepte l'économie de marché, n'en met pas moins quelques conditions.

Pour les rédacteurs du programme, cette liberté - qui est décidément au cœur de leur programme - doit être préservée face aux atteintes que "des individus ou des groupes" pourraient lui porter. Pour ce faire, le SPD ne veut se priver, dans l'intérêt général des acteurs économiques, et des salariés en particulier, d'aucun mode opératoire : l'État doit ainsi pouvoir recourir à "la planification autant que nécessaire", c'est-à-dire que l'économie de marché peut être mise entre parenthèses pour un temps donné ou dans un secteur donné en fonction de l'intérêt de tous. Par ailleurs, le SPD ne renonce pas à "la propriété collective [qui] est une forme légitime du contrôle public à laquelle aucun État moderne ne peut renoncer." Les nationalisations sont donc envisagées sans complexe. On peut ici noter que la planification et la nationalisation de certains secteurs ont été pratiquées par des États qui n'avaient rien de communiste, et ce dans l'intérêt de la collectivité ; ainsi la France de la Libération a mis en place le Plan (dirigé par Jean Monnet) et nationalisé un certain nombre d'entreprises jugées stratégiques. Mais ces outils ne sont pas conformes à l'orthodoxie libérale et sont plutôt la marque des États socialistes.

Afin de montrer que le SPD reste un parti préoccupé par l'amélioration des conditions réelles d'existence, les auteurs rappellent la "mission historique" pour laquelle "le mouvement socialiste" est investi depuis son émergence au XIXe siècle. En ce sens, le SPD revendique son inscription dans la tradition des luttes ouvrières. Il rappelle clairement que "[le socialisme] est né d'une protestation naturelle des travailleurs salariés contre le système capitaliste". En effet, c'est au XIXe siècle, alors que la révolution industrielle modifie sensiblement les conditions de travail des Européens et crée les conditions d'existence d'une "classe ouvrière" qui se sent exploitée et peu reconnue que Marx et Engels formalisent la théorie socialiste et qu'émerge progressivement le mouvement ouvrier qui, dès l'origine, tend à s'incarner dans des organisations politiques mais aussi syndicales. La dureté des conditions de travail et les inégalités socio-économiques induites par la révolution industrielle accouchent donc d'un mouvement ouvrier revendicatif qui saura, à ses heures, peser sur les orientations politiques, sociales et économiques. En Allemagne, passée l'heure des lois antisocialistes, le mouvement ouvrier voit une partie de ses revendications satisfaites par Bismarck ; le SPD réussit même à s'imposer comme une force qui compte sur l'échiquier politique allemand, à tel point que la république de Weimar est dirigée, à ses débuts, par l'un des siens, Friedrich Ebert.

Pour le SPD, "le sens du socialisme [auquel il se rattache] a [donc] toujours été et demeure d'éliminer les privilèges des classes dirigeantes et d'apporter à tous les hommes la liberté, la justice et le bien-être". Le SPD a donc bien pour mission de changer le monde, de changer la société, mais de la faire de l'intérieur, par la réforme permanente et dans le respect de l'individu. En alliant respect de l'économie de marché - dont les auteurs perçoivent qu'elle est en mesure d'apporter de la prospérité - et respect de l'individu - dont il faut défendre les droits et les intérêts - les auteurs du programme de Bade-Godesberg ouvrent la voie à l'économie sociale de marché qui fera le succès de l'Allemagne.

À Bade-Godesberg, les socialistes allemands font ce qu'il est convenu d'appeler leur aggiornamento ; en d'autres termes, ils dépoussièrent leur fonds doctrinal à l'aune des contingences politiques et économiques du moment. Ils prennent conscience que le monde dans lequel ils vivent n'est plus celui de 1875, date à laquelle le SPD a été fondé, et qu'il faut opérer les ajustements nécessaires s'ils veulent être crédibles et influencer le cours des choses. Le SPD cesse de se concevoir comme un parti factieux, un parti représentant la "classe ouvrière" et entend incarner les intérêts "du peuple tout entier".

En 1959, le SPD tourne donc définitivement le dos au courant révolutionnaire et assume clairement le virage social-démocrate ; en ce sens, il tranche un débat interne qui l'a miné depuis sa fondation. Il prend fait et cause pour l'économie de marché même s'il entend la tempérer et la réguler. L'Allemagne invente ainsi l'économie sociale de marché qui fera son succès.

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