Pourquoi dit-on de la Première Guerre mondiale que c'est une "guerre totale" ?
Comment définir une "guerre totale" ?
Qu'est-ce que la propagande ?
Quelles sont les deux affirmations qui caractérisent les civils pendant la Première Guerre mondiale ?
Quel rôle notable les femmes jouent-elles pendant la guerre ?
Quelles sont les deux affirmations qui caractérisent l'action de l'État au cours de la Première Guerre mondiale ?
La Première Guerre mondiale apparaît comme une guerre totale, c'est-à-dire une guerre qui mobilise l'ensemble des énergies d'un pays et qui concerne les soldats aussi bien que les civils.
Face à un conflit qui promet d'être long, les gouvernements mobilisent l'économie et l'ensemble des forces vives : on parle d'économie de guerre. Pour approvisionner le front, les industries lourdes sont mises au service de l'économie de guerre. L'État passe commande de munitions, de matériels de guerre et d'uniformes. Des entreprises comme Renault en France délaissent la production de biens de consommation pour concentrer leurs efforts sur le matériel de guerre : la production de voitures de tourisme décline ainsi sensiblement alors que celle des camions augmente considérablement. L'entreprise se met même à produire des obus et des chars d'assaut. Outre le secteur industriel, l'agriculture est également mobilisée pour approvisionner le front en denrées alimentaires.
La main-d'œuvre, qu'elle soit industrielle ou agricole, participe donc activement à l'effort de guerre. Cette main-d'œuvre est fortement féminisée du fait de l'envoi au front de la plupart des hommes jeunes. On confie aux femmes des tâches qui jusqu'alors étaient réservées aux hommes : désormais elles conduisent bus et tramway, gèrent les exploitations agricoles et les commerces. Les enfants et les vieillards sont également mobilisés au nom de la défense nationale et de la nécessité.
Pour assumer le coût de la guerre, les États font appel aux économies des citoyens qui sont incités à prêter leur argent afin de contribuer à l'effort de guerre. Parallèlement, les belligérants font appel aux marchés et empruntent de fortes sommes à leurs alliés. Les États-Unis font ainsi office de banquiers de la Triple-Entente. Ceux qui disposent de colonies et les mettent à contribution : hommes et marchandises viennent soutenir la métropole.
De manière plus directe, les civils sont affectés par le conflit. Dans un premier temps, ils sont victimes de pénuries. En effet, malgré les efforts de l'État et de l'ensemble de la société pour produire toujours plus, le rationnement tend à s'imposer (l'essentiel des ressources est affecté au front et le commerce international est fortement perturbé par le conflit).
De plus, ils subissent la violence de l'occupation, en particulier dans le Nord de la France occupé par l'Allemagne. Des femmes et des jeunes filles sont violées, les populations sont déplacées sans ménagement, des villages sont fortement endommagés. Dans l'Est de la France, des villes comme Reims sont dévastées par les bombardements, les villages situés sur le front sont littéralement rayés de la carte (Fleury devant Douaumont).
La guerre peut également être prétexte à une politique génocidaire qui cause la mort de millions de civils, comme en témoigne le génocide des Arméniens de 1915 au cours duquel les deux tiers de la population arménienne disparurent sur ordre du gouvernement ottoman.
La dégradation des conditions de vie des civils et les témoignages qui arrivent du front relatant l'extrême violence des combats tendent à démobiliser et démoraliser les populations.
Les gouvernements ont conscience que pour gagner la guerre, il faut soutenir le moral des troupes et de la population. Les sacrifices indispensables à la victoire doivent être justifiés ; il faut leur donner du sens.
Sur le front, les communiqués officiels tentent de redonner espoir à des poilus qui vivent dans des conditions particulièrement difficiles et qui désespèrent de voir le front avancer. Pour lutter contre cette démobilisation des esprits, les états-majors laissent donc entendre que la percée décisive n'est qu'une question de jours, que l'ennemi est à bout de souffle, que la victoire est à portée de main. De même, on exploite les violences de guerre subies par les civils pour donner du sens aux combats : le soldat doit se battre vaillamment pour défendre sa femme et ses enfants restés à l'arrière ; sans cela, ils seront les victimes des barbares.
La propagande concerne également l'arrière ; là encore, il s'agit de diaboliser l'ennemi et de louer l'abnégation des soldats qui défendent la patrie. Les journaux subissent la censure afin que les informations de nature à démoraliser les lecteurs soient tues. Les reculs et les défaites sont minorés, voire passés sous silence.
La propagande s'immisce jusque dans les sphères intimes : les courriers en provenance du front sont censurés. Toute lettre susceptible de remettre en cause le bien-fondé des opérations militaires ou de désespérer l'arrière est interceptée. Les enfants, eux aussi, sont concernés : les jouets véhiculent cette propagande, à l'image de ces chariots à roulettes présentant un soldat allemand terrassé par un coq français ou de ces jeux de société mettant en scène les armées. Les cours dispensés par les instituteurs et les professeurs se font également le relais de la propagande officielle.
- La guerre totale est une guerre qui mobilise toutes les énergies et toutes les ressources d'un pays ; soldats et civils sont partie prenante.
- L'économie des pays belligérants est mobilisée en vue de soutenir l'effort de guerre : on parle d'économie de guerre.
- Les civils subissent les violences des combats lorsqu'ils sont près des zones de combat ; à l'arrière, ils subissent les contrecoups du conflit (propagande, rationnement, etc.).
- L'État joue un rôle fondamental dans cette guerre totale, notamment en recourant à la propagande.