Quels éléments permettent de révéler la personnalité d'un personnage ?
Qu'est-ce que l'onomastique ?
Dans Madame Bovary de Gustave Flaubert, de quoi la casquette de Charles est-elle révélatrice ?
Qu'est-ce qui détermine la caractérisation dynamique ?
Quel élément de caractérisation dynamique est révélateur de l'identité de Bardamu dans Voyage au bout de la nuit ?
Comment peut-on définir la caractérisation indirecte ?
Dans un roman, le personnage est présenté au lecteur à travers un portrait qui peut être physique ou moral. Mais sa personnalité est mouvante pour être proche de la psychologie humaine d'un individu réel : elle se révèle donc progressivement, tout au long de l'intrigue. Nous verrons les différents types de caractérisation qui permettent de construire le personnage, entre ce que l'auteur révèle, ce que le lecteur devine et ce que le personnage lui-même dévoile.
Tout d'abord, la caractérisation directe permet à l'auteur d'introduire son personnage au lecteur, de lui donner des éléments-clés pour se faire une première idée : il s'agit souvent d'un portrait physique et moral. On nous révèle en premier lieu l'identité du héros, son état civil : son nom et les indices de sa condition sociale sont des éléments qui apparaissent souvent avant toute chose. Ils peuvent néanmoins être retardés pour créer un effet de suspens comme dans Les Trois Mousquetaires de Dumas, où le nom de D'Artagnan n'apparaît qu'après son portrait. La caractérisation sociale et le milieu familial sont tout aussi essentiels pour déterminer le personnage, notamment au XIXe siècle : la notion d'hérédité explorée par Zola montre en effet des traits, des penchants, des vices ancrés dans la psychologie du personnage. Le portrait s'attache également à décrire le physique du personnage. Dans Le Père Goriot, Balzac, après avoir fait la description précise du cadre de la pension, livre au lecteur une galerie de portraits qui permet au lecteur de découvrir les personnages et donc de créer un effet de réalité. Ce portrait physique s'attache aux éléments de la physionomie, notamment au visage, mais également aux vêtements qui sont souvent des marqueurs sociaux. Enfin, le portrait moral complète la caractérisation physique : l'auteur y met l'accent sur des traits de caractère qui vont être déterminants pour la suite de l'histoire. Ainsi, dans À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Proust fait le portrait de Françoise : les vêtements y deviennent un révélateur de la personnalité de sa "vieille servante", et la description morale s'assortit d'un portrait intellectuel. Les deux types de portraits sont donc rarement distincts dans le texte : les caractères physiques sont très souvent des indices de la psychologie du personnage.
En effet, l'auteur ne choisit pas ces caractéristiques au hasard et, à travers la caractérisation directe, il donne des indices que le lecteur doit déchiffrer ou percevoir instinctivement : c'est la caractérisation indirecte, ce que le lecteur devine à partir des indices que lui donne l'auteur. Le nom, tout d'abord, peut être signifiant, l'occasion d'un jeu de sens avec le lecteur : l'onomastique, qui analyse la signification des noms propres, révèlent parfois des significations cachées dans le choix des noms des personnages. Ainsi, Flaubert détermine des impressions chez le lecteur par le jeu des connotations et des sonorités : les noms de Bouvard ou de Bovary renvoient à la dimension bovine de ces personnages, à la pesanteur de ces figures de bourgeois normands. Par ailleurs, l'auteur choisit soigneusement les caractéristiques physiques. Incidemment, le lecteur se fait une première impression, qui peut être inconsciente, en associe des caractéristiques à certains traits : les lecteurs du réalisme, par exemple, sont influencés par les théories de Cesare Lombroso sur les caractéristiques physiques qui permettent de repérer les assassins. Ainsi, "la mâchoire forte" de Jacques Lantier, dans La Bête humaine, est un indice de ses pulsions de meurtre. Plus généralement, les cheveux, la bouche, charnue ou fine, le nez, pointu ou gros, sont des indices qui influencent la première impression morale du lecteur. Enfin, l'objet, le vêtement, peut servir de symboles, d'artefacts pour apporter des éléments de caractérisation sur le personnage : la casquette de Charles Bovary chez Flaubert, qui n'a rien de réaliste, est un révélateur du ridicule du personnage.
Pour finir, le personnage se révèle à travers une caractérisation dynamique qui repose sur ses propres actions, sur ses choix et sur sa manière d'être tout au long du roman. En effet, le personnage de roman évolue constamment au cours de l'intrigue. Sa caractérisation ne reste donc pas figée : ce sont ses actions qui viennent ajouter à son portrait initial. Le roman philosophique Candide de Voltaire repose précisément sur cette évolution dans la caractérisation du héros, sur sa désillusion progressive qui est le nœud de l'intrigue romanesque. Le héros peut également livrer des aspects de sa personnalité à travers les dialogues, la parlure qui le caractérise et le distingue des autres personnages. Ainsi, l'argot, qui domine la narration de Voyage au bout de la nuit de Céline, est révélatrice de l'identité de Bardamu, le personnage central.
- La caractérisation directe repose sur le portrait physique et moral et sur les éléments d'identité que donne l'auteur.
- La caractérisation indirecte permet au lecteur de se faire une impression morale plus diffuse à travers les indices laissés par l'auteur (le nom, les traits physiques, les objets symboliques).
- La caractérisation dynamique révèle le personnage progressivement tout au long de l'intrigue à travers ses actions et ses dialogues.