Expliquer le processus d'intégration des économies du Sud et de l'Est de l'Asie, le rôle moteur du Japon, et les zones économiques d'intégration régionale et la Chindia.
Sur quel type d'industrie le Japon base-t-il sa puissance actuelle ?
Quelle part du commerce extérieur des pays de la région est représenté par le commerce intrarégional ?
Quelle théorie désigne le phénomène d'entraînement économique entre les pays de la zone ?
Le Japon reste une puissance incontournable d'Asie et est à l'origine du développement du commerce intrarégional à l'instar de la Chine et de l'Inde.
Le Japon reste la grande puissance de l'Asie orientale. Il peut compter sur une étroite relation entre les firmes et l'État, sur la puissance et la capacité d'innovation de ses firmes multinationales qui combinent des activités bancaires, industrielles et commerciales. Dans les années 1960 - 1970, on passe à l'industrie lourde et à celle des biens d'équipement : sidérurgie, chantiers navals, pétrochimie, automobile. Les industries de main-d'œuvre sont transférées à Hong Kong, Singapour, Taïwan ou en Corée du Sud. Au moment des chocs pétroliers (1973 - 1979/1980), le Japon donne la priorité aux industries de consommation à plus forte valeur ajoutée (électronique, photographie) et développe son industrie automobile. Depuis les années 1980 - 1990, l'effort de recherche est considérable (3% du PIB) et le Japon est devenu une grande puissance scientifique en se tournant vers les industries de pointe (robotique, biotechnologies, nanotechnologies).
Le commerce intrarégional en Asie représente 53% des exportations. C'est une évolution assez récente, mais très nette, qui illustre le rapprochement des économies. Depuis son adhésion à l'OMC en 2001, la Chine joue un rôle crucial dans la recomposition des relations dans la région. Elle sert depuis 30 ans aux délocalisations des entreprises des voisins, mais aujourd'hui elle offre aussi un débouché immense. Elle est devenue la première direction des exportations japonaises et de la Corée du Sud. Les acteurs de l'intégration sont les firmes qui délocalisent, échangent, prennent des participations croisées, délocalisent. Des entrepreneurs chinois de la diaspora installés à Hong Kong, Taïwan ou Singapour jouent un rôle crucial. Ils forment des réseaux très actifs et sont les premiers investisseurs en RPC. Les firmes de Hong Kong et Taïwan (Foxconn) emploient directement ou indirectement des millions de salariés en RPC. Les Chinois représentent aussi les grands "capitaines d'industrie" de l'Asie du Sud-Est dont ils sont devenus les banquiers. La diaspora chinoise détiendrait plus des trois quarts de la capitalisation boursière en Indonésie. Un processus d'intégration régionale institutionnalisé est plus long et difficile à mettre en place : l'organisation de coopération la plus poussée est l'Asean.
La Chine et l'Inde sont sur le devant de la scène depuis les années 1990. On utilise l'expression "Chindia" pour qualifier le poids extraordinaire que représente ces deux pays et les liens qu'ils ont tissé. En effet, il s'agit de deux géants économiques avec un taux de croissance annuels qui avoisinent les 10% pour Pékin et 8% pour New Delhi. Sur la période 2008 - 2009, le commerce bilatéral sino-indien a atteint les 36 milliards de dollars, soit une progression de 7% par rapport à 2007 - 2008. Aujourd'hui, la Chine est le premier fournisseur de l'Inde devant les Etats-Unis. C'est une stratégie gagnant-gagnant que cherchent les deux pays. La Chine est devenue le premier importateur de produits indiens en Asie : achetant logiciels, acier, produits pharmaceutiques, elle absorbe un dixième de ses ventes. La Chine est aussi le premier fournisseur de l'Inde grâce à ses matériels informatiques ou ses produits de consommation courants. Les coopérations entre entreprises des deux géants se multiplient dans des pays tiers, en particulier dans le secteur de l'énergie. En 2005, la société pétrolière publique indienne ONGC acquiert 20% du principal gisement iranien, exploré et possédé à 50% par la compagnie d'État chinoise Sinopec. En 2006, ces deux firmes prennent une participation conjointe dans Omimex, un groupe d'exploration pétrolière colombien. Toutefois, cela ne doit pas masquer les relations diplomatiques complexes qu'entretiennent ces deux pays et des divergences politiques demeurent toutefois. De leur côté, les industriels indiens, conscients que leurs homologues chinois ont beaucoup plus à gagner qu'eux de l'ouverture des frontières, affichent une certaine inquiétude.
- Le Japon demeure une puissance de la Triade.
- Le Japon et la Chine développent des relations commerciales poussées avec leurs voisins.
- La Chine et l'Inde forment un ensemble qui tisse des relations grandissantes appelées Chindia.