Sommaire
ILe déroulement de la guerreALes tensions en Europe au début du XXe siècleBLe déclenchement du conflitCLes grandes phases de la guerreIIUne violence de masse dans une guerre totaleALa guerre totaleBLa guerre des tranchéesCLe génocide arménienIIILes conséquences du conflitALe bilan de la guerreBLa Révolution russeCLa réorganisation de l'Europe après la guerreIVSchéma BilanEn 1914, l'Europe entre en guerre. L'Allemagne et l'Autriche-Hongrie s'opposent à la Triple-Entente (composée de la France, du Royaume-Uni et de la Russie). La Première Guerre mondiale dure de 1914 à 1918 et est considérée comme une guerre totale, car l'ensemble des populations et des richesses des États est mobilisé pour l'effort de guerre. La Première Guerre mondiale est une guerre de tranchées, soumettant les soldats à une violence inédite. Les civils sont aussi touchés par le conflit. L'Entente gagne la guerre en 1918 mais l'Europe est très affaiblie et les populations sont bouleversées psychologiquement. La paix signée en 1919 paraît fragile.
Le déroulement de la guerre
Les tensions en Europe au début du XXe siècle
Depuis la fin du XIXe siècle, des rivalités exacerbent les tensions entre les pays européens :
- Les États européens, qui se sont industrialisés au cours du XIXe siècle, sont en concurrence économique.
- Des revendications territoriales nourrissent des rancœurs, comme la perte de l'Alsace-Lorraine par la France suite à la guerre franco-prussienne de 1870. Cette perte conduit à un profond désir de vengeance de la part des Français ainsi qu'à une ferme intention de récupérer ce territoire.
- Dans la course aux colonies, les États européens s'opposent pour la conquête de nouveaux territoires, comme la concurrence entre l'Allemagne, la France, l'Espagne, et l'Empire ottoman au sujet du contrôle du Maroc en 1911.
Face à ces tensions, les pays européens se regroupent en alliances militaires au début du XXe siècle :
- La Triple-Alliance, composée de l'Autriche-Hongrie, de l'Allemagne et de l'Italie (qui rejoindra finalement la Triple-Entente en 1915)
- La Triple-Entente, constituée de la France, du Royaume-Uni et de la Russie
Les alliances européennes en 1914
Le déclenchement du conflit
L'assassinat de l'héritier de l'Empire austro-hongrois François-Ferdinand de Habsbourg-Este le 28 juin 1914 à Sarajevo par un nationaliste serbe déclenche la Première Guerre mondiale :
- À la suite de l'attentat, l'Autriche-Hongrie (Triple-Alliance) déclare la guerre à la Serbie, accusée de l'avoir organisé.
- La Russie (Triple-Entente), alliée de la Serbie, attaque l'Autriche-Hongrie (Triple-Alliance).
- L'Allemagne (Triple-Alliance), alliée de l'Autriche-Hongrie, déclare la guerre à la Russie.
- La Russie étant l'alliée de la France, le président français Raymond Poincaré ordonne la mobilisation des troupes françaises le 1er août.
- Le 3 août, l'Empire allemand (Triple-Alliance) déclare la guerre à la France (Triple-Entente) et envahit la Belgique, pourtant neutre.
Les différentes alliances emportent l'Europe dans un conflit qui s'étend au niveau mondial avec la participation des colonies de chaque pays européen.
L'assassinat de François-Ferdinand de Habsbourg le 28 juin 1914 illustré par le quotidien français Le Petit Journal
Assassinat de l'archiduc héritier d'Autriche et de la duchesse sa femme à Sarajevo, dans Le Petit journal, 1914, © BNF via Wikimedia Commons
Les grandes phases de la guerre
Les combats de la Première Guerre mondiale se déroulent en trois principales phases :
- Durant les premiers mois du conflit, les armées s'opposent dans une guerre de mouvement. C'est une phase offensive de la guerre, durant laquelle d'importants déplacements de troupes ont lieu. Les offensives sont très meurtrières mais l'absence de résultats entraîne la stabilisation du front.
- De 1915 à mars 1918, il s'agit d'une guerre de position, c'est-à-dire une phase défensive de la guerre durant laquelle les troupes se cachent dans des tranchées et tentent de conserver leurs positions.
- À partir de la fin de 1917, la sortie de la Russie du conflit et l'engagement des États-Unis ont pour conséquence une reprise de la guerre de mouvement.
L'Allemagne capitule et signe l'armistice à Rethondes le 11 novembre 1918.
Armistice
Un armistice consiste en l'arrêt des combats.
L'armistice de Rethondes le 11 novembre 1918
Une violence de masse dans une guerre totale
La guerre totale
La Première Guerre mondiale est une guerre totale, c'est-à-dire que toutes les ressources des États en guerre sont mobilisées dans le conflit :
- Une mobilisation politique et psychologique : usage de la propagande, de la censure, exacerbation du devoir patriotique.
- Une mobilisation économique et financière : des emprunts de guerre, une industrie entièrement au service de la guerre.
- Une dimension territoriale : de nombreux pays et tous les continents sont concernés.
- Une dimension militaire et humaine : tous les civils sont touchés (bombardements, deuil, vie quotidienne difficile, génocide des Arméniens, mobilisation des femmes, etc.) et 70 millions d'hommes sont envoyés au front.
La guerre des tranchées
À partir de la fin de l'année 1914, les armées se font face et creusent des tranchées dans lesquelles la vie est très difficile : c'est la guerre de position. Les soldats vivent dans le froid, la boue et la promiscuité (extrême proximité qui empêche l'intimité). Privés d'hygiène, on les appelle "les poilus" en raison de leur barbe et de leurs cheveux qu'ils ne peuvent pas couper. Mais le terme signifie surtout "courageux et viril" en argot. Les combats ne permettent pas d'avancer, malgré des pertes massives et l'évolution vers une stratégie basée sur l'artillerie. Les armées multiplient les assauts meurtriers pour tenter de mettre fin à cette situation.
Les Allemands lancent l'offensive de Verdun de février à décembre 1916. Les Alliés y répondent en juillet par la bataille de la Somme. Des centaines de milliers d'hommes meurent dans ces assauts. Cette situation dégénère avec des mutineries dans les rangs de soldats à partir de 1917.
À Verdun, 53 millions d'obus ont été lancés en 10 mois.
L'armée française dans les tranchées de Verdun
© Wikimedia Commons
Le génocide arménien
Génocide
Un génocide consiste en l'extermination volontaire et systématique de tout un peuple pour des raisons religieuses, ethniques, politiques ou culturelles.
Les Arméniens sont une population chrétienne du Nord-Est de l'Empire ottoman. Culturellement proches des Russes qui sont en conflit avec l'Empire ottoman, ils sont rapidement suspectés de trahison par les autorités de l'Empire ottoman :
- En février 1915, les dirigeants de l'Empire ottoman, dont Talaat Pacha, prévoient de persécuter la minorité arménienne, considérée comme un ennemi de l'intérieur. Ils ont la volonté de créer un État ethniquement homogène. Les Arméniens qui servent dans l'armée sont retirés du front et désarmés.
- En avril 1915, les premiers massacres d'Arméniens commencent. Ils sont regroupés par l'État qui prévoit de les déporter temporairement vers les régions orientales de l'Anatolie.
- En juillet 1915, les femmes et enfants arméniens sont systématiquement déportés dans les zones désertiques. Beaucoup meurent en route, à cause des massacres ou des privations.
On compte finalement entre 1 et 1,5 million de victimes parmi la population arménienne. On parle de génocide, car c'est un peuple entier que l'on cherche à exterminer.
Des Arméniens déportés par les soldats ottomans
© Alternativelibertaire.org
Les conséquences du conflit
Le bilan de la guerre
Le bilan humain de la Première Guerre mondiale est considérable. 10 millions de soldats sont morts mais aussi des millions de civils. Les familles en ressortent meurtries, des millions de femmes sont veuves et des millions d'enfants sont orphelins.
6 millions de soldats sont mutilés. L'ampleur de ces mutilations s'explique par l'utilisation de nouvelles techniques de combat très destructrices et meurtrières. Les obus, les mitrailleuses ou encore les lance-flammes. De même, l'apparition du gaz moutarde, en juillet 1917, fait de nombreuses victimes. Les gazés deviennent aveugles et meurent le plus souvent quelques heures après l'inhalation. Cependant, la majorité de soldats tués le sont par l'artillerie, seule une minorité de soldats meurt par l'effet des gaz. On compte aussi de nombreux soldats mutilés, les "gueules cassées".
Les destructions matérielles sont aussi très importantes, notamment en France ou en Pologne où se sont déroulés de nombreux combats. La production industrielle s'est effondrée, il faut reconstruire de nombreuses infrastructures (ponts, routes, etc.), les villes ont subi d'importants dégâts et certaines sont rayées de la carte.
La ville de Reims en 1916
© Wikimedia Commons
La Révolution russe
La Russie entre en guerre en 1914 dans le camp de l'Entente. C'est un pays pauvre, qui compte 170 millions d'habitants et qui est dirigé de manière absolue par le tsar Nicolas II.
Entre 1914 et 1917, les défaites s'enchaînent, dont celle de Tannenberg en 1914. Elles s'ajoutent à d'importantes difficultés de la vie quotidienne, notamment la forte hausse des prix. Le mécontentement monte, entraînant des grèves et des manifestations. Le 27 février 1917, une révolution éclate à Petrograd. La population est soutenue par les soldats. Nicolas II doit abdiquer.
Un gouvernement provisoire est mis en place. Il décide de continuer la guerre. Les soviets (des assemblées composées d'ouvriers, de paysans et de soldats) s'opposent rapidement au gouvernement provisoire qui ne prend pas en compte leurs réclamations.
Dans la nuit du 24 au 25 octobre 1917, les bolchéviques menés par Lénine renversent le gouvernement provisoire et s'emparent du pouvoir et mettent leur programme en application : l'armistice avec l'Allemagne en décembre, le partage des terres et l'égalité des peuples dans toute la Russie.
La Révolution russe de 1917 connaît un grand retentissement en Europe. Le rêve d'une révolution mondiale atteint le milieu ouvrier et les intellectuels militants d'Allemagne et de Hongrie qui déclenchent des insurrections. Les autres pays européens sont aussi touchés par d'importantes grèves.
Le bolchévisme suscite la peur en Occident. On assiste à un divorce au sein des partis ouvriers entre les communistes qui soutiennent Moscou et les socialistes qui rejettent les méthodes révolutionnaires. Finalement, la Russie reste le seul pays où les communistes réussissent à se maintenir au pouvoir.
La réorganisation de l'Europe après la guerre
À la fin de la Première Guerre mondiale, une nouvelle carte de l'Europe est dessinée par les pays vainqueurs. Les empires centraux (Autriche-Hongrie, Empire allemand, Empire ottoman) disparaissent, tandis que de nouveaux États sont créés, comme la Roumanie ou la Syrie.
Les traités de paix signés engendrent de nouvelles tensions. Le traité de Versailles signé en 1919 est très dur pour l'Allemagne, jugée responsable du conflit. L'Allemagne doit payer des réparations de guerre, diminuer son armée à un maximum de 100 000 hommes et accepter des pertes territoriales comme l'Alsace-Lorraine qui revient à la France. Les Allemands considèrent ce traité comme un diktat.
Le président américain Wilson propose de créer la Société des Nations dans le but d'éviter de nouveaux conflits à l'avenir, mais elle ne dispose d'aucune armée. La paix est très fragile :
- L'Europe est très affaiblie et secouée par des mouvements révolutionnaires.
- Les rancœurs sont fortes suite aux conditions dictées par les vainqueurs : l'Allemagne trouve le traité de Versailles injuste.