Amérique du Nord, 2014
Vous commenterez l'extrait des Misérables de Victor Hugo à partir de "Cependant la charrette continuait à s'enfoncer lentement..." jusqu'à la fin du texte.
Victor Hugo, Les Misérables
1862
M. Madeleine se tourna, et reconnut Javert. Il ne l'avait pas aperçu en arrivant.
Javert continua :
- C'est la force. Il faudrait être un terrible homme pour faire la chose de lever une voiture comme cela sur son dos.
Puis regardant fixement M. Madeleine, il poursuivit en appuyant sur chacun des mots qu'il prononçait :
- Monsieur Madeleine, je n'ai jamais connu qu'un seul homme capable de faire ce que vous demandez là.
Madeleine tressaillit.
Javert ajouta avec un air d'indifférence, mais sans quitter des yeux Madeleine :
- C'était un forçat.
- Ah ! dit Madeleine.
- Du bagne de Toulon.
Madeleine devint pâle.
Cependant la charrette continuait à s'enfoncer lentement. Le père Fauchelevent râlait et hurlait :
- J'étouffe ! Ça me brise les côtes ! Un cric ! quelque chose ! Ah !
Madeleine regarda autour de lui :
- Il n'y a donc personne qui veuille gagner vingt louis et sauver la vie à ce pauvre vieux ?
Aucun des assistants ne remua. Javert reprit :
- Je n'ai jamais connu qu'un homme qui pût remplacer un cric. C'était ce forçat.
- Ah ! voilà que ça m'écrase ! cria le vieillard.
Madeleine leva la tête, rencontra l'œil de faucon de Javert toujours attaché sur lui, regarda les paysans immobiles, et sourit tristement. Puis, sans dire une parole, il tomba à genoux, et avant même que la foule eût eu le temps de jeter un cri, il était sous la voiture. Il y eut un affreux moment d'attente et de silence.
On vit Madeleine presque à plat ventre sous ce poids effrayant essayer deux fois en vain de rapprocher ses coudes de ses genoux. On lui cria : - Père Madeleine ! Retirez-vous de là ! - Le vieux Fauchelevent lui-même lui dit : - Monsieur Madeleine ! Allez-vous-en ! C'est qu'il faut que je meure, voyez-vous ! Laissez-moi ! Vous allez vous faire écraser aussi ! - Madeleine ne répondit pas.
Les assistants haletaient. Les roues avaient continué de s'enfoncer, et il était déjà devenu presque impossible que Madeleine sortît de dessous la voiture. Tout à coup on vit l'énorme masse s'ébranler, la charrette se soulevait lentement, les roues sortaient à demi de l'ornière. On entendit une voix étouffée qui criait : - Dépêchez-vous ! Aidez ! C'était Madeleine qui venait de faire un dernier effort. Ils se précipitèrent. Le dévouement d'un seul avait donné de la force et du courage à tous. La charrette fut enlevée par vingt bras. Le vieux Fauchelevent était sauvé. Madeleine se releva. Il était blême1, quoique ruisselant de sueur. Ses habits étaient déchirés et couverts de boue. Tous pleuraient. Le vieillard lui baisait les genoux et l'appelait le bon Dieu. Lui, il avait sur le visage je ne sais quelle expression de souffrance heureuse et céleste, et il fixait son œil tranquille sur Javert qui le regardait toujours.
1 blême : pâle
Quel est le dilemme de Valjean ?
Victor Hugo, Les Misérables
1862
M. Madeleine se tourna, et reconnut Javert. Il ne l'avait pas aperçu en arrivant.
Javert continua :
- C'est la force. Il faudrait être un terrible homme pour faire la chose de lever une voiture comme cela sur son dos.
Puis regardant fixement M. Madeleine, il poursuivit en appuyant sur chacun des mots qu'il prononçait :
- Monsieur Madeleine, je n'ai jamais connu qu'un seul homme capable de faire ce que vous demandez là.
Madeleine tressaillit.
Javert ajouta avec un air d'indifférence, mais sans quitter des yeux Madeleine :
- C'était un forçat.
- Ah ! dit Madeleine.
- Du bagne de Toulon.
Madeleine devint pâle.
Cependant la charrette continuait à s'enfoncer lentement. Le père Fauchelevent râlait et hurlait :
- J'étouffe ! Ça me brise les côtes ! Un cric ! quelque chose ! Ah !
Madeleine regarda autour de lui :
- Il n'y a donc personne qui veuille gagner vingt louis et sauver la vie à ce pauvre vieux ?
Aucun des assistants ne remua. Javert reprit :
- Je n'ai jamais connu qu'un homme qui pût remplacer un cric. C'était ce forçat.
- Ah ! voilà que ça m'écrase ! cria le vieillard.
Madeleine leva la tête, rencontra l'œil de faucon de Javert toujours attaché sur lui, regarda les paysans immobiles, et sourit tristement. Puis, sans dire une parole, il tomba à genoux, et avant même que la foule eût eu le temps de jeter un cri, il était sous la voiture. Il y eut un affreux moment d'attente et de silence.
On vit Madeleine presque à plat ventre sous ce poids effrayant essayer deux fois en vain de rapprocher ses coudes de ses genoux. On lui cria : - Père Madeleine ! Retirez-vous de là ! - Le vieux Fauchelevent lui-même lui dit : - Monsieur Madeleine ! Allez-vous-en ! C'est qu'il faut que je meure, voyez-vous ! Laissez-moi ! Vous allez vous faire écraser aussi ! - Madeleine ne répondit pas.
Les assistants haletaient. Les roues avaient continué de s'enfoncer, et il était déjà devenu presque impossible que Madeleine sortît de dessous la voiture. Tout à coup on vit l'énorme masse s'ébranler, la charrette se soulevait lentement, les roues sortaient à demi de l'ornière. On entendit une voix étouffée qui criait : - Dépêchez-vous ! Aidez ! C'était Madeleine qui venait de faire un dernier effort. Ils se précipitèrent. Le dévouement d'un seul avait donné de la force et du courage à tous. La charrette fut enlevée par vingt bras. Le vieux Fauchelevent était sauvé. Madeleine se releva. Il était blême1, quoique ruisselant de sueur. Ses habits étaient déchirés et couverts de boue. Tous pleuraient. Le vieillard lui baisait les genoux et l'appelait le bon Dieu. Lui, il avait sur le visage je ne sais quelle expression de souffrance heureuse et céleste, et il fixait son œil tranquille sur Javert qui le regardait toujours.
1blême : pâle
Qu'utilise Victor Hugo pour décrire la force de Valjean ?
Victor Hugo, Les Misérables
1862
M. Madeleine se tourna, et reconnut Javert. Il ne l'avait pas aperçu en arrivant.
Javert continua :
- C'est la force. Il faudrait être un terrible homme pour faire la chose de lever une voiture comme cela sur son dos.
Puis regardant fixement M. Madeleine, il poursuivit en appuyant sur chacun des mots qu'il prononçait :
- Monsieur Madeleine, je n'ai jamais connu qu'un seul homme capable de faire ce que vous demandez là.
Madeleine tressaillit.
Javert ajouta avec un air d'indifférence, mais sans quitter des yeux Madeleine :
- C'était un forçat.
- Ah ! dit Madeleine.
- Du bagne de Toulon.
Madeleine devint pâle.
Cependant la charrette continuait à s'enfoncer lentement. Le père Fauchelevent râlait et hurlait :
- J'étouffe ! Ça me brise les côtes ! Un cric ! quelque chose ! Ah !
Madeleine regarda autour de lui :
- Il n'y a donc personne qui veuille gagner vingt louis et sauver la vie à ce pauvre vieux ?
Aucun des assistants ne remua. Javert reprit :
- Je n'ai jamais connu qu'un homme qui pût remplacer un cric. C'était ce forçat.
- Ah ! voilà que ça m'écrase ! cria le vieillard.
Madeleine leva la tête, rencontra l'œil de faucon de Javert toujours attaché sur lui, regarda les paysans immobiles, et sourit tristement. Puis, sans dire une parole, il tomba à genoux, et avant même que la foule eût eu le temps de jeter un cri, il était sous la voiture. Il y eut un affreux moment d'attente et de silence.
On vit Madeleine presque à plat ventre sous ce poids effrayant essayer deux fois en vain de rapprocher ses coudes de ses genoux. On lui cria : - Père Madeleine ! Retirez-vous de là ! - Le vieux Fauchelevent lui-même lui dit : - Monsieur Madeleine ! Allez-vous-en ! C'est qu'il faut que je meure, voyez-vous ! Laissez-moi ! Vous allez vous faire écraser aussi ! - Madeleine ne répondit pas.
Les assistants haletaient. Les roues avaient continué de s'enfoncer, et il était déjà devenu presque impossible que Madeleine sortît de dessous la voiture. Tout à coup on vit l'énorme masse s'ébranler, la charrette se soulevait lentement, les roues sortaient à demi de l'ornière. On entendit une voix étouffée qui criait : - Dépêchez-vous ! Aidez ! C'était Madeleine qui venait de faire un dernier effort. Ils se précipitèrent. Le dévouement d'un seul avait donné de la force et du courage à tous. La charrette fut enlevée par vingt bras. Le vieux Fauchelevent était sauvé. Madeleine se releva. Il était blême1, quoique ruisselant de sueur. Ses habits étaient déchirés et couverts de boue. Tous pleuraient. Le vieillard lui baisait les genoux et l'appelait le bon Dieu. Lui, il avait sur le visage je ne sais quelle expression de souffrance heureuse et céleste, et il fixait son œil tranquille sur Javert qui le regardait toujours.
1blême : pâle
À quoi est comparé Valjean ?
Victor Hugo, Les Misérables
1862
M. Madeleine se tourna, et reconnut Javert. Il ne l'avait pas aperçu en arrivant.
Javert continua :
- C'est la force. Il faudrait être un terrible homme pour faire la chose de lever une voiture comme cela sur son dos.
Puis regardant fixement M. Madeleine, il poursuivit en appuyant sur chacun des mots qu'il prononçait :
- Monsieur Madeleine, je n'ai jamais connu qu'un seul homme capable de faire ce que vous demandez là.
Madeleine tressaillit.
Javert ajouta avec un air d'indifférence, mais sans quitter des yeux Madeleine :
- C'était un forçat.
- Ah ! dit Madeleine.
- Du bagne de Toulon.
Madeleine devint pâle.
Cependant la charrette continuait à s'enfoncer lentement. Le père Fauchelevent râlait et hurlait :
- J'étouffe ! Ça me brise les côtes ! Un cric ! quelque chose ! Ah !
Madeleine regarda autour de lui :
- Il n'y a donc personne qui veuille gagner vingt louis et sauver la vie à ce pauvre vieux ?
Aucun des assistants ne remua. Javert reprit :
- Je n'ai jamais connu qu'un homme qui pût remplacer un cric. C'était ce forçat.
- Ah ! voilà que ça m'écrase ! cria le vieillard.
Madeleine leva la tête, rencontra l'œil de faucon de Javert toujours attaché sur lui, regarda les paysans immobiles, et sourit tristement. Puis, sans dire une parole, il tomba à genoux, et avant même que la foule eût eu le temps de jeter un cri, il était sous la voiture. Il y eut un affreux moment d'attente et de silence.
On vit Madeleine presque à plat ventre sous ce poids effrayant essayer deux fois en vain de rapprocher ses coudes de ses genoux. On lui cria : - Père Madeleine ! Retirez-vous de là ! - Le vieux Fauchelevent lui-même lui dit : - Monsieur Madeleine ! Allez-vous-en ! C'est qu'il faut que je meure, voyez-vous ! Laissez-moi ! Vous allez vous faire écraser aussi ! - Madeleine ne répondit pas.
Les assistants haletaient. Les roues avaient continué de s'enfoncer, et il était déjà devenu presque impossible que Madeleine sortît de dessous la voiture. Tout à coup on vit l'énorme masse s'ébranler, la charrette se soulevait lentement, les roues sortaient à demi de l'ornière. On entendit une voix étouffée qui criait : - Dépêchez-vous ! Aidez ! C'était Madeleine qui venait de faire un dernier effort. Ils se précipitèrent. Le dévouement d'un seul avait donné de la force et du courage à tous. La charrette fut enlevée par vingt bras. Le vieux Fauchelevent était sauvé. Madeleine se releva. Il était blême1, quoique ruisselant de sueur. Ses habits étaient déchirés et couverts de boue. Tous pleuraient. Le vieillard lui baisait les genoux et l'appelait le bon Dieu. Lui, il avait sur le visage je ne sais quelle expression de souffrance heureuse et céleste, et il fixait son œil tranquille sur Javert qui le regardait toujours.
1blême : pâle
En quoi cette scène est-elle pathétique ?
Victor Hugo, Les Misérables
1862
M. Madeleine se tourna, et reconnut Javert. Il ne l'avait pas aperçu en arrivant.
Javert continua :
- C'est la force. Il faudrait être un terrible homme pour faire la chose de lever une voiture comme cela sur son dos.
Puis regardant fixement M. Madeleine, il poursuivit en appuyant sur chacun des mots qu'il prononçait :
- Monsieur Madeleine, je n'ai jamais connu qu'un seul homme capable de faire ce que vous demandez là.
Madeleine tressaillit.
Javert ajouta avec un air d'indifférence, mais sans quitter des yeux Madeleine :
- C'était un forçat.
- Ah ! dit Madeleine.
- Du bagne de Toulon.
Madeleine devint pâle.
Cependant la charrette continuait à s'enfoncer lentement. Le père Fauchelevent râlait et hurlait :
- J'étouffe ! Ça me brise les côtes ! Un cric ! quelque chose ! Ah !
Madeleine regarda autour de lui :
- Il n'y a donc personne qui veuille gagner vingt louis et sauver la vie à ce pauvre vieux ?
Aucun des assistants ne remua. Javert reprit :
- Je n'ai jamais connu qu'un homme qui pût remplacer un cric. C'était ce forçat.
- Ah ! voilà que ça m'écrase ! cria le vieillard.
Madeleine leva la tête, rencontra l'œil de faucon de Javert toujours attaché sur lui, regarda les paysans immobiles, et sourit tristement. Puis, sans dire une parole, il tomba à genoux, et avant même que la foule eût eu le temps de jeter un cri, il était sous la voiture. Il y eut un affreux moment d'attente et de silence.
On vit Madeleine presque à plat ventre sous ce poids effrayant essayer deux fois en vain de rapprocher ses coudes de ses genoux. On lui cria : - Père Madeleine ! Retirez-vous de là ! - Le vieux Fauchelevent lui-même lui dit : - Monsieur Madeleine ! Allez-vous-en ! C'est qu'il faut que je meure, voyez-vous ! Laissez-moi ! Vous allez vous faire écraser aussi ! - Madeleine ne répondit pas.
Les assistants haletaient. Les roues avaient continué de s'enfoncer, et il était déjà devenu presque impossible que Madeleine sortît de dessous la voiture. Tout à coup on vit l'énorme masse s'ébranler, la charrette se soulevait lentement, les roues sortaient à demi de l'ornière. On entendit une voix étouffée qui criait : - Dépêchez-vous ! Aidez ! C'était Madeleine qui venait de faire un dernier effort. Ils se précipitèrent. Le dévouement d'un seul avait donné de la force et du courage à tous. La charrette fut enlevée par vingt bras. Le vieux Fauchelevent était sauvé. Madeleine se releva. Il était blême1, quoique ruisselant de sueur. Ses habits étaient déchirés et couverts de boue. Tous pleuraient. Le vieillard lui baisait les genoux et l'appelait le bon Dieu. Lui, il avait sur le visage je ne sais quelle expression de souffrance heureuse et céleste, et il fixait son œil tranquille sur Javert qui le regardait toujours.
1blême : pâle
À quoi est associé Javert dans cette scène ?
Victor Hugo, Les Misérables
1862
M. Madeleine se tourna, et reconnut Javert. Il ne l'avait pas aperçu en arrivant.
Javert continua :
- C'est la force. Il faudrait être un terrible homme pour faire la chose de lever une voiture comme cela sur son dos.
Puis regardant fixement M. Madeleine, il poursuivit en appuyant sur chacun des mots qu'il prononçait :
- Monsieur Madeleine, je n'ai jamais connu qu'un seul homme capable de faire ce que vous demandez là.
Madeleine tressaillit.
Javert ajouta avec un air d'indifférence, mais sans quitter des yeux Madeleine :
- C'était un forçat.
- Ah ! dit Madeleine.
- Du bagne de Toulon.
Madeleine devint pâle.
Cependant la charrette continuait à s'enfoncer lentement. Le père Fauchelevent râlait et hurlait :
- J'étouffe ! Ça me brise les côtes ! Un cric ! quelque chose ! Ah !
Madeleine regarda autour de lui :
- Il n'y a donc personne qui veuille gagner vingt louis et sauver la vie à ce pauvre vieux ?
Aucun des assistants ne remua. Javert reprit :
- Je n'ai jamais connu qu'un homme qui pût remplacer un cric. C'était ce forçat.
- Ah ! voilà que ça m'écrase ! cria le vieillard.
Madeleine leva la tête, rencontra l'œil de faucon de Javert toujours attaché sur lui, regarda les paysans immobiles, et sourit tristement. Puis, sans dire une parole, il tomba à genoux, et avant même que la foule eût eu le temps de jeter un cri, il était sous la voiture. Il y eut un affreux moment d'attente et de silence.
On vit Madeleine presque à plat ventre sous ce poids effrayant essayer deux fois en vain de rapprocher ses coudes de ses genoux. On lui cria : - Père Madeleine ! Retirez-vous de là ! - Le vieux Fauchelevent lui-même lui dit : - Monsieur Madeleine ! Allez-vous-en ! C'est qu'il faut que je meure, voyez-vous ! Laissez-moi ! Vous allez vous faire écraser aussi ! - Madeleine ne répondit pas.
Les assistants haletaient. Les roues avaient continué de s'enfoncer, et il était déjà devenu presque impossible que Madeleine sortît de dessous la voiture. Tout à coup on vit l'énorme masse s'ébranler, la charrette se soulevait lentement, les roues sortaient à demi de l'ornière. On entendit une voix étouffée qui criait : - Dépêchez-vous ! Aidez ! C'était Madeleine qui venait de faire un dernier effort. Ils se précipitèrent. Le dévouement d'un seul avait donné de la force et du courage à tous. La charrette fut enlevée par vingt bras. Le vieux Fauchelevent était sauvé. Madeleine se releva. Il était blême1, quoique ruisselant de sueur. Ses habits étaient déchirés et couverts de boue. Tous pleuraient. Le vieillard lui baisait les genoux et l'appelait le bon Dieu. Lui, il avait sur le visage je ne sais quelle expression de souffrance heureuse et céleste, et il fixait son œil tranquille sur Javert qui le regardait toujours.
1blême : pâle
Victor Hugo est un écrivain du XIXe siècle, chef de file du mouvement romantique. Il est célèbre notamment pour son grand roman Les Misérables, publié en 1862, qui suit la vie de Jean Valjean. Ancien força échappé du bagne de Toulon, Jean Valjean est un héros qui va tenter de racheter ses fautes et devenir meilleur.
Dans l'extrait étudié, il est devenu maire de Montreuil et a changé de nom. Il s'appelle désormais M. Madeleine. Mais l'inspecteur Javert, qui ne croit pas à la rédemption, le poursuit. Fauchelevent, un vieil homme, vient d'avoir un accident, il est écrasé par une charrette. Personne ne veut l'aider, et Jean Valjean décide de le faire, sachant qu'il va s'exposer puisque Javert saura qui il est s'il utilise sa force.
Comment Victor Hugo, dans cette scène d'accident, met-il en scène un affrontement entre l'ancien détenu et Javert, qui va prouver l'héroïsme de Jean Valjean ?
Dans une première partie, nous analyserons cette scène d'accident qui pose un dilemme moral à Jean Valjean. Dans une seconde partie, nous montrerons comment Victor Hugo met en scène un affrontement entre les deux hommes. Enfin, nous étudierons comment Jean Valjean ressort héroïque de cette scène.
Une scène d'accident dramatique
Un moment suspendu
- Dans la scène, le temps semble suspendu.
- L'utilisation de l'imparfait souligne des actions longues : "râlait", "hurlait", "s'enfonçait", "avait", "fixait", "baisait".
- La foule ne bouge pas : "paysans immobiles". Impression d'un tableau.
- Le temps semble ainsi se détendre. La situation de Fauchelevent en devient d'autant plus dramatique. En effet, il souffre, la charette continuant de s'enfoncer sur lui, et personne ne bouge.
- Le récit est entrecoupé par le dialogue entre Javert et Valjean.
Une scène pathétique
- La scène est très pathétique, la souffrance est très présente.
- On peut relever l'emploi du champ lexical de la souffrance : "hurler", "râler", "étouffer", "briser", "s'écraser", "cri", "affreux", "pauvre vieux".
- Fauchelevent parle et il indique sa souffrance : "m'écrase".
- La ponctuation est expressive, il y a de nombreuses exclamations et interrogations qui rendent le récit vivant.
- On peut remarquer l'utilisation de l'interjection "Ah!".
- Fauchelevent est prêt à mourir : "il faut que je meure". L'emploi du subjonctif souligne l'idée de fatalité.
Un dilemme moral
- Madeleine/Valjean est en plein dilemme moral. Il veut agir pour sauver Fauchelevent, mais il sait que s'il le fait, il devra utiliser sa force, et Javert va le reconnaître. On peut noter la mise en garde de Javert : "Je n'ai jamais connu qu'un homme qui pût remplacer ce cric. C'était ce forçat."
- Madeleine questionne : "Il n'y a donc personne qui veuille gagner vingt louis et sauver la vie à ce pauvre vieux ?" Il essaie de trouver quelqu'un pour sauver Fauchelevent, il essaie d'acheter un autre homme.
- Adjectif "aucun" qui souligne la solitude de Madeleine. Personne ne va aider Fauchelevent.
- Madeleine/Valjean choisit d'aider le vieil homme avec un "sourire triste". Il sait qu'il va être reconnu, mais il fait un choix.
- Le choix de Valjean est une résolution : "sans dire une parole", "ne répondit pas".
Cette scène d'accident est avant tout une confrontation entre Javert et Valjean, une confrontation principalement silencieuse.
Une confrontation entre Valjean et Javert
L'importance du regard
- On peut relever l'importance du regard dans la scène, les deux hommes se scrutent.
- On peut relever le champ lexical de la vision : "reconnut", "aperçu", "regarda", "œil", "voyez", "regardait toujours".
- Les descriptions des personnages sont visuelles aussi. Ainsi, Madeleine est "pâle" et "blême". Il est scruté par Javert. Il a peur.
- Le silence domine la scène, c'est une confrontation visuelle avant tout : "attente" et "silence".
- Il y a quelques échanges entre les deux hommes, mais en réalité c'est surtout Javert qui menace Valjean, faisant comprendre que s'il réussit à sauver Fauchelevent, il est bien le forçat qu'il cherche.
Javert, un prédateur
- Javert est associé à un prédateur.
- Il est comparé à un "faucon". C'est très souvent lui qui est le sujet des verbes de perception liés à la vue.
- Il fait peur à Valjean qui devient une "proie". Il est "attaché".
- Métaphore filée de Javert prédateur et Valjean proie. Javert attend que Valjean se trahisse.
En choisissant d'aider Fauchelevent, tout en sachant qu'il va se trahir, Jean Valjean se montre courageux et héroïque.
L'héroïsme de Jean Valjean
L'opposition entre Valjean et la foule
- On peut remarquer dans toute la scène l'opposition entre Valjean et Javert qui est aussi une opposition entre Valjean et la foule.
- Valjean s'oppose à "aucun".
- Le pluriel est souvent utilisé en rapport avec la foule : "assistants", "foule", "on", "paysans immobiles", "tous", "ils", "vous".
- On peut remarquer la répétition de "on".
- On peut relever la métonymie de la foule : "vingt bras".
- On peut noter les oppositions pluriel/singulier, foule/Valjean dans l'antithèse : "Le dévouement d'un seul avait donné de la force et du courage à tous."
Une force surhumaine
- La force de Valjean est impressionnante. Il est capable de résister à la charette qui est d'un "poids effrayant", une "énorme masse". L'exagération rend le personnage encore plus héroïque et son action épique.
- Les tentatives sont d'abord des échecs : "essayer deux fois en vain". Cela souligne le caractère tenace.
- On perçoit la position inconfortable et difficile : "rapprocher ses coudes de ses genoux".
- On peut remarquer une hyperbole et l'utilisation du subjonctif: "presque impossible que Madeleine sortît de la voiture". L'action que tente Madeleine est impossible.
- La force est soulignée par la dramatisation de l'action : "tout à coup", "un dernier effort".
- L'effort demandé par Madeleine est incroyable, à la fin il est "blême", "ruisselant de sueur", "ses habits étaient déchirés et couverts de boue".
Un homme humble et bon
- Madeleine a sauvé Fauchelevent en risquant sa vie : "Vous allez vous faire écraser aussi!"
- Il donne du "courage" et de la "force" aux autres.
- "Madeleine se releva" : Victor Hugo dramatise la situation, il fait de Madeleine un survivant qui se relève après une bataille comme un héros guerrier. Il y a une idéalisation du personnage.
- Plusieurs références bibliques sont à remarquer : "le bon Dieu", "tomba à genoux", "baisait les genoux", "céleste". Valjean est comparé à un saint.
- Une oxymore rappelle l'effort qu'a fourni Valjean et son bonheur : "l'expression de souffrance heureuse".
- Valjean est heureux d'avoir aidé Fauchelevent même si Javert sait maintenant qui il est : "œil tranquille".
Dans cette scène pathétique et dramatisée, Victor Hugo met en scène un accident qui sert de prétexte à une confrontation entre Javert et Valjean. Cette opposition entre les deux hommes permet à l'écrivain de dresser le portrait de Madeleine comme un homme courageux et fort. Il devient même un saint. Cette scène est un tournant important dans le roman, car Valjean fait preuve d'abnégation. En risquant sa couverture (le maire Madeleine), et en sachant qu'il va être reconnu par Javert, Valjean décide tout de même de sauver Fauchelevent, alors que personne d'autre ne le fait. Les références bibliques et les expressions hyperboliques permettent à l'écrivain de dresser le portrait d'un homme qui est presque un saint.